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Ministère du Développement Rural et de l'Environnement Direction de la Recherche Formation Vulgarisation Coopération Française « Fascicule 1 » Quelques principes d'aménagement des rizières Marc Lacharme Juin 2001

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Ministère du Développement Rural et de l'Environnement Direction de la Recherche Formation Vulgarisation

Coopération Française

« Fascicule 1 »

Quelques principes

d'aménagement

des rizières

Marc Lacharme Juin 2001

Objet du présent document et remerciements

L'ensemble du document «mémento technique de riziculture pour la vallée du fleuve Sénégal » consiste en une compilation des différents résultats de la recherche (ADRAO, CNRADA, PSÏ Coraf ) et des connaissances acquises sur le terrain par différents acteurs (Programme de Développement des Semences, AGETA ..) mis en- forme pour être accessible aux vulgarisateurs, techniciens et producteurs de la vallée du fleuve Sénégal,

II est constitué de différents dossiers dans lesquels sont donnés des conseils très pratiques aux producteurs pour leur permettre de porter leurs rendements à des niveaux élevés et à des coûts acceptables.

Ces dossiers sont actuellement au nombre de 10 • Quelques principes d'aménagement des rizières • Le plant de riz : données morphologiques et cycle de la plante • La préparation des sols pour la riziculture • La mise en place des cultures (variétés, dates de semis, modes de semis) • La gestion de l'irrigation des rizières • La fertilisation minérale du riz • Le désherbage des rizières • Récolte et post récolte à l'exploitation • Le contrôle de la salinité dans les rizières • La production de semences certifiées, règles à suivre à l'exploitation.

Des dossiers supplémentaires pourront être rajoutés par la suite.

Objectif du module « Quelques principes d'aménagement des rizières »:

Ce module n'est pas un récapitulatif sur les aménagements rizicoles. H a pour but de donner quelques conseils aux producteurs afin d'améliorer les aménagements rizicoles souvent relativement sommaires. Ces actions doivent permettre de faciliter la gestion des exploitations, de pérenniser les aménagements existants et d'économiser sur les coûts d'irrigation. A la fin de ce module, le lecteur devra pouvoir : - faire un diagnostic sommaire sur les aménagements rizicoles - réaliser des propositions d'aménagement améliorant

Pour l'ensemble du document, mes remerciements vont tout particulièrement à : Sidi Ould Taleb Moctar, agronome et responsable du Centre de Contrôle de la Qualité des

Semences et Plants pour les nombre uses discussions techniques et l'amitié dont il m'a fait part. Claude Dancette, agronome, chercheur au CIRAD en poste au PSI Coraf, pour les idées, les

corrections et les photos qu'il m'a permises d'utiliser. Arnaud Clément, du Centre Français du Riz, pour la correction de mon manuscrit. Patrick Fouga, agronome coopérant français, pour sa relecture minutieuse.

Et à l'ensemble des personnes avec lesquelles j'ai eu des contacts de travail en Mauritanie.

Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

1. Notions d'aménagement pour la riziculture ____________________________________4

1.1 Données de base __________; ____________ ________ ; _________________________4

1.2. Eléments pour un diagnostic du périmètre_________________________________6 1.2.1 Avant aménagement ________________ ; _______________________________6 1.2.2 Quelques règles à suivre lors de l'aménagement____________________________8 î .2.3 Sur un aménagement déjà existant ... _________________________________13

2. Quelques conseils sur les aménagements ______________________________________ 14

2.1 Le pian général du périmètre ___________________________________________ 14

2.2 La station de pompage _________________________________________________ 14

2.2.1 Choix des groupes moto pompes ______________________________________ 14 2.2.2 Installation de la motopompe _________________________________________ 15 2.2.3 Le bassin de réception_______________________________________________ 16

2.3 Le réseau d'irrigation _________________________________________________ 17 2.3.1 Le canal principal ______________ _. __________________________________ 17 2.3.2 Les répartiteurs d'eau _______________________________________________ 17 2.3.3 Les canaux secondaires______________________________________________ 18 2.3.4 Prise d'irrigation à la parcelle_________________________________________ 18

2.4 le réseau de drainage __________________________________________________ 19

2.5 Le réseau d'accès aux parcelles _________________________________________ 20

2.5.1 Les pistes __________ , ____________________________________________ 20 2.5.2 Les ouvrages de franchissement (drains et/ou canaux d'irrigation) ____________ 20

2.6 Les parcelles_________________________________________________________ 21 2.6.1 PIanage des parcelles ______________________________________________ 21 2.6.2 Taille et forme des parcelles_____________________________ _ _ ________ 21 2.6.3 Déplacement de l'eau entre les parcelles ________________________________ 22

