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Le cycle des tarots © Gilles Josse www.leoferre.eu

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  • Le cycle des tarots

    © Gilles Jossewww.leoferre.eu

    http://www.leoferre.eu/

  • Introduction

    Il est habituellement entendu que les tarots de Marseille forment un cycle ou un chemin figurant les péripéties et les transformations de l'âme humaine, de sa naissance à sa mort. Chacune de ses lames figurent alors des qualités à acquérir et les défauts correspondants à éviter, différentes attitudes face à la vie, ainsi que finalement les différentes facettes de la personnalité.

    Plus qu'un outil de divination de l'avenir, nous considérons les tarots comme un outil de réflexion et de connaissance de soi. Face à une question ou un problème donné, on peut les interroger par un tirage en croix, par exemple, et obtenir non pas une réponse univoque et péremptoire du style “il n'y a qu'à” ou “il faut que”, mais plutôt des pistes à suivre et à méditer.

    Ainsi les tarots peuvent-ils nous aider à cheminer dans l'existence et à nous permettre de nous retrouver dans les méandres de notre âme. Pour cela, encore faut-il connaître les interprétations élémentaires des vingt deux arcanes, ce qu'ils symbolisent, ce qu'ils indiquent ou signifient.

    C'est donc l'objet de ce petit opuscule qui ne prétend fournir que des indications élémentaires, mais suffisantes à l'objectif que nous venons de décrire. Aussi, pour une étude historique ou ésotérique des tarots et leur rapport aux mythes des quatre coins du monde, nous renvoyons le lecteur à des auteurs plus informés.

    Mais pour conclure, nous aimerions insister sur le mot même de “signification” : dans les tarots, les lames comportent une figure, un nombre et un nom, à l'exception du Mat et de l'arcane sans nom. Tels quels, ils nous renvoient à des interprétations multiples, complexes, entrecroisées et parfois même contradictoires et c'est justement l'un des défis que présente la lecture des tarots que de lever ces contradictions et parvenir à des lectures qui soient cohérentes entre elles.

    Ainsi, les tarots demandent-ils du temps, de l'attention et de la réflexion pour être interprétés, ainsi que certainement une bonne dose d'inspiration.

    12 / 11 / 08 12 h 52

  • I – Le Bateleur

    Le Bateleur, comme première lame du cycle des tarots, symbolise le principe vital, la jeunesse, l'énergie et toutes les possibilités qui s'offrent à nous. En effet, sur sa table et dans sa main, il y a le bâton, l'épée figurée par le couteau, la coupe et le denier, symbolisant les quatre éléments. Avec le Bateleur, nous avons en apparence tout ce qu'il faut pour réussir mais c'est aussi le signe de l'illusion, car il manque un pied à sa table. Mais ce pied n'est-il pas le bâton qu'il tient dans sa main, à moins que ça ne soit qu'une flûte pour charmer le monde.

    Aussi rien n'est sûr avec le Bateleur : tout est possible, tout est réalisable, mais il faut s'attendre à des déconvenues : “il manquera toujours un franc pour faire dix sous”. Le Bateleur, comme image du troubadour est une figure de l'enthousiasme et de la joie de vivre, de la légèreté et de l'entrain, mais aussi des déconvenues qui nous attendent au bord du chemin.

    Associé à la Force, qui porte le même chapeau, il représente la maîtresse et l'amant, l'adultère, celui sur lequel on ne peut pas compter, qui mène une double vie. Le bateleur ne fait que promettre, il ne s'engage pas et même, il trompe son entourage. Il est plaisant, séduisant, mais on ne peut pas avoir confiance en lui.

    Il représente aussi le jeu, tout ce qui est superficiel dans la vie, le charme, la séduction. Il incite à la méfiance, à la prudence. Il est aussi le signe de l'innocence, de l'enfance et du désir de paraître, mais également de la malignité et de la ruse.

  • La Papesse

    La Papesse, avec son livre sur les genoux, symbolise l'éducation, la culture, mais aussi l'histoire. Ce livre figure aussi la bible, et dans ce sens elle représente la tradition, les valeurs, les us et coutumes, tout ce qui se transmet de génération en génération, la sagesse des nations, la tradition.

    La Papesse renvoie encore à la prudence, l'intuition et la sagesse du féminin. C'est une image de la mère quand son fils est adulte, de la grand-mère. Elle représente une personne avisée, de bon conseil, une protection féminine qui oeuvre en coulisse, un havre de paix où se ressourcer.

