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© Mario Del Curto La Panne théâtre de Friedrich Dürrenmatt mise en scène Jean-Yves Ruf ve 21 janvier 20h sa 22 janvier 18h di 23 janvier 17h grande salle Théâtre du Passage Saison 2010-2011 Chargé de communication: Benoît Frachebourg | 032 717 82 05 | [email protected] Dossier de presse

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© Mario Del Curto

La Panne théâtre

de Friedrich Dürrenmatt mise en scène Jean-Yves Ruf

ve 21 janvier 20h sa 22 janvier 18h di 23 janvier 17h

grande salle

Théâtre du Passage Saison 2010-2011 Chargé de communication: Benoît Frachebourg | 032 717 82 05 | [email protected]

Dossier de presse

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La pannede Friedrich Dürrenmatt

Dossierde presse

Vidy-L

Théâtre Vidy-LausannePresse et communicationSarah Turin/Marie BertholetAv. E. Jaques-Dalcroze 51007 LausanneTél. 021/619 45 21/[email protected]@vidy.chwww.vidy.ch

Du 28 mai au 20 juin 2010 La Passerelle (du 28 mai au 13 juin 2010)et Salle Charles Apothéloz (du 15 au 20 juin 2010)

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Friedrich Dürrenmatt © Peterhofen

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Mise en scène :Jean-Yves RufAssistant à la mise en scène :Cédric DorierTraduction :Hélène MaulerRené ZahndLumière :Christian DubetSon :Jean-Damien RatelScénographie et accessoires : Laure Pichat

Avec :Maurice AufairMichel CassagneRoland SassiRoland VouillozBruno Dani

La traduction française est publiée aux Editions Zoé

L’Arche est agent du texte représenté

Coproduction :Théâtre Vidy-LausanneChat Borgne Théâtre (compagnie conventionnée par la DRAC Alsace)Théâtre de Carouge

Durée :environ 1h20Age conseillé :dès 14 ansGenre :théâtre

Du 28 mai au 20 juin 2010 La Passerelle (du 28 mai au 13 juin 2010)et Salle Charles Apothéloz (du 15 au 20 juin 2010)

Vendredi 28.05. 20h00Samedi 29.05. 20h00Dimanche 30.05. relâcheLundi 31.05 relâcheMardi 01.06. 20h00Mercredi 02.06. 20h00Jeudi 03.06. 20h00Vendredi 04.06. 20h00Samedi 05.06. 20h00Dimanche 06.06. 18h00Lundi 07.06 relâcheMardi 08.06. 20h00Mercredi 09.06. 20h00Jeudi 10.06. 20h00Vendredi 11.06. 20h00Samedi 12.06. 20h00Dimanche 13.06. 18h00Lundi 14.06 relâcheMardi 15.06. 20h00Mercredi 16.06. 20h00Jeudi 17.06. 20h00Vendredi 18.06. 20h00Samedi 19.06. 20h00Dimanche 20.06. 18h00

La pannede Friedrich Dürrenmatt

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La pannede Friedrich Dürrenmatt

Un homme, Alfredo Traps, voyage pour son travail dans sa voiture neuve. Il vient de monter en grade au sein de son entreprise de textile, il est dans sa vie sur une pente ascen-dante, il est heureux, marié, infidèle sans excès.

Le moteur de son nouveau véhicule, une Studebaker, a des ratés, puis s’arrête.

Alfredo Traps marche jusqu’au prochain village, organise la réparation de sa voiture, et cherche un hôtel. La seule auberge est complète, mais on lui indique l’adresse d’un retraité qui a une chambre. Il s’y rend, la chambre est libre, et gratuite. Il ne peut refuser l’invitation à manger. Il se retrouve alors dans une soirée étrange, en compagnie de son hôte, ancien juge et trois autres invités, un ancien procureur, un ancien avocat, un ancien bourreau. Tous ont autour de 80 ans, se réunissent régulièrement et organisent des procès fictifs. On propose à l’invité de jouer le rôle de l’accusé. Il accepte, trouvant ce jeu fort distrayant. Tout se passe à table. Le procès est rythmé par les nombreux plats, viandes, volailles, plateau de fromages, arrosés de bouteilles de Neuchâtel, de Grands Maréchaux, de Pichon-Longueville 1933, de Château Pavie 1921, etc… Alfredo Traps s’amuse beaucoup et profite pleinement de cette soirée inattendue. Les quatre vieux sont insatiables, mangent et boivent tant et plus, mènent les débats sans mollir, traquent les moindres méandres des imprudentes confidences de Traps. L’avocat tente de le prévenir, mais il est trop tard, le procureur a assez d’éléments pour construire son acte d’accusation. Traps, troublé, le cerveau ralenti par les nombreux verres ingurgi-tés, découvre peu à peu son propre parcours sous un angle qu’il n’avait jamais envisagé, ou qu’il s’était toujours refusé à envisager. Le vieux procureur à la retraite est sans pitié, il traque la conscience d’un Traps sans défense jusque dans ses recoins les plus sombres.

