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INFO 374 « NON au 19 mars » VOICI quelques articles de presse ou de contributeurs retenus à votre attention : 1/ La ville d’AÏN SEFRA Aux confins Sud Oranais, à 440 km d’Oran et à 900 km d’Alger. A 1073 mètres d’altitude, entourée par TIOUT, SFISSIFA et MOGHRAR, dominée par le Mont MAKTER, AÏN SEFRA est célèbre par ses dunes d’une couleur éclatante. AÏN-SEFRA est très Appréciée pour la beauté de ses paysages montagneux et notamment pour ses dunes qui s'étendent sur plusieurs kilomètres. C'est dit-on la porte du Sahara. Le pays n’eut jamais de ressources importantes. La principale production est l’alfa dont l’exploitation suscita très tôt la construction d’une voie ferrée métrique qui atteignit AÏN SEFRA dès 1887. Cette ligne fut prolongée jusqu’à Béchar (1906) et Kanadsa, à la fois pour des raisons économiques et stratégiques. Cette voie de pénétration avait été retenue comme la tête du Transsaharien dont le projet ne fut jamais totalement abandonné. La région d’AÏN SEFRA est riche en stations d’art rupestre. A cinq km à l’est, en bordure de la route de GERYVILLE, se situent les gravures du Djebel Mahisserat, connues sous le nom de station du Rocher Carmillé (devenu dans les éditions successives du Guide bleu rocher Carminé, 1950, puis rocher carminé, 1974). Ces gravures représentent une file d’éléphants dont les oreilles sont stylisées (oreilles « bilobées ») ; ils sont précédés d’un lion. Plus importante est la station de Tiout (orthographiée parfois Thyout), à 16 km à l’est d’ AÏN SEFRA, sur la même route. Ces gravures sont les premières au monde à avoir été signalées comme des œuvres préhistoriques (1847). Sur une vaste paroi relativement lisse se pressent en grand nombre des bovins, de grande taille et des lions dont le corps a été soigneusement poli ; entre ces grandes figures se sont glissés des sujets de petite taille. Il faut signaler encore, mais à une plus grande distance d’AÏN SEFRA, des stations importantes comme celles de Moghrar-Tahtani, à une cinquantaine de km au sud-ouest, et plus à l’ouest encore les nombreuses stations de l’oued Dermel.

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INFO 374

« NON au 19 mars »

VOICI quelques articles de presse ou de contributeurs retenus à votre attention :

1/ La ville d’AÏN SEFRA

Aux confins Sud Oranais, à 440 km d’Oran et à 900 km d’Alger.

A 1073 mètres d’altitude, entourée par TIOUT, SFISSIFA et MOGHRAR, dominée par le Mont MAKTER, AÏN

SEFRA est célèbre par ses dunes d’une couleur éclatante.

AÏN-SEFRA est très Appréciée pour la beauté de ses paysages montagneux et notamment pour ses dunes qui

s'étendent sur plusieurs kilomètres. C'est dit-on la porte du Sahara.

Le pays n’eut jamais de ressources importantes. La principale production est l’alfa dont l’exploitation suscita très tôt la construction d’une voie ferrée métrique qui atteignit AÏN SEFRA dès 1887. Cette ligne fut prolongée jusqu’à Béchar (1906) et Kanadsa, à la fois pour des raisons économiques et stratégiques. Cette voie de pénétration avait été retenue comme la tête du Transsaharien dont le projet ne fut jamais totalement abandonné.

La région d’AÏN SEFRA est riche en stations d’art rupestre. A cinq km à l’est, en bordure de la route de

GERYVILLE, se situent les gravures du Djebel Mahisserat, connues sous le nom de station du Rocher Carmillé

(devenu dans les éditions successives du Guide bleu rocher Carminé, 1950, puis rocher carminé, 1974). Ces

gravures représentent une file d’éléphants dont les oreilles sont stylisées (oreilles « bilobées ») ; ils sont

précédés d’un lion. Plus importante est la station de Tiout (orthographiée parfois Thyout), à 16 km à l’est d’AÏN

SEFRA, sur la même route. Ces gravures sont les premières au monde à avoir été signalées comme des œuvres

préhistoriques (1847). Sur une vaste paroi relativement lisse se pressent en grand nombre des bovins, de grande

taille et des lions dont le corps a été soigneusement poli ; entre ces grandes figures se sont glissés des sujets

de petite taille.

Il faut signaler encore, mais à une plus grande distance d’AÏN SEFRA, des stations importantes comme celles de Moghrar-Tahtani, à une cinquantaine de km au sud-ouest, et plus à l’ouest encore les nombreuses stations de l’oued Dermel.

Toutes ces gravures n’ont pas le même âge, bien qu’elles remontent pour la plupart au Néolithique. On s’accorde généralement à reconnaître, parmi les plus anciennes, les figures les plus grandes et les plus réalistes ; c’est le style qualifié de « bubalin » par H. Lhote et de « grand style naturaliste » par G. Camps ; mais il semble qu’en plusieurs stations de l’Atlas saharien, ces grandes figures aient été précédées de représentations aussi réalistes mais gravées plus finement et dans des dimensions plus réduites. D’autres « styles » sont plus récents. Des animaux domestiques, tels que les « béliers à sphéroïde », sont représentés dès la phase la plus ancienne de cet art de l’Atlas saharien qui ne peut, donc, être antérieur au VI

e millénaire. Les tumulus et bazinas si nombreux

dans la région sont beaucoup plus récents.

Histoire

AÏN-SEFRA avait pour noms d’origine AÏN-SAFIA, signifiant « La source pure » ou AÏN-ESSEFRA, signifiant « La

Source au métal jaune » ; elle prit le nom et l’orthographe d’AÏN-SEFRA par arrêté gubernatorial du 20 mars 1882.

Le Ksar d’AÏN-SEFRA fût créé vers l’an 987 de l’Hégire – soit vers 1586 et quelques mois de notre ère par les enfants de Mohamed Ben-Chaïb – dit BOU-DEKHIL - qui, contrairement aux habitants des autres ksars, ne sont pas d’origine berbère mais sont issus d’éléments divers de race arabe. Tous, cependant, prétendent descendre du Prophète par sa fille Fathma et ils possèdent des sedjira qui confirment ces prétentions. Ses habitants étaient appelés « Açhab El Qsar » ou bien les « Bou-Dekhil ».

Sidi Bou Dekhil était originaire de Zemmorah et habitait chez les Arbaouat –dans le cercle de Géryville, entouré de ses enfants et de ses serviteurs ; il possédait quelques biens et, entre autres, le puits de Hassi el Abiod.

Mohamed ben Sliman – père de Sidi Cheikh – demanda et obtint la main de la jeune Slamet. Sidi Bou Dekhil fit don à sa fille du puits d’Hassi el Abiod. Mais ses quatre frères, lésés dans leurs intérêts par cette donation, revendiquèrent leurs parts dans la possession du puits. Ce fût, dès lors, l’origine de luttes continuelles qui aboutirent à la défaite des enfants de Sidi Bou Dekhil qui furent contraints de prendre la fuite et de chercher refuge dans la région d’Aïn-Séfra.

Pour se mettre à l’abri des attaques continuelles des Zoua et des Oules-Sidi-Chaikh, les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qui vivaient d’abord sous la tente au milieu de leurs troupeaux, construisirent alors des maisons qu’ils entourèrent de murs crénelés. Ils s’adonnèrent à la culture des terrains et achetèrent les terres de l’oued Bridj aux Beni-Amer et aux Ouled en Nehar moyennant 1000 moutons ; ils purent ainsi étendre leurs droits de propriété depuis Sekhouna jusqu’à Ressaf, entre Aïn-Séfra et Tiout. Mais ne purent véritablement vivre en paix qu’avec l’occupation définitive de la région par les troupes françaises.

Les ksouriens d’AÏN SEFRA sont donc d’origine arabe. Une partie d’entre eux y compris les Ouled Daoudi – descendants des Ouled Sidi bou Dekhil – sont Cheurfa ; quant aux autres fractions, elles sont composées d’éléments divers : Laghouat Ksel, Beni Snouss, Hamyan, Doui Menia, Ouled Meddah, Ouled Djerir, Ouled el Hossein ainsi que les serviteurs des Ouled Sidi bou Dekhil qu’ils avaient suivi dans leur exil, mais qui appartiennent à des sectes religieuses différentes.

Au début le ksar était divisé en deux parties : -l’une réservée spécialement aux Ouled-Daoudi, -l’autre aux trois fractions Ouled-Youcef, Ouled Atta et Ouled-Meddah, avec défense expresse à ces trois fractions de sortir de leur quartier et de pénétrer dans la cité chérifienne sous peine de mort.

Cette situation fit naître des dissensions qui se terminaient toujours par des coups de fusil. Le ksar, bâti entre la dune et l’oued – non loin de la source, abritait la population arabe locale. Il est adossé à une grande ligne de dunes d’environ15 kilomètres de long qui le sépare du Djebel Mekter.

Comme tous les autres ksours, il se compose d’une agglomération de maisons grises bâties généralement en pierre, possédant une cour intérieure et un étage : Ces maisons, placées sans alignement les unes à côté des autres, forment des quartiers séparés par des ruelles étroites, tortueuses et obscures. Le ksar qui comptait, en 1849, 260 maisons habitées n’en possède plus en 1950 que 120 ; 60 familles sont parties, avant l’occupation française, à Tlemcen où elles résident encore, 6 familles s’installèrent à Oujda, 70 autres s’étaient installées définitivement à Aïn-Nakhla dans la région de Fez.

