« on a peur que de ce qu’on ne comprend pas » (guy de

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2019-2020 « On a peur que de ce qu’on ne comprend pas » (Guy de Maupassant, La peur , 1884) 1

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Page 1: « On a peur que de ce qu’on ne comprend pas » (Guy de

2019-2020

« On a peur que de ce qu’on ne comprend pas » (Guy de Maupassant, La peur, 1884)

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Histoires bleues

« Peur »

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Le Miroir

J’habitais dans une maison au bout d’un chemin avec mon père et mon frère, on

m’avait toujours dit que ma mère était décédée dans un accident de voiture quand

j’avais cinq ans.

Un jour, nous décidâmes de faire un jeu qui était rangé dans le grenier. Dans le carton

où ce dernier était rangé, il y avait aussi un très beau et vieux miroir. Je le trouvais

tellement beau que je décidais de l’accrocher dans ma chambre.

Chaque matin qui suivait, je me regardais dans ce miroir, mais à chaque fois seulement

quelques secondes car au bout de la troisième seconde la silhouette d’une femme qui

me paraissait familière apparaissait… C’est à ce moment-là que je partais de ma

chambre terrifiée. Je continuais pourtant chaque jour à regarder ce miroir pour voir si

cette femme se montrait encore.

Un soir de pleine lune, je n’arrivais pas à dormir, et cet objet m’intriguait toujours plus.

Je décidai, cette fois-ci de rester immobile pendant trente secondes devant le miroir,

pour voir ce qu’il allait se passer.

À la trentième seconde la lumière s’était éteinte et une voix de femme qui sortait du

miroir dit : « Regarde-bien tu connaîtras la vérité ! »

Et l’image d’un homme qui tuait une femme avec le morceau d’un miroir apparut.

C’était ma mère ! Je poussai un cri, puis retournai dans mon lit, enfouie sous ma

couette en claquant des dents. J’avais si peur que je ne dormis pas de la nuit.

Le lendemain matin, je ne m’étais pas regardée dans le miroir. J’en parlais à ma famille

en premier puis à mes amis et tous me dirent que mon imagination débordante m’avait

joué des tours. Ils avaient sûrement raison.

En rentrant chez moi, je pris mon miroir dans mes mains, et je réalisai que à ce dernier,

manquait un morceau de verre.

Margaux

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L’anneau

Comme tous les vendredis soir, après une longue journée de travail, je me promenais

dans le parc Montsouris à Paris.

J’étais en train de regarder les canards qui dansaient sur le lac quand soudain mon

œil fut attiré par quelque chose, une chose étrange qui scintillait dans la lumière du

soir. C’était une bague ! Elle était là, posée en équilibre sur le rebord du trottoir, prête

à s’engouffrer dans les profondeurs des égouts de la ville. Au moment où elle allait

basculer, je l’attrapai !

Je la regardai un instant, puis l’enfilai à mon doigt, oubliant les canards et très fière

d’avoir trouvé cette merveille. La soirée s’annonçait plutôt agréable. Toujours aussi

joyeuse, je fis à manger et j’allai me coucher de bonne heure.

Tout à coup, alors que je m’endormais tranquillement, je ressentis une douleur au doigt

où j’avais enfilé la bague. Et puis je crus voir une écriture qui semblait colorer toute la

pièce d’une couleur rougeâtre inquiétante. Prise de panique, épouvantée, j’écarquillai

les yeux, je me pinçai le bras pour être sûre que je ne dormais pas.

Mais non cette écriture était bien réelle. Elle ne venait point de mon imagination. À

présent je distinguai un mot qui se formait au fur et à mesure enroulant mon doigt d’un

rouge éclatant. On pouvait lire : « incendie ». L’écriture me brûlait, elle me rongeait la

peau. Comment était-ce arrivé ?

Ma gorge se nouait sous l’effet de l’angoisse et mes mains tremblaient. Puis, d’un seul

coup la cicatrice disparut. Je n’étais pas très rassurée, mais je m’endormis assez vite

après cette dure journée.

Le lendemain quand je me réveillai, la cicatrice n’était pas revenue mais me brûlait de

nouveau. Je me levai et j’allai allumer la radio quand j’entendis sortir de celle-ci :

« Bonjour mes chers auditeurs. Aujourd’hui un incendie dans le parc Montsouris à

Paris a été signalé. Beaucoup de dégâts, une dizaine de blessés et deux morts. Un

couple d’une soixantaine d’années a été retrouvé sur les lieux peu après…

J’arrêtai la radio. Je réfléchis à toute vitesse, puis je sortis. La nuit suivante ressembla

à la précédente. Mais cette fois un autre mot s’était inscrit. On pouvait lire « Chute ».

De nouveau la plaie se referma. Très inquiète, je ne pus fermer l’œil de la nuit. Le

lendemain alors que je descendais les marches de l’escalier à toute vitesse pour me

rendre au travail, je ratai une marche et je dévalai les escaliers sur le dos.

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Quand je me réveillai, j’étais allongée sur un lit avec quatre messieurs masqués et

penchés vers moi. Petit à petit je compris ce qui m’était arrivé et j’avais le

pressentiment que cette bague prédisait ce qui allait se passer le lendemain. Horrifiée,

je l’enlevai avec un peu de mal et je la cachai sous ma veste. Quand je sortis de

l’hôpital, quelques heures après, je la jetai dans les égouts là où il aurait mieux valu

qu’elle tombe dès le début.

Je me sentis soulagée d’un poids. Cette bague annonçait-elle vraiment l’avenir ?

Etait-ce le fruit de mon imagination ? Était-ce une simple coïncidence ?

Après la disparition de la bague, ma vie redevint paisible et tranquille même si ces

questions continuaient de me hanter. Et pour essayer de les oublier, j’avais même eu

l’idée, tous les vendredis soir, de me promener dans le parc Monceau à Paris jusqu’à

ce vendredi soir où je vis à nouveau scintiller sur le rebord d’une fontaine un étrange

petit cercle de lumière que je ne connaissais que trop bien….

Héloïse

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La rencontre

Ce jour-là nous étions le 13 avril. J’étais en cours dans mon école d’architecture. Dans le cadre de mes futurs examens mon directeur m’avait choisie pour une étude. Je devais me rendre dans un manoir très vieux datant du 16 siècle, dans le but d’identifier l’architecture ancienne, le design d’espace et de présenter mes recherches à ma classe. J’avais commencé à étudier l’histoire de cette bâtisse et les différentes rénovations entreprises. Le manoir était situé dans une petite forêt. Pour ce projet, j’avais besoin d’aide. Aussi je demandais à une amie qui étudiait dans la même école d’architecture que moi, de m’accompagner pour visiter les lieux. Mais le 15 avril la veille de notre départ, mon amie eut un empêchement. Je devais donc y aller seule. Même si cela ne m’enchantait guère, le 16 avril je pris ma voiture et je partis pour le manoir.

Arrivée aux abords de la forêt, il commença légèrement à pleuvoir. L’air était froid et humide. Je descendis de ma voiture et je m’enfonçai dans la végétation. Après 20 minutes de marche, je me trouvai devant le manoir. Je me dirigeai vers l’entrée. Vu de l’extérieur, le manoir était grand, assez délabré et les volets étaient fermés. L’imposante porte d’entrée était entre ouverte. J’entrai, circulant avec difficulté dans une grande pièce. Elle était très sombre alors je sortis ma lampe torche. Les meubles étaient recouverts de draps blancs. Il y avait un grand escalier qui permettait d’accéder au premier étage. Je gravis les marches et j’arrivai en haut. Cet étage donnait sur trois sinistres longs couloirs. Je pris celui du milieu. J’avançais doucement. A chaque fois que je faisais un pas, le parquet grinçait. Il n’y avait pas de fenêtre. J’arrivai dans une salle, j’enlevai un drap blanc d’un meuble, la poussière vola dans toute la pièce, c’était un canapé. Soudain j’entendis à côté de moi un soupir. Je me dressai et je pointai ma lampe torche dans sa direction. Je vis une grande femme, j’en eus le souffle coupé.

Elle était grande, elle avait de très longs cheveux ondulés et roux. Ils flottaient vers moi, poussés par une brise. Pourtant, il n’y avait pas de fenêtre et encore moins de courant d’air ! Son visage était grimaçant et crispé, comme si elle souffrait. Sa peau était si blanche ! J’étais tétanisée, seules mes dents claquaient de terreur. Cette femme était toute de blanc vêtue. Elle fit un pas vers moi, j’étais terrifiée alors je pris mes jambes à mon cou. De peur qu’elle ne me suivît, je claquai la porte et je sortis du manoir en courant le plus rapidement possible. Ma lampe me glissa des mains mais je ne m’arrêtai pas. J’eus l’impression en traversant la forêt que les arbres me regardaient. Je sautai dans ma voiture, je démarrai et je pris la route pour rentrer chez

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moi. Mon cœur battait la chamade. En arrivant chez moi je verrouillai la porte et je m’allongeai sur mon canapé. J’avais encore la chair de poule, je revoyais son visage effroyable.

J’étais encore sous le choc, incapable de prendre des notes pour mon projet. J’essayais de me rassurer : c’était surement une hallucination. Cette atmosphère lugubre m’avait fait perdre mes esprits. Je ne savais plus quoi penser : réel ou le fruit de mon imagination ? Après 10 minutes je repris doucement mon sang froid. Je me sentais enfin apaisée. Je m’installais à mon bureau et commençais à inscrire sur une feuille les plans du manoir, le nombre de pièces, les travaux nécessaires si sa rénovation devait être faite. Je commençais à y voir plus clair pour mon projet. Je pris contact avec mon directeur pour faire un point sur mes recherches et bien sûr je ne fis aucune mention des événements qui m’avaient perturbée. La journée prenait fin, je décidai de me mettre à l’aise. Alors j’enlevais mon pull, je découvris avec effroi enroulé autour de la manche un long cheveu roux.

Lina

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Les fleurs éternelles

Tous les étés, pendant les grandes vacances, ma cousine et moi adorions aller chez

nos grands-parents en Normandie qui nous accueillaient pendant deux semaines.

C’était une grande et vieille maison située au bout d’une immense allée de platanes.

