À l’heure exquise du «cadavre exquis»

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Ida Berg À l’heure exquise du «cadavre exquis» Poèmes visuels et textes humoristiques néo surréalistes

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Page 1: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

Ida Berg

À l’heure exquise du «cadavre exquis»

Poèmes visuels et textes humoristiques néo surréalistes

Page 2: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

Ida Berg

À l’heure exquise du « cadavre exquis » Poèmes visuels et textes humoristiques

néo surréalistes

Ci-dessus, un exemple du

Jeu du « cadavre exquis », version chorégraphique, sur la musique de « L’heure exquise », de Reynaldo Hahn, chantée par Philippe Jaroussky.

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Un « cadavre exquis » est une espèce de cyborg antérieur à l’invention de la cybernétique.

OM, mantra hindou

vocalisé par un hibou jaloux

comme un chien andalou.

Poème dédié à mon grand père, qui n’était allé au cinéma qu’une fois, car il avait eu dans la salle noire une peur bleue. Inutile de dire que le film qu’il

avait vu était celui de Luis Buñuel dont le scénario avait été écrit sur la boite des souliers salés de Salvador Dali.

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Récital « jaRoussky »1 "Tout ce qu'on dit de l'ambroisie "Ne touche point ma fantaisie "Au prix des grâces de..." sa voix. Marcel Duchamp, déguisé en Physicien mettant le Modèle Standard au placard pour en sortir dépendante la Théorie des Cordes, assista l'autre soir au récital de Philippe Jaroussky et de Jérôme Ducros, le pianiste épicé très digne fils non épicène d'un très riche épicier français —poivre noir, poivre blanc: métaphore des touches du piano, of course—.

Après des millénaires, Euterpe et Polymnie s'étant modernisées et leurs noms devenus scientifiques, elles cherchaient la formule magique pour rimer avec la chanson qui disait "Archets, soyez bénis pour vos brûlants

accords".

Cela aida —non, pas celle de Rhadamès— le plasma quark gluon à atteindre sa température idéale, la voix au début étant bien sûr un peu froide.

Dans son rôle de quark Charm, Philippe Jaroussky fut incomparable, imitant à la perfection l'accent français chaque fois que l'envie lui prenait de parler turc. Sa voix de

haute-contre s'est hispanisée en "Contreténor" bien que n'étant contre rien ni personne et encore moins un ténor, vu qu'il serait plutôt, et sans baryum, baryton.

"Allô? Tonton? Pourquoi tu tousses?"

Premier avis méga phonique contre les "téléphoneurs" oublieux. Deuxième avis contre les catarrheux joyeux de se faire remarquer dans l'obscurité.

Brassens, Ferré, Trenet, tout y est passé. Et pour une fois, c'est le chanteur qui a sifflé —quinte ascendante, pas de toux— pour le public, et non l'inverse.

1 Séville, le 21 mars 2015, au Théâtre de la Maestranza. C’est pour cela que nous disons dans le cours du texte, que le registre de l’artiste a vu sa dénomination “hispanisée”.

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Donc, le condensé Bose-Einstein avait un certain relent d'opium à la fin, car au troisième bis j'avais la tête qui tournait. Et sans employer —je gage— la méthode que cause panique dans la critique (MPC), il termina son récital en bon français par le traditionnel chant du coq, Hahn signifiant "coq" en allemand, de même qu'en russe "Ja Roussky" —« Ja » doit être prononcé à l’allemande : ya— veut dire "je suis russe". Donc, c’était presque et déjà du Satie, sans l’odeur du satyre ni conflit franco-prussien2, vu que l’histoire se passe à Séville.

Image néo surréaliste qui traduit le syntagme "Ja-Roussky"

Mais c'était Mnémosyne qui était la mère entomologique de tous "lé-ZAR", Érato n'étant que la muse de l'élégie, mal choisie pour prêter son nom à une 2 Érik Satie, compositeur de musique dadaïste, c’est-à-dire, pré surréaliste, a parlé de la “Tyrolienne turque” et de la valse “franco-lunaire”, etc. Voir l’allusion explicite à Satie, un peu plus avant dans le texte.