3. Conclusions sur les aménagements________________________________________________________________________ 22

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

Quelques principes d'aménagement des

rizières

1. Notions d'aménagement pour la riziculture

1.1 Données de base

Les périmètres irrigués rizicoles en Mauritanie sont souvent très sommaires : leur conception ne se limite souvent qu'à monter des canaux d'irrigation et des diguettes pour séparer les parcelles. II en résulte régulièrement des problèmes dans la gestion de l'irrigation (planage insuffisant, impossibilité de vider les parcelles ...) et des cultures (difficulté d'accès à certaines parcelles en cours de culture). Dans de nombreuses zones en particulier dans le delta, ces aménagements sommaires accélèrent la salinisation des sols.

Un périmètre irrigué doit être conçu comme la somme de trois réseaux :

Y- Un réseau d'irrigation qui doit permettre d'apporter à chaque parcelle l'eau nécessaire aux cultures. Ce réseau doit être dimensionné pour apporter à chaque parcelle les besoins des cultures à tout moment de leur cycle. Le débit d'arrivée d'eau à la parcelle, pour une irrigation 24h/24, doit tourner entre 1,5 et 2 litres par seconde et par hectare selon la perméabilité des sols.

1 1/s/ha correspond à un apport de 8,6 mm d'eau par jour ou 86 m /ha. En condition sahélienne, il faut souvent prévoir, en plus des pertes du réseau d'irrigation et de la percolation dans les parcelles, des besoins en eau des plantes de 10 à 12 mm/jour, ce qui explique ces chiffres de 1,5 à 2 1/s/ha.

2- Un réseau de drainage On doit à ce sujet différencier 2 types de drainage ;

Le drainage superficiel qui doit faciliter une gestion facile de l'eau dans les parcelles en permettant à tout moment leur vidange afin d'autoriser l'entrée des machines (moissonneuses batteuses en particulier), d'utiliser certains herbicides (ex : épandage de propanil sur sols asséchés) et d'éviter la concentration des eaux en CO32" et en Na+. Le drainage profond dont le rôle est le lessivage en profondeur des excès de sels (voir chapitre salinisation) et le rabattage des nappes. La densité de ce réseau de drainage (écartement des drains) et sa profondeur dépendent du type de sol (perméabilité) et de l'éventuelle présence à faible profondeur d'une nappe phréatique salée.

3- Un réseau de pistes rurales pour faciliter l'accès à toutes les parcelles (apports des intrants, accès des machines agricoles et évacuation des productions).

Le diagnostic sur un périmètre devra évaluer l'existence et l'état de fonctionnalité de chacun de ces réseaux.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

Schéma type d'un périmètre irrigué bien aménagé Drain primaire

L e p é r i m è t r e a i n s i s c h é m a t i s é e s t c o n s t i t u é d e 4 b ie f s i n d é p e n d a n t s ( b i e f 1 ( p a r c e l l e s 1 à 5 ) , b i e f 2 ( p a r c e l l e s 6 à 1 0 ) , b i e f 3 ( p a r c e l l e s l i a i 5 ) e t b ie f 4 ( p a r c e l l e s 1 6 à 2 0 )

T e c h n i q u e d e R i z i c u l t u r e » , M a r c L a c h a r j ^ 2 0 0 i

Digue de protection ► Drain primaire

Parcelle 15 ilIParcelle 16

• y ^ ,

1.2. Eléments pour un diagnostic du périmètre

1.2.1 Avant aménagement

Le choix d'un terrain pour un aménagement rizicole doit être fait selon certains critères afin de limiter son coût et d'assurer sa pérennité à long terme. Les facteurs à prendre en compte sont :

> Le type de sols > La topographie > La profondeur de la nappe phréatique (surtout si elle est salée) > La salinité du sol avant culture > La possibilité de drainage (exutoire pour les drains)

1,2.1.1 Le type de sols : On recherchera pour les aménagements rizicoles les sols les plus imperméables possibles (perméabilité inférieure à 10* m/s). Des perméabilités supérieures obligeraient à de trop fortes consommations en eau. Dans la pratique on choisira les sols de type «Hollaldé». (On peut réaliser des périmètres rizicoles sur des sols plus légers voire sablo-limoneux sans consommation excessive d'eau, les pertes par percolation étant évidemment liées à la structure du sol, mais également à la réalisation de la semelle de labour pendant les travaux culturaux).

Des mesures de perméabilités peuvent être facilement réalisées sur place. ______________________

î. Creuser un petit trou d'environ 20 cm de profondeur (éventuellement à la tarière), 2. Le remplir plusieurs fois et baisser l'eau s'infiltrer totalement. 3. Le remplir une dernière fois et mesurer la vitesse de descente' de l'eau : Sa vitesse d'infiltration.