Période Française

Le plaisant village des années 1950 n’était, pourtant, à l’origine qu’un pauvre ksar bâti au pied d’une grande dune et entouré de jardins miséreux.

Le poste d’AÏN-SEFRA fût créé en 1882, après l’insurrection de Bou-Amama, pour surveiller la région face à Figuig qui était, alors, la citadelle et le refuge des dissidents. AÏN-SEFRA fût rendue célèbre par le Maréchal Lyautey qui commanda cette subdivision militaire de 1903 à 1906.

[Maréchal LYAUTEY (1854/1934)]

Située à 32° 45’ latitude nord et à 0° 35’ de longitude ouest de Greenwich, à 440 km d’Oran par la piste Le Kreider-Colomb Béchar, par voie ferrée à 493 km, à vol d’oiseau à environ 300 km.

AÏN-SEFRA est une grosse bourgade plantée aux confins des hauts-plateaux, aux portes du Sahara à la bordure Nord de l’Atlas saharien.

Le village, isolé dans une vallée de sable entre l’immensité monotone des hauts plateaux et la fournaise du Sud, est bâti au confluent des oueds Bridj et Mouillah au centre des Monts des Ksours et culmine à 1070 mètres entre le Djebel Mekter (2062 m.) au sud, le Djebel Aïssa (2236 m.) au nord-est, les Djebels Morghad (2135 m) et Hairech (1686 m) au nord-ouest et le Djebel Smir (1800m) au sud-ouest.

Ces jardins, sa végétation exubérante offrent une sensation de douceur extrême et les vents qui soufflent sur ses dunes de sable d’or édifient au caprice de chaque jour de nouveaux paysages éphémères. De loin, on a l’impression que le village a été construit sur une mer de sable et il semblerait bien que dans des temps anciens il y ait eu mer. Pour preuve l’existence d’impacts de vagues qui venaient s’écraser sur les parois du Djebel Mekter, les nombreux fossiles marins trouvés dans la région.

AÏN-SEFRA tire son intérêt de sa situation géographique : les monts des Ksours, portion occidentale de l’Atlas saharien qui forment la limite géographique entre les hauts-plateaux et le Sahara ; cette limite se trouve sous une latitude très méridionale ; d’autre part les sommets des montagnes qui atteignent une altitude relativement élevée (souvent plus de 2000 mètres) qui en fait des condensateurs. Le climat d’AÏN SEFRA est sec et

caractérisé par de grandes variations de température entre les jours et les nuits. En été (juillet et août) on note + 40° C ; en janvier – 4° C et même – 6° C.

Le vent souffle souvent et plus particulièrement d’Ouest, le village est alors envahi par le sable qui pénètre absolument partout, dans les moindres recoins. Le siroco est rare. Les chutes de pluie et de neige sont assez fréquentes au printemps et en hiver.

La petite ville européenne prit naissance en 1882, après que la pacification de la région fût assurée. Les habitants du village étaient appelés par les Musulmans « Açhab El Filège » - adaptation locale du mot français « Village ». Ce fut tout d’abord, à la suite de l’insurrection de Bou-Amama, la création d’un poste militaire destiné à surveiller toute la région des ksours et plus particulièrement les approches de Figuig qui était un repère et un centre de ravitaillement des pillards qui infestaient cette zone Algéro-marocaine.

Le Lieutenant de Banière, envoyé pour rechercher l’emplacement d’un nouveau poste, se prononça pour Tiout situé à 18 Kms à l’est d’AÏN SEFRA, mais le Général Delebecque [ndlr : Voir au chapitre 2] décida de créer le poste à AÏN SEFRA ; les débouchés de la région pouvaient ainsi être surveillés plus facilement. Le premier mur d’enceinte fût élevé sur la rive droite de l’oued à l’emplacement de la redoute, tandis que sur la rive gauche s’édifiait le village au fur et à mesure de l’arrivée des commerçants, fonctionnaires, etc..

Sur cette rive gauche s’élèvent, en même temps que les maisons bourgeoises, les bâtiments administratifs et la gare fortifiée. En 1887, le rail arrivait à AÏN SEFRA et permit le peuplement du village érigé en 1882 ; le village, assis sur la rive gauche de l’oued, est habité par une population de commerçants, d’employés des chemins de fer, quelques fonctionnaires et dignitaires arabes. Cette population hétéroclite est composée d’Espagnols, de Français, de Juifs, de Musulmans étrangers originaires d’autres ksours et villes d’Algérie tels Méchéria, Saïda, Béchar, etc.. Ainsi que d’une toute petite minorité kabyle qui vivaient en parfaite harmonie.

Dès 1874, la création d’une voie de chemin de fer fut entreprise, en vue de l’exploitation de l’alfa sur les hauts-plateaux au sud de Saïda, dans la région de Kralfallah, d’où partirent des voies de 0,60 à l’est et à l’ouest. Les parcs de stockages étaient prévus à Kralfallah et à Modzbah. La sécurité, en ces lieux inhospitaliers, exigeait l’établissement d’une vie destinée en priorité aux militaires jusqu’au Kreider au Km 271 ; cette gare et ce village donnèrent naissance à l’installation de la Compagnie Disciplinaire de la Coloniale, puis de la Légion Etrangère. La proximité des confins Algéro-Marocains non encore pacifiés obligea le prolongement de la ligne jusqu’à Méchéria, puis Aïn-Séfra au km 492. Elle poursuivit sa route jusqu’à Duveyrier de 1886 à 1890 pour arriver à Colomb-Béchar en 1903. C’est à AÏN SEFRA que le colonel Lyautey – rapidement promu général – fit ses premières armes de 1903 à 1907. C’est à lui que l’on doit la pacification de la région, la construction des pistes et du chemin de fer ; c’est également lui qui créa Colomb-Béchar. La gare est importante et devient un dépôt de chemin de fer et incontournable nœud ferroviaire dès 1914. Elle permit d’acheminer tous les éléments nécessaires à la pacification de la région, de transporter autant les militaires que les civils et donner naissance au village.

Le 26 octobre 1904, l’oued Namous qui descend des Monts des Ksours pour se perdre au Sahara entre en crue et dévasta le village ne laissant debout qu’une dizaine de maisons ; une quinzaine de Musulmans et une dizaine d’Européens périrent dont l’écrivain – convertit à l’Islam – Isabelle Eberhardt, âgée de 27 ans. Cette jeune femme poète écrivain décrivit avec passion la région et se convertit à la religion musulmane en 1900.

[AÎN SEFRA après une inondation]

Extrait du Petit Journal illustré du 6 Novembre 1904 : LA CATASTROPHE D'AIN-SEFRA

http://cent.ans.free.fr/pj1904/pj72906111904b.htm

« L'orage épouvantable qui a récemment éclaté sur la région d'Aïn-Sefra a eu les plus terribles conséquences. Une trombe d'eau s'est déchaînée sur la ville et les environs; et la pluie est tombée avec une telle abondance que l'oued Sefra, qui en temps ordinaire n'est qu'un modeste ruisseau, a grossi tout à coup, et, sortant de son lit, s'est rué sur le village en emportant un grand nombre de maisons.

L'inondation s'est produite si soudainement que les habitants n'ont pu la prévoir et que, la plupart d'entre eux n'ont pas eu le temps de prendre la fuite. Quatorze indigènes et douze Européens ont été victimes de la catastrophe. Sur ce nombre de vingt-six morts, on compte six petits enfants qui se trouvaient dans l'école au moment où les eaux l'ont envahie et que le courant a entraînés avant qu'on ait pu les secourir. Parmi les disparus se trouve aussi une femme écrivain d'un réel talent, Mme Isabelle Eberhardt, qui comptait parmi les collaboratrices de notre Supplément illustré. Séduite par les charmes de la vie libre, Mme Eberhardt avait, depuis de nombreuses années, élu l'Algérie pour sa patrie. Vêtue du burnous et coiffée du turban, parlant fort bien la langue arabe, elle se mêlait aux tribus, écrivant des études de mœurs, des nouvelles sur la vie arabe, avec une observation très juste et un style très pittoresque. Récemment encore, elle nous avait adressé d'Aïn-Sefra, de cet endroit même où elle devait trouver la mort, la nouvelle si curieuse que nous publions aujourd'hui même, comme un pieux hommage à l'écrivain qui n'est plus.

Si les victimes de cette terrible inondation n'ont pas été plus nombreuses encore, c'est grâce au dévouement des soldats de la garnison d'Aïn-Sefra, qui, sous la conduite de leurs officiers, ont combattu le fléau avec un courage et une activité dignes des plus grands éloges. L'un d'eux a péri en portant secours aux habitants. A Aïn-Sefra, comme il y a quatre mois à Mamers, où se produisit une catastrophe du même genre, nos vaillants troupiers ont fait leur devoir avec la plus noble abnégation. Il est bon de le rappeler et de noter ces témoignages d'héroïsme, ces manifestations de l'esprit de sacrifice, qui règne parmi nos soldats, et de montrer ainsi, par des faits, aux internationalistes et aux sans-patrie, de quelle façon bienfaisante et fraternelle s'exerce dans la paix l'action de notre armée ».

L’armée construisit une haute digue de protection, une passerelle et un pont que l’oued contourna en changeant de lit.