    Alliée au Pape, elle signifie l'accomplissement de la vieillesse. Elle renforce la signification des autres cartes féminines comme l'Impératrice, l'Etoile, Tempérance, la Justice ou la Force. A elles six, ces six arcanes représentent les six visages du féminin dans les tarots, auxquels répondent les six visages du masculin : le Bateleur, l'Empereur, le Pape, l'Hermite, le Pendu et le Mat.

    De cette manière, nous pouvons mettre le masculin en regard du féminin de la façon suivante :

  • Les six visages du féminin et du masculin

    Ainsi, Pape et Papesse, Empereur et Impératrice, sont évidemment appariés, ainsi que l'Etoile et le Bateleur : nous y reviendrons par la suite mais nous pouvons déjà dire que l'imagination et la chance favorisent l'entrain du Bateleur. Ils représentent également le fils et la fille, l'enfance au masculin et au féminin. L'Hermite et Tempérance figurent le masculin et le féminin passif, quand la Force et le Mat figurent le masculin et le féminin actif. La raison de justice est elle naturellement associée à l'abnégation du Pendu. C'est une figuration du juge et du condamné.

  • L'impératrice

    L'Impératrice, avec l'aigle sur le bouclier à ses genoux, signifie le pouvoir sur l'esprit, la lucidité, l'intelligence, la conscience, la clarté de vue. C'est pourquoi nous la trouvons naturellement associée en succession à la culture et au savoir de la Papesse :

    Culture, savoir, intelligence et clarté d'esprit

    Associée à l'Empereur, chez qui le symbole de l'aigle est à terre et qui figure le pouvoir sur la matière, elle représente le pouvoir temporel de la noblesse, tel qu'il existait sous l'ancien régime. De manière plus générale, elle est une femme de tête, même si elle est aussi la mère du Bateleur.

  • Les époux, le pouvoir temporel

    Associée au Mat, elle symbolise Ulysse et Pénélope, le retour du guerrier, le retour de l'être aimé après une rupture, l'amant caché venant courtiser sa belle, l'infidélité :

    Ulysse et Pénélope, le retour du guerrier

  • IIII – L'Empereur

    Par la position de ses jambes, il rappelle le chiffre quatre qui est son nombre, et le symbole de Jupiter en astrologie. Il représente la force, l'autorité morale, le maître, la maîtrise sur le monde et la matière, la réussite matérielle.

    On remarquera qu'il est entièrement tourné dans la direction du passé, en regard de l'Impératrice et de la Papesse, signalant que son action se fait sous leur contrôle. Il est à la fois debout et assis et représente ainsi à la fois le pouvoir en place et l'homme qui agit.

    Il est également dos au Pape, ce qui oppose sa matérialité à la spiritualité de celui-ci :

    Matérialité contre spiritualité

  • Par la position de ses jambes, l'Empereur est à rapprocher du Monde et du Pendu. Il règne sur le Monde et son pouvoir est à opposer à l'impuissance du Pendu :

    L'Empereur régnant sur le Monde

    L'impuissance et la soumission opposées au pouvoir

  • V – Le Pape

    Le Pape symbolise la bienveillance, la mansuétude, l'empathie. Dans ce sens, il est à opposer à la rigidité de la Justice, ou à rapprocher, c'est selon : en effet le total de leurs nombre, V + VIII, donne XIII et renvoie à l'arcane sans nom, celui de la transformation et du changement. L'issue de cette transformation est l'équilibre de Tempérance.

    La mansuétude tempérant la justice

    Il représente encore le grand-père et la vieillesse. Il est celui qui incite le jeune homme, sous la figure de l'Amoureux, à vivre sa vie et aller son chemin. Il connait bien les travers de l'âme humaine et représente la sagesse acquise par l'expérience, alors que l'Hermite représente la sagesse acquise par l'étude et la réflexion.

  • Les deux visages de la sagesse

    La sagesse de l'Hermite est tournée vers l'intérieur, celle du Pape vers l'extérieur, faisant de lui une image de l'enseignant, du maître à penser, de l'initiateur, contrairement à l'Empereur qui représente le maître tourné vers la réalisation concrète.

  • VI - L'Amoureux

    On peut interpréter la scène se jouant entre les trois personnages de cette lame de deux manières différentes. On peut y voir un jeune homme sur le point de quitter sa mère, à gauche, avec sa promise, à droite. On peut aussi y voir un amoureux partagé entre deux femmes.