Dans un sol déjà saturé en eau, s'il faut plus de lOh pour que le niveau de l'eau dans le trou baisse de 1 cm, on peut dire que le terrain est apte à Sa riziculture.

Les sols plus perméables (perméabilité supérieure à 10"6 m/s) pourront être aménagés pour des cultures de diversification.

Les sols les plus favorables à la riziculture sont en général localisés dans les cuvettes.

1.2.1.2 La topographie La topographie de la zone devra être la plus plane possible pour éviter les travaux lourds d'aménagement. Il faut éviter en particulier les zones à micro relief important.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharrne 2001

1.2.1.3 La profondeur de la nappe phréatique La nappe phréatique, souvent salée, surtout dans le delta, ne doit pas être affleurante ni à faible profondeur (< 1 m) car des remontées salines sont à craindre après la mise en culture du périmètre. Pour une nappe phréatique inférieure à 2 m de profondeur, il faudra obligatoirement prévoir dans le plan d'aménagement un réseau de drainage permettant de rabattre cette nappe ou d'éviter sa remontée. En effet, la riziculture, par les apports d'eau quelle implique, aura tendance à relever le niveau de la nappe phréatique ou à accentuer la salinité dans les zones extérieures à la sole rizicole submergée par effet de piston. Ceia crée des risques potentiels importants sur les cultures de diversification situées à côté de la sole rizicultivée. Enfin une nappe phréatique peu profonde créera des problèmes de portance pour les machines agricoles. Des sondages de profondeur de la nappe peuvent facilement être réalisés sur la zone à aménager.

1.2.1.4 La salinité avant culture Un sol déjà salin est un indicateur d'un problème de drainage avant aménagement. Si cette salinité n'est pas trop importante, elle peut ne pas être limitante pour la production rizicole à condition que certaines mesures en particulier de- drainage soit réalisées. L'aménagement devra dans ce cas absolument prévoir un réseau de drainage.

1.2.1.5 La possibilité de drainage II conviendra avant aménagement de prévoir un exutoire pour les eaux de drainage (drainage superficiel pour les vidanges de parcelles et drainage profond). Si un exutoire naturel n'existe pas, i! faudra envisager un pompage des eaux de drainage.

1.2.1.6 Aptitude des sois Unités cartographiques Géomorphologie Types de sois Aptitudes Drainage Observations

Fondé hïautes levées Terrasses marines Quelques deltas de rupture

Sols peu évolués hydromorphes

Polyculture-maraîchage Arboriculture {sauf terrasses marines}

Pas de drainage Sols très sableux sur terrasses marines situées entre les dunes

Fondé salé • Cordon littoral arasé Sols salins à horizons superficiels friables

Polyculture Maraîchage

Pas de drainage irrigation de lessivage

Unité peu représentât:, près de Keur macène

Faux Hollaldé Deltas de rupture de levées Quelques petites levées

Pseudogleys Quelques sols peu évolués et vertiques

Polyculture Riziculture

si polyculture, drains peu serrés, (espacement de 140 i 180 m) Pas de drainage pour le riz

Faux Hollaldé salé Levées fluvio-deltaïques Sols salins acidifiés non différenciés

Polyculture Riziculture

drains peu serrés, (espacement de 140 à 180 m)

Hollaldé peu ép^is Cuvettes Quelques parties basses de levées fluvio-deltaïques

Gley Quelques sols peu évolués vertiques

Riziculture Polyculture éventuellement

Drains moyennement serrés Si polyculture espacement de SO à 120 m Si rizicuUure espacement de 140 à 180 m

Couche drainante pussibk' entre 20 et 50 cm

Holiadc peu épais salé Cuvettes Quelques levées fluvio-deltaïques

Sols salins acidifiés peu acides Gley salés

Riziculture (double culiure recommandée)

Drains très serrés. Espacement 40 à 65 m.

Couche drainante possible entre 20 et 50 cm

Hollaldé épais Cuvettes et petites levées Veitisots Gley Association vertisols + gley

riziculture Drains serrés Espacements 140 à 180 m

Couche drainante possible à plus de 60 cm. Efficacité ê\x drainage non garantie sur argile > 1 m.

Hollaldé épais salé Cuvettes Quelques parties basses de cuvettes

Sols salins acidifiés peu acides et très acides Gley salés

Riziculture (double culture recommandée)

Drains très serrés. Espacemen! 40 à 65 m.

Couche drainante possible à plus de 60 cm Efficacité du drainage non garaMie sur argile > 1 m.