En 1912, AÏN SFRA avait un vrai visage de village. Les rues étaient tracées au cordeau et étaient bordées d’arbres pour la plupart des acacias, des jardins émergèrent, une église fut construite. Sur les pentes, de l’autre côté de l’oued aux pieds des immenses dunes de sable doré fut installé le Bureau arabe pour l’administration de la région.

La caserne de la Légion et des Spahis fut également construite aux pieds des dunes, proche du ksar.

Le Collège Lavigerie des Pères-Blancs vit son apparition en 1921; il avait fallu quatre décennies pour qu’il puisse voir le jour, quatre décennies au cours desquelles de multiples péripéties, embûches, jalonnèrent ce parcours.

Jusqu’à fin septembre 1920, date à laquelle Monseigneur le Préfet apostolique du Sahara revint prendre possession des territoires du sud, plusieurs aumôniers se succédèrent. L'édification de l‘Institution Lavigerie débuta vers la fin des années 1920 grâce en particulier à un don de la famille du Père de Charrette provenant de la vente d'un de ses châteaux.

Le 13 novembre 1923, un inspecteur d’Académie d’Oran découvrit l’existence illégale de l’école des Pères Blancs, laquelle était censée avoir été fermée par ordre gouvernemental. L’inspecteur d’Académie menaça d’en aviser le Gouverneur. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et une pétition organisée par les cheminots qui représentaient la plus importante corporation civile fût déposée au ministère de l’Instruction publique. La pétition était signée par la quasi-totalité de la population civile et comprenait même des signatures de nombreux dignitaires musulmans ; les officiers qui ne pouvaient signer cette pétition firent savoir qu’ils adhéraient à la dite-pétition.

Le gouvernement général, sous cette pression, accorda la continuation de l’école jusqu’à l’amélioration du local de l’école communale. Les lenteurs de l’administration firent oublier l’affaire et les Pères Blancs poursuivirent leur œuvre.

En 1921, les Pères Blancs quittèrent le petit presbytère près de l’église pour une vaste masure en bordure du village. Ces bâtiments allaient permettre de répondre à une nécessité d’internat. En effet cet internat allait permettre aux enfants des cheminots employés tout le long de la ligne de chemin de fer et restant isolés

d’accéder à l’instruction et l’éducation. A tous ces enfants, les Pères offrirent quelques chambres et un petit internat qui donna naissance à une grande maison qui deviendra l’Institution Lavigerie dont la renommée dépassa largement les frontières du Sud-Oranais. En plus du primaire et du secondaire premier cycle ( il y eut un deuxième cycle en 1960), les pères avaient monté un centre de formation professionnelle de mécanique, électricité et menuiserie qui préparait aux différents CAP et Brevets de techniciens. Avec l’admission d’externes augmentant, chaque année, l’effectif, il fallut agrandir.

En 1930, le père Cussac réalisait un magnifique ensemble de bâtiments constituant le cœur de la maison, avec chapelle, dortoir et réfectoire, classes, salle de spectacle. Dès 1946, bien que manquant de moyens matériels, les Pères Blancs entreprirent la construction d’un atelier de mécanique et de menuiserie pour la formation de jeunes apprentis européens et Indigènes. En 1950, une section de mécaniciens-motoristes se mit à fonctionner et apporta le couronnement de l’œuvre des Pères Blancs.

L’Institution Lavigerie s’étendait sur un très vaste domaine comprenant petit bois planté de tamaris, terrains de sport et de foot, piscine, jardin potager et quelques arbres fruitiers. Jouxtant les salles de classe, la chapelle surmontait le fameux cinéma où j'ai découvert le non moins fameux "Mines du Roi Salomon" avec Steward Granger et Déborah Kerr peu de temps après sa sortie, les Tarzan avec Jonhny Weissmuller, et ien d’autres chefs d’œuvre de ‘époque. Ce cinéma servait aussi de salle de théâtre pour les multiples pièces qu’élèves et maîtres interprétions au plus grand plaisir des parents invités à venir voir les comédiens en herbe que nous étions…. et nous applaudir.

Jusqu’en 1962 date de l’indépendance et de sa nationalisation, l’Institution fut le Quartier Latin de la région. Il y accueillit comme internes les fils de cheminots dispersés sur la voie de Perrégaux à Colomb-Béchar et Kénadza ainsi que les enfants des sahariens des oasis lointaines. Les certificats d’études et brevet élémentaire étaient quasiment assurés. La réputation de la discipline du collège avait atteint les limites du rail et bien au-delà. Les ateliers créés devinrent un Centre Professionnel.

L’Institution Lavigerie fût nationalisée à l’indépendance, en 1962 ; jusqu’en 1970 date à laquelle elle ferma ses portes, elle continua à jouer son rôle d’enseignement et d’éducation ; elle avait accompli admirablement sa vocation et avait formé plusieurs générations de futurs Ingénieurs, Administrateurs, Enseignants universitaires, Officiers d’une bonne partie des élites actuelles algériennes.

Tous ceux qui y passèrent ont gardé le sens de la fraternité, du partage, de la tolérance.

Alors que les Pères Blancs, avec l’Institution Lavigerie, assuraient la formation et l’éducation des jeunes gens, celles des jeunes filles fût assurée par la création d’un ouvroir gérée par les Sœurs Blanches sur la rive droite de l’oued et sur la route menant au Ksar. L’enseignement général ainsi que des sections d’apprentissage, cours de couture, tapisserie, broderie, hygiène, étaient assurées.

En 1950 l’agglomération d’AÏN SEFRA comporte 4 parties distinctes : sur la rive gauche de l’oued, le village européen qui compte 1300 personnes européennes. Une ceinture verdoyante cerne le village à l’intérieur duquel dominent majestueusement la gare fortifiée et le dépôt du chemin de fer, le groupe scolaire, l’hôpital, l’institution Lavigerie. Les rues sont alignées au cordeau, à angle droit bordées d’eucalyptus, de tamarins, de faux-poivriers, d’acacias. La vue des hauts bâtiments en briques entourés de galeries à arcade, que l’on distingue du village nous apporte réconfort et l’assurance d’une protection face aux évènements auxquels le village est souvent soumis. La redoute, située sur la rive droite de l’oued, c’est ainsi qu’elle est désignée est le fief de la Légion

Etrangère dont l’effectif est très variable ; le régiment est composé d’hommes ayant fait campagne en T.O.E. et dont beaucoup, hélas, sont impaludés.

Sur la même rive, adossé aux dunes et à environ 400 mètres de la redoute se situe le ksar primitif, et sa muraille, dont les maisons et l’enceinte, construites en toub, sont de la couleur du sol dont il surgit ; village aux petites rues inégales qui grouillent en permanence d’enfants ; sa population composée surtout de Chleuhs et de Berbères compte un millier de personnes et la Commune mixte dans un parc aux arbres immenses, l’ouvroir des Sœurs Blanches situé presque en face de la Redoute sur la route menant au village.

En avril 1927 la neige est tombée et s’est maintenue très longtemps sur le Djebel Aïssa ; l’hiver 1954 vit également le village enveloppé d’une magnifique couche blanche. Par contre de violents orages s’abattent sur AÏN SEFRA en juin et en automne. Ces conditions permettent l’existence et la survivance d’une flore tellienne remarquable pour la région. L’oued Mouillah recueille les eaux des pentes sud des Djebels Hairech et Morghad et celles des pentes Nord du Djebel Aïssa. Les talwegs du Djebel Mekter alimentent l’Oued Bridj qui recueille par ailleurs les pluies de la région de Forthassa, à 70 km à l’ouest d’AÏN SEFRA.

A leur jonction – à AÏN SEFRA – les deux oueds prennent le nom d’Oued Séfra. Il coule par intermittence pendant l’hiver, à la suite des pluies de décembre et de mars ; en juin et en octobre, de violents orages provoquent souvent des crues importantes et des masses d’eau considérables balayent l’oued arrachant tamarins et lauriers-roses qui le bordent.

[Entrée d'Aïn Sefra. On aperçoit, en arrière plan, la dune de sable ocre qui se prolonge jusqu'à Tiout]

Les Ksouriens :

Les ksouriens d’AÏN SEFRA vivent en grande partie des produits de leurs jardins qui s’étendent sur les bords de l’oued et de la source (Aïn-Séfra dite Aïn-el-Ksar) jusqu’à l’oued. 300 jardins cultivés en toutes saisons produisent les fruits et légumes de toutes sortes et sont arrosés par les eaux de l’oued, par la source du kasar Aïn-Séfra et par Aïn-ed-Dzira qui se trouve dans l’oued.

L’oued Séfra coule d’une façon normale sans jamais causer de ravage lorsque les pluies d’hiver augmentent son cours. Toutefois les Béni-Amer avaient autrefois construit un barrage au pied de la butte sablonneuse sur laquelle s’élève la koubba de Sidi-Bou-Djemâa en face de l’abreuvoir ; mais cet ouvrage, servant à détourner une partie des eaux de l’oued pour l’irrigation des jardins, composé de pierres sèches retenues par des piquets solidement fixés à terre, a été démoli. L’organisation politique, administrative et judiciaire du Ksar, avant l’arrivée des Français, était administrée par une Djemâa. Les Ksouriens d’AÏN SEFRA étaient – comme les autres

ksouriens d’ailleurs – victimes de l’oppression violente des nomades qui força de nombreuses familles à s’expatrier ; l’installation française leur assura une complète sécurité qu’ils ne connaissaient plus depuis qu’ils avaient abandonné leur vie nomade.