    L'Amoureux symbolise l'hésitation, le difficile problème du choix face à deux alternative. Il parle d'amour, de rencontre. Il s'oppose à la lame qui le suit directement, le Chariot, comme l'indécision à la décision et à la détermination.

    Indécision contre détermination

  • VII – Le Chariot

    Le Chariot est la lame des difficultés vaincues, des succès, de la réussite sociale. Son sceptre et sa couronne rappellent ceux de l'Empereur et de l'Impératrice. En succession de l'Amoureux, il indique que les hésitations ont cessé et que les choix ont été faits.

    Par son nom et par les douze étoiles qui sont sur le dais, cette lame rappelle la Grande Ourse qui indique le nord dans le ciel, le firmament. C'est le firmament de la célébrité et de la reconnaissance et le personnage semble jouer sur une sorte de scène. Il est à associer au Bateleur, qui lui, jouait sur les foires. Il fait alors référence au spectacle, au théâtre de la vie en société et à ses illusions.

    L'artiste et la célebrité

  • Cet aspect de vanité est encore renforcé par le nom même de chariot, qui fait référence à un moyen de transport bien moins prestigieux que le carosse, par exemple. Le jeune homme du Chariot est donc aussi un parvenu, dont les réalisations vont subir la critique de Justice, qui est la lame suivante, et qui l'obligera peut-être à une remise en cause radicale avec l'Hermite.

    Quand l'Empereur et l'Impératrice figurent le roi et la reine, la Maison Dieu la tour et le Mat le fou, l'Amoureux représente le cavalier du jeu d'échecs : c'est donc aussi l'image du guerrier et du courtisan.

    Le cavalier et les autres pièces des échecs dans les tarots

  • VIII – La Justice

    C'est l'une des six représentations féminines des tarots, avec un visage austère, portant le glaive et la balance, qui à eux deux peuvent nous faire penser à l'appareil génital masculin. Les parties nous renvoient au mythe de Chronos, dieu du temps tranchant les testicules de son père Ouranos, et à la création du monde, quand le glaive nous renvoie au Christ disant : “Je ne suis pas venu sur terre pour apporter la paix, mais le glaive”.

    La Justice figure donc à la fois la justice et la loi des hommes, mais aussi la justice et la loi divine. C'est l'une de quatre vertus cardinales, que l'on peut mettre en rapport avec Tempérance et la Force, mais aussi la prudence, figurée par la Papesse :

    L'ancien et le nouveau testament, les quatre vertus cardinales

  • Avec la Papesse, elle figure l'ancien testament et le nouveau testament et elle est bien évidemment à rapprocher du signe de la Balance. En qualité négative, elle représente l'austérité, la rigidité, la sécheresse de coeur et l'absence de sentiment car on peut noter que la main qui tient la balance est justement au niveau de son coeur.

    En Association à l'Impératrice et à la Force, ces trois lames forment les trois visages du féminin actif : intelligence, raison et détermination. La Papesse, avec Tempérance et l'Etoile forment les trois visages du féminin passif : empathie et prudence, modération, douceur et imagination.

    Le féminin actif : intelligence, raison et détermination

    Le féminin passif : imagination, modération et empathie

  • VIIII - L'Hermite

    L'Hermite représente le sage et la sagesse, l'intériorité et l'introspection, et dans ce sens, nous avons vu qu'il s'associait au Pape qui lui, figure une sagesse issue de l'expérience pratique. Avec le Pape et le Pendu, il forme les trois aspects du masculin passif, alors que le Mat, l'Empereur et le Bateleur figurent le masculin actif.

    Le masculin passif : passivité, réceptivité, sagesse pratique et intériorité

  • Le masculin actif : enthousiasme, maîtrise et esprit d'entreprise

    On peut remarquer que l'Hermite, le Mat et la Mort sont les seuls arcanes représentant des personnages en mouvement. Alors que le Mat symbolise le cheminement dans le monde matériel, l'Hermite représente donc lui les pérégrinations intérieures de l'être humain. Ils s'opposent tous les deux, mais se complètent aussi dans le sens où “il y a de la folie à vouloir être sage”. On peut y voir deux attitudes complémentaires de l'individu cherchant à échapper à la Mort.

    On relèvera les trois paires que l'on peut réaliser entre masculin passif et masculin actif : le Bateleur et le Pendu, signifiant l'opposition entre l'élan et l'enthousiasme et l'abandon et le laisser aller, L'Empereur et le Pape, représentant le pouvoir orienté vers la matière ou vers l'esprit, le Mat et l'hermite enfin, révélant l'antinomie entre introversion et extraversion.

