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Les écoles sont des lieux où les enfants grandissent et acquièrent des connaissances. Mais, dans le monde entier, beaucoup de petites filles vont à l’école dans la peur. Elles craignent pour leur sécurité, elles redoutent les humiliations et les violences, elles espèrent au mieux arriver sans dommage au bout de la journée. Les écoles reflètent l’état de la société dans son ensemble. Les formes de violence dont les femmes souffrent tout au long de leur vie – violences physiques, sexuelles et psychologiques – sont déjà présentes dans la vie de nombreuses fillettes ou jeunes filles, dans leur école et tout autour. Tous les jours, des fillettes sont agressées sur le chemin de l’école, frappées et bousculées dans la cour de récréation, raillées et insultées par leurs camarades de classe, humiliées par les rumeurs qui circulent sur leur compte, sur les portables ou par Internet. Parfois, des condisciples plus âgés les menacent de viol, des enseignants promettent de leur donner de bonnes notes en échange de faveurs sexuelles, des viols sont commis même dans les locaux scolaires. Des châtiments corporels sont parfois infligés au nom de la discipline. LA VIOLENCE EMPÊCHE LES FILLES DE FRÉQUENTER L’ÉCOLE Des violences contre les filles surviennent dans les établissements scolaires du monde entier et à proximité. Elles ne sont pas infligées seulement par des enseignants, mais aussi par d’autres employés de l’école, des élèves, des personnes venues de l’extérieur. C'est ainsi que d'innombrables fillettes ne bénéficient d'aucune scolarité, quittent l'école ou ne participent pas complètement aux activités scolaires. Les dégâts qui résultent de ces actes de violence sont terribles. Ils sont cause de peur et de souffrance, et entraînent également une dégradation de l’estime de soi, de mauvais résultats scolaires, des infections sexuellement transmissibles, des grossesses non désirées et des états dépressifs. Une jeune fille qui a subi des violences aura plus de mal à trouver un emploi et à obtenir son indépendance. L’existence d’un climat de violence envers les filles dans les écoles a aussi pour conséquence de renforcer les stéréotypes liés au genre et de pérenniser la discrimination en matière de genre, de génération en génération. Le message qui en découle est que la violence contre les filles et les femmes est inévitable, et qu'il n'est pas prioritaire de permettre aux jeunes filles d’obtenir en toute sécurité une éducation de qualité. L’éducation mérite d’être considérée comme une stratégie essentielle pour renforcer la capacité d'agir des filles et briser l’engrenage de la pauvreté, pour stimuler le développement social et économique dans les pays pauvres, et pour barrer la route au VIH/sida. L’éducation est un droit. C’est aussi le moyen de parvenir à bénéficier d’autres Index AI : ACT 77/011/2007 novembre 2007 TOUTES LES FILLES ONT LE DROIT DE FAIRE DES ÉTUDES DANS UN ENVIRONNEMENT SÛR « POURQUOI L’ÉCOLE EST-ELLE TROP CHÈRE POUR MOI ? DES ÉCOLES PLUS SÛRES, UN DROIT POUR TOUTES LES FILLES «

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Page 1: « POURQUOI L’ÉCOLE EST-ELLE TROP...exemple avec des hommes d’un certain âge qui leur font des cadeaux ou leur donnent de l’argent. Il arrive aussi que des familles soient

Les écoles sont des lieux où les enfants grandissent et acquièrent des connaissances. Mais,dans le monde entier, beaucoup de petites filles vont à l’école dans la peur. Elles craignentpour leur sécurité, elles redoutent les humiliations et les violences, elles espèrent au mieuxarriver sans dommage au bout de la journée.

Les écoles reflètent l’état de la société dans son ensemble. Les formes de violence dont lesfemmes souffrent tout au long de leur vie – violences physiques, sexuelles et psychologiques– sont déjà présentes dans la vie de nombreuses fillettes ou jeunes filles, dans leur école ettout autour.

Tous les jours, des fillettes sont agressées sur le chemin de l’école, frappées et bousculéesdans la cour de récréation, raillées et insultées par leurs camarades de classe, humiliées parles rumeurs qui circulent sur leur compte, sur les portables ou par Internet. Parfois, descondisciples plus âgés les menacent de viol, des enseignants promettent de leur donner debonnes notes en échange de faveurs sexuelles, des viols sont commis même dans les locauxscolaires. Des châtiments corporels sont parfois infligés au nom de la discipline.