Le 1er

Caïd investi par les autorités françaises fut El-Arbi-ben-Allal nommé par décision du 12 mars 1861 en remplacement de Mohammed ben Ouiss révoqué à la même date pour abus de pouvoir. Il fut remplace à sa mort – le 9 octobre 1866 – par Si el Mostefa ben Allal qui fut lui-même révoqué le 18 octobre 1869 pour son attitude équivoque dans l’affaire du Capitaine Morhain de la Légion Etrangère disparu chez les Amour en avril 1868. il fut remplacé par El Arbi ben Ouiss – fils d’un ancien président de la Djemâa. A la révocation de ce dernier le 20 janvier 1871, Mohamed ben Allal entra en fonction. El Hadj Mohamed bel Arbi lui succéda le 31 décembre 1880 ; celui-ci fut obligé de s’enfuir pour échapper à la haine de ses administrés. Il fut remplacé, le 24 janvier 1882, par El Hadj Seddick ben Abdallah, révoqué lui-même pour inaptitude et remplacé par Taïb ben Zerrouk. A la révocation de ce dernier – le 9 mai 1900 – le Caïd Mohamed ben Ouiss prit ses fonctions. Celui-ci, issu des Ouled Daoudi, est un homme jeune, de très bonne famille et animé du désir de bien faire.

Le Ksar qui relève de la 68e circonscription (hors Tell) est divisé au point de vue administratif en trois fractions :

les Ouled Daoudi (dont est originaire le Caïd Mohamed ben Ouiss), les Ouled Atta et les Ouled Youcef. Sa population compte 693 personnes : 251 hommes, 212 femmes et 230 enfants ; parmi les hommes on dénombre 97 guerriers : 7 cavaliers et 90 fantassins. Cette population vit dans 120 maisons. Leur cheptel est composé de 7 chevaux, 30 ânes, 35 bœufs, 500 moutons et 450 chèvres. Les femmes tissent les burnous et les haïks nécessaires aux besoins de la population. Les ksouriens sont relativement heureux et doivent uniquement leur bien-être à la sollicitude dont ils sont l’objet de la part de l’autorité et à la proximité d’une forte garnison et d’une agglomération assez importante d’Européens qui les emploient, leur achètent les produits de leurs jardins et avec lesquels, même, ils s’associent pour entreprendre des petits commerces.

De nombreux enfants du ksar suivent assidûment les cours de l’école primaire d’AÏN SEFRA. Quant à l’instruction arabe, elle est donnée par deux derrer : Si-Mostepha-ben-Taïeb l’iman de la mosquée et Si-Mohammed-ben-bou-Bekeur qui n’ont en tout et pour tout qu’une quinzaine d’élève Ces deux indigènes reçoivent, comme partout ailleurs, une kharrouba d’orge et des petites sommes d’argent. Les habitants Musulmans d’AÏN SEFRA sont affiliés à diverses confréries religieuses : les Ouled Daoudi – 35 familles – appartiennent à l’ordre du Marabout de Kenadza ; les Ouled Atta – 27 familles – à celui du Marabout de Kerzaz ; les Ouled Youcef – 25 familles – à Si Abdesselam d’Ouazzan. Quelques familles – 4 à 5 – sont affiliées à la confrérie des Tidjania. Tous ces ordres sont représentés au Ksar par des Mokaddem qui perçoivent les ziaras : El Hadk Mohamed bel Arbi (ex Caïd révoqué) pour Kenadza ; El Hadj Seddik ex-Caïd également révoqué pour Kerzaz et Si Bou Dekhil ben Sahraoui pour Ouazzan.

Les besoins du culte sont assurés et la mosquée est desservie par un Iman salarié par le budget des cultes. L’immeuble ainsi que les koubbas bâties aux environs du ksar sont entretenus par les soins des habitants. Les principales koubbas d’AÏN SEFRA sont celles élevées à la mémoire de Sidi-Bou-Djemaa, de Mouley-Abdelkader et de Sidi-ben-Saheli.

Ces koubbas sont visitées régulièrement ; les Musulmans invoquent ces saints à l’image des Chrétiens qui invoquent la Vierge Marie ou bien d’autres Saints de l’Eglise. De nombreux Musulmans se rendaient sur la Koubba de Sidi-Bou-Djemaa pour y implorer des guérisons ; ils y psalmodiaient alors des sourates du Coran. Cette adoration des saints qu’on appelle Maraboutisme est très mal perçue de l’orthodoxie musulmane qui accuse ces derniers « d’associateurs » (Mouchrikines ), c’est à dire de gens qui associent Dieu aux êtres qu’il a créés, ce qui est contraire au fondement de l’Islam à savoir Unicité, sans Ascendant ni Descendant ni Égal.

Mais la guerre survint et les djebels progressivement furent l’objet de violents accrochages avec les rebelles retranchés au MAROC dont la frontière se situait à une cinquantaine de kilomètres d’AÏN SEFRA

[Barrage miné et électrifié le long de la frontière marocaine]

Le camp de la Dzira...

Ce camp qui s’étendait sur 5 hectares avait été érigé le 19 août 1960 dans un endroit stratégique par le commandement militaire. Au début il servait de point de surveillance des mouvements des rebelles qui venaient ou se rendaient au mont Makthar.

Le Cirque de AIN OUARKA -NAAMA :

Occupant une superficie de 2350 hectares, le Cirque d’AIN OUARKA est situé au cœur des Monts des Ksours dans l’Atlas Saharien occidental, le site se trouve à une distance de 60 km d’AÏN SEFRA. C’est un site d’importance international représentatif d’un type de milieu extrêmement rare en Méditerranée et plus particulièrement en Algérie outre sa renommée internationale en tant qu’énigme écologique il est réputé pour certaines activités ancestrales de thermalisme et d’exploitation traditionnelle du sel. Sur le plan écologique, sept unités écologiques sont identifiées à AÏN OUARKA qui a la particularité de compter plusieurs associations végétales à quelques dizaines de mètres de l’une de l’autre comme l’association des halophytes de la cuvette gypso saline des cosmophytes, elle même dominée par l’association à Juniperus phoenicea.

On trouve également des groupements végétaux liés aux fissures, aux roches, éboulis et aux alluvions caillouteux. Du point de vue floristique, le cirque d’AÏN OUARKA est un excellent biotope pour au moins deux espèces protégées au niveau national Pistacia atlantica desf et Helianthemum lippi sérieusement menacées de disparition. L’endémisme caractérise 23% de la flore inventoriée, soit 15 espèces dont le champ d’extension serait limité au Sud –Ouest Algérien.

Pour la faune, nous rencontrons des espèces protégées telles que le porc-épic, le chacal doré et la Genette. On note également la présence de l’Ecureuil de Barbarie, le Fouette queue, le Varan du désert, le Fennec et l’Hyène tachetée. Sur le plan avifaunistique, pas moins de 19 espèces sont recensées en oiseaux d’eau, de rapaces (Aigles royal et botté, Faucon pèlerin) et des passereaux. Le plus remarquable serait la présence des gazelles de l’Atlas et du Sahara, espèces vulnérables classées sur la liste rouge de l’UICN. (Extrait du site : http://www.asal.dz/files/atlas/Zones%20humides1.pdf

Démographie :

En 1958 l’arrondissement d’AÏN SEFRA compte 20.165 habitants dont 916 d’origine européenne.

En 1960, l’arrondissement atteint le nombre de 23.170 habitants ; l’augmentation la plus sensible est celle des ressortissants européens qui de 916 passe à 1.420. Le village seul compte 8570 habitants (1400 européens, 7100 citoyens français d’origine musulmane, 20 étrangers d’origine européenne et 50 étrangers d’origine musulmane.

Le Monument aux Morts : Qu’est-il devenu ?

134 noms étaient inscrits « MORT pour la France » au titre de la guerre 1914 – 1918, à savoir :

ABDALLAH Ben Ahmed (Tué en 1915) – ABDELKADER Ben Arbi (1915) – ABDELKADER Ben Diouane (1915) –

ABDELKADER Ben M’Ahmed (1915) – ABDELKADER Ben Mohammed (1916) – ABDELKADER Ould Mohamed

(1916) – ABDELLAH Ould Dedouah (1917) – ABDELRAHIM Ould Ahmed (1917) – ABDERRAHMAN Ben Azoug

(1918) – AHMED Ben Marouf (1915) - AHMED Ben Mohamed (1915) - AHMED Ben Mohamed (1916) - AHMED

Mohamed (1916) – AHMED Ould Abdallah (1916) - AHMED Ould Mohamed (1916) – AÏSSA Ben Belkacem (1915) –

AÏSSA Ould Abdallah (1916) – ALLAL Ben Mostepha (1919) – BARKA Mohammed (1914) – BAUTKHIL Ould Ben

Sahli (1917) – BELKACEM Ben Kaddour (1916) – BELKACEM Ould Klébes (1914) - BELKACEM Ould Mohamed

(1916) - BELKACEM Ould Mohamed (1918) - BEN LAKHDAR Ould Kaddour (1916) – BEN ZIMSA David (1914) –

BENGUIGUI Macklouf (1918) – BONZIAN Ould Menouar (1917) – BOUAMAMA Ben Aïssa (1916) – BOUAMAMA

Ould Mohammed (1917) – BOUDAOUD Ould Embareck (1917) – BOUDJEMA Ould Ben Tayeb (1918) -