  • X – La roue de fortune

    La roue de fortune représente le hasard et les circonstances, la bonne ou la mauvaise fortune. Son nombre est le X est elle est à mettre en parallèle avec XX – le Jugement, qui, dans un certains sens, représente le jugement de Dieu et dans un autre, celui de l'opinion publique. Dans les trois cas, le destin d'un homme peut se trouver bouleversé.

    Le destin et le jugement de Dieu ou des hommes

    On peut encore remarquer le glaive du diable trônant sur la roue et le rapprocher de celui de justice. A eux deux, ces deux arcanes symbolisent la justice et le châtiment.

  • La justice et le châtiment

    La roue de fortune symbolise encore les remords, la mauvaise conscience ou les phantasmes qui rongent l'individu. Avec ces deux personnages enchaînés, elle est à rapprocher du Chariot, de la Maison Dieu et du Diable, et à opposer au Soleil, où les deux personnages sont libres et semblent heureux.

    La réussite, les coups du sort, la déchéance

    Le prince du Chariot peut se retrouver livré au mal du Diable sous les coups du sort de la roue, du fait de son orgueil, ou subir un accident, symbolisé par la Maison Dieu.

    La Roue symbolise encore les fluctuations de la pensée, le mental en mouvement perpétuel.

  • XI – La Force

    La Force symbolise la victoire sur l'égo, “ce moi qui nous tient en laisse”. Elle représente donc la maîtrise de soi en ce qu'elle dompte le lion. C'est aussi la maîtrise du sentiment puisque le lion est le symbole du coeur. Elle représente une étape ultérieure à celle du Chariot qui avait vaincu les hésitations de l'Amoureux au prix du refoulement : en effet, sous la scène où le prince du Chariot se montre, les deux chevaux cherchant à aller dans des directions opposées signalent les conflits intérieurs.

    Par son chapeau, elle est à rapprocher du bateleur, dont elle à réussi à dompter l'élan vital :

    La maîtrise de l'élan vital, la canalisation de l'énergie

  • XII – Le Pendu

    Le Pendu est une figure du masculin passif, représentant l'abandon, le laisser aller et le pêcher de paresse, mais également, de manière positive, le lâcher prise, qui procure une certaine liberté. Ici, on peut dire qu'il maîtrise l'inconscient, comme l'Empereur maîtrise le concret : la position symétrique de leur jambe le dit :

    La maîtrise de la matière et celle de l'inconscient

    Signalons toutefois que cette maîtrise de l'inconscient se fait par un abandon de la volonté propre à l'Empereur : ici, il est question d'inspiration, mais aussi de renoncement face à la réalité. Le Pendu se laisse porter par les circonstances et en celà, il rejoint le

  • Mat et l'Hermite, qui les fuient chacun à leur manière. Mais le Pendu, en contrepartie, ne craint pas la Mort, qui vient en succession et si l'arcane sans nom symbolise le changement, il est lui-même le plus apte à vivre ce changement, ce qui implique l'idée de sacrifice consenti.

    Après ce changement, cette chûte, le voilà qui renait sous les traits de tempérance et de ses ailes d'ange et il maîtrise bien l'eau de l'inconscient et du rêve :

    La chûte et la renaissance

    Le Pendu est une image de l'idéaliste et pourquoi pas du croyant, enchaîné par une patte au ciel et à ses exigences. Associé à la justice, il figure le condamné et entouré du Mat et de l'Hermite, c'est une image du Christ et des deux larrons.

    La justice et le condamné

    Christ entouré des deux larrons

  • XIII – L'arcane sans nom

    L'arcane sans nom figure bien évidemment la Mort, qui frappe les hommes du plus humble au plus puissant, comme le rappellent les deux têtes couronnées à terre. Mais elle est aussi le signe de la récolte et de la transformation, car il faut faucher le blé pour préparer une nouvelle récolte.

    Elle marque une rupture dans la suite des arcanes, dans le sens où ceux qui la suivent ont peut-être une signification plus spirituelle, comme le montre la femme aux ailes d'ange de Tempérance.

    Elle représente aussi tout ce qui doit mourir en nous, les choses que l'on doit abandonner pour évoluer. Elle est à rapprocher du sacrifice du pendu. On la rapprochera donc d'une autre lame pour connaître justement ce qui est à sacrifier.