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compagnie de disques, à moins de ne supposer qu’elle est la muse de l’erreur.

Quant à Marcel Duchamp, un peu intimidé d'avoir assisté incognito au récital sous son nom d'emprunt féminin Rrose Sélavy, n'en cessa pas moins de prendre des notes au cours du concert, et n'en put trouver aucune de fausse qui eusse pu intéresser Erik Satie —le phonométriste— venant d'un aussi distingué russe franco lunaire. Cela lui permit malgré tout, dans sa légère ébriété métaphysique de méthane matinale, de récrire l'histoire de la musique comme une nouvelle science, avec la grande scie à couper le verre —le fil à couper le beurre n’étant plus de mise à cette heure-là— aimablement prêtée par sa sœur —Soror-rose-en-croix— Hildegarde de Bingen, celle qui connaissait si bien le Tao (Sci vias).

N'est-ce pas que vous m'entendez bien sans micro?

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Petit roman feuilleton en images

Qui donne raison au poète Louis Aragon et son affirmation : « Chaque tableau de Dali est un roman ».

Le révolver à cheveux blancs, d’André Breton, ouvrage publié en 1932.

L’acte surréaliste par excellence consistait à sortir dans la rue révolver au poing pour tirer —en pensée— sur la foule sans discrimination.

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Mais, pour que le révolver à cheveux blancs fonctionne correctement, on doit le peigner avant chaque utilisation.

Rappelons aussi que Marcel Duchamp recommandait « classer les peignes selon le nombre de leurs dents ».

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Un des plus réussis « cadavres exquis » disait ceci : La rue Mouffetard frissonnante d’amour amuse la chimère qui fait feu sur nous.

La Chimère ci-contre —dans son costume ou déguisement « en roman de Stendhal »— ayant fait (bien qu’elle ne soit pas née en Anjou) feu sur nous…

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Le résultat en fut l’image suivante, …

…dont le titre suggéré pouvait être :

« Mise en scène du suicide d’un Narcisse surréaliste ». On y voit même le peigne, inutile, étant donné —encore !— que le révolver employé était en l’occurrence… …chauve ! Ce qui le transformait, automatiquement, en souris… …blanche ! CQFD3

3 Blanc sur blanc, donc invisible: tant pis pour Malévich, il n’était pas surréaliste.

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Délires poétiques et philosophiques inoffensifs

Délire 1 (en prose) Goethe dit (Zur Morphologie, Schicksal der Druckschrifft) que « La science et la poésie sont réconciliables ». Elles se rencontrent à un niveau « plus élevé », un peu à la façon des lignes parallèles d’Euclide que le poète Federico Garcia Lorca faisait « se rencontrer dans un baiser ». Réconcilier poésie et science est possible, étant donné —comme dirait Duchamp— leur origine commune, la vérité. Cela nous semble être une vieille histoire, dont Parménide déjà parlait dans son Poème : Aléthéïa, la déesse-vérité. À l’autre extrémité, nous trouvons le surréaliste exclu ou jamais affilié qui, orphiste —au sens occultiste et non pas pictural—, dira toujours que « La poésie est un mensonge qui sert à dire vrai ». Donc, le lecteur est invité à voyager de Goethe au Surréalisme, sans lâcher la main de la Vérité. Il est certain que beaucoup d’êtres n’ont aucune apparence. L’invisible, pourtant, n’en est pas moins réel. Le surréaliste croit même que l’invisible est plus réel. Il est ce sur-réel, ce réel supérieur qui si justement l’intéresse. Pour apparaître, Goethe disait que les choses sont forcées à se diviser, à se séparer. Grand mystère du Fiat Lux ! et du dia-ble, le diviseur. Le seul avantage, c’est qu’ensuite, ce qui est séparé peut être réuni. Syndrome de Pénélope. Dans la réunion, les deux aspects contraires tendent à s’annuler. Particule et antiparticule se rencontrant s’annulent. Or il est à peu près sûr qu’il ne s’agit que d’une illusion de plus. Cannibales insatiables, matière et antimatière s’entredévoreraient sans que l’énergie change. Voire. Car l’énergie qui devient chaleur, se perd. Et l’entropie refroidit tout. Dans les deux cas, votre énergie, Scientifiques,