LA VIOLENCE EMPÊCHE LES FILLES DE FRÉQUENTER L’ÉCOLEDes violences contre les filles surviennent dans les établissements scolaires du monde entieret à proximité. Elles ne sont pas infligées seulement par des enseignants, mais aussi pard’autres employés de l’école, des élèves, des personnes venues de l’extérieur. C'est ainsi qued'innombrables fillettes ne bénéficient d'aucune scolarité, quittent l'école ou ne participentpas complètement aux activités scolaires.

Les dégâts qui résultent de ces actes de violence sont terribles. Ils sont cause de peur et desouffrance, et entraînent également une dégradation de l’estime de soi, de mauvais résultatsscolaires, des infections sexuellement transmissibles, des grossesses non désirées et desétats dépressifs. Une jeune fille qui a subi des violences aura plus de mal à trouver unemploi et à obtenir son indépendance. L’existence d’un climat de violence envers les fillesdans les écoles a aussi pour conséquence de renforcer les stéréotypes liés au genre et depérenniser la discrimination en matière de genre, de génération en génération. Le messagequi en découle est que la violence contre les filles et les femmes est inévitable, et qu'il n'estpas prioritaire de permettre aux jeunes filles d’obtenir en toute sécurité une éducation dequalité. L’éducation mérite d’être considérée comme une stratégie essentielle pour renforcerla capacité d'agir des filles et briser l’engrenage de la pauvreté, pour stimuler ledéveloppement social et économique dans les pays pauvres, et pour barrer la route auVIH/sida. L’éducation est un droit. C’est aussi le moyen de parvenir à bénéficier d’autres

Index AI : ACT 77/011/2007 novembre 2007

TOUTES LES FILLES ONT LEDROIT DE FAIRE DES ÉTUDESDANS UN ENVIRONNEMENT SÛR

« POURQUOI L’ÉCOLE

EST-ELLE TROP

CHÈRE POUR MOI ?

DES ÉCOLESPLUS SÛRES,UN DROITPOUR TOUTESLES FILLES

«

Page 2: « POURQUOI L’ÉCOLE EST-ELLE TROP...exemple avec des hommes d’un certain âge qui leur font des cadeaux ou leur donnent de l’argent. Il arrive aussi que des familles soient

novembre 2007Index AI : ACT 77/011/2007

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Des écolières croisent une fillette dont le pèreconstruit une route à New Delhi (Inde).

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Amnesty International est indépendante de tout gouvernement, de toute idéologie politique, de tout intérêtéconomique et de toute religion. Notre action est en grande partie financée par les contributions de nosmembres et par des dons.

HALTE À LA VIOLENCECONTRE LES FEMMES

droits. Lorsque de très nombreuses jeunesfilles voient leurs études interrompues, lesconséquences sont donc désastreuses pourelles mais aussi pour l’ensemble de la société.

LES FRAIS DE SCOLARITÉDe nombreuses fillettes issues de famillespauvres ne peuvent même pas accéderà l'enseignement primaire, parce que les fraisencourus sont trop élevés pour leurs parents.

En vertu du droit international, l’enseignementprimaire devrait être ouvert à tous et gratuit.Ce même droit international oblige égalementles États à progresser vers l’objectif de lagratuité de l’enseignement secondaire.Pourtant, dans le monde entier, certainesécoles sont payantes. Les frais de scolaritéreprésentent pour de nombreux enfants unobstacle insurmontable. Quand l’argent

manque pour financer la scolarité de plusieurs enfants, les familles choisissentsouvent de faire faire des études aux garçons plutôt qu’aux filles.

Les sommes demandées sont parfois présentées comme des contributions « volontaires »aux frais d’examen, ou bien aux livres et au matériel. Même lorsque les écoles nedemandent pas d’argent, les enfants et leur famille doivent souvent faire faceà d’autres dépenses liées à leur éducation : transport, uniforme, fournitures scolaires.

Lorsque les coûts de la scolarité sont importants, certaines jeunes filles envisagentd'avoir des rapports sexuels qu'elles auraient refusés dans d'autres conditions, parexemple avec des hommes d’un certain âge qui leur font des cadeaux ou leur donnentde l’argent.

Il arrive aussi que des familles soient poussées par la pauvreté à conclure pour leurfille un mariage précoce. Les filles qui se marient jeunes ont moins de chances queles autres de poursuivre leurs études.

Amnesty International constate que, dans le monde entier, fillettes et jeunes filles veulentrecevoir une éducation. Nous exigeons que les États agissent dans les plus brefs délaispour mettre en œuvre leurs engagements internationaux et rendre les écoles accessibleset sûres pour les fillettes et jeunes filles. Amnesty International demande auxgouvernements :

� d’éliminer les frais de scolarité directs et indirects dans les écoles primaires et deprendre des mesures pour que les écoles secondaires soient accessibles à tous.

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