J’ai refermé le volume en ayant l’envie de traduire mon trou-ble et mon plaisir de lecteur, de donner vie sur un plateau à ces quatre formidables vieillards, aussi truculents qu’inquié-

tants, de suivre pas à pas la sourde frayeur d’Alfredo Traps.

Jean-Yves Ruf

La panne

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La pannede Friedrich Dürrenmatt

Note d’intention Les différentes versions du texte

Dürrenmatt a lui-même écrit deux autres versions de ce même texte : une version radiophonique, et une version scénique (publié chez L’avant-scène théâtre). La version scénique rajoute un personnage de servante, explicite plus en détail les raisons de l’arrivée d’Alfredo Traps parmi les quatre retraités, etc. Pour ma part je la trouve moins onirique que le roman. Quand à la version radiophonique, je ne sais si elle est traduite. Je suis en contact avec le centre Dürren-matt et vais prochainement y avoir accès. Pour garder cette sensation de suspens et d’étrangeté ressentie lors de ma lecture, je prévois de partir donc soit du roman lui-même,

soit de la version radiophonique.

La distribution

Je viens de me décider à travailler sur ce texte, et c’est encore trop tôt pour me déterminer quant à l’exacte distri-bution. Je pense à un complice depuis maintenant deux spectacles, Roland Sassi, un acteur genevois, vieillard magnifique, qui fut dans la troupe du TNS du temps de J-L Martinelli. Et d’une manière générale, je pense à ces «retraités», comme Roland, qui ne se décideront jamais à déposer les armes, qui ne cesseront jamais d’arpenter les plateaux, tant qu’ils auront encore une goutte de salive, ces faux retraités, comme les quatre vieillards de «La panne», qui se sont conservés en ne cessant jamais de jouer leur rôle, malgré ce

foutu temps qui passe.

La scénographie

Une table bien sûr. A part les quelques points d’orgue diges-tifs, tout se passe à table. Le travail est d’animer cette table. Il s’agira essentiellement d’un travail d’accessoires. Pour trouver la truculence du récit, on ne peut faire l’économie des odeurs, des plats fumants, des vins aux robes diverses, des vieilles bouteilles qui sentent encore la cave. Les plats et les vins structurent le récit, cette formidable grande bouffe

donne au procès sa monstruosité et son étrangeté.

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La pannede Friedrich Dürrenmatt

Friedrich Dürrenmatt naît le 5 janvier 1921 à Konolfingen dans l’Emmental (Berne) d’un père pasteur. Il passe toute sa jeunesse à Berne où il étudie la littérature allemande et la philosophie. En 1946, il interrompt ses études, épouse l’actrice Lotti Geissler et décide de se consacrer à l’écriture. Ses trois enfants viennent au monde à Bâle et à Gléresse, au bord du lac de Bienne ; c’est également là qu’il obtient ses premiers succès en tant qu’auteur dramatique. En 1952, il s’installe à Neuchâtel, dans sa maison du Pertuis-du-Sault, où il restera jusqu’à la fin de sa vie. C’est ici, dans le calme, que Dürrenmatt réalisera son œuvre monumentale. Cette vie retirée ne l’empêche pas d’entreprendre de nombreux voyages, en Suisse et à l’étranger, le plus souvent en relation avec les mises en scène de ses pièces de théâtre. Après la mort de sa première femme, Dürrenmatt épouse en 1984 l’actrice et réalisatrice de films Charlotte Kerr. Il meurt d’une crise cardiaque le 14 décembre 1990, quelques jours avant son 70e anniversaire. Friedrich Dürrenmatt était connu pour sa sociabilité et sa joie de vivre ; fin connaisseur et grand amateur des vins de Bordeaux, il possédait une cave imposante. De plus, il était un conteur aussi divertissant que fascinant, inventant sans cesse de nouvelles variantes aux histoires qu’il racontait.Entouré de ses nombreux amis – dont beaucoup faisaient partie du monde du spectacle – il a discrètement apporté un soutien financier à bon nombre de ses collègues écri-vains. Les sciences, en particulier l’astronomie, l’ont toujours fasciné, au point de passer des nuits entières à observer les étoiles avec son télescope. C’est en véritable professionnel et faisantpreuve d’une autodiscipline de fer que l’artiste a mené sa tâ-che d’écrivain et qu’il a construit son œuvre, luttant contre le diabète qui, sa vie durant, l’a accompagné tel un memento mori.Depuis «La visite de la vieille dame», Friedrich Dürrenmatt devient un écrivain mondialement connu. Ses œuvres ont été traduites en plus de quarante langues et ont remporté plusieurs prix, notamment le Prix Georg Büchner, le Grand Prix de la fondation Suisse de Schiller et le Prix Autrichien de Littérature Européenne. Dürrenmatt prenait volontiers part aux discussions politiques, et soutenait en général une posi-tion décidée et réfléchie. Le modèle fédéral de l’Etat suisse, le sort des Juifs en passant par la coexistence des Israéliens et des Palestiniens et la dynamique interne de la Guerre froide, tous ces thèmes l’ont passionné sa vie durant.