BOUDJEMAA Ben Mohamed (1916) - BOUDJEMAA Ben Moussa (1918) – BOUDJEMAA Ould Merine (1918)-

BOUDJEMDA Ould Dahman (1915) – BOUGUENOUN Mohand (1918) – BOULANOUAR Ould Taïeb (1918) –

BOUMAHRAZ Ben Hamouben (1914) – BOUTKHILI Tani (1914) – BRAHIM Ould Merine (1915) – CHEÏKH Ben

Slimane (1916) – CHEÏKH Hamou (1919) – CHEÏKH M’Hamed (1917) – CHEÏKH Ould Ahmed (1917) – CHEÏKH Ould

Hamou (1916) – CHÏKH Ould Ahmed (1915) – DJAN Nessim (1915) – DJELLOUL Ould Toumi (1917) – DJILALI

Ould Kaddour (1915) – EL ORABI Ould Ben Horma (1915) – EMBARK Ould Ali (1915) – FREUND Henri ( 1918) –

FREUNDT Alexandre (1915) – GEBOUL Ben Salem (1918) – HAMED Ben Kaddour (1915) – HAMOU Ould

Bouthekhil (1917) - HAMOU Ould Moul Shoul (1916) – IEBRA Juan Antonio (1915) – IEDRA José Maria (1915) –

KADDOUR Ben Menouar (1915) – KADDOUR Ould Miloud (1916) – LAMBIN Alexandre (1918) – LARBI Ould

Brahim (1916) - LARBI Ould Moumen (1916) - LARBI Ould Taleb (1917) – M’BAREK Ould Sehoul (1918) –

M’HAMED Ould Ali (1918) - M’HAMED Ould M’Hamed (1915) – M’RABAH Ould Abdelkader (1918) – MALBROUCK

Ben Boubekeur (1918) – MALEK Maklouf (1918) - MAURY Antoine (1918) – MEDJOUB Ould Dahman (1915) –

MEKKOUCI Benouda (1918) MESSAOUD Ben Salem (1918) – MILOUD Ould Ammar (1917) - MILOUD Ould Ben Ali

(1915) - MILOUD Ould Larbi (1916) – MOHAMED Ben Abderrahman (1915) - MOHAMED Ben Bouloud (1916) -

MOHAMED Ben Djetbour (1914) MOHAMED Ben Mammar (1914) - MOHAMED Ben Mohamed (1917) - MOHAMED

Ben Saïd (1918) - MOHAMED Ben Tayeb (1917) - MOHAMED Ould Ben Mansour (1915) - MOHAMED Ould

Mohammed (1918) - MOHAMED Ould Nannan (1915) - MOHAMMED Bel Haoussine (1915) - MOHAMMED Ben

Abdallah (1917) - MOHAMMED Ben Abdelkader (1917) - MOHAMMED Ben Abderrahman (1916) - MOHAMMED Ben

Bachir (1916) - MOHAMMED Ben Chadeli (1916) - MOHAMMED Ben Djelloul (1916) - MOHAMMED Ben El Mahdi

(1916) - MOHAMMED Ben Hammou (1915) - MOHAMMED Ben Mohammed (1918) – MOHAMMED Ould Ahmed

(1916) - MOHAMMED Ould Bachir (1918) - MOHAMMED Ould Cheikh (1915) - MOHAMMED Ould Djelloul (1916) -

MOHAMMED Ould El Djelloul (1917) - MOHAMMED Ould El Hadj (1915) - MOHAMMED Ould Mohammed (1918) -

MOHAMMED Ould Sedik (1917) - MOHAMMED Ould Taleb (1916) – MOLA François ( 1915) – MOUL EL FARAH

Ben Melle (1917) – MOULEY Ahmed (1914) – MOURCIA Michel (1914) – OUIS Ould Mohamed (1917) – OULD EL

DJELLOUL Bouazza (1917) – PEYROCHE Louis (1914) – RAMDAN Sliman (1918) – SALEM Ben Baska (1919) -

SALEM Ben Messaoud (1916) – SASSI Ould Mektouba (1915) – SEDDIK Ben Mohammed (1916) – SLIMAN Ould

Allah (1918) - SLIMAN Ould Chaaban (1918) - SLIMAN Ould Rhamdan (1918) – SLIMANE Ben Mohammed (1915) –

SLIMANE Ould Larbi (1916) - SLIMANE Ould Nouar (1916) – TAHAR Ould Kaddour (1916) – TAÏEBOULD

Mohammed (1916) – TAYEB Ould Abdelali (1916) – TOUAMI Ben Hocine (1915) – TOUMI Ould Boudaoud (1916) –

YOUCEF Ben Mohamed (1916) -

Et comme vous pouvez le constater, de nos jours, l’écologie est encore une priorité….

Synthèse réalisée grâce à de nombreux documents, rappelés par les liens ci-dessous :

ET si vous souhaitez en savoir plus sir AÏN SEFRA cliquez SVP, au choix, sur l’un de ces liens :

http://encyclopedie-afn.org/Ain_Sefra_-_Ville

https://www.youtube.com/watch?v=NGudb7arFN8

http://ainsefraetmoi.canalblog.com/albums/an_ouarka__tiout__desert__camp/photos/7218229-50620035.html

http://ainsefraforum.clicforum.com/t8-photo-ain-sefra.htm

http://encyclopedieberbere.revues.org/842

http://peres-blancs.cef.fr/amel_Amier.htm

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1988_num_39_1_1775

http://www.asal.dz/files/atlas/Zones%20humides1.pdf

http://alger-roi.fr/Alger/ain_sefra/pages/0_galerie.htm

http://popodoran.canalblog.com/archives/2012/03/07/23702384.html

http://anciens-8erima-algerie.59a61.ain-sefra.bou-semghoun.over-blog.com/

2/ LE 19ème

CORPS D’ARMEE

Le 19e corps d'armée était un corps de l'armée française. En décembre 1870, la Délégation de Tours (37) crée le

19e corps d'armée qui se forme à Alençon. Recréé par décret du J.O du 13 août 1874, il regroupait les différentes

unités militaires d'Algérie pour constituer le noyau de l'Armée d'Afrique.

Création et différentes dénominations

Décembre 1870 : création du 19e CA au sein de la deuxième Armée de la Loire

14 mars 1871 : dissolution

13 août 1874 : création du 19e CA

Chefs du 19e corps d'armée

……. 15/02/1885 /1889 : Général DELEBECQUE : C’est lui qui fut à l’origine de la création du Poste AÏN SEFRA …….

Implantation

Le 19e corps d'armée est implanté dans la 19

e région militaire qui comprend les départements d'Alger, d'Oran et

de Constantine. Les garnisons sont principalement installées à Alger, Médéa, Laghouat, Oran, Mascara, Tlemcen, Ain-Sefra, Constantine, Batna et Sétif.

Des éléments de l'armée française sont également détachés en Tunisie et forment la division d'occupation de Tunisie implantée principalement à Tunis, Bizerte et Sousse.

3/ Le 6ème bataillon de chasseurs alpins en Algérie (Source Madame H Chambre)

IEP Grenoble - Journée d'étude : Le conflit Algérien, le 13/11/2012

Lieutenant-colonel Benoit Deleuze, historien militaire fait un exposé que je vous propose d’écouter :

Cliquez SVP sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=HztiBdvVbHc&feature=youtu.be

Complément à l’INFO 373 ; cet officier révèle que la population était victime des terroristes et que toutes les

infrastructures qui existaient avaient pratiquement disparues, détruites par les terroristes et que l'armée s'était

aussitôt mise à faire office de dispensaire, de soignants et d'instituteurs.

NDLR : En ce qui nous concernent nous ne sommes pas surpris. Mais il semble que beaucoup de nos

compatriotes métropolitains ignorent cet état de fait, conditionnés à une repentance unilatérale, et qu’il est bon

de rappeler encore et encore…

4/ « La bulle d’empathie » entre Paris et Alger, la stratégie « Bouteflika ou le chaos »

(Auteur Gauthier de Voland )

C’est un point d’Histoire à l’honneur des Français. François Hollande vient d’inaugurer, ce mardi 18 février, un mémorial à la mémoire des Musulmans morts pour la France lors des deux conflits mondiaux. « La France n’oubliera jamais le prix du sang versé », a déclaré le chef de l’État français lors d’une cérémonie qui s’est tenue à la Grande Mosquée de Paris. Cet hommage « s'adresse à leurs descendants pour qu'ils soient fiers de leurs parents et conscients que la République a une dette à leur égard, a-t-il ajouté. « A celles et ceux qui s'interrogent sur leur destin, leur place et même parfois sur leur identité, aux descendants de ces soldats, je dis ma gratitude. »

François Hollande s'est également adressé à « toute la communauté nationale », soulignant que l’Islam de France « qui porte un message d'ouverture » est « parfaitement compatible avec les valeurs de la République ». Le président français a poursuivi: « cet hommage est un appel au respect » des morts, mais aussi « des vivants », a-t-il expliqué. Il nous appelle à « lutter farouchement contre les discriminations, les inégalités et le racisme, et à être intraitables à l'égard des paroles et des actes antimusulmans ». « Jamais personne ne doit être menacé ou agressé pour ses croyances », a-t-il encore martelé, à l'occasion de sa première visite dans une mosquée en France depuis son élection.