  • XIIII – Tempérance , XV – Le Diable

    L'ange et l'ange déchuEtre et avoir

    Tempérance est une figure d'harmonie et d'équilibre, de bonheur aussi. Elle représente la victoire de l'esprit, symbolisé par les ailes, sur l'inconscient, symbolisé par l'eau qui circule entre les cruches, mais aussi la victoire sur les instincts sexuels, l'humilité et la chasteté.

    Le Diable est ici une figure hermaphrodite qui retient attachés à son trône deux diablotins qui nous rappellent ceux de la Roue de fortune. Il figure le Mal et l'attachement aux instincts, à la sexualité et à la matière, le pêcher de luxure. Avec ses serres et ses ailes déployées, il représente encore l'esprit de conquête, l'avidité. C'est Satan, l'ange déchu qui nous fait un signe amical de la main, symbolisant la séduction, la tentation, et ses conséquences, l'enchaînement, l'asservissement.

    Ainsi, la transformation du Pendu, son passage par la mort symbolique, peut-elle le mener aussi bien à la rédemption et à liberté de l'esprit de Tempérance, qu'à l'enchaînement à la matérialité la plus basse du Diable. Ce couple de lame figure alors encore la dualité entre être et avoir.

  • XVI – La Maison Dieu, XVII - L'Etoile

    Le principe de fécondation masculin et le principe de fécondation féminin

    La Maison Dieu figure à la fois le principe de fécondation masculin que le pêcher d'orgueil, les accidents et la colère. Elle nous rappelle l'écroulement de la tour de Babel.

    L'Etoile figure le principe de fécondité féminin, la grâce, l'imagination, la chance, l'inspiration, le dépuillement, la simplicité. Elle délivre les eaux maîtrisées par Tempérance pour féconder le Monde. En association avec le Mat, elle représente le vagabond suivant sa bonne étoile :

    Le vagabond suivant sa bonne étoile

  • XVIII – La Lune , XVIIII – Le Soleil

    Le principe féminin et le principe masculinLe yin et le yang

    La Lune, avec son écrevisse, est à relier au signe du Cancer, et cette écrevisse sujette à des mues périodiques, nous renvoie aux transformations et bouleversements intérieurs qui accompagnent la vie d'un être humain. Elle symbolise l'inconscient, la création, la gestation, la mélancolie, l'attente, le rêve, le féminin en général.

    Le Soleil est évidemment un principe de vie et d'amour. Il représente la conscience, le soi, le principe masculin en général.

    La Lune règne sur la vie mentale, alors que le Soleil règne lui sur la vie matérielle et physique : à eux deux, ils représentent donc une paire masculine féminine indissociable. Mais alors que l'Empereur et l'Impératrice, le Pape et la Papesse incarnent des couples humains formés de deux personnes, l'alliance de la Lune et du Soleil se rapporte à un même individu, ainsi qu'à la création toute entière. On peut les voir comme le yin et le yang de la philosophie du zen.

    A ce point des tarots, ils représentent l'alliance des contraires, la victoire sur la dualité, la réalisation de soi à l'intérieur comme à l'extérieur.

  • XX – Le Jugement, XXI – Le Monde

    Le Jugement, c'est le jugement de Dieu, mais aussi le jugement des hommes, de même que le Monde symbolise à la fois la création et le monde des hommes et le royaume de Dieu.

    Dans la première interprétation, l'opinion publique décide de la consécration et de la célébrité et pour ceux qui n'ont pas réussi, c'est le départ à la cloche de bois, la fuite, pour échapper à la justice et aux créanciers, par exemple, symbolisé par le Mat, qui vient en succession.

    L'opinion publique, la réussite ou la déchéance

  • Dans la seconde interprétation, le jugement de Dieu, s'il nous est favorable, nous permet d'accéder à la terre promise, le paradis, où règnent les quatre évangélistes représentés aux quatre coins de la lame du Monde.

    Mais l'histoire ne s'arrête peut-être pas là, si l'on considère la lame du Mat, venant en succession de celle du Monde, nous suggérant peut-être que l'entrée en paradis est le départ d'une autre vie où l'âme vagabonde va poursuivre son périple.

  • Le Mat

    Le Mat, c'est le pélerin, en quête de transcendance et d'accomplissement personnel. Il a tout quitté et il n'emporte dans sa besace que l'essentiel : ce sont les attributs du Bateleur, qui sont disposés sur sa table. Et ce bâton qui l'aide à marcher peut nous rappeler le quatrième pied de cette table, qui est manquant. Ainsi, le Mat possède-t-il l'élan vital de ce Bateleur. Dans ce sens, le Mat figure aussi l'artiste, la fantaisie, l'inspiration. Il est à rapprocher du dieu des voyages, Mercure.