Nous n’avions aucun voisin à un kilomètre à la ronde, seulement des arbres. La maison

était en pierres avec un grand jardin que mes grands-parents aimaient entretenir. Ils

avaient aussi des poules, deux chats et un chien. Au bout de ce jardin, il y avait une

cabane en bois où mon papi mettait tous ses outils de bricolage : c’était un vrai bazar,

une caverne d’Ali Baba. Dans ce jardin, il avait des fleurs de toutes les couleurs, des

arbres fruitiers et un grand potager. Tout au fond, un portillon en bois ouvrait sur un

petit chemin sauvage, descendant à une petite plage inconnue du public. Chaque jour

nous profitions de ce jardin et de cette plage presque privée.

Un jour de beau temps ma cousine et moi voulions trouver un joli récipient pour offrir

un bouquet de fleurs à notre grand-mère et nous fouillâmes dans la fameuse cabane.

Nous avions trouvé un vase poussiéreux que nous envisagions de rénover. Ma

cousine l’attrapa et souffla dessus. C’était un vase blanc avec des petites fleurs peintes

en couleur. C’est alors que nous vîmes une gravure étrange qui y était inscrite : « RDV

23h30 petite plage ».

Le soir même, ma cousine et moi étions très surprises mais curieuses de ce message :

qu’est-ce cela pouvait bien signifier ? Nous hésitions à y aller. Ma cousine pas très

courageuse ne voulait absolument pas en entendre parler mais moi j’étais tellement

curieuse et excitée que je voulais à tout prix percer le mystère de ce fameux rendez-

vous. Trois jours plus tard, devant mon insistance, je réussis à convaincre enfin ma

cousine de se rendre à ce mystérieux rendez-vous.

La nuit tombée, nous partîmes discrètement de la maison en sortant de la petite

fenêtre des toilettes. Mes grands-parents dormaient. Nous avions emporté le vase

avec nous. Arrivées à la plage, à 23h28 nous attendions, pas très rassurées, assises

au bord de l’eau. Le ciel était dégagé et la lune était pleine éclairant toute la plage.

Tout à coup, une étrange forme sortit de l’eau. Notre sang se glaça dans nos veines.

Ma cousine toute pâle me prit la main brusquement et nous partîmes en courant. En

haut du sentier je retournai ma tête une dernière fois et il me sembla voir la silhouette

d’un jeune homme. La nuit passa très vite et le lendemain nous n’avions rien dit à

propos de notre escapade nocturne. Le soir même bouleversées mais curieuses à la

fois nous décidâmes d’y retourner malgré notre angoisse et notre peur au ventre.

De nouveau à l’heure dite nous empruntâmes le même chemin que la veille avec le

vase. De nouveau, à 23h30 apparut un jeune homme constitué d’eau sortant de la

mer. Il semblait avoir une vingtaine d’années et était vêtu d’habits usés datant à priori

du siècle dernier. Ma cousine et moi nous nous levâmes, prêtes à prendre nos jambes

à notre cou. Mais cet étrange personnage nous adressa la parole d’une voix douce et

rassurante, nous suppliant d’écouter son histoire.

Il nous raconta qu’il était mort dans le naufrage d’un bateau, proche des côtes il y a

plusieurs décennies et que l’on n’avait jamais retrouvé son corps. Muettes, nous étions

terrifiées, paralysées par la peur, nos jambes tremblaient comme du coton et nos

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cœurs battaient la chamade. Mais étrangement nous nous sentions obligées d’écouter

son récit jusqu’au bout.

Il nous expliqua ensuite qu’il n’avait jamais pu être enterré comme il se doit et qu’il était

condamné à revenir chaque soir à la même heure sur cette plage. C’est alors qu’il

nous supplia de l’aider à mettre fin à ce terrible sort. Ma cousine un peu rassurée eut

une idée. Elle lui proposa en bégayant de trouver refuge dans ce vase pour son repos

éternel et elle posa délicatement le vase sur le sable. Malgré son étrange apparence,

il nous sembla apercevoir un signe de remerciement et de soulagement dans son

regard. Il s’approcha tranquillement vers nous souriant et juste avant de plonger il nous

remercia et nous confia ce secret : « toute fleur déposée dans ce vase aura la vie

éternelle et ne fanera donc jamais, sauf si vous dévoilez ce secret ». Ma cousine prit

le vase regarda dedans et ne vit plus que de l’eau. Je m’aperçus avec stupeur que

l’inscription avait disparu.

Nous rentrâmes à la maison, portant précieusement le vase pour ne pas renverser une

seule goutte de cette eau particulière et nous parlâmes entre nous de cette aventure

tout le reste de la nuit. Le lendemain, nous avons cueilli des fleurs du jardin et nous

les avons disposées dans le fameux vase. Puis nous les avons offertes à notre grand-

mère, elle était ravie.

Comme prédit, ces fleurs n’ont jamais fané, à la grande surprise de toute la famille.

Avec ma cousine nous gardons toujours ce secret avec nous, même si par moments

il nous arrive de nous dire que nous avons été victimes d’une hallucination.

Cannelle

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Histoires vertes « mais d’un si joli vert »

« Frayeur »

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Cette nuit-là

Il y a un an, il m’est arrivé quelque chose d’incroyable. Peut-être que vous aurez du mal à me croire, les filles, mais je vous jure, sur la Bible, le Coran, l’Ancien testament, enfin ce qui vous fera plaisir, que cette histoire s’est vraiment passée.

Moi et mon père avions entrepris un grand ménage de printemps. Je nettoyais avec allégresse le grenier, quand je suis tombée sur une malle, elle était fermée à clés. Intriguée, je l’ai laissée de côté le temps de finir ma tâche en me disant que j’y reviendrai plus tard. Une fois le tri fait, j’essayai d’ouvrir la malle, mais je n’y arrivai pas. Alors, je sortis une épingle de mes cheveux. Je l’enfonçai dans la serrure et je réussis à ouvrir le coffre.

A l’intérieur il y avait des photos. J’en pris quelques-unes et je les regardai. Sur certaines, je reconnus ma mère et mon père. Ils étaient jeunes, mon père avait les cheveux longs et ma mère, elle, les avait courts. Ils semblaient si unis. Je posai cette jolie photo de mes parents sur ma table de chevet. J’ai aussi trouvé des vieux livres d’astronomie et de sorcellerie. J’allais refermer la malle, quand au fond de celle-ci, je vis un médaillon. Je le reconnais, c’est le médaillon que ma mère portait les derniers jours avant qu’elle ne meurt. Je le trouvais sublime. Il était constitué d’une pierre bleue turquoise sertie d’un anneau de bronze, Il était petit, tenait sur une de mes phalanges. Je l’attachai à mon poignet, contente d’avoir un souvenir de ma mère. Comme le fil était trop grand, je fis trois tours. Plus tard dans l’après-midi, je commençai à me sentir mal, j’avais mal à la tête. La douleur passa au bout d’un petit quart d’heure mais je ne me sentais toujours pas bien, j’avais des frissons et une sensation de mal être. La journée passa et il fut l’heure de dormir.

Soudain, en plein milieu de la nuit je fus réveillée par une voix:

- Ava, Ava réveille- toi, c’est maman, s’il te plaît Ava réveille- toi!

J’ouvris les yeux et je vis une dame qui ressemblait trait pour trait à ma mère.

- Maman! Maman c’est bien toi?

-Oui chérie c’est moi.

Je m’assis et je me penchai pour lui faire un câlin, mais mes mains lui passèrent au travers. Je fus surprise puis je compris. La femme devant moi n’était ma mère mais son fantôme. Son âme était présente mais son corps absent. Je pris le temps de la regarder. Son visage était splendide, sans aucune imperfection, ses yeux et ses cheveux étaient noirs comme avant. Elle était vêtue d’une grande robe blanche, elle avait l’air frêle et fragile. Une lumière blanche entourait sa silhouette.

- Ava il faut que tu m’écoutes, surtout fait ce que je te dis, ne fais que ce que je te dis, n’écoute ni les esprits rouges, ni les voix malfaisantes.

Des larmes coulaient sur mes joues, j’avais oublié sa voix.

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- Maintenant écoute-moi, tu feras ce que je vais te dire. Il va falloir que tu détruises le collier.

- Mais comment?

- Il faut que tu le lances dans le feu de la cheminée à 4:44 du matin, pas une seconde de plus, pas une seconde de moins.

Petit à petit ses contours devinrent flous. Elle disparut au fur et à mesure.

- Au revoir, Ava. Au revoir. Tu n’as plus qu’une heure devant toi, ne perd pas de temps.

Son corps s’effaça petit à petit, je me mis à pleurer, elle me manquait tellement.

Après avoir repris mes esprits, je décidai de lui obéir. Je pris mon téléphone pour avoir l’heure et l’utiliser comme lampe torche. Je ne voulais pas réveiller mon père en allumant les lumières. Je traversais le couloir quand j’entendis des voix. J’éclairai autour de moi avec mon téléphone mais je ne vis rien. Pourtant les voix continuèrent:

-Avanie

-Avanie, répéta une autre voix en chuchotant

-Donne-nous le collier et tu pourras revoir ta mère, dit une autre.

-Avanie, ta mère ne te manque pas? Pourquoi tu ne veux pas la rejoindre? Ne t’inquiète pas, ce sera pour l’éternité…. Hihihi

J’essayai d’oublier les voix, je savais qu’il ne fallait pas les écouter.

J’arrivai en haut des escaliers et je commençai à les descendre lorsque j’entendis parmi les voix, une qui me parut familière…

-Ava, Ava

Je fus déstabilisée, seule ma mère m’appelait comme ça. Je pris le temps d’écouter ce qu’elle avait à me dire.

- Ava, ma chérie rends-moi le collier, comme ça nous resterons ensemble pour l’éternité…

Ce n’était pas elle, je le savais, je continuai de descendre les escaliers et j’arrivai dans le salon. Ma tête tournait, les voix continuaient de parler, mais je résistais. Je regardai l’heure;4:30, il ne fallait pas que je traine. Je partis dans le garage chercher du bois, en chemin, dans la précipitation, je donnai un coup dans un vieux vase que mon père tenait de sa grand-mère. Il tomba par terre et se brisa en mille morceaux.