Cette cérémonie a lieu alors que les relations entre Paris et Alger sont au beau fixe en ce moment. Le nouvel ambassadeur algérien en France était également présent. Ce dernier multiplie les rendez-vous avec les personnalités françaises, parlementaires compris pour se faire connaître. Qualifié selon les uns, d’homme « affable et sympathique », il laisserait poindre « une arrogance illégitime » selon d’autres. À tous, Amar Bendjama répète inlassablement que Paris et Alger vivent actuellement « une bulle d’empathie » qui permet aux deux pays de régler l’un après l’autre les dossiers irritants qui subsistent encore des deux côtés de la Méditerranée. Dans cette capitale française, où nombre de partisans du Maroc sont à l’œuvre, Amar Bendjama se présente, à l’envie, comme faisant partie d’une génération de « maghrébistes » et déplore que ni Rabat ni Alger n’aient encore fait preuve d’audace pour impulser la réconciliation entre les deux pays….

Cliquez SVP sur ce lien pour lire la suite : http://www.tsa-algerie.com/actualite/item/5997-vu-de-paris-la-bulle-d-empathie-entre-paris-et-alger-la-strategie-bouteflika-ou-le-chaos

5/ L’AUBERGE ESPAGNOLE (Source Monsieur J ALCARAS)

Au-delà des commentaires qui l’accompagnent, une compilation de documents photographiques et

cinématographiques sur la guerre d’Algérie. Ne pas hésiter à cliquer sur les liens renvoyant à d’autres

documents. Voir en particulier le putsch et la fusillade du 26 mars. Malheureusement, il me semble que le son a

été coupé sur les films provenant de sources officielles (l’'ECPAD, par exemple) sans doute pour censurer des

propos qui témoignaient d'’une histoire autre que celle actuellement diffusée …

Ouvrez et cliquer, SVP sur le choix retenu : http://l.auberge.espagnole.free.fr/accueil02.htm#video001

6/ MAROC : Coup de froid PARIS-RABAT après des accusations de tortures

Descente de police chez l'ambassadeur marocain à Paris, convocation de son homologue français à Rabat... Les relations franco-marocaines, d'ordinaire bien cadrées, ont subi cette semaine un sérieux coup de froid.

C'est la démarche d'une ONG française qui est venue gripper l'entente bilatérale. L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) a saisi jeudi l'opportunité de la présence en France du patron du contre-espionnage marocain pour demander aux autorités d'entendre ce responsable qu'elle accuse de "complicité de torture".

Acat a demandé à la justice française d'auditionner Abdellatif Hammouchi dans le cadre de plaintes déposées à Paris relatives à des faits présumés de torture au sein du centre de détention marocain de Temara, qui dépendrait de la Direction générale marocaine de la surveillance du territoire (DGST). M. Hammouchi accompagnait jeudi le ministre marocain de l'Intérieur Mohamed Hassad pour une rencontre avec ses homologues français, espagnol et portugais.

"Incident rare et inédit"

Dans la foulée de cette demande, et sans passer par les canaux diplomatiques, sept policiers se sont rendus à Neuilly-sur-Seine, dans la banlieue parisienne, à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Paris, pour notifier à M. Hammouchi une convocation émanant d'un juge d'instruction.

Qualifiant l'affaire d'"incident rare et inédit" dans les relations avec la France, premier partenaire économique du Maroc, Rabat a convoqué vendredi soir l'ambassadeur de France, Charles Fries, "pour lui signifier la protestation vigoureuse du royaume". Rabat rejette "catégoriquement" les accusations portées contre le directeur général de la DGST, estimant qu'elles sont "sans fondement". Cet incident, a en outre mis en garde le ministère marocain des Affaires étrangères, est "de nature à porter atteinte au climat de confiance et de respect mutuel qui a toujours existé".

Le Maroc a par ailleurs ajouté samedi exiger "avec insistance que des explications urgentes et précises soient données à cette démarche inadmissible et que les responsabilités soient identifiées". Un communiqué de l'ambassade du Maroc en France avait dans un premier temps exprimé "son étonnement face à l'absurdité de cette affaire, aussi bien au niveau de la procédure adoptée qu'au niveau des cas judiciaires évoqués". Elle avait en outre estimé que "la violation des règles et usages diplomatiques universels et le non-respect des conventions entre les deux pays suscitent de nombreuses interrogations sur les motivations réelles de cette

affaire et ses véritables commanditaires". Elle a ainsi souligné que "la forte présence policière est intervenue curieusement à un moment où le ministre de l'Intérieur du Maroc était en réunion à la résidence avec plusieurs journalistes".

"Cette démarche est pour le moins inédite eu égard aux procédures de coopération judiciaire en vigueur entre le Maroc et la France, et couramment appliquées", a-t-elle dénoncé.

'Incident regrettable', admet Paris ….

Cliquez SVP sur ce lien pour lire la suite : http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20140223100810/france-maroc-torture-justice-francaise-france-maroc-maroc-coup-de-froid-paris-rabat-apres-des-accusations-de-torture.html

7/ Le député Jean ZAY

Jean ZAY est un avocat et aussi Député du Loiret de 1932 à 1942 de la 3e République. Il est né à Orléans (Loiret)

le 6 août 1904 et mort assassiné par des miliciens à Molles (Allier) le 20 juin 1944. Il fut également Sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 24 janvier au 4 juin 1936 et Ministre de l'Education nationale du 4 juin 1936 au 10 septembre 1939.

Biographie succincte :

Les grands-parents paternels de Jean Zay étaient des israélites alsaciens qui, ayant opté pour la France en 1871, vinrent s'installer à Orléans. Leur fils, Léon, devint rédacteur en chef du Progrès du Loiret ; il épousa une institutrice, d'une vieille famille beauceronne protestante. De leur union naquirent deux enfants, dont Jean, qui furent élevés dans la religion protestante. Jean Zay fit des études très brillantes au lycée Pothier d'Orléans où il était boursier. Il fut lauréat de français, puis de philosophie au concours général en 1922 et en 1923. La situation matérielle de sa famille était difficile, aussi dut-il travailler. Secrétaire de rédaction au journal Le Progrès du Loiret et clerc d'avoué, cela ne l'empêcha pas de faire des études de droit qui lui permirent, en 1928, de s'inscrire au barreau d'Orléans.

À l'âge de vingt ans, horrifié par les massacres de la Première guerre mondiale, il écrit Le Drapeau, poème en vers (daté du 6 mars 1924, il est dédié à Paul Dreux). Le poème se termine par ces mots : « tu es pour moi de la race vile des torche-culs ». Ce texte antimilitariste, écrit par un jeune homme de vingt ans, à quelques années de la guerre de 1914-1918, a fait évidemment polémique [Ndlr : Voir au chapitre 8]

Tout devait inciter Jean Zay à écrire ; jusqu'à la guerre, on put lire ses articles dans le Progrès du Loiret et le Grenier, revue créée en 1925 par un groupe de jeunes intellectuels ; plus tard, il utilisa ses longues heures de prisonnier à la rédaction de romans policiers qui seront publiés dans un journal de gauche, Heures claires : son principal roman policier édité pendant la guerre sera La bague sans doigt. Toutefois, son principal ouvrage est indiscutablement ses Souvenirs de solitude, qui date aussi de cette sombre période. Très jeune, Jean Zay a été attiré par la politique ; en attendant la majorité, il milita aux jeunesses laïques et républicaines fondées en 1900 ; puis il adhéra au parti radical radical-socialiste où il se situa à la gauche et figura parmi les jeunes turcs qui reprochaient à la direction du parti sa mollesse et son opportunisme. Il rejoignit la franc-maçonnerie et, le 24 janvier 1926, fut initié à la loge Etienne Dolet, d'Orléans, qui appartenait au Grand Orient de France. Jean Zay participa à tous les congrès du parti radical à partir du congrès de Paris de 1931. Il fut au premier plan lors du congrès extraordinaire de Clermont-Ferrand - 11 et 13 mai 1934 - après lequel il rédigea L'Appel en raison de sa déception devant les résultats de cette réunion. Il joua un rôle très important au moment du congrès de Paris (24-27 octobre 1935) ; il y fut rapporteur général. Désigné par les comités radicaux et radicaux-socialistes de la 1re circonscription comme candidat à la députation, il fut investi par la fédération du Loiret et les instances nationales radicales. Dans sa profession de foi, il se montrait résolument réaliste : « Ce n'est pas dans les aventures de caractère révolutionnaire qu'une amélioration peut être trouvée ; ... il faut assurer la paix, établir la justice, servir le progrès social, préserver les

institutions républicaines ».

Jean Zay s'opposait au député sortant, Maurice Berger, très connu et fort riche. Leur opposition se prolongea par une lutte de journaux : Le Républicain orléanais soutenant Berger, alors que La France du Centre appuyait vigoureusement Jean Zay qui est élu à 484 voix de majorité !.. L'activité locale de Jean Zay fut loin d'être négligeable : c'est ainsi qu'il essaya de résoudre les problèmes sociaux de ses concitoyens, tentant de lutter contre le chômage, d'aider le personnel licencié de la Compagnie des tramways du Loiret, s'occupant de l'organisation de l'aérodrome de BRICY (Loiret). Ceci explique que la seconde élection de Jean Zay fut plus facile que la première : il se heurta encore à Maurice Berger qui était devenu conseiller municipal d'Orléans. Au premier tour de scrutin, le 26 avril 1936, sur 28.473 inscrits et 25.197 votants, Berger eut 11.338 voix et Jean Zay 10.637 ; au second tour, le 3 mai, sur 28.472 inscrits, 25.066 votants, 3.406 abstentions, il fut élu avec 13.464 suffrages contre 11.303 à Berger. Cette fois-ci la différence entre les deux candidats était plus importante et se chiffrait à 2.161 voix.