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« ne se conserve pas ». Où passe-t-elle ? Justement, à un niveau supérieur à ce réel-matériel qui vous obsède mais qui n’est qu’apparent. En conclusion, c’est l’énergie qui devient la matière même du Surréalisme.

* Délire 2 (en vers libres) Plan quinquennal pour le voyage astral. On peut y aller, mais on n’en revient pas. Ou bien on en revient sans y avoir été. Surtout en hiver. N’oubliez pas votre couverture. Le secret et la solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. Tout est mirage, illusion d’optique. Tout est « projection du mental sur l’environnement ». Vous savez aussi bien que moi Tous les miroirs ont une face aveugle. C’est elle qui pense le plus fort. Parce qu’elle ne réfléchit rien. Vous aviez compris, pardon. L’autre côté, où l’on se voit, sans le savoir, et toujours à l’envers (inversé), serait, en soi, le seul poétique. Posons deux miroirs parallèles. Mettons-nous au milieu. Regardons. Nous voyons toute l’humanité. Qui donc d’Euclide ou de Narcisse a-t-il la clef de nos deux miroirs magiques ?

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Réfléchissons un peu, nous aussi. Une fois n’est pas coutume. Ce que nous voyons à l’infini, n’est ni dans les miroirs ni n’est nous. Pauvre chat ! —dirait Chazot, qui fut « le dernier des véritables surréalistes »— Pourquoi le voyons-nous donc, ce voyou ? Parce que tout va à l’envers. On voit ce qu’il n’y a pas. Mais… on ne voit pas ce qui est. Si vous êtes perdus, retournez à la case départ, qui disait : « Beaucoup d’êtres n’ont aucune apparence ». Pourquoi voir ce qui n’existe pas ? Parce que tout est inversé. Ne donnez pas la langue au chat. Je vais vous dire le secret : Le non-être nous voile l’être. Donc il est permis de rêver. On peut aussi faire des plans. Mais il est meilleur encore d’en arriver bien vite à croire qu’il n’existe pas de moyens pour exécuter ces plans. Pas plus que le rêve ne dure quand on se réveille. Le monde tridimensionnel (3) est dualiste (2), c’est pourquoi le monde est un songe (5) : Irréalité, illusion.

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L’œil du Poète Voit les choses, du point de vue de Sirius. Nous voulons dire avec les yeux de sa statue de cire, au Musée Grévin.

* Délire 3 (Euphémique) Entre gens et coqs d’eau, un mal entendu détrôné règne sur des fauves sans cirque ni numéros. Le gai trop triste aux lèvres maquillées pour la photographie, cigarette aux doigts, regard las et perdu. Ses mains sont les miennes. Maigres, osseuses, essentielles. Remuantes aussi, en excès. En fait, les mains ne bougent pas : elles dansent ! Elles disent en dansant ce que les mots ne peuvent exprimer. De même que la musique… On ne parle pas avec les mains : ce sont les mains qui parlent pour nous.

Page 15: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

« À la fin des temps / Une seule goutte d’eau bénite / Dessalera l’océan »

“Le bain de cristal” (plagiat du titre de René Magritte)

Métaphore du surréalisme éternel

En 1930, Salvador Dalí publia un texte sous le titre “La chèvre sanitaire”, ce qui visait Gala et voulait dire dans son métalangage “Acte Gratuit”

Vers 1955-1960, Dalí écrivait le sénario d’un film jamais tourné qui aurait dû s’appeler “La brouette de Chair”

Vers 2016-2018, Alma Mons a recours à son double traducteur français Ida Berg pour faire la symbiose des deux titres daliniens en un nouveau

emblème de l’art néo-surréaliste du Futur (Wagner).