Source : http://www.bundesmuseen.ch/

Friedrich Dürrenmatt

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La pannede Friedrich Dürrenmatt

Jean-Yves Ruf Après une formation littéraire et musicale, Jean-Yves Ruf intègre l’Ecole nationale supérieure du Théâtre National de Strasbourg (1993-1996) puis l’Unité nomade de formation à la mise en scène (2000), lui permettant notamment de tra-vailler avec Krystian Lupa à Cracovie et avec Claude Régy. Il est à la fois comédien, metteur en scène et pédagogue.

Parmi ses récentes mises en scène, on peut noter «Bab et Sane» de René Zahnd, créé le 3 juin 2009 au Théâtre Vidy-Lausanne, «Mesure pour mesure» de Shakespeare créé en novembre 2008 à la MC93 (Théâtre Vidy-Lausanne, février 2009), «Passion selon Jean» (Théâtre Vidy-Lausanne, 2008) «Cosi fan tutte» (créé à l’Opéra de Rennes en novembre 2007), «L’apprentie, le cuistot, les odeurs et le piano» (créé au Granit Belfort en janvier 2007), «Silures» (créé à la Ma-nufacture de Nancy en janvier 2006), «Un plus Un» (créé au Théâtre Vidy-Lausanne en 2004), «Comme il vous plaira» de William Shakespeare (MC 93, 2002), «Erwan et les Oiseaux» (création jeune public, 2001), «Chaux Vive» (créé au TNS en 2000).

Il a joué dans «La cerisaie» d’Anton Tchekhov mis en scène par Jean-Claude Berruti, dans «Platonov» du même Anton Tchekhov et «Catégorie 3.1» de Lars Noren mis en scène par Jean-Louis Martinelli.

Depuis janvier 2007, il dirige la Manufacture – Haute école de théâtre de Suisse romande.

Le Chat Borgne Théâtre

Compagnie conventionnée par la DRAC Alsace, le Chat Borgne Théâtre a été créé par Jean-Yves Ruf à sa sortie de l’école du TNS en 1996. La compagnie explore deux voies de travail

- Des « écritures de plateau », théâtre non essentiellement textuel : «Savent-ils souffrir ?» (1998, TNS, théâtre de la Bas-tille), «Chaux vive» (2000, TNS, Nanterre Amandiers), «Erwan et les oiseaux» (2001-2003, création jeune public), «Un plus Un» (2004, Le-Maillon Strasbourg, Vidy-Lausanne) «Par les Cornes» (2005, CDN de Nancy), «Silures» (2005, Le-Maillon Strasbourg, MC93 Bobigny, Nancy), «L’apprentie, le cuistot, les odeurs et le piano» (2007-2010, création jeune public).

- Des textes classiques et contemporains : «Comme il vous plaira» de Shakespeare (2003, Le-Maillon Strasbourg, MC93 Bobigny, le CDN de Reims, etc…) «Passion selon Jean» d’Antonio Tarantino (2007, Le-Maillon Strasbourg, Vidy-Lausanne), «Mesure pour mesure» de Shakespeare (2008, Vidy-Lau-

sanne, MC93 Bobigny, Le-Maillon Strasbourg, etc.)

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La pannede Friedrich Dürrenmatt

Né à Martigny (Suisse) en 1964.

Formation Ecole supérieure d’art dramatique à Genève, de 1988 à 1990.

Théâtre Il joue notamment sous la direction de Philippe Sireuil, Benno Besson, Denis Maillefer, François Rochaix, Martine Paschoud, Bernard Meister, Gian Manuel Rau, Christophe Perton, Jacques Vincey, Philippe Mentha, Roberto Salomon, Denis Maillefer, Gianni Schneider, Martine Charlet, Daniel Wolf, Dominique Noble, Nicolas Rossier, Anne Vouilloz et Joseph Emmanuel Voeffray, Catherine Sumi et Jacques de Torrente…

Cinéma Travaille au cinéma notamment avec Douglas Beer, Anne Marie Mieville, Jean Blaise Junod, Francis Reusser, Silvio Soldini, Bruno Deville, Greg Zglinski, Léo Maillard.

Télévision Marcel le «kioskman» dans la série «La minute kiosque», coproduite par la Télévision Suisse Romande et Le Flair.

MusiqueNotions de piano, violon, violoncelle, percussion, flûte. Il fonde en 1998 la Compagnie de l’Oeillade avec laquelle il crée deux spectacles, «Les tribus modernes» et «La pre-mière fois».

Il fonde en 2009 la compagnie L’oeil de la tortue avec Jean Rochat et le quatuor Barbouze de chez Fior. Ils créent «Déli-vresse» (présenté en mai 2008 à Vidy), un spectacle musical avec des textes de Léonard Valette. Avec le groupe Cyclops, qu’il crée en 2000 avec Lee Maddeford, il enregistre un disque : «Wink».

Il a reçu le Prix 2004 de la ville de Martigny et le Prix 2006 de Théâtre de La Fondation vaudoise pour la culture.