    L'artiste, le troubadour, l'inspiration

  • Les cinq clochettes qu'il a autour du cou nous rappellent qu'il est à la recherche de la quintessence des alchimistes, mais aussi qu'il s'appuie sur ses cinq sens pour aller de l'avant dans la vie. On peut alors l'opposer au Pendu car, même s'il a la tête dans les étoiles, avec sa tête en l'air et son chapeau qui dépasse du cadre de la carte, il garde les pieds sur terre et surtout, il s'envole vers l'avenir quand le Pendu reste enchaîné aux circonstances.

    Stagnation et évolution

    Dans un sens plus négatif, le Mat est aussi le vagabond, l'opportuniste qui fait feu de tout bois, l'épicurien ou même le jouisseur talonné par le chien qui peut figurer les mauvais instincts. Il représente alors le pêcher de gourmandise, l'irresponsabilité et l'inconséquence, car l'on sait bien que “pierre qui roule n'amasse pas mousse”. Contrairement à l'Empereur, tourné vers l'Impératrice, il fuit son passé et les engagements qu'il a pu prendre, et dans ce sens, il figure le divorce, la rupture de tous les contrats, sociaux et moraux.

    Le divorce, la fuite des responsabilités

  • Il symbolise également la liberté, liberté de penser et d'aller à sa guise mais aussi son excès dans le dérèglement, qui est la folie. Vu de cette manière, on peut le mettre en relation avec l'Hermite, qui symbolise la sagesse et l'introspection, opposée à l'extraversion et la dispersion.

    Sagesse contre folieIntroversion, extraversion

    Opposé à l'Empereur, il est l'image de la rebellion, de l'anarchie, mais aussi de l'apprenti qui quitte son maître pour réaliser le tour de France des maçons. Opposé à l'Impératrice, il figure le divorce, comme nous l'avons déjà dit, mais aussi, si l'on intervertit les cartes, le retour du guerrier, tel Ulysse retrouvant Pénélope après son long périple. Quand il vient à la rencontre du Pape et de sa sagesse, il représente le retour de l'enfant prodigue.

    La rebellion, le départ de l'apprenti

    Notons pour finir qu'il est une image de la mort et d'un envol vers l'au-delà, en ce qu'il s'éloigne du Monde en succession dans les tarots, si on le place en dernière position. Si l'on considère que le Monde est une image du paradis après le Jugement de Dieu, il figure alors l'âme vagabonde poursuivant un nouveau chemin, inconnaissable.

  • L'âme quittant le monde

    L'âme du défunt parvenant en paradis

    Comme on peut le voir, les significations de cet arcane sont nombreuses mais nous nous devons d'en préciser une autre, beaucoup plus simple : le Mat représente simplement l'homme tâchant d'échapper à la Mort, qui mène la danse macabre figurée par les treize premiers arcanes des tarots et le Mat lui-même, où l'on voit l'arcane sans nom emmener à sa suite douze figures humaines.

    Ces douze figures représentent différents états de notre condition, soumis à la roue de Fortune en X, qui fait à l'occasion d'un riche un mendiant et d'un pauvre un puissant. Elles sont à rapprocher des douze figures du zodiaque déclinant l'humanité sous toutes ses facettes et dans tous ces genres, toute entière soumise à la mort.

    La danse macabre des tarots

  • Dans ce sens, le Mat est celui qui est le plus éloigné de la Mort et, par sa proximité avec le Bateleur, il nous incite à rester jeune et libre pour nous en éloigner. D'une autre manière, on peut encore voir la folie poussant les hommes et la mort les diriger tous.

    D'ailleurs, pour finir, il nous faut encore évoquer une similitude entre le Mat et la Mort, où, dans les figures, la posture du personnage est la même, le bâton faisant le pendant de la faux. L'arcane XIII n'a pas de nom comme le Mat n'a pas de numéro, nous révélant l'étroite parenté entre la folie et la Mort.

    Le Fol fuyant la Mort

    Qui peut dire en effet si notre cerveau ne se met pas à se comporter de manière déraisonnable à l'approche de la Mort et si notre ultime refuge ne se situe pas dans une sorte de folie à la fois instantanée et éternelle !?

    Quand l'âme se sépare du corps, qui sait où elle s'en va vagabonder ?

    12 / 10 / 08 13 h 19