Ci-dessus : fragment d’une photographie de Man Ray (Dame en robe du soir —de Poirier, il me semble— dans une brouette de luxe, à la manière d’une ottomane)

Page 16: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

Dans les notes laissées par Érik Satie, on en a trouvé une où il assure que son médecin, à chacune de ses visites, lui répétait : « Fumez, mon ami, fumez. Si vous ne fumez pas, quelqu’un d’autre devra le faire pour vous. »

*

“You first, my dear” (Exemple d’art “nutritif”: à cause de la soupière)

Page 17: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

G de Graal Le Graal est un coquetier pour l’œuf cosmique, afin qu’il ne se casse pas la pipe (de Magritte)

« L’humanité sera sauvée tout entière, d’un bloc, en une seule fois, à la fin du grand jour coque d’œuf conique. » (Le château fada, 2016-2017)

Vu double à cause de l’ivresse sans vin. Pour Marsile Ficin, de la part de Goethe. Septembre 2017.

Les œufs à la coque. Poème-objet photographique, en hommage à Lise Deharme, poétesse surréaliste fameuse pour mastiquer la coque de ses œufs bouillis, et célébrée par le danseur étoile surréaliste de l’Opéra de Paris Jacques Chazot (1928-1993).

Page 18: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

Minerve aux crayons : écrire, dessiner, colorier. Dans et pour l’œuvre d’art totale, l’érudition nourrit l’invention de l’imaginaire. (2017)

Page 19: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

« Comme chien et chat »

Ou :

« Il n’y a pas de quoi fouetter un chat »

Poème-objet en deux parties ; photographié le 23 mars 2018.

Page 20: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

Exégèse

Le « fuet » est une saucisse sèche très savoureuse, spécialité gastronomique traditionnelle catalane.

Le « fouetté » est un pas de danse classique.

Du « fuet » (prononcez : « Fou-ète ») au « fouetté », il n’y a qu’un pas. De danse.

« À bon chat, bon rat », dit-on.

Pourquoi « rat », même s’il est « petit » (rat : de l’Opéra), et non pas « chien » ?

Le fusil a un chien. Il lui arrive même parfois de dormir (en chien de fusil).

L’artiste qui signe de son œil droit dans le miroir en bas à droite de la photographie nº1, l’artiste, —l’arteur— disions-nous : N’a-t-elle pas du t’ça ?

L’artiste fut dans sa jeunesse un petit rat.

Les fusils de chasse sont d’avant la Guerre de 14.

Le « fuet » pendu au chien du fusil est fabriqué dans une charcuterie fondée en 1914. Qui le mangera ? Le chat ? ou le rat ?

*

Poème (révolté)

De ma jeunesse lointaine

je vois encore briller

de leurs feux inversés

et démultipliés

échecs et capitulations,

frustrations et leurs sublimés,

gaz acres, progéniture

embarrassante,

désastreuse et obstinée

Page 21: À l’heure exquise du «cadavre exquis»

à demeurer dans la mémoire

comme dans un grimoire,

sans pouvoir sortir de l’armoire

de mon cerveau pourtant lavé

par les électrochocs

de toutes les Psychanalyses.

J’avais tout pour réussir

et pour plaire,

me disait-on.

Menteurs !

Je ne savais exactement

que ce que je ne voulais pas

faire,

être.

Je m’y suis accrochée.

Donc, j’ai tout réussi.

L’arme noire

de ma légitime défense a été un seul mot :

« Non!»

Tout ce que je me suis

refusé à faire

m’a complètement

réussi.

Je gage que cela ne doive —guère— vous

plaire.

Tant pis.

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22-27 mai 2018 : « Pauvre chat ! » (Il a un phlegmon.)

*

Ce livre termine de cette manière abrupte et monolithique. Il comporte 22 pages

parce que Richard Wagner est né le 22 mai (1813), Dalí n’étant que sa moitié, né le 11 mai (1904).

* Conseil d’ami : relisez les notes.