Roland Vouilloz

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La panneDe Friedrich DürrenmattMise en scène: Jean-Yves Ruf

36FichepédagogiqueA l’usage du corps enseignant

Vidy-L

Saison 2009-2010Du 28 mai au 20 juin 2010

La PasserelleSalle Charles Apothéloz

Dès 14 ansDurée: environ

1h20

Un homme, Alfredo Traps, voyage pour son travail dans sa voiture neuve. Il vient de monter en grade au sein de son entreprise de textile, il est dans sa vie sur une pente ascendante, il est heureux, marié, infidèle sans excès.Le moteur de son nouveau véhicule, une Studebaker, a des ratés, puis s’arrête. Alfredo Traps marche jusqu’au prochain village, organise la réparation de sa voiture, et cherche un hôtel. La seule auberge est complète, mais on lui indique l’adresse d’un retraité qui a une chambre. Il s’y rend, la chambre est libre, et gratuite. Il ne peut refuser l’invitation à manger. Il se retrouve alors dans une soirée étonnante, en compagnie de son hôte, ancien juge et trois autres invités, un ancien procureur, un ancien avocat, un ancien bourreau. Tous ont autour de 80 ans, se réunissent régulièrement et organisent des procès fictifs. On propose à l’invité de jouer le rôle de l’accusé. Il accepte, trouvant ce jeu fort distrayant. Tout se passe à table. Le procès est rythmé par les nombreux plats, viandes, volailles, plateau de fromages, arrosés de bouteilles de Neuchâtel, de Grands Maréchaux, de Pichon-Longueville 1933, de Château Pavie 1921.Alfredo Traps s’amuse beaucoup et profite pleinement de cette soirée inattendue. Les quatre vieux sont insatiables, mangent et boivent tant et plus, mènent les débats sans mollir, traquent les moindres méandres des imprudentes confidences de Traps. L’avocat tente de le prévenir, mais il est trop tard, le procureur a assez d’éléments pour construire son acte d’accusation. Traps, troublé, le cerveau ralenti par les nombreux verres ingurgités, découvre peu à peu son propre parcours sous un angle qu’il n’avait jamais envisagé, ou qu’il s’était toujours refusé à envisager. Le vieux procureur à la retraite est sans pitié, il traque la conscience d’un Traps sans défense jusque dans ses recoins les plus sombres.Jean-Yves Ruf

Thématiques La culpabilité

Alfredo Traps est un homme tranquille: il mène sa petite vie sans trop se poser de questions, a son travail, sa voiture, sa femme, et ses maîtresses. Son confort petit bourgeois est pourtant rapidement inquieté par les quatre magistrats à la retraite: et s’il était coupable de certaines choses? Est-ce que la vie qu’il mène est véritablement honnête? N’est-il pas, comme nous tous qui menons une vie «normale», forcément coupable de quelque chose, à un certain niveau? Dürrenmatt pose la question de la responsabilité collective face à l’histoire humaine. Ces doutes qui germeront dans l’esprit d’Alfredo Traps lui feront prendre conscience de la vacuité de son existence, et le conduiront finalement à se supprimer.

L’humour noir

Dürrenmatt estime que le drame historique n’a plus lieu d’être, dans le sens où l’idéologie qu’elle implique, fondée sur les notions de culpabilité et de responsabilité individuelle justement, a été détruite par l’histoire contemporaine: tout le monde est désormais coupable, collectivement. Ce sera donc le grotesque parodique qui prend en charge les tragédies du monde. Dürrenmatt utilisera beaucoup la comédie, l’humour noir et l’ironie pour critiquer la société dans laquelle nous vivons.