4:38, je déposai le bois dans la cheminée. Je pris une boite d’allumettes.

-Avanie, donne-nous le collier.

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Les voix continuaient

-Avanie écoute nous ou tu vas le regretter.

Je regardai l’heure.

4:40, j’enlevai le collier de mon poignet et je le posai sur la table d’à côté.

4:43, j’allumai l’allumette et je la lançai dans le feu.

-Ava, donne-nous le collier…. Donne-le-nous!

Je me bouchai les oreilles c’était insupportable !

J’attendis patiemment que le dernier chiffre change.

Les secondes me paraissaient longues, les voix m’appelaient encore et toujours…

4:44, je lançai enfin le collier. Puis, trou noir….

Le lendemain, je me réveillai dans mon lit. Mes aventures nocturnes me revinrent à l’esprit. Je jetai un coup d’œil à mon poignet: le bracelet n’était plus là! Plus de coffre avec les photos et les livres de sorcellerie ! La maison était calme et silencieuse, le vase de grand-mère était intact, aucun signe de feu dans la cheminée… Je décidai de croire en un rêve même si au jour d‘aujourd’hui, je ne sais toujours pas ce qu’est devenu le collier…

En regardant sur ma droite, je la vis intacte, elle était bien là, posée sur ma table de chevet : la photo de mes parents.

Margot

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Google trace

Lorsqu’arrivait la fin de la journée, la plupart des adolescents, lisaient, faisaient une

partie de jeux vidéo ou passaient des heures pendus à leurs téléphone. Pas moi.

Contrairement aux autres, une fois dans ma chambre, j’allumais mon ordinateur pour commencer ce que j’aimais appeler, mon voyage immobile. Ce n’était pas grand- chose, je choisissais juste un endroit dans le monde et j’en tapais les coordonnées dans l’application Google Maps. J’adorais « marcher virtuellement », visiter le monde depuis mon ordinateur, tout en restant confortablement installée sur mon lit. Il me semblait alors être une aventurière partant à la découverte de terres inconnues. Je cherchais les ressemblances, les différences entre les villes, je les comparais, les analysais. Chaque semaine, je choisissais avec soins mes prochaines explorations, telle une collectionneuse.

C’est lors de ma visite virtuelle de Paris que je le vis pour la première fois. Je me promenais dans le jardin des Tuileries, au milieu de l’image de pigeons figés en plein vol, image qui, bizarrement, me paraissait inquiétante, quand soudain, il attira mon

attention. C’était un reflet couleur métal, rien de plus qu’un miroitement. Je l’avais aperçu l’espace d’une fraction de seconde, avant qu’il ne disparaisse comme n’ayant jamais existé. Sûrement un reflet du soleil sur l’écran de mon ordinateur, avais-je alors songé. Pourtant, le lendemain, en marchant dans Londres, je le revis dans un recoin sombre au bout d’une rue, encore plus furtif que la première fois, mais bel et bien là. De même, il apparut derrière un volet légèrement entrouvert à New York, à Tokyo, je

le revis sur une avenue. À chaque visite, je le voyais ou plutôt, désormais, je le

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cherchais. Je voulais voir ce miroitement, il me fallait savoir s’il serait de nouveau là. Plus que tout, je voulais savoir ce qu’il était et pour cela, tous mes instants libres étaient dédiés à sa recherche. Ainsi, je visitai Moscou, Stockholm, Nice, Phoenix, Dublin, New Delhi, Dakar…Et chaque fois, sans exception, je l’apercevais, derrière un arbre, dans un recoin sombre, derrière une fenêtre, je le voyais à ma droite, à ma gauche…Il était toujours là.

Quand, un jour, une étrange idée me traversa l’esprit, il me semblait que c’était lui qui m’épiait, non l’inverse. Et ma curiosité laissa petit à petit place à la peur. J’avais peur.

Pourtant, je continuais mes recherches dans tous les coins du monde. J’avais

terriblement peur et chaque jour, j’ouvrais Google Maps pour voir l’éclat métallique : il finissait toujours par se montrer.

Mon planning était très clair, je devais me rendre à Sydney en Australie, puis à Oslo en Norvège et ensuite direction la Russie pour Saint-Pétersbourg. Mais curieusement, sans réellement savoir pourquoi je décidai plutôt de partir en excursion à Marseille, ma ville natale, où se trouvait ma maison. Je parcourus des rues embouteillées et des quartiers résidentiels avant d’apercevoir un décor familier, la rue qui menait vers ma maison, bordée d’arbres et de réverbères. Je m’aventurai à présent dans l’allée qui traversait mon jardin et détaillai la demeure. Il était étrange de se trouver à l’intérieur d’une maison, et, dans un même temps, de l’observer de l’extérieur.

Quand soudain, je le vis. Il était là, le reflet de métal, je le voyais, derrière une fenêtre. J’avançai dans Google Maps, me précipitant vers la fenêtre en question. C’est seulement en jetant un coup d’œil par celle-ci que je compris. Ce n’était pas n’importe quelle fenêtre, c’était celle de ma chambre. Je me voyais, assise sur mon lit, connectée à Google Maps. Mais surtout, au-dessus de ma tête, je repérai l’éclat métallique. C’était une lame, pareille à l’épée de Damoclès mais tenue par une main invisible. Je hurlai, et dans un même élan, je claquai l’écran de mon ordinateur pour rouler sur le côté. Je levai les yeux. Mais à l’endroit où se tenait un instant plus tôt une lame, plus rien. Pas l’ombre d’un éclat métallique.

Avais-je tout imaginé, cet éclat, cette lame que je voyais, qui me suivait dans toute

l’application ? Était-ce une sorte de bug dans Google Maps ? Jamais je ne le sus. Et

jamais, au grand jamais je n’ai pris le risque de me reconnecter à Google Maps et de revoir cette lame suivre ma trace…

Liv

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Les petites traces

Je n'ai que très peu de souvenirs de mon enfance, mais ce moment-là, je m'en souviens très bien ! Je vais vous raconter cette histoire avant que je ne l'oublie moi- même, ou qu'elle ne s'éteigne à jamais...

Ce jour-là, nous étions moi, mes parents et toute ma famille dans la grande maison de ma tante pour fêter l'anniversaire de l’un de mes cousins. Il était un peu avant midi. Dans la maison, tout le monde était d'humeur festive malgré un temps pluvieux. Et un apéritif venait d'être servi. Je n'aimais pas beaucoup ces apéritifs familiaux car du haut de mes quatre ans, je ne comprenais pas toujours les discutions... Alors, discrètement, je chapardais quelques chips et je retournais en courant me cacher dans le salon, pour m'amuser avec mes poupées que j'aimais tant. Je pouvais passer des journées entières avec ma poupée préférée prénommée Olivia.

Dans la salle à manger, j'entendais parler, rire et cela me rassurait. Je pouvais ainsi jouer tranquillement. Bien vite, un violent orage éclata, le tonnerre retentit, la pièce s'assombrit mais j'entendais toujours ma famille alors je n'avais pas peur.

Tout à coup, la lumière s'éteignit et un éclair me permit de voir quelques secondes ce qu'il se passait dans la pièce. Je n'en croyais pas mes yeux : il y avait une forme que je n'arrivais pas à distinguer et qui me fit tressaillir. Une chose étais sûre, elle n'était pas là avant que les lumières ne s'éteignissent.

A ce moment précis, j'avais peur... Vraiment peur... Je ne comprenais plus les mots employés par mes parents, par mon grand-père, ce n'était plus qu'un brouhaha incessant et il me semblait que cette forme, dont je ne connaissais pas le vrai visage, se déplaçait... L'orage grondait de plus en plus fort. Sans les événements qui suivirent, on aurait pu croire à une invention ou à une imagination de ma part, mais malheureusement, c'était bien réel, ou du moins c'était ce que je pensais.

Un deuxième éclair jailli du ciel et cette fois j'ai pu la voir. Cette forme ressemblait à une poupée...Une poupée aux longs cheveux ébouriffés, aux yeux verts perçants, d'un vert qui capte vos moindres secrets, comme s'ils pouvaient voir ce que nous avions fait de pire pendant notre vie. Elle portait une longue robe qui dans le temps, avait dû être jolie, mais qui aujourd'hui, ne ressemblait plus qu'à un haillon sans couleurs, sali par le temps. A chaque éclair, il me semblait la voir grandir, grandir, grandir jusqu'à me dépasser. J'étais terrorisée...

Dans le bruit fracassant du tonnerre, je sentis une présence derrière moi. Prise de panique, j'imaginais une armée de poupées démoniaques comme celle que j’apercevais en face de moi. Figée, tétanisée par la peur, je ne pouvais me retourner pour voir ce qu'il se passait dans mon dos, ni même détourner les yeux pour me débarrasser rien qu'une seconde de son horrible regard.

Je me mis à crier de toute mes forces : « ma...Maman...Maman !!! » Mais un coup de tonnerre vint assourdir mes appels et personne ne me répondit.

La poupée se mit à bouger, puis à avancer mécaniquement vers moi. Elle se rapprochait dangereusement de moi quand elle tendit le bras comme pour m'attraper.

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Alors je me mis à hurler à nouveau : « Maman vi... viens vite ! Maman ! » Mais elle ne me répondait toujours pas, elle ne venait pas non plus .Cette terrible poupée montrait à présent son plus effroyable sourire et dévoilait deux rangées de dents pointues d'un blanc scintillant dans la pénombre. Mon sang se glaça, j'avais si peur...

La poupée n'était plus qu'à un centimètre de ma peau quand la lumière se ralluma. Je vis maman arriver, elle comprit que j'avais peur et elle me serra fort dans ses bras. Alors qu'elle me relâchait, je me retournais vers la poupée, il y avait le chat de ma tante assis à côté d'elle. Je compris que la présence ressentie derrière moi pendant ce terrible moment était probablement celle du chat.

Je regardai la poupée plus attentivement, et je me rendis compte qu'il s'agissait d'Olivia avec qui j'avais joué la veille...Elle avait la figure salie et la robe souillée car nous avions joué dehors, dans l'herbe du jardin. J'étais heureuse de retrouver ma poupée préférée aux beaux yeux verts et aux cheveux roux.