L'implantation locale de Jean Zay fut d'ailleurs consacrée : lors d'une élection cantonale partielle le 14 mars 1937, il fut élu au second tour de scrutin ; le 17 octobre 1937, ses électeurs devaient le réélire, toujours dans le canton Orléans Nord-Est. L'activité parlementaire de Jean Zay fut très importante. N'ayant que 27 ans, il figura, lors de la première séance, parmi les secrétaires d'âge. Il devait d'ailleurs, par la suite, faire partie du bureau définitif de la Chambre ; en effet, il fut élu le 8 janvier 1935 secrétaire de la Chambre des députés et réélu le 14 janvier 1936.

Au cours de sa première législature, Jean Zay participa aux travaux d'un grand nombre de groupes parlementaires et entra à la commission du commerce et de l'industrie et à la commission de législation civile et criminelle ; en 1935, il devint secrétaire de cette commission. Il fit partie également de la commission d'enquête chargée de rechercher les responsabilités encourues depuis l'origine de l'affaire Stavisky. Il s'intéressa essentiellement aux questions économiques et sociales ; rarement, il intervint à la tribune sur les grands problèmes de politique générale ; son opinion sur ceux-ci ne nous est connue que par ses prises de position aux congrès radicaux et par ses articles à la France du Centre. A la Chambre, il soutint par ses interventions et ses votes toutes les lois sociales qui furent proposées ; il s'associa à la législation de protection des cultivateurs et fut l'un des défenseurs des lois artisanales. Il rapporta la loi sur les clauses restrictives de la liberté du travail et s'opposa énergiquement à la politique de déflation. Les idées politiques de Jean Zay sont indiscutablement celles d'un homme de gauche. Jusqu'en 1932, il est sincèrement partisan d'une fédération des états européens ; il ne croit pas à la guerre en 1935 ; il condamne la politique colonialiste de l'Italie et ses interventions en Ethiopie ; il désapprouve la politique de non-intervention de la France dans la guerre civile espagnole ; il condamne les accords de Munich. Albert Sarraut, dans son 2e cabinet formé le 24 janvier 1936 le nomme sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil. Il fut ainsi, à l'âge de 31 ans, le plus jeune ministre de la IIIe République. Après la victoire du front populaire, Léon Blum le choisit comme ministre de l'Education nationale, le 4 juin 1936 ; il garda ce poste dans les 3e et 4e cabinets Camille Chautemps, le 2e cabinet Léon Blum et le 3e gouvernement Edouard Daladier. Il fut donc ministre de l'Education nationale du 4 juin 1936 au 10 septembre 1939. Doué d'une étonnante puissance de travail il sut s'entourer rue de Grenelle de collaborateurs éminents. Jean Zay désirait supprimer les inégalités d'origine sociale en établissant la sélection par le mérite. Pour lui, l'école laïque, comme le dira Herriot en mai 1948, était « le plus efficace et le plus puissant moyen de la fraternité nationale ». Le 5 mars 1937, il déposa sur le bureau de la Chambre des députés son projet de réforme de l'enseignement. L'enseignement primaire élémentaire public était unifié par la transformation des classes primaires élémentaires des lycées et collèges en écoles publiques. Le certificat d'études primaires élémentaires sanctionnait les études primaires ; il était indispensable pour accéder à l'enseignement du second degré. L'enseignement public du second degré était gratuit ; il commençait par une année d'études dans une classe d'orientation ; celle-ci terminée, les élèves avaient le choix entre trois sections : classique, moderne ou technique. Un diplôme d'Etat facultatif sanctionnait les quatre premières années d'études ; le baccalauréat couronnait toutes les études secondaires. L'enseignement primaire complémentaire et l'enseignement postscolaire devaient permettre aux élèves qui ne désiraient pas suivre l'enseignement du second degré de compléter leur instruction. Les instituteurs devaient obligatoirement posséder le baccalauréat et obtenir, après leur scolarité dans les écoles normales, un certificat d'aptitudes pédagogiques.

Jean Zay déposa également, pour remodeler la vie intellectuelle française, un projet de loi important sur le droit d'auteur et le contrat d'édition ; le droit d'auteur ne serait plus un droit de propriété mais un droit incessible, inaliénable, un droit attaché à la personne humaine. La véritable propriété reviendrait à la collectivité tout entière. Enfin, dans la même perspective de réformes fondamentales, le ministre de l'Education nationale déposa un projet de loi tendant à créer une Ecole nationale d'administration ; l'E.N.A. devait comprendre deux sections : l'une normale destinée au recrutement des emplois de rédacteurs ou assimilés, l'autre dite « section supérieure » ayant pour but la préparation aux postes de la haute administration. L'école des sciences politiques formerait seulement les fonctionnaires du premier degré, sous le contrôle de l'Etat. En plus de cette Ecole nationale d'administration, Jean Zay envisageait de créer auprès des principales universités de province des instituts de préparation administrative recevant les boursiers.

Le projet de loi créant l'E.N.A. fut voté à la Chambre le 27 janvier 1938 par 422 voix contre 137, Ces trois textes importants ne devaient pas être votés par le parlement avant la guerre ; ils seront d'ailleurs repris après. Mais, sans attendre leur adoption, Jean Zay prit des mesures décisives en maints domaines. Un mois après son installation rue de Grenelle, il fit voter la loi du 13 août 1936 qui prolongea jusqu'à quatorze ans la durée de la scolarité obligatoire ; cette réforme visait 220.000 enfants. Cette année d'études supplémentaires serait consacrée à des travaux manuels. Jean Zay considérait en effet le travail manuel « comme un moyen de culture de l'intelligence et non comme une préparation prématurée à une profession spécialisée ». Dans ce sens, une circulaire ministérielle prévoyait dans les écoles primaires un après-midi consacré à des activités dirigées. Pour permettre l'épanouissement des élèves, il fixa à 35 l'effectif de chaque classe et il lutta contre le surmenage scolaire ; de plus un décret-loi de 1939 généralisa la médecine préventive des étudiants. Son objectif était également de rendre l'éducation physique obligatoire dans tous les ordres d'enseignement : l'arrêté ministériel du 23 mars 1938 prévoit que trois heures seraient consacrées par semaine à l'éducation physique.

En 1937, il décida d'intégrer le brevet sportif populaire au certificat d'études primaires. Il réorganisa en outre l'Office du sport scolaire et universitaire. Par ailleurs, il développe le camping et le tourisme populaire, et crée le comité supérieur des œuvres sociales en faveur des étudiants le 27 juillet 1936. Sous son ministère le Bureau universitaire des statistiques - le B.U.S.- prit un grand essor. Tout ceci ne l'empêche pas de s'intéresser à l'enseignement féminin, à l'Ecole normale de Sèvres, à la recherche scientifique, à l'enseignement du français à l'étranger... Jean Zay n'était pas uniquement ministre de l'Education nationale ; dans ses attributions figurait également la culture française. Dans ce domaine, il ne resta pas non plus inactif. Il transforma et modernisa des musées ; il créa aux musées nationaux un département des « arts et traditions populaires » ; il eut une politique en matière de théâtre, il déposa un projet de statut du cinéma français, il prit conscience de l'importance du cinéma scolaire, créa le grand prix du cinéma français qui fut décerné pour la première fois en 1939 et prépara, pour septembre 1939, le premier festival de Cannes ; il essaya de sauvegarder certains monuments, il réorganisa le Conseil général des bâtiments civils... Jean Zay, ministre actif et en bien des domaines novateur, fut en butte souvent à de basses critiques visant son origine ou sa politique.

La haine que lui vouaient certains secteurs de l'opinion apparaît clairement dans « l'affaire du drapeau » En effet à l'âge de vingt ans, horrifié par les massacres de la Première guerre mondiale, il écrit Le Drapeau, poème en vers (daté du 6 mars 1924, il est dédié à Paul Dreux). Le poème se termine par ces mots : « tu es pour moi de la race vile des torche-culs ». Ce texte antimilitariste, écrit par un jeune homme de vingt ans, à quelques années de la guerre de 1914-1918, a fait évidemment polémique.

[Ndlr : cliquez SVP sur ce lien pour lire ce poème : http://cnt-ait.fr//spip.php?article28

D'aucuns voulurent y voir non pas une attitude de jeune inconscient mais la profession de foi que partageait encore l'adulte devenu ministre ! Jean Zay donna sa démission de ministre lors du Conseil des ministres du 10 septembre 1939, voulant participer activement à la lutte contre l'envahisseur ; il est sous-lieutenant rattaché à l'état-major de la IVe armée, et il est en Lorraine pendant « la drôle de guerre » ; la débâcle survenant, le sous-lieutenant Jean Zay s'embarquera à Verdon le 21 juin 1940 sur le Massilia, ce qui lui fut âprement reproché, et de ce fait ne put participer au Congrès de Vichy le 10 juillet 1940. Après une violente campagne de presse, à l'instigation de Philippe Henriot, ministre de l'information du gouvernement de Vichy, le tribunal militaire permanent de la 13e division militaire, siégeant à Clermont-Ferrand, condamne Jean Zay, le 4 octobre 1940, comme officier pour désertion en présence de l'ennemi, à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Sa peine est commuée en internement. Il est incarcéré à Riom. Le 20 juin 1944, trois miliciens, présentant un ordre de transfert pour Melun, signé par le directeur de l'administration pénitentiaire, l'exécutent au lieu-dit Les Malavaux dans la faille du Puits du diable, à Molles, dans l'Allier. Le 5 juillet 1945 la Cour d'appel de Riom réexamine les faits reprochés au sous-lieutenant Jean Zay, constate qu’à aucun moment il ne s’est soustrait à l’autorité militaire, et que « les poursuites intentées contre le sous-lieutenant Jean Zay ne peuvent s’expliquer que par le désir qu’a eu le gouvernement d’atteindre un parlementaire

dont les opinions politiques lui étaient opposées et qu’il importait de discréditer en raison de la haute autorité attachée à sa personnalité. »

Le 19 février 2014, François Hollande décide de transférer les cendres de Jean Zay ainsi que celles de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion au Panthéon.