Résumé du spectacle

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Le metteur en scène

L’auteur

Vidy-L

Fiche élaborée par Carina Carballo

Friedrich Dürrenmatt naît le 5 janvier 1921 à Konolfingen dans l’Emmental (Berne) d’un père pasteur. Il passe toute sa jeunesse à Berne où il étudie la littérature allemande et la philosophie. En 1946, il interrompt ses études, épouse l’actrice Lotti Geissler et décide de se consacrer à l’écriture. Ses trois enfants viennent au monde à Bâle et à Gléresse, au bord du lac de Bienne ; c’est également là qu’il obtient ses premiers succès en tant qu’auteur dramatique. En 1952, il s’installe à Neuchâtel, dans sa maison du Pertuis-du-Sault, où il restera jusqu’à la fin de sa vie. C’est ici, dans le calme, que Dürrenmatt réalisera son œuvre monumentale. Cette vie retirée ne l’empêche pas d’entreprendre de nombreux voyages, en Suisse et à l’étranger, le plus souvent en relation avec les mises en scène de ses pièces de théâtre. Après la mort de sa première femme, Dürrenmatt épouse en 1984 l’actrice et réalisatrice de films Charlotte Kerr. Il meurt d’une crise cardiaque le 14 décembre 1990, quelques jours avant son 70e anniversaire.Friedrich Dürrenmatt était connu pour sa sociabilité et sa joie de vivre ; fin connaisseur et grand amateur des vins de Bordeaux, il possédait une cave imposante. De plus, il était un conteur aussi divertissant que fascinant, inventant sans cesse de nouvelles variantes aux histoires qu’il racontait. Entouré de ses nombreux amis - dont beaucoup faisaient partie du monde du spec-tacle - il a discrètement apporté un soutien financier à bon nombre de ses collègues écrivains. Les sciences en particulier l’astronomie, l’ont toujours fasciné, au point de passer des nuits entières à observer les étoiles avec son télescope. C’est en véritable professionnel et faisant preuve d’une autodiscipline de fer que l’artiste a mené sa tâche d’écrivain et qu’il a construit son œuvre, luttant contre le diabète qui, sa vie durant, l’a accompagné tel un memento mori.Depuis «La Visite de la Vieille Dame», Friedrich Dürrenmatt devient un écrivain mondialement connu. Ses œuvres ont été traduites en plus de quarante langues et ont remporté plusieurs prix, notamment le Prix Georg Büchner, le Grand Prix de la fondation Suisse de Schiller et le Prix Autrichien de Littérature Européenne. Dürrenmatt prenait volontiers part aux discussions politiques, et soutenait en général une position décidée et réfléchie. Le modèle fédéral de l’Etat suisse, le sort des Juifs en passant par la coexistence des Israëliens et des Palestiniens et la dynamique interne de la Guerre froide, tous ces thèmes l’ont passionné sa vie durant.

source: http://www.bundesmuseen.ch/

Après une formation littéraire et musicale, Jean-Yves Ruf intègre l’Ecole nationale supérieure du Théâtre National de Strasbourg (1993-1996) puis l’Unité nomade de formation à la mise en scène (2000), lui permettant notamment de travailler avec Krystian Lupa à Cracovie et avec Claude Régy. Il est à la fois comédien, metteur en scène et pédagogue. Parmi ses récentes mises en scène, on peut noter «Bab et Sane» de René Zahnd, créé le 3 juin 2009 au Théâtre Vidy-Lausanne, «Mesure pour mesure»de Shakespeare créé en novembre 2008 à la MC93 (Théâtre Vidy-Lausanne, février 2009), «Passion selon Jean» (Théâtre Vidy-Lausanne, 2008) «Cosi fan tutte» (créé à l’Opéra de Rennes en novembre 2007), «L’apprentie, le cuistot, les odeurs et le piano» (créé au Granit Belfort en janvier 2007), «Silures» (créé à la Manufacture de Nancy en janvier 2006), «Un plus Un» (créé au Théâtre Vidy- Lausanne en 2004), «Comme il vous plaira» de William Shakespeare (MC 93, 2002), «Erwan et les Oiseaux» (création jeune public, 2001), «Chaux Vive» (créé au TNS en 2000). Il a joué dans «La cerisaie» d’Anton Tchekhov mis en scène par Jean-Claude Berruti, dans «Platonov» du même Anton Tchekhov et «Catégorie 3.1» de Lars Noren mis en scène par Jean-Louis Martinelli. Depuis janvier 2007, il dirige la Manufacture – Haute école de théâtre de Suisse Romande.

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L’EXPRESS - L’IMPARTIAL / JEUDI 20 JANVIER 2011 15CULTURE

Quatre retraités s’adonnent àun jeu étrange avec leurhôte… Le metteur en scèneJean-Yves Ruf s’est fait cueillirpar «La panne» de FriedrichDürrenmatt. Entretien.

DOMINIQUE BOSSHARD

Jean-Yves Ruf, comment avez-vous rencontré «La panne» deDürrenmatt?Je connaissais son théâtre,

mais pas ses nouvelles. J’ai ren-contré ce texte-là un peu parhasard. A l’époque, je répétais«Mesure pour mesure» àBobigny et je butais un peu; j’aieu envie de lire autre chose car,parfois, s’éloigner du sujet estsalutaire. Comme j’habitais enSuisse, j’ai choisi un auteursuisse. J’ai été happé par cettenouvelle, je l’ai lue d’une traite.Tout de suite, je me suis dit qu’ilfallait en faire quelque chose.

Vous avez préféré la versionradiophonique à la versionscénique de «La panne», toutesdeux écrites par Dürrenmatt.Pourquoi?La version scénique m’inté-

ressait moins que la nouvelle,car elle était plus verbeuse etplus riche de détails; on sait parexemple d’où viennent les vins.René Zahnd m’a appris qu’ilexistait une version radiophoni-que, et on a obtenu le droit de latraduire. Plus économique, plustendue, cette version-là est trèsproche de la nouvelle, même sila fin est différente. Mais j’airemis dans la pièce radiophoni-que des éléments du récit aux-quels je tenais, dont la fin juste-ment.

Que nous dit la pièce sur lajustice, ou que voulez-vousqu’elle nous dise?