Cet orage m'a donné la plus grande peur de ma vie mais je n'ai jamais compris ce qu'il s'était réellement passé.

Au fond du salon, on pouvait distinguer sur le parquet en bois ciré, des petites traces noires, rondes et lisses, comme si une créature humaine de petite taille avait circulé à cet endroit précis...

Anaïs

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Le démon aux yeux verts

C'était un matin de printemps, je descendais les escaliers de la maison. Je pris mes clés, j’ouvris la porte et je sortis de chez moi. Comme tous les jours, j'allais retrouver mon ami Pierre qui habitait de l'autre côté de la rue pour nous rendre ensemble au collège. Nous avions passé une mauvaise journée jusqu'à ce que le professeur de science nous annonce que le lendemain, nous allions faire une sortie pédagogique dans une forêt. Une sortie dans la forêt n'était pas super mais c'était mieux que quelques heures de cours !

Le lendemain, vers dix heures, nous avons fait la connaissance de Victor, le guide qui allait nous accompagner pendant toute notre sortie. Victor était de grande taille, fin, cheveux bruns avec un regard clair. Un regard tellement clair, que j'avais l'impression qu'il lisait dans mes pensées. J’eus une sensation désagréable. Dans le silence, il prit le temps de nous observer un à un avant de nous parler du programme de la journée.

Nous avons commencé par marcher le long de la lisière de la forêt, puis Victor nous a fait continuer dans cette dernière où il nous fit passer subitement dans un nuage de vapeur verte que Pierre et moi avions pris soin d'éviter. Mais d'où sortait ce nuage ? Après cet obstacle, j'étais en train de regarder en l'air quand je vis un arbre qui avait la forme d'une tête humaine. J'en eus des frissons. Je me demandai comment cela était possible. L'air était humide, il faisait sombre et la végétation était dense, aucun chant d'oiseaux ne venait à nos oreilles. Seul le bruit de branches cassées se faisait entendre à chacun de nos pas.

Alors que nous marchions depuis un petit moment, je m'aperçus que je ne voyais plus le soleil, les branches des arbres formaient des arceaux, j’avais l'impression d'être observé, l'impression que la végétation se densifiait de plus en plus et la sensation que nous étions de moins en moins nombreux !

Je n'entendais plus mes camarades parler. Le vent faisait bouger les feuilles des arbres et donnait l'impression qu'elles parlaient entre elles. Je décidai, alors, de compter mes camarades afin d'être sûr que personne ne s'était perdu ! Hélas, je constatai avec effroi que nous n'étions plus que quinze sur vingt-deux. Il y avait un gros problème ! Je me dis ce que n'étais qu'une hallucination et je décidai de recompter mes camarades pour plus de certitude.

Je me rendis compte que nous n'étions plus que treize... Je me précipitai vers Pierre afin qu'il vérifie si je me trompais ou pas ! Après quelques secondes, il s'arrêta net et me dit que nous n'étions plus que douze. « Mais où sont passés les autres ? » me demanda Pierre. Nous regardions avec inquiétude les alentours. Plus personnes derrière nous ! Seul le silence était là ! C'est alors que nous décidâmes d'avertir le professeur qui se trouvait en premier rang. Pendant que Pierre parlait au professeur, Victor me regarda. Ses yeux émirent une lueur verte. J'en frissonnai plusieurs secondes et j'en demeurai immobile. Le professeur arrêta le groupe afin d’attendre les autres.

Soudain, Arthur, qui se trouvait à côté de moi, se métamorphosa en arbre ! Nous vîmes avec effroi la plus horrible des choses qu'il soit : Une branche traversait la gorge de mon camarade, une autre le ventre et ses doigts étaient devenus des feuilles. Le

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corps d'Arthur se transforma petit à petit en arbre. Sa tête se retrouva à quatre mètres de haut avec des branches en guise d'oreilles et d’yeux. Seule sa bouche apparaissait comme un nœud dans le tronc de l'arbre.

Tout le monde regardait la scène avec horreur ! Nous nous mîmes à courir le plus vite possible dans tous les sens. Je regardais Pierre qui se trouvait à côté de moi, nous nous dirigeâmes hors de cette forêt de malheur. En regardant vers la cime des arbres, nous nous aperçûmes que toute la forêt était faite d'humains transformés en arbre. Dans ces arbres, nous reconnûmes certains de nos camarades. Derrière nous, des hurlements se faisaient entendre et le reste du groupe devenait des arbres au fur et à mesure.

Avec Pierre, nous arrivâmes à l'endroit où l'autobus nous avait déposés quelques heures plus tôt. Nous nous assîmes par terre alors que nous entendions encore nos camarades crier. Nous mîmes nos mains sur nos oreilles pour ne plus les entendre puis plus rien... Juste le silence.

Avec Pierre, nous essayâmes de comprendre ce qu'il venait de se passer et de faire le lien entre le nuage vert, les arbres en forme de tête et la lueur verte des yeux de Victor. « Mais où est-il ? » demandais je à Pierre.

Rémy

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Periculum

Ce soir-là, je revenais d’une randonnée familiale. J’étais partie toute la journée

avec ma sœur Marie et mes parents marcher dans la montagne. Malgré cette longue

journée où nous nous étions bien dépensés je n’étais point fatiguée et voulais dès

notre retour à la maison m’amuser avec ma sœur. Nous venions d’emménager dans

une magnifique maison et ma chambre était bien plus grande que celle que j’avais

auparavant. Une chambre colorée, baignée de lumière par plusieurs fenêtres qui

donnaient sur deux magnifiques sapins et une vue imprenable sur la montagne.

Marie et moi nous nous retrouvions dans ma chambre pour jouer, mais nos

cartons n’étaient pas encore tous déballés et nous n’avions pas nos jeux de sociétés.

Alors nous avons eu une très bonne idée : un cache-cache…Je comptais jusqu’à

trente pour laisser le temps à Marie de se trouver une bonne cachette. Je commençais

à peine à la chercher quand soudain, un grand BOUM retentit du côté de mon armoire !

J’ouvris rapidement la porte de ce placard et je trouvais ma sœur figée. Le fond de

mon armoire avait disparu et laissait apparaître un long couloir très sombre.

Curieuse malgré les réticences de ma sœur, nous nous aventurâmes dans ce

mystérieux couloir aussi noir et profond qu’une grotte. Tout au bout de cette longue

galerie, je découvris une porte, sur cette porte était inscrit un mot, sans doute en latin,

un mot que je ne compris point : « periculum ». Ma sœur voulut faire demi-tour mais

moi, ne sachant pas ce que ce mot voulait dire, j’ouvris la porte. Nous aperçûmes un

chaudron, des livres de sorcellerie, un trident, le tout couvert de toiles d’araignées.

Nous voulûmes prendre nos jambes à notre cou mais soudain une affreuse petite

personne surgit de derrière le chaudron et nous barra le passage.

C’était un petit nain musclé avec des pieds de géant ! Il portait un grand chapeau à

grelots, des habits déchirés, et affichait au milieu de son visage une interminable

moustache. Sa peau était flétrie comme un vieillard et on pouvait deviner un homme

bougon et malfaisant.

Ma sœur et moi étions tétanisées, les yeux écarquillés pour être sûres que nous ne

rêvions pas. Il y eut un silence assourdissant quand tout à coup cet étrange

personnage nous dit:

« Bonjour mesdemoiselles, je m’appelle Marlatin ».

Contrairement à notre première impression, il paraissait plus aimable que ce que nous

pensions. Peut-être était-ce sa voix assez douce qui nous rassura le temps d’un quart

de seconde car tout à coup ce petit phénomène claqua des doigts et se retrouva à nos

côtés. Marie et moi étions sans voix, déstabilisées par ce nain magique !

Marlatin expliqua en nous rassurant qu’il avait effectivement des pouvoirs de

téléportation mais qu’il était enfermé derrière cette porte depuis fort longtemps et qu’un

sort lui avait été jeté et l’empêchait de se servir de son pouvoir. En ouvrant la porte

nous l’avions libéré ! Marie et moi l’invitâmes à aller dans ma chambre, j’étais tellement

heureuse que cet être magique soit avec nous.

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Tout juste sortis du placard, Marlatin prononça quelques mots que nous ne

comprenions pas, une formule magique sans doute. Tout à coup il se transforma en

une bête affreuse, avec une longue gueule, ses yeux devinrent rouges, des ailes

poussèrent sur son dos, il grandissait à la vitesse de la lumière ! Il était si grand qu’il

brisa le plafond. Il cria qu’il était le diable enfermé par une fée et que seule l’ouverture

de cette porte l’avait délivré. Ma sœur et moi étions terrifiées, je ne sentais plus mes

jambes et je n’arrivais pas à avaler ma salive. Je tenais fermement la main de ma sœur

comme pour la protéger ou m’excuser de l’avoir entraînée dans cette histoire. Cet être

diabolique allait nous tuer, ma sœur, mes parents et moi. Un bruit musical vint

déranger cette mise à mort : je fermai les yeux…

DRING DRING, ce bruit persistait, Dring, dring, puis la voix de ma maman, puis

une sensation sur ma joue…J’ouvris les yeux et je vis Marie qui me déposait un baiser.

Ce bruit n’était autre que mon réveil. Tout cela n’était qu’un horrible cauchemar ! Je

me levais de mon lit tellement soulagée et me dirigeais vers mon placard pour

m’habiller. En attrapant mon

l’armoire « periculum »…

pantalon, je vis quelque chose inscrit sur le fond de

Sarah

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Mais où est passée Melle Mars ?

C’était un lundi, nous reprenions le chemin de l’école après un week-end bien rempli. Dans la cour de récréation, je retrouvai mes camarades de classe pour leur parler de mon week-end chargé en activités. Mais, je fus très vite interrompue par la sonnerie qui nous signifiait l’heure de rentrer en cours. Notre professeure nous accueillit et nous présenta le programme de la matinée. Elle se nommait Melle Marion Mars et enseignait dans notre classe de 4° depuis le mois de septembre.

Après avoir écrit au tableau la date du lundi 26 janvier, l’alarme incendie retentit de toutes parts. Nous nous mîmes rapidement en rang et nous sortîmes de la salle dans le calme pour rejoindre le point de regroupement. Le principal faisait l’appel, recomptait tous les élèves dans un grand brouhaha et nous demanda, l’air surpris : « où est Melle Mars » ?