8/ LE DRAPEAU (Auteur Jean Zay, 1924).

http://cnt-ait.fr/spip.php?article28

Le poème qui suit a été écrit en 1924 par Jean Zay…Aujourd’hui, il vaudrait à son auteur amende et prison, pour injure au drapeau français. Mais à l’époque, après la première guerre mondiale, son auteur ne faisait qu’écrire le ressentiment de bien des français après cette immonde boucherie. Nombreux étaient ceux qui pouvaient dire comme cet honnête catholique : « on croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels ! ». De l’autre côté du Rhin, les mêmes victimes apprenaient que leurs camarades étaient morts sur des barbelés bien de chez eux qu’avait acheté la France ! Alors, au moment, où l’on nous la joue patriotisme et nationalité, à l’heure du souvenir de l’ignoble boucherie que fut la première guerre mondiale, ça fait du bien de lire, de clamer, de hurler ce poème. (Son auteur, de surcroît, a fini ministre de l’éducation sous le front populaire…On doit être couvert pour la publication, non ?)

Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là. Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tout les pays. Quinze cent mille morts, mon Dieu ! Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore… Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse, Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur… Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ? Quinze cent mille morts, mon Dieu ! Quinze cent mille morts pour cette saloperie. Quinze cent mille éventrés, déchiquetés, Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille, Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS, Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS. Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières Sans planches et sans prières… Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ? Ils ne sont plus que des pourritures… Pour cette immonde petite guenille ! Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement, Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille Je te hais pour tous ceux qui te saluent, Je te hais a cause des peigne-culs, des couillons, des putains, Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre, Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial, Le défi aux hommes que nous ne savons pas être. Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel, Le blanc livide de tes remords.

Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts. Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires, Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.

NDLR : Le texte d’introduction appartient au site référencé. Une faute de jeunesse (quelques fois affirmée même

comme un simple jeu !) prétendue pardonnable selon l’opinion politique bienveillante d’un moment mais

intolérable à l’égard des autres courants politiques… C’est toujours ainsi depuis la nuit des temps….

EPILOGUE AÏN SEFRA

Année 2008 = 54.229 habitants

Témoignage d’une jeune musulmane

http://peres-blancs.cef.fr/amel_Amier.htm

Le dialogue des religions comme l’a vu et vécu mon grand-père… (Auteure Amel BOUDAOUD)

D’après ce que m’a raconté mon grand-père, que Dieu lui donne longue vie, durant la période coloniale, la ville d’Aïn Sefra débordait d’habitants d’origines différentes : les Européens (ou les roumis comme les appelait mon grand-père) et aussi une minorité juive. Les Juifs achetaient et vendaient tout : la graisse, la poterie, les grains, les denrées alimentaires, la laine, etc. Ils avaient un quartier au centre de la ville dénommé ‘le chemin des Juifs’, appellation que les habitants continuent à utiliser jusqu’à nos jours. Mon grand-père m’a parlé d’un commerçant juif qui était très connu dans la ville et les alentours. Son nom était Siméon et les gens l’appelaient Siméon le Juif. Il avait d’excellentes relations avec les habitants et les bédouins nomades. Il prêtait aux gens de l’argent. C’était surtout le lundi, jour du marché hebdomadaire, qu’il faisait affaire avec les nomades.

Mon grand-père m’a raconté qu’au moment où il quitta la ville, il rassembla certains habitants et leur dit les larmes aux yeux : « J’ai beaucoup aimé cette ville et ses habitants. Et j’ai pensé que le seul moyen d’exprimer mon amour et ma reconnaissance à votre égard, c’était ce registre ». Puis il saisit un grand registre et leur dit : « Ce registre contient la liste de ceux auxquels j’ai fait des prêts et les montants qu’ils me doivent. Je vais le déchirer devant vous. » Et il le déchira vraiment à la stupéfaction des habitants. Puis il quitta la ville sans retour. Les habitants racontent encore aujourd’hui ce fait avec admiration.

Au centre de notre ville se trouve un cimetière juif, à proximité du cimetière chrétien. Quand je passe devant et que je vois les tombes, leur état m’attriste beaucoup, car ce sont des repères et des vestiges qui racontent une période importante de l’histoire de l’Algérie.

Mon grand-père m’a dit : « Les gens vivaient en totale harmonie entre eux. Ils se respectaient les uns les autres et respectaient la religion les uns des autres. Le Chrétien pratiquant se dirigeait vers l’église, le Juif vers sa synagogue et le Musulman vers sa mosquée. Quand ils se rencontraient, ils se saluaient dignement et respectueusement ».

Il y avait un centre de formation professionnelle tenu par les Pères Blancs, où ils enseignaient les métiers aux enfants des musulmans. Ils n’interféraient jamais dans leurs croyances religieuses. Dans la classe, on trouvait l’élève français, allemand, africain, arabe, kabyle. Ils étudiaient ensemble, se rencontraient, blaguaient et discutaient de leurs études. Mon grand-père m’a cité les noms de beaucoup d’élèves de la ville qui ont étudié dans ce centre et sont devenus ingénieurs, médecins et cadres de l’Etat.

Du plus profond de mon cœur, j’aurais voulu me trouver dans une classe rassemblant des élèves de toutes les nationalités. Nous aurions échangé des idées, appris les uns des autres et discuté loyalement. Mais je me suis dit : « Ce n’est qu’un rêve qui ne se réalisera jamais ». Quand j’ai présenté cette idée à mon père il m’a dit : « Ce que tu penses être un rêve est un fait réel … chacun peut y parvenir … grâce à sa détermination et à son effort ». Mon père m’a cité des personnes de notre ville qui sont maintenant professeurs d’université, médecins ou commerçants prospères.

Je me suis aussitôt souvenue du président Obama, le président actuel des États Unis, de la façon dont cet homme d’origine africaine a pu parvenir à la plus haute fonction politique. Ce sont des gens de toutes les ethnies et de toutes les religions qui l’ont élu, sans discrimination ni racisme ...

En 2005 dans notre ville le Père Cominardi est décédé. C’était un religieux chrétien qui a vécu parmi nous et tous le connaissaient. C’était le seul Européen au milieu des habitants tous musulmans. Tous l’estimaient et le respectaient beaucoup. Il a consacré sa vie à faire le bien, à aider les pauvres et les prendre par la main. Tous les soirs, il allait à l’hôpital, les bras chargés de journaux, de bonbons et d’autres choses pour les malades. Durant le mois de ramadan, il organisait un programme avec de nombreux habitants : chaque jour ils lui apportaient le ftour pour qu’il le donne aux malades de l’hôpital, et mon père m’a dit que les gens se bousculaient pour s’inscrire sur sa liste des bienfaiteurs.

Petite, j’ai connu le Père Cominardi, lorsque j’ai accompagné ma mère à l’hôpital pour un accouchement. Il nous a apporté des bonbons, a distribué son sourire, son réconfort à ma mère et ses prières pour son prompt rétablissement, comme il le faisait avec tous les malades.

Je m’en souviens aussi, alors que j’étais élève au collège moyen, d’avoir accompagné mon père à la salle du cinéma où avait lieu la cérémonie des quarante jours après son décès. La salle était bondée de gens qui écoutaient les religieux chrétiens venus spécialement à cette occasion. En plus des œuvres de bienfaisance, le Père Cominardi s’intéressait à la recherche dans le domaine de l’histoire. Mon père m’a dit qu’il restait une référence incontournable pour tout chercheur désirant étudier l’histoire de l’âge de pierre dans la région. Il gardait dans son bureau différents vestiges, documents, photos et manuscrits. La rencontre s’est conclue par une prière d’invocation des deux parties, que tous ont écoutée avec déférence et gravité.

[Père Cominardi sous sa "tente chapelle" dans son logement à Aïn Sefra]

Conclusion

Ce que m’a raconté mon grand-père au sujet de la convivialité qui existait durant la période coloniale entre les différentes religions et ce que m’a dit mon père au sujet du Père Cominardi le Chrétien, de sa relation étroite avec les habitants musulmans qui l’aimaient, le respectaient et l’aidaient à faire le bien, m’a appris que, comme hommes, beaucoup de belles choses nous réunissent : nous habitons une seule planète, nous respirons le

même air, nous scrutons le même ciel, malgré nos différences de religions, de langue, de couleur, de race et de genre. Nous pouvons vivre ensemble, nous aimer les uns les autres et coopérer pour faire le bien de toute l’humanité.

BONNE JOURNEE A TOUS

Jean-Claude Rosso