Les personnages (réd: procu-reur, avocat, juge et bourreau,tous à la retraite) reconstituentune justice privée, soi-disanthumaine et plus cordiale, oppo-sée à la justice publique, quiserait expéditive. La pièce parleaussi des procès après l’épura-tion. Mais il y a une double lec-ture: certes, ils ne sont pas expé-ditifs, mais ils prennent letemps de persuader leur hôtequ’il est coupable. Ce que pour-rait dire Dürrenmatt, c’estqu’avec la force du verbe onpeut prouver n’importe quoi àn’importe qui. On a tous unfond de culpabilité, il suffit dele réveiller!

D’autres pistes possibles?Oui, on peut y voir la panne

d’un homme au milieu de savie et qui, comme dans un rêve,se retrouve dans un endroit oùil n’avait pas prévu d’aller. Faceà ses juges, des juges intérieurspeut-être, il découvre à quelpoint il est lâche. Il peut se dire,comme les héros russes, qu’il araté sa vie. On perçoit aussi unedimension sociale, avec quatrepères qui jugent un fils, et qua-tre hommes issus de la bour-geoisie qui jugent un filsd’ouvrier. Ils veulent l’empê-cher de grandir, de s’éleversocialement. Un texte est fortquand il est polysémique. Lebut de la mise en scène estd’essayer de ramener les diffé-rentes lectures à la surface; den’éteindre aucune voix, mêmesi on en fait résonner une plusqu’une autre. Je me méfie despartis pris trop volontaristes.

Au niveau de la mise en scène,quel défi avez-vous dû relever?Tout se passe à table. J’ai

craint que l’on ne voie pas lescorps, que ça ressemble à la

Sainte Cène. J’ai cherché unerespiration, une circulation. Il ya, au lointain, l’espace du repas,assez chargé d’accessoires. Et aupremier plan, un espace beau-coup plus épuré. On circuleentre les deux, comme si on selevait pour digérer, poursuivrela discussion dans une espèced’antichambre. Le devants’impose finalement, quand leprocès prend plus d’importanceque le repas.

Vous avez recruté de vieuxroutiers de la scène romandeMaurice Aufair, MichelCassagne, Roland Sassi, BrunoDani...Excepté Roland Sassi, je ne

les connaissais pas très bien. J’ai

demandé l’avis de René Zahnd,de Denis Maillefer, qui, alors,travaillait avec moi à laManufacture. Et puis je suis alléles voir jouer et ils se sont impo-sés très vite. J’ai quitté la direc-tion de l’école, et pour moi,c’était un peu un hommage, unremerciement à la Suisse que detravailler avec des comédienssuisses. J’avais un peu d’appré-hension, on m’avait dit «ce sontdes caractériels» (rire). Ce nesont pas des moutons il est vrai,mais, et la chose m’a beaucoupému, ils sont passionnés. Ils ontenvie du plateau; un vrai bon-heur! /DBO

Neuchâtel, théâtre du Passage, demainà 20h, samedi à 18h, dimanche à 17h

THÉÂTRE

Un procès en guise de dessert

CONVIVES L’inquiétude sourd peu à peu dans une ambiance bon enfant. (SP-MARION DEL CURTO)

La panne et l’envol des oiseaux● Une exposition Le théâtre du Passage abrite, jusqu’au

23 janvier encore, une expo conçue par le Centre DürrenmattNeuchâtel (CDN). Elle présente différents documents relatifs à«La panne», récit publié en 1955, retravaillé dans la foulée enpièce radiophonique, puis en comédie créée en 1979 enAllemagne.

● Une conférence Professeur de théologie, Pierre Bühlers’exprimera sur le thème «Justice en panne... l’écrivainDürrenmatt peut-il la relancer?», lundi 24 janvier à 10h30, àl’Aula des Jeunes-Rives à Neuchâtel. Destinée aux lycéens,cette conférence est ouverte au public, sur réservationuniquement auprès du CDN (032 720 20 60).

● Tout public Heureuse coïncidence, Jean-Yves Ruf est aussi àl’affiche demain à La Chaux-de-Fonds avec une mise en scèned’«Erwan et les oiseaux», spectacle tout public (dès 8 ans).Erwan vit avec sa sœur et le bûcheron auquel elle est fiancée.On le considère comme l’idiot du village, en fait c’est un enfanttrès imaginatif, un poète en décalage avec son milieu. PourJean-Yves Ruf, la pièce fait écho aux enfants en retard scolaire,eux aussi marginalisés». Théâtre de L’Heure bleue, à 19h. /dbo

NEUCHÂTELCafé littéraire en compagnie de Catherine LoveyCatherine Lovey sera l’hôte du prochain Café littéraire de Neuchâtel, lundi à 18h30, à la sallede lecture de la Bibliothèque publique et universitaire. Saluée dès son entrée en littérature en2005 par le Prix Schiller avec «L’homme interdit», la Valaisanne a publié l’an dernier «Unroman russe et drôle» (Zoé) inspiré du destin agité de l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski. /réd

Les îles d’Aloys Perregauxà la galerie JonasC’est à la galerie Jonas à Cortaillod qu’Aloys Perregauxinaugure, dimanche dès 14h30, sa nouvelle exposition,une série d’aquarelles consacrées à Venise et à d’autresîles ensoleillées. A voir jusqu’au 20 février. /réd

SP

DUO

Qu’est-ce que Bach peut encore nous dire?Avec «Bach’s’Cage», une

musicienne et un comédienconfrontent deux composi-teurs: l’un très classique, l’autreultra contemporain. Que reste-t-il de Bach après le passage decréateurs iconoclastes commeJohn Cage? Dès ce soir, à LaChaux-de-Fonds, les six «Suitespour violoncelle seul» serontnourries de bruits, de paroles,mais aussi de silences.