C’est alors que nous avons vu sortir une épaisse fumée provenant de la cuisine du restaurant scolaire faisant très vite oublier les paroles prononcées par Mr le principal… Un vent de panique soufflait sur le collège.

L’absence de Melle Mars était toujours bien présente dans l’esprit du directeur. Quant à moi, malgré cette fumée qui me brûlait les yeux, je me souvenais des dernières paroles prononcées par celui-ci : Où était Melle Mars ?

Je décidai alors de consulter mes camarades afin de retrouver la professeure en question. Pablo m’expliquait, tout paniqué, qu’il avait vu une plaque du plafond bouger lorsque nous étions sortis de la classe. Sophie quant à elle, disait que Melle Mars était peut-être encore dans la salle de cours. Je décidai alors d’en avoir le cœur net.

Pablo et moi pénétrâmes dans le bâtiment par une porte située à l’écart de la cantine pour éviter d’être gênés par cette fumée qui s’était d’ailleurs dispersée depuis l’arrivée des pompiers. Devant la salle de classe, nous découvrîmes des traces de boues. Sophie revenait en courant de dehors. Essoufflée, elle nous annonça que la fenêtre donnant sur le bureau de Melle Mars était brisée. Elle précisait également que par

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cette même fenêtre, elle avait pu apercevoir un petit papier tâché de rouge sur lequel était écrit : J’ai besoin de votre aide ! Je suis en sang…

Sophie nous expliqua (toujours essoufflée de sa course) :

- Ce matin, quand j’allais au collège, une voiture noire faisait plusieurs allers et retours devant l’établissement. A l’intérieur je pus à peine distinguer les silhouettes de deux hommes aux yeux jaunes, l’un d’entre eux avait une cicatrice qui lui recouvrait la moitié du visage. Puis, Pablo est arrivé.

Un bruit interrompit notre discussion, une porte venait de claquer. Doucement, à tout petit pas de souris, nous nous avancions, longeant les murs pour ne pas qu’on nous vît.

- Regardez ! chuchota Pablo.

En effet, nous aperçûmes la silhouette d’un homme vêtu de noir, aux yeux jaunes, comme nous l’avait décrit Sophie tout à l’heure. Discrètement, je fis signe à mes camarades de me rejoindre pour suivre la silhouette noire.

Soudain, la lumière du couloir s’éteignit ! Le noir complet. Mais environ dix secondes plus tard, la lumière se ralluma, l’homme avait eu le temps de s’enfuir ! Je n’avais même pas eu le temps de dire à Pablo et Sophie de courir pour le rattraper, qu’ils étaient déjà partis…

Nous descendîmes les escaliers à toute vitesse, mais c’était une mauvaise idée car nous nous trouvâmes nez à nez avec les deux hommes vêtus de noir, avec une capuche et des yeux jaunes…

Pablo, courut vers eux, sauta, et leur enleva leurs capuches. Ce n’était pas des hommes mais des aigles…

Etaient-ils réels ? Tout ceci était totalement surréaliste !

Une scène particulière se produisit, les aigles nous tournèrent le dos et se mirent à communiquer dans une langue que nous ne connaissions pas. Mais que se passait- il ?

Je me réveillai soudain en sueur. Ce n’était qu’un rêve… Melle Mars n’avait jamais disparu. Et les aigles aux yeux jaunes n’ont jamais existé, à moins que…

Ce matin-là en allant au collège, je repensais à mon rêve si particulier. Distraite, j’ouvrais mon sac pour prendre mon carnet de correspondance, quand je découvris deux grandes plumes noires tachetées de blanc au fond de mon sac à dos !

Auriane

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Un voyage, au bout, la vie…

C’était le 20 août 2019, un soir d’été, le soleil n’était pas encore complètement couché,

le ciel était rosé. Nous étions ma mère et moi assises sur la terrasse quand deux

policiers sonnèrent à la porte. Ils venaient nous annoncer que mon père était mort

dans un accident de voiture. Je m’effondrai sur le sol, cet homme que j’aimais si fort,

mon pilier, mon repère, me manquait terriblement déjà. Je ressentis une injustice mais

plus que tout une responsabilité. Je pensais que j’aurais pu empêcher l’accident et

donc éviter sa mort. Ma mère dévastée me réconfortait en me disant que je n’aurais

rien pu changer à cette fatalité, que je ne pouvais pas être responsable. C’était un

drame comme il peut s’en passer beaucoup dans la vie des gens.

Une semaine plus tard, encore anéantie par le chagrin, ma mère insista pour aller

faire un tour au marché du village. Entre le marchand de fruits, de légumes et le

poissonnier, j’aperçus une vieille femme sur un petit tabouret. Soudain, elle me fit un

signe de la tête comme pour m’appeler. Je me retournai pour voir si elle s’adressait à

quelqu’un d’autre mais c’était bien vers moi qu’était dirigé son geste. Je décidai donc

de m’approcher d’elle, elle me dit :

- Bonjour mon enfant, je suis une sorcière. J’ai des pouvoirs que tu ne peux imaginer

et je sens que tu as besoin de moi. Tu me sembles bien triste pour ton âge. Que puis-

je faire pour toi ? Lire ton avenir ? Te faire tomber amoureuse ? Te faire devenir riche ?

Non, je sais ce qu’il te faut : un voyage dans le temps…

Cette dame me fit peur, elle avait perçu ma détresse, ma tristesse. J’eus envie de lui

faire confiance mais son physique peu attrayant, ses innombrables verrues sur le

visage ainsi que ses cheveux gras comme de l’huile me donnaient plutôt envie de fuir.

Toutefois, elle parla de voyage dans le temps. Ces mots retinrent mon attention : « me

faire voyager dans le temps ». Je me demandais si c’était vrai, si je pouvais grâce à

cette vilaine sorcière empêcher mon père de monter dans cette voiture et donc de

mourir.

Je lui demandai :

- C’est vrai cette histoire de voyage dans le temps ?

Elle me répondit :

- Bien sûr mon enfant, je ne mens pas moi !

Malgré ces mots, une partie de moi ne voulut pas lui faire confiance. Qui croyait en la

magie ? Mais je n’avais rien à perdre puisque j’avais déjà perdu mon père…

Elle me donna alors rendez-vous le 30 août car elle disait avoir besoin de la pleine

lune…

Ce jour-là, il fallait que j’arrive à m’échapper de chez moi afin de retrouver la

sorcière à l’endroit où nous nous étions rencontrées. C’était un soir de pleine lune

comme elle l’avait annoncé. C’était le soir où j’allais voyager dans le temps. Je

retrouvais la vieille dame avec les mêmes habits, les mêmes verrues et les cheveux

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encore plus gras que la dernière fois. Elle me guida vers un petit bois quand soudain

elle sortit de sa poche un breuvage qui n’avait pas l’air très appétissant.

J’étais terrifiée, peut-être étais-je en train de faire une bêtise, je tremblais, je

mettais ma vie en danger. La sorcière me prévint que le voyage serait de très courte

durée et que j’aurais peu de temps pour faire ce que je voulais avant de revenir dans

le présent. La potion n’était en effet efficace que quelques heures. Elle commença à

parler très fort et me demanda le jour où je voulais revenir. Je lui répondis le 19 août,

la veille de l’accident de mon père. Elle me tendit la boisson, me dit de la boire ce que

je fis tout en l’entendant chanter, réciter une formule, tourner sur elle-même, grandir,

grossir et disparaître. Je me sentis alors rapetisser, la sueur coulait le long de mes

jambes ou ce qu’il en restait et j’avais l’impression étrange et indescriptible de

m’enfoncer dans la terre.

Je vis tout tourbillonner autour de moi, je perdis connaissance et je me réveillai

dans le même bois où la sorcière m’avait amené. Je pensais alors qu’il ne s’était rien

passé et que je n’avais pas voyagé dans le temps. Déçue que cela n’ait pas fonctionné,

je décidai de rentrer chez moi. J’étais comme une petite bête innocente, je ne pouvais

plus rien faire pour sauver mon père. Sur mon chemin, je vis un jeune homme habillé

bizarrement, il était grand, avait les cheveux bruns et les yeux verts. Je m’approchais

de lui et je le reconnus. C’était mon père mais en beaucoup plus jeune ! Mon cœur qui

battait à en exploser, je voulais lui sauter au cou mais je ne voulais pas l’effrayer. Je

compris que le voyage dans le temps avait bien marché mais que nous n’étions pas

en 2019 !

Je décidai quand même malgré la peur et l’angoisse que mon père ne me croit pas de

l’aborder et de lui dire que le 20 août 2019 il ne devait pas prendre sa voiture car cela

lui couterait la vie. Soudain, je ressentis les mêmes sensations étranges et

désagréables qu’au moment où j’avais bu la potion, je compris que le voyage retour

commençait. Mais je n’eus pas le temps de retourner dans le bois et je perdis

connaissance.

Une voix douce me réveilla :

- Mon ange, il faut se lever, il est tard !

Tout doucement, j’ouvris les yeux et je vis mon père.

Comment cela avait pu se produire ? Mon père vivant ! Je n’y croyais pas alors je lui

ai posé cette question :

-Quelle jour sommes-nous ?

Il me répondit le 21 août ma chérie pourquoi?

Chloé

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Histoires rouges

« Terreur »

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Bip ! Ce Jour-là, après l’école, je rentrai chez moi. En chemin, je passais toujours devant

cette étrange maison réputée être hantée. Un sac était posé devant la porte. Je le pris,

je fouillai l’intérieur, il y avait un téléphone portable. Content de ma découverte, je

rentrai chez moi. On était un vendredi 13 décembre et il faisait un froid glacial. Une

lune pâle et pleine émergeait au loin…

Je m’enfermai dans ma chambre où une ambiance étrange régnait. Je ne sais pas ce

qui se passait, mais je n’étais pas très rassuré. Mes parents étaient partis au cinéma.

J’étais seul. A minuit, le téléphone se mit soudain à vibrer. Une voix inconnue mais

effroyable suivie d’un rire diabolique se fit entendre:

« Je te connais petit ! Je t’ai vu passer des tas de fois devant la maison hantée! Ah,

Ah, Ah ! »

Je crus que mon cœur allait s’arrêter. Je m’évanouis.

Le lendemain matin, je me réveillai et je me levai péniblement du sol où j’étais resté

étendu. Je pris le téléphone avec la ferme intention de le déposer où je l’avais trouvé.

Puis j’eus une idée : et si cette voix n’était qu’une sonnerie ? Il y en a beaucoup et de

toutes sortes que l’on peut télécharger, y compris des sonneries terrifiantes

spécialement élaborées pour Halloween.

En explorant le portable afin de trouver l’option « sonnerie », je découvris deux fichiers

vidéo. Mauvaise idée, maudite curiosité ! Dès que je les ouvris, un gouffre d’’horreur

s’ouvrit sous mes pieds. Dans la première vidéo, un homme sur un bateau tomba

soudain balayé par le vent. N’étant toujours pas remonté à la surface, il était fort

probable qu’il avait fini noyé au fond des eaux... Sur la seconde vidéo, on voyait de

dos une femme aux longs chevaux d’un roux flamboyant et habillée de blanc en train

d’étouffer avec un coussin un vieux monsieur.

J’étais en sueur, mes membres étaient glacés. Etait-ce une plaisanterie de très

mauvais goût ? Que faire ? Pour me changer les idées, j’allai dans le salon. Mes

parents étaient en train de prendre tranquillement leur petit déjeuner tout en parlant du

film d’horreur qu’ils avaient vu au cinéma et qui s’appelait « çà ». La télévision était

allumée sur BFM TV. Deux informations importantes tournaient en boucle.

Un avis de recherche était lancé au sujet d’un homme parti en promenade la veille sur

son bateau. Il n’était toujours pas revenu. Au micro du journaliste, il y avait sa femme,

une petite dame brune à l’air grave. On la voyait fondre finalement en larmes et

répondant au journaliste qu’elle gardait tout de même l’espoir de revoir son mari sain

et sauf. Ensuite, un homme âgé avait été découvert mort étouffé dans sa chambre.

Sa meurtrière, une infirmière dépressive, avait rapidement avoué son crime aux

policiers sans pour autant donner le motif de son geste. Ils étaient en train de la sortir

de la maison de retraite en lui cachant maladroitement le visage. Comment ces deux

abominables faits divers avaient-ils pu atterrir sur ce téléphone ?

« Il faut que je m’en débarrasse, me dis-je ou il va finir par me porter la poisse ! Je vais

le donner à un policier…».

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Puis je me dis que si je faisais cela, on allait probablement me poser des questions,

on m’accuserait d’avoir volé ce téléphone ou même d’être à l’origine de ces crimes !

Et pire que tout, mes parents seraient tenus au courant de ma bêtise! Alors, je décidai

de déposer le téléphone le lendemain matin très tôt et sans me faire voir par qui que

ce soit, devant le commissariat le plus proche. J’avais pris la bonne décision. Mais je

ne sais pourquoi, l’idée de me séparer de ce téléphone de malheur me causait comme

une blessure intérieure. Je me sentais malgré moi attaché à cet appareil. Etait-ce cela

être possédé ? Ou était-ce tout simplement de la curiosité malsaine ?

Je passais une journée remplie d’angoisse et de nervosité. Je n’eus pas la force de

me rendre au collège. Je restai cloîtré dans ma chambre à tourner en rond comme une

bête sauvage. Mes parents s’inquiétaient de me sentir aussi « bizarre ». La nuit arriva

enfin. J’avais rangé le téléphone dans un tiroir en l’ayant préalablement désactivé. De

ma fenêtre, j’observais la pleine lune, elle brillait d’une lueur à la fois merveilleuse et

angoissante. En clignant un peu plus mes yeux, je crus voir se dessiner sur la face de

la lune un petit sourire ironique.

« Encore une provocation ? me dis-je. N’importe quoi, je divague totalement ! Allez,

au lit ! ! ».

J’avais réglé mon téléphone pour 6h du matin afin de pouvoir me rendre assez tôt au

commissariat. Mais à 5h55, il sonna ! La même voix sardonique retentit en me disant :

« Réveille-toi Sylvain, j’ai une petite surprise pour toi, c’est mon cadeau d’adieu, Ah,

Ah, Ah ».

Et quel cadeau d’adieu ! Je trouvai un SMS qui contenait un fichier. En l’ouvrant, je

découvris une vidéo. Il faisait nuit. On y voyait une magnifique jeune fille blonde.

C’était Sabrina, une fille de troisième super populaire dans mon collège! Mes copains

et moi on était tous un peu amoureux d’elle … Qui était ce type ? Pourquoi était-elle

avec lui en plein milieu de la nuit? Après être parvenue à s’échapper de l’étreinte de

ce mystérieux inconnu tout de noir et de cuir vêtu, il finit par la rattraper et je le vis la

poignarder d’une dizaine de coups de couteaux. Les supplications, les larmes, les

hurlements de douleur, le sang de cette malheureuse fille giclant par gros jets, son joli

petit corps abandonné au milieu des poubelles et enfin la froideur meurtrière de son

compagnon : s’en était trop ! Une envie irrépressible de vomir me monta à la gorge.

« Pourquoi moi, me lamentais-je ? Il faut détruire ce satané téléphone tout de suite !

Cela mettra sûrement un terme à toutes ces horreurs ! »

Une mystérieuse force m’en empêcha. J’eus juste assez d’énergie pour l’éteindre et

l’enfoncer dans la poche arrière de mon jean. Je me rendis au commissariat essoufflé

mais proche enfin de la délivrance. Arrivé devant l’entrée, je sortis le téléphone pour

le déposer. Quand il se mit soudain à vibrer accompagné d’un « BIP » énorme et

fit

et

strident. Pareil à un coup de couteau porté en plein cœur, ce « BIP » me

littéralement bondir. Pas de voix, juste une image filmée s’affichant toute seule

défilant sur l’écran.

C’est là que je vis une voiture circuler sur l’autoroute. Il s’agissait de la voiture de mon

père ! Il était en déplacement pour son travail. Une voiture roulant sur sa gauche le

doubla et lui fit une queue de poisson. La voiture de mon père dévia soudain de sa

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trajectoire et alla s’écraser sur la barrière métallique d’arrêt d’urgence. La voiture prit

feu puis explosa instantanément.

Une flamme géante, rouge sang jaillit. Il ne restait plus rien. Je fermai très fort mes

yeux. Il paraît que ce geste permet de s’évader d’un cauchemar. Je rouvris les yeux,

toujours le même spectacle de désolation sur l’écran du téléphone où l’on voyait de

plus en plus d’éclats de cendre noire jaillir de l’incendie.

Choqué et furieux, je jetai violemment le téléphone sur le trottoir : il se brisa en deux. Ça ne pouvait pas être réel, pas mon père ! Et pourquoi forcément lui ? J’étais stressé, fatigué, j’avais dû mal regarder, c’était certain. Des hommes bruns d’une cinquantaine d’années, aux yeux bleus, avec des lunettes et conduisant une Renault, il y en avait des millions ! Non ?

Tout à mon trouble, je ne m’étais pas rendu compte que mon propre téléphone sonnait depuis déjà trois bonnes minutes. C’était le numéro de ma mère. Que voulait- elle ? Je n’eus pas la force de lui répondre.

Je fis demi-tour pour rentrer chez moi....

Romain

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Eric

Ce jour-là, Georges se promenait seul dans la forêt. Tout semblait normal jusqu'à ce moment où il vit des animaux de la forêt courir dans la même direction. Georges stoppa sa promenade en se disant:

<<De quoi ont-ils tous peur pour fuir ainsi ?>>

Soudain, il aperçut un petit garçon en vêtements d'été (nous étions en octobre). Georges s'approcha et lui demanda :

<<Petit, tu es tout seul? Où sont tes parents ? >>

Le garçon ne répondit pas. Il s’aperçut que l'enfant tremblait de froid, ce qui était normal avec les vêtements qu'il portait. Georges alors décida de le ramener chez lui. D'un mouvement de bras rapide, il souleva le petit garçon et le ramena dans sa maison. Arrivés chez lui, il déposa le petit garçon qu'il nomma temporairement « Eric » -

Georges avait aussi une femme, Marie. Cette dernière était très chrétienne et n'était pas d’accord avec l'idée de garder un enfant dont ils ne connaissaient pas les parents et le nom. Ils se disputèrent.

Quand un grognement assourdissant les interrompit. Il était de plus en plus fort et venait de la chambre où se trouvait Éric. On aurait dit qu’Éric était en train de se faire attaquer par un ours ou quelque animal féroce…. George décida alors d'aller voir, et là il découvrit un loup, un loup géant croisé avec une hyène. Il se demanda ce que pouvait bien être cette terrible bête.

Quand la bête vit Georges, elle avança lentement vers lui. Mais Georges prit peur et quitta la chambre en courant. Lui et Marie quittèrent à toute vitesse leur maison en direction de la forêt.

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Malheureusement, ils furent rattrapés par la bête qui prit Georges par surprise et lui dévora une jambe. Georges perdit beaucoup de sang. Sur le point le mourir, il dit à sa femme:

<< Pars, pars loin ! ... >>.

Georges était mort. Pas le temps de pleurer. Marie se mit à courir à toute vitesse, à en perdre haleine, sans regarder derrière elle. Quand, elle n'entendit plus de bruit, elle s'arrêta.

Elle se retourna lentement en murmurant des prières...À ce moment-là, elle vit à nouveau le monstre et comprit qu’il s’agissait d’Eric. La bête se jeta sur Marie et planta ses griffes sur sa poitrine qu’elle commença à lacérer.

Marie fit sa dernière prière qu’elle prononça en hurlant. Les griffes de la bête s’arrêtèrent net, elles venaient d’arracher une petite croix en or. C’était un cadeau que Georges avait fait à Marie le jour de leur mariage, en signe d’amour éternel. Contre toute attente, la bête prit la fuite, comme si les prières de Marie lui perçaient les tympans. Ensanglantée, mais encore vivante Marie se leva, serrant sa précieuse petite croix contre son cœur.