Il n’est pas possible de définir«Bach’s’Cage ou le triptyque dusilence». C’est quelque chose deplus qu’un concert de classique.C’est John Cage qui se retournesur Johann Sebastian Bach;c’est un étrange mélange scéni-que de violoncelle, de paroles,de cuisine et de mouvements.C’est le moment même où lesbruits deviennent musique, oùla théorie tourne à la poésie.

«Je n’emploierais pas leterme d’expérience pour quali-fier notre travail», expliquecependant la violoncellisteAgnès Vesterman: «C’est plutôtune recherche, une recherche

d’expression.» Le duo françaisque cette musicienne formeavec l’artiste Vincent Vedovelli,auteur et acteur de«Bach’s’Cage», s’est spécialisédans les spectacles polymor-

phes où la question des limitesentre les arts et les genres tendà perdre toute sa pertinence.

La création de «Bach’s’Cage»a lieu ces trois prochains soirsau théâtre ABC, en trois partiesindépendantes. Toutes les«Suites pour violoncelle seul»de Bach y sont interprétées.Chaque représentation com-mence par l’une d’elles. Elle estsuivie de musiques et de textesdu 20e siècle lus, chantés etjoués par les deux artistes.Entrent alors en scène lesœuvres de John Cage, cetinventeur du silence.

En fin de spectacle, une autreSuite de Bach tombe commeun rideau sur chacune des troissoirées. Eparpillées dans ce trip-tyque, certaines pièces rappe-lant Cage ont été rédigées oucomposées par Vesterman et

Vedovelli eux-mêmes. La vio-loncelliste prétend «emmenerle public de Bach à la musiquecontemporaine, puis revenir àBach pour voir ce qui a changéen chemin».

D’ailleurs, Bach et Cage sontloin d’être inconciliables. Chezl’un comme chez l’autre, lamusique participe d’unedémarche spirituelle à laquelleAgnès Vesterman est attentive.Selon celle-ci, les œuvres classi-ques «ne peuvent s’interpréterqu’au prix d’un certain silence,un silence intérieur, un apaise-ment de l’esprit». /tle

La Chaux-de-Fonds, théâtre ABC,du 20 au 22 janvier, à 20h30.Le 23 janvier à 16h30, AgnèsVesterman et Vincent Vedovelliinterprètent «Dingdongueries»,un spectacle musical pour enfants

UN COMÉDIEN, UNE VIOLONCELLISTE Que va nous révéler l’austère Bachdans un spectacle inclassable et très contemporain? (SP)

MUSIQUE CLASSIQUE

Un trionomade

Avec «La maison ambu-lante», le Carpe Dièse Trio etJean-François Lehmann invi-tent à une folle aventuremusicale à travers l’Europe. Lefil rouge du programme tientà la richesse des peuplesnomades tels les Roms ou lesgens du cirque. Le folkloreoccupe ainsi une place natu-relle dans les compositionschoisies par le trio. On ytrouve, par exemple, unemusique originale du film deFellini, «8½», de Nino Rota ouune partition extraite du film«Chat noir chat blanc», d’EmirKusturica. /réd

La Chaux-de-Fonds, Ecole Tonsur ton, demain à 20 heures.Neuchâtel, L’Interlope, dimanche30 janvier à 17 heures

Page 18: © Mario Del Curto - Théâtre du Passage - Accueil · plus, mènent les débats sans mollir, traquent les moindres ... J’ai refermé le volume en ayant l’envie de traduire mon

RÉGION L'EXPRESS / LUNDI 24 JANVIER 2011 7

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A 67 ans, le docteur RolfHeimann, de La Neuveville,aspire à la retraite. Il chercheà remettre son cabinetde médecine générale depuistrois ans, sans aucun résultat.Témoignage.

YVES-ANDRÉ DONZÉ

L a disparition des méde-cins de premier recoursse fait sentir de manièreirrémédiable. Ces géné-

ralistes représentent pourtantla base de notre système desanté. La Télévision suisseromande a consacré un dossierl’été dernier sur le sujet, enprenant en exemple le Jurabernois.

Et la saignée se poursuit: ledocteur Rolf Heimann, de LaNeuveville, cherche un rempla-çant depuis trois ans par tousles moyens. A commencer parle «Bulletin des médecins suis-ses», dans lequel il a mis unebonne quinzaine d’annonces.