Elle arriva enfin dans une petite ville voisine. .Elle raconta son histoire aux habitants mais personne ne la crut. Une famille fortunée, la plus connue de cette ville, se proposa d’accueillir Marie et l’engagea comme gouvernante de leurs trois enfants : deux filles et un garçon. Grâce à leur aide, Marie fut soignée et elle put reprendre une vie à peu près normale. Les trois enfants du couple l’avaient adoptée, ils l’aimaient d’ailleurs beaucoup.

Mais Marie ne cessait de penser à Georges et à la bête qui l’avait sauvagement tué. Le souvenir de ce tragique épisode la hantait, la réveillait certaines nuits telle une cicatrice refusant de se refermer. Les soirs de pleine lune, elle entendait parfois hurler au loin, elle savait que c’était « elle », la bête, et elle en frissonnait d’effroi, serrant contre elle sa petite croix, seul souvenir la rattachant à Georges. Bien sûre, elle en parla autour d’elle, on lui répondait à chaque fois qu’il n’y avait pas de hurlements, que c’était certainement le fruit de son imagination traumatisée…

La famille qui avait accueilli Marie, les Von Wullf, était courtoise, aimable, généreuse mais étrange. Chaque fois que Marie les observait, sans pouvoir se l’expliquer, elle avait la sensation de les connaître. Les parents n’échangeaient que très peu avec leurs enfants. Ils étaient souvent absents. Marie apportait aux enfants un peu de la présence et de la chaleur humaine dont ils manquaient. Le seul fils de la fratrie, Rémy, semblait souvent perdu dans ses pensées…

Un matin, Marie sortit de la bibliothèque où, à la demande insistante des trois enfants du couple, elle était en train de leur dispenser quelques cours d’éducation religieuse. Elle voulait récupérer une Bible dans sa chambre afin de leur expliquer plus en détail la Genèse. Le Précieux livre en main, elle commença à longer le couloir qui menait à la bibliothèque. La porte d’une pièce habituellement fermée à clés était à ce moment- là légèrement entrouverte. Marie céda à la curiosité, elle fit demi-tour et entra…

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C’était une petite pièce très sombre. Marie dut allumer une bougie pour y voir plus clair. La pièce était poussiéreuse. Il y avait un lit sur lequel étaient éparpillés divers petits jeux d’enfant. Marie se retourna et vit accroché sur le mur un grand tableau peint et sculpté à l’ancienne, représentant la famille Von Wullf. Mais en se penchant sur le tableau, Marie ne distingua pas trois mais quatre enfants : deux filles et deux garçons. Ce second garçon, c’était Eric !

Tout à coup, Marie sentit son dos et ses jambes traversés par un puissant souffle à la fois chaud et humide. Un grognement qu’elle ne connaissait que trop bien vrilla ses oreilles…

Kurt

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La Malle

C’était une de ces journées banales. Je rentrai du travail, ma mère m’appela pour

m’inviter à déjeuner ce samedi. J’acceptais, comme toutes les semaines. Le week-

end, j’arrivais toujours en retard à cause de mon travail mais cela ne dérangeait pas

mes parents. Après le déjeuner, je les aidais à faire le ménage de leur maison.

Ce jour-là, je découvris qu’ils avaient une cave. Ils venaient de déménager donc je ne

connaissais pas leur maison entièrement. Pour changer, nous rangeâmes le sous-sol.

Je fouillai en espérant trouver de beaux bijoux ou de vieux vêtements. Au lieu de cela,

je trouvai, sous une couverture usée, une vieille malle, magnifique mais cadenassée.

Mes parents furent surpris en la voyant. Ils affirmèrent ne jamais avoir vu cette malle.

Je leur demandai si je pouvais la prendre et où était la clé. Ni ma mère, ni mon père

ne l’avaient. Je la pris quand même car je la trouvais somptueuse.

Une semaine tout aussi banale que d’habitude se déroula. Comme tous les week-

ends, je déjeunais chez mes parents mais en rentrant un violant mal de tête me frappa.

C’était atroce. Pendant ma convalescence, je semblai de plus en plus attirée par cette

malle close. Je mangeais dessus, je travaillais dessus… Mon chat devenait bizarre lui

aussi : dès que je m’approchais du coffre, il me fuyait ou m’attaquait comme si j’étais

un monstre. Les semaines passèrent, mon horrible mal de tête ne se calmait pas. Je

restais chez moi, collée à la malle. Je ne prenais plus soin de moi, je ne mangeais

plus, je ne dormais plus. Mon chat m’avait fui, j’étais seule. Je vivais dans le noir à

crier sans arrêt sans aucune raison. Je harcelais tous les jours mes parents pour qu’ils

me donnent la clé du coffre sans prendre le temps de les écouter me dire qu’ils ne

l’avaient pas.

Un soir, il se mit à pleuvoir des cordes. Pour ne rien arranger, le tonnerre se déchaina.

Pour la première fois depuis de nombreux jours j’étais calme adossée contre la malle.

Soudain, une fenêtre s’ouvrit et des litres d’eaux atterrirent sur mon parquet.

Lentement, je me dirigeai vers ma fenêtre. J’allai la refermer lorsque je vis, sur le

rebord de celle-ci, une grosse clé rouillée. Je la contemplai pendant cinq minutes et

je refermai la fenêtre. Tout à coup, je me mis à courir tel un animal en furie. A toute

vitesse, avec des gestes brutaux, j’ouvris la malle avec la clé trouvée. La terreur qui

me saisit n’eut pas son pareil. A l’intérieur du coffre, se trouvait le cadavre de mon chat

déchiqueté. Le choc fût tel que tous mes membres me lâchèrent. Peu de temps après,

je retrouvai mes esprits. J’enveloppai mon animal dans une couverture et je le mis au

congélateur pour qu’il ne pourrisse pas. Cette scène atroce me remit les idées en

place. Je me lavai, mangeai et me couchai.

Pendant la nuit, je rêvai d’une ombre terrifiante qui m’attrapait par les épaules et me

secouait violement dans tous les sens. Je me réveillai paniquée en criant. Je découvris

que j’étais dans la malle. Toutes les fenêtres et les portes de mon appartement étaient

ouvertes. Anxieuse, j’accourus dans ma cuisine pour voir si mon chat n’avait pas

disparu. En effet, il n’était plus là. Terrifié, je me mis en position fœtale par terre dans

ma cuisine. Je sentis aussitôt une douleur aux épaules. Inquiète, je courus devant un

miroir. D’énormes marques de mains marquaient mes épaules. Je ne pouvais pas en

croire mes yeux ! Cette situation était digne d’un film d’horreur ! Je me dirigeais vers

ma chambre pour me poser car je me sentais très mal. En entrant dans la pièce je vis,

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horrifiée, le cadavre de mon chat pendu au-dessus de mon lit. A ce moment-là, je

m’écroulai au sol, cherchant une explication rationnelle. Etaient-ce des hallucinations ?

Un psychopathe qui s’amusait ? Je n‘en avait avais aucune idée. Face à toutes ces

incertitudes, je perdis connaissance.

Lorsque je revins à moi, j’étais enfermée dans la malle. Je me débâtai, je criai, je

frappai, j’appelai à l’aide désespérément. Soudain j’entendis une voix familière. C’était

celle de mon père ! Grâce à un pied de biche, il réussit à me sortir de cet enfer. Je

sautai dans ses bras en pleurant. Ce cauchemar était-il enfin terminé ?!

Mes parents me poussèrent à aller voir un psychiatre. Celui-ci ne remarqua rien

d’anormal.

Après cela, je rendis les clés de mon appartement à son propriétaire. Je ne pris même

pas la peine de récupérer mes meubles et autres affaires. Je voulais juste partir très

loin et oublier mon chat mort et cette maudite malle. Que deviendrait-elle d’ailleurs ?

Nul ne pouvait le prédire. ..

Leila

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The red shoes ...

Ma vie de jeune adolescente était plus que parfaite. Depuis la sixième, j’étais élève dans l’une des plus prestigieuses écoles de danse du monde : The Julliard School à New-York. De plus, j’étais entourée par de nombreuses amies. J’étais assez populaire. Et le meilleur, était que je réussissais tout ce que j’entreprenais. Bref, ma vie ressemblait beaucoup à un rêve éveillé. Je le pensais jusqu’à ce jour de tempête où le directeur devait annoncer les rôles du spectacle de fin d’année.

Tous les élèves de l’école de danse se rassemblèrent dans le hall, impatients d’avoir le résultat des sélections qui allaient avoir lieu dans quelques minutes. Alors que je patientais avec mes amies, j’entendis dans le studio adjacent au hall une voix lointaine. Malgré tous mes efforts pour comprendre ce qu’elle disait, je n’y comprenais rien, comme si celle-ci s’exprimait dans une autre langue. Intriguée, je me rapprochais doucement du studio : j’entendais la voix de plus en plus clairement.

Depuis la porte du studio, je pus apercevoir au milieu de la salle, une paire de chaussons rouges. Ils étaient d’une beauté maléfique, ensorceleuse. J’avais l’étrange impression que la voix venait de la paire de chaussons elle-même ! Était-ce vraiment possible ? Le doute me paralysa de peur. Mais la curiosité l’emporta. Malgré mon mauvais pressentiment, mes pieds se dirigèrent vers les chaussons. Je les pris avec précaution et je pus lire sur la semelle du chausson gauche : « Je reflète la réalité, celle qui est impossible à voir à l’œil nu ». Même si la voix continuait son discours incompréhensible, je m’empressais de les enfiler et de lacer soigneusement les rubans en satin autour de mes chevilles.

D’un coup, les chaussons me relevèrent. Une peur profonde m’envahit et me força à danser ! Je ne pus m’empêcher de penser à Pina Bausch : « Danser, sinon nous sommes perdus » ! J’avais cette impression que si je m’arrêtais de danser, le monde s’écroulerait avec moi ! J’étais la victime d’un sortilège malveillant, prise dans un cercle vicieux. Mais c’était impossible ! Cela n’existait que dans les films et les livres, non ?

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Entre une pirouette et un grand jeté, la voix se clarifiait et commençait à répéter la même chose, encore et encore. Enfin je compris ce qu’elle disait, cinq mots qui me firent frissonner ! Cinq mots horribles, cinq mots que je n’aurais jamais voulu entendre et qui me hantent encore comme un vieux fantôme. « Tu n’y arriveras pas ! », suivis d’un rire atroce. Ces mots firent l’effet d’une bombe explosant en moi. Ils ne m’avaient jamais été adressés en quatorze ans d’existence ! Pour moi ils n’existaient même pas.

Mais qui les avait prononcés ? Et pourquoi me les adresser ? Je sentis une chaleur humide à l’intérieur de mes chaussons, puis je vis du sang en jaillir par filets de plus en plus abondants. Allais-je me vider de tout mon sang ? Allais-je mourir terrassée par ma passion ? L’esprit surchargé de questions sans réponse, terrifiée de voir se former une large flaque rouge autour de moi, je m’écroulai. J’avais perdu connaissance.

C’est la voix de notre directeur Mister James Karamokov annonçant les rôles du spectacle qui me réveilla. Je me rendis compte que je n’avais plus les magnifiques chaussons rouges aux pieds, lesquels étaient intacts. Je sortis du studio, l’esprit en ébullition, essayant de mon mieux pour trouver l’explication la plus cartésienne possible.

Après quelques minutes de réflexion, je conclus que cet événement étrange avait été une hallucination provoquée par un surplus de stress dû à la sélection des rôles. L’angoisse m’avait fait perdre la raison. Je n’avais pas trouvé mieux.

L’annonce de Mister Karamakov terminée entraîna une vive incertitude. Je n’avais pas obtenu le rôle que je voulais. Les chaussons rouges disaient-t-il réellement la vérité ?

En me dirigeant vers les dortoirs, avec mes amies, je passai devant le bureau du directeur et je crûs apercevoir les chaussons rouges posés soigneusement sur sa table. En baissant les yeux, je remarquai une flamboyante petite tache rouge sang qui maculait le tapis du bureau.

Anaïs

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Prémonition

Il y a quelques jours, ma professeure de français avait demandé à la classe de rédiger une dissertation. Elle devait porter sur des créatures surnaturelles malfaisantes telles que les démons ou le Diable. Je me dirigeais donc vers la librairie qui venait d’ouvrir pour me renseigner sur le sujet. J’étais déjà passée devant quelques fois, mais je n’étais jamais entrée. La boutique semblait petite et la devanture croulait sous le poids de nombreux ouvrages. Lorsque j’entrais, je fus accueillie par un homme d’âge moyen. La première chose que je remarquais ce furent ses yeux. Il avait le regard le plus profond que j’eus jamais vu, et ses yeux perçants semblaient pouvoir lire en vous. Je frissonnai.

Malgré cette première impression dérangeante, l’homme se montra très serviable.

« Bonjour Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ? » demanda-t-il d’une voix mielleuse, le sourire aux lèvres.

Je lui expliquais ce que je cherchais, et il s’empressa de me répondre, avec cette manière de parler si doucereuse :

« J’ai exactement ce qu’il vous faut ! »

Il désigna un présentoir, bien en évidence, où trônait un livre épais, apparemment très ancien. Il m’assura que je ne trouverais pas de meilleur ouvrage sur les démons. En effet, le livre lui-même dégageait une aura maléfique, mais aussi attirante. Sa couverture était d’un noir intense et ornée d’une inquiétante étoile satanique.

Le vendeur prit le livre pour me le tendre avec une infinie douceur, comme si c’était le plus précieux des trésors. En sortant du magasin, le livre dans mon sac, je ne pouvais me défaire d’une impression de malaise. Cet homme était vraiment étrange… Puis je me repris, après-tout ce n’était qu’une impression.

Une fois rentrée chez moi, je posai le livre à la couverture sombre sur mon bureau et je l’observai quelques instants. Même en dehors de l’inquiétante librairie, il était toujours aussi effrayant et inexplicablement envoûtant. Je fus tentée de ranger le livre tout au fond de mon sac, mais, repensant à la dissertation qu’il me faudrait bientôt rendre, je l’ouvris.

Sur la première page étaient tracées à l’encre rouge des lettres étranges et complexes. Cette écriture m’était inconnue et je me demandai, non sans irritation, si le vendeur ne s’était pas moqué de moi. À l’instant même où je touchais la page pour la tourner, le livre se mit à vibrer. Je sursautai et m’écartai précipitamment. Les pages tremblaient de plus en plus fort et soudain, j’aperçus une lueur dorée qui émanait du cœur du livre. Je restai figée de stupeur. Mon instinct me dictait de fuir ou d’appeler quelqu’un, mais je ne pouvais m’y résoudre. Une étrange attraction m’attirait vers le livre, m’obligeant à me rapprocher. Malgré moi, je me mis à tourner les pages recouvertes de l’écriture rouge. Je paniquai tandis que j’ordonnai désespérément à mes mains de s’arrêter. Mais la force invisible m’en empêchait, et je me rapprochais inéluctablement de la lueur. Arrivée au milieu du livre, la lumière se fit encore plus éclatante. Les pages étaient vierges, excepté un mot, un seul, au centre :

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Démon

Une peur glaciale s’empara de moi. À cet instant, le livre s’enflamma et avec un cri d’effroi, je parvins enfin à reculer. Au milieu des flammes se rassemblèrent toutes les lettres rouges, pour former une silhouette immense de la même couleur, la couleur du sang. Un démon monstrueux se dressait devant moi. Il avait deux cornes torsadées sur la tête ainsi que des yeux jaunes terrifiants. Avec un rictus dévoilant ses dents acérées, il fondit vers moi à toute vitesse. J’étais pétrifiée et je poussai un cri d’horreur suraigu.

Je me réveillai en hurlant. J’étais dans ma chambre, sur mon lit, le front baigné de sueur. Ce n’était qu’un rêve, Dieu merci ! Mon regard se dirigea immédiatement vers le bureau où je fus soulagée de n’apercevoir aucun livre à la couverture noire. J’éclatai alors en sanglots, laissant la peur partir avec mes larmes.

Le lendemain, je décidai de me rendre à la librairie, car je n’avais toujours aucun livre pour mon devoir. Avant de pénétrer dans le magasin, je ne pus m’empêcher de ressentir une certaine appréhension. J’entrai en me moquant de ma bêtise, lorsque soudain je le vis…

Il était là, terrifiant, sur son présentoir, au même endroit que dans mon rêve. Le livre !

Je sentis derrière moi une présence. Je me retournai et je vis le vendeur poser sur moi ses yeux perçants.

« Bonjour Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ? »

Flore

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Miroir

Comme tous les matins, je prenais le bus avec ma meilleure amie, Lisa, pour

nous rendre au collège situé au cœur de Londres. Nous étions amies depuis toujours

car nos parents vivaient dans des maisons mitoyennes. C’était un vendredi et il nous

tardait déjà le week-end car nous avions décidé de faire les magasins ensemble.

Pendant le cours de mathématiques, nous finalisions notre liste d’objets à la mode que

nous avions repéré dans nos magazines préférés. Je voulais plein d’habits mais

surtout un miroir car ma petite sœur avait cassé le mien en jouant.

Samedi matin arriva enfin. Dès que Lisa sonna à ma porte, je me précipitai vers elle,

direction le centre commercial. Ce jour-là, le temps était particulièrement radieux et

nous fîmes toutes les boutiques de notre liste mais aucun miroir en vue. Tout à coup,

j’aperçus dans une ruelle, un antiquaire.

« Viens, je suis sûre que je vais trouver un miroir là-dedans », dis-je à mon amie.

Nous entrâmes et nous nous retrouvâmes plongées dans un capharnaüm d’objets plus

étranges les uns que les autres.

Derrière le comptoir, se tenait un homme qui paraissait aussi âgé que ses objets.

Quand je lui fis part de ma demande, ses yeux se mirent à briller d’une lueur étrange

et il m’entraina vers le fond de sa boutique, derrière un grand rideau. Lisa resta en

arrière, admirant les nombreux vases.

L’homme me tendit alors un petit miroir rempli d’ornements représentant des visages

de femmes. Il était splendide avec ses reflets multicolores et un frisson me parcourut

au contact de son métal. En sortant de la boutique, le miroir sous mon bras, un violent

orage éclata. Le temps avait subitement changé.

Dans la nuit, je me réveillai en sursaut par un épouvantable bruit semblant provenir de

la salle de bain. C’était un cri effroyable, aigue comme une scie coupant du fer. D’un

coup, je me levai et je dévalai l’escalier menant à la chambre d’ami où dormait Lisa.

« Tu as entendu ce bruit ?

- De quoi parles-tu ? » marmonna-t-elle encore endormie.

Je lui expliquai ce que j’avais entendu et nous décidâmes d’aller explorer la salle de

bain.

La pièce était glaciale et plongée dans le noir. Seul le miroir scintillait d’une étrange

lueur.

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J’étais pétrifiée de peur mais la lumière était si attirante que je m’avançai vers le miroir.

« Qu’est-ce que tu fais ? » s’écria Lisa.

Ne l’entendant pas, je m’approchai encore jusqu’à me retrouver face à l’objet. Lisa se

blottit contre moi et me serra la main, tremblante de peur. Le souffle court, nous

attendîmes que quelque chose se produisît. Soudain, une femme apparut dans le

miroir et me regarda fixement. Ses yeux étaient rouge sang et sa peau était grise.

C’était un être hideux ! Prise d’épouvante, je poussai le plus terrible hurlement de ma

vie et pris mes jambes à mon cou.

Mon amie, n’ayant pas vu le spectre, courut derrière moi, déboussolée. Nous nous

enfermâmes dans la chambre d’ami et nous nous endormîmes, comme évanouies

d’horreur.

Tard dans la matinée, nous nous réveillâmes encore groggy par cet étrange

phénomène.

Pendant le petit-déjeuner, nous reparlâmes de cette nuit, d’abord sceptiques puis nous

éclatâmes de rire devant l’évidence : un cauchemar ou une hallucination.

l’explication !

Je montai me préparer dans la salle de bain, heureuse et légère.

Voilà

En ouvrant la porte, j’aperçus tout de suite un morceau

ramassai et je reconnus le visage de cette nuit.

du miroir par terre. Je le

Emma

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