Il a mandaté Espace blanc,une entreprise privée de chas-seur de têtes sise au Landeron.Il a contacté Sanacare, une ins-titution de la compagnied’assurances Sanitas, quiachète des cabinets et emploiedes médecins salariés. On lui arépondu qu’elle cherchait às’implanter plutôt dans lesgrandes villes.

Il a alerté des collègues quiont des enfants en fin d’étudesde médecine. A la fin del’année dernière, aucuneréponse, pas une lettre, pas uncoup de fil. Rien, nada, néant,silence radio.

«J’ai toujours pensé que cela

serait facile. La Neuveville estattrayante, avec des écoles etune situation proche des cen-tres, et un lac. On vient y habi-ter depuis le Danemark», con-fie le médecin de famille.

Quand il est arrivé en 1979,il n’y avait que trois toubibspour toute la région.Aujourd’hui, ils sont unedizaine, dont huit affichent unesoixantaine hyperactive et septpossèdent leur propre cabinet.

Rolf Heimann a débarqué deBâle. Il était de la premièregénération de cabinets collec-tifs. Il a pratiqué la médecineinterne pendant quatre ansdans un hôpital bâlois, puis unan et demi de chirurgie à

Bienne. Il pose d’abord unregard clinique sur le problèmede la relève: «Le médecin decampagne n’a plus la cote chezles jeunes praticiens. Il est unpeu considéré comme un géné-raliste de deuxième classe.Durant les études, 10% d’entreeux se disent ouverts à la méde-cine générale. Le chiffre tombeà 3% une fois en stage à l’hôpi-tal. Pourtant, on savait la pénu-rie qui allait arriver», témoignele généraliste.

«Le politique a mal géré leproblème. Il y a la question dunumerus clausus qui n’arrangerien, sans parler du fait qu’ilfaut 10 à 15 ans pour formerun généraliste», commente-t-il

en évoquant l’évolution dumétier, la paperasse administra-tive, ou encore les hôpitaux quichassent les patients trop tôt,les soins à domicile surchargés.

«Il y a eu changement deparadigme, de référence, demodèle», poursuit-il. Les solli-citations sont nouvelles, parexemple la participation dumédecin généraliste aux urgen-ces dans les hôpitaux régio-naux ou la formation d’équipesmobiles comme celle duSeeland.

Mais le docteur Heimanns’éclaire quand il parle de sonmétier. Lui, c’est l’antithèse duDr House, ce clinicien paranode téléfilm, ami requin. «Mon

métier véritable, c’est l’accom-pagnement des gens. On oubliela solitude du généralistedevant un diagnostic difficile.On reçoit une belle énergie parle contact avec cette populationmagnifique et très communica-tive. Il faut bien sûr apaiserleurs peurs quand, après avoirtrouvé leur maladie sur inter-net, certains patients débar-quent. Parfois, on a l’impres-sion qu’ils viennent chez lemédecin traitant pour com-mander le cercueil.»

Beau métier. «Je pense queles communes ont un rôle àjouer pour encourager l’im-plantation de cabinets demédecine généraliste». /YAD

MÉDECINE Même si la médecine a changé depuis 32 ans qu’il la pratique à La Neuveville, le docteur RolfHeimann fait l’apologie du métier de généraliste. (STÉPHANE GERBER)

«Le médecin decampagne n’a plusla cote chez lesjeunes praticiens.Il est un peuconsidéré commeun généraliste dedeuxième classe»

Docteur Rolf Heimann

LA NEUVEVILLE

La saignée des généralistesse poursuit irrémédiablement Au terme d’un procès ludi-

que, mené à la table demagistrats retraités, unhomme qui se croyait inno-cent est accusé de meurtre.Derrière l’apparente simplicitéde son histoire, «La Panne»de Friedrich Dürrenmatt recèlediverses strates d’interpréta-tion. Elle ouvre une belleréflexion sur le pouvoir dulangage judiciaire: est-ce quel’accusé était vraiment un ter-rible assassin, avant que lesmagistrats virtuoses ne ledéclarent coupable?

Le metteur en scène Jean-Yves Ruf a pris ce texte ausérieux, peut-être plus encoreque Dürrenmatt lui-même qui,en 1979, avait monté «LaPanne» avec une certainelégèreté. C’est du moins ceque laissaient entrevoir lesarchives photographiquesexposées au théâtre duPassage, à Neuchâtel, enmarge des trois représenta-tions données la semaine der-nière par la compagnie Chatborgne théâtre.

Ruf et son équipe parvien-nent à superposer deuxambiances: la bonhomie d’undîner entre amis et la gravitéd’une condamnation à mort.Sortes de caricatures incar-nées, les cinq comédienssuisses constituent un groupedrôle et inquiétant de dîneursventrus et de secs justiciers.

La scénographie, elle aussi,est double et contrastée. Ellecomporte deux plans: l’unréaliste et confiné, où l’on ritautour d’un (vrai) repas,l’autre abstrait et ouvert, oùéclate le verdict du procès./tle

CRITIQUE

Etonnante«Panne»

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