Non irrigable Levées sub actuelles Dunes de sable rouge

Sols peu évolués Sols brans isohumiques

Non irrigable ou cultures de « dioré »

(données BDPA)

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

1.2.2 Quelques règles à suivre lors de l'aménagement

1.2.2.1 Sur le plan du périmètre Le plan de V aménagement devra tenir compte de la topographie de la zone à aménager afin de limiter le plus possible les déplacements de terre. Un plan topographique de la zone à aménager est donc une condition préalable à tous travaux.

> Les canaux devront de préférence être implantés sur les parties hautes du périmètre. > Les drains devront suivre les talwegs, (zones d'écoulement naturel des eaux pluviales). > Les diguettes séparant les parcelles devront suivre les courbes de niveau.

Enfin pour faciliter les travaux mécanisés futurs (travaux des sols, traitements et moissons) il conviendra de privilégier, si possible, des parcelles très longues. Toutefois, la superficie des parcelles ne devra pas excéder 12 ha car la gestion de l'eau devient une contrainte techniquement très difficile à gérer.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

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ttVAW.

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H:*:-

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1.2.2.2 Sur le dimensionnement des ouvrages

Les ouvrages d'irrigation : Compte tenu des besoins de pointe et de l'efficience des réseaux, le débit d'équipement est compris entre 2,4 (sols Hollaldé épais) et 2,9 Us/ha (faux HoUaldé). L'ensemble des ouvrages et équipements d'irrigation devra être dimensionné selon ces valeurs.

Pour la station de pompage et pour le canal principal, cela donne globalement les valeurs suivantes Débit horaire des ouvrages (en m3/h) Taille du périmètre Fonctionnement 24h/24 Fonctionnement 1 Oh/24 HoUaldé épais Faux Hollaldé Hollaldé épais Faux Hollaldé

2 ha 16 20 40 50 5 ha ■40 50 100 125 10 ha 80 100 200 250 20 ha 160 200 400 500 50 ha 400 500 1000 1250 100 ha 800 1000 2000 2500

Les ouvrages de drainage : II conviendra de s'assurer que toutes les parcelles peuvent être vidangées pour une gestion facile des cultures. Le périmètre devra au moins disposer d'un réseau de drainage superficiel avec un exutoire.

Pour le réseau de drainage profond, les normes admises sont les suivantes : Pas de drainage pour le riz (Pas de polyculture au moins pendant quelques années) Riziculture : drains espacés de 140 à 180 m Polyculture : espacement des drains de 80 à 120 m Riziculture : espacement des drains de 140 à 3 80 m (Pas de polyculture au moins pendant quelques années)

Riziculture : drains espacés de 40 à 65 m Pas de'polyculture : sols trop peu perméables Riziculture : drains espacés de 140 à 180 m

Pas de polyculture : sols trop peu perméables et difficiles à désaliniser Riziculture : drains espacés de 40 à 65 m

Le réseau de drainage profond est donc très contraignant pour les Hollaldé peu épais salés et les Hollaldé épais salés. Dans ce cas, la largeur des parcelles ne devra pas être supérieure à l'espacement entre drains.

Exemple d'aménagement type des parcelles :

1) cas d'un Hollaldé salé

Y

Réseau d'irrigation

'A(\h fiS fn.

Réseau de drainage (collecteur)

..^ Vers exutoire

11 Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

Faux Hollaldé : Faux Hollaldé salés :

Hollaldé peu épais :

Hollaldé peu épais salé :

Hollaldé épais :

Hollaldé épais salé :

2) cas d'un Hollaîdé non salé

canal principal

( Parcelle) Canal secondiye

h > m Drain secondaire ^ __

H- ^ n i h . u t i

<- _+. Y

^ II Réseau de drainage (collecteur) Vers exutoire

140 à 180 m maximum

Profondeur des drains : La profondeur des drains dépendra de la topographie. Ils nécessitent une légère pente pour pouvoir évacuer les eaux de drainage vers l'exutoire. Pour rabattre la nappe phréatique à une profondeur suffisante limitant les remontées capillaires, ils devront avoir une profondeur minimale de 1 m.

Exemples de drains

Diguette Drain secondaire entre parcelles Diguette

Drain collecteur

Piste Diguette Parcelle / \ -----------------/ \------ .

\

Profondeur de 1,5 m minimum \

0,60 m

J'ente d'environ 3/2

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001 12

Parcelle Parcelle

1.2.3 Sur un aménagement déjà existant II sera dans ce cas nécessaire de poser un diagnostic sur le fonctionnement du périmètre avant toute action d'amélioration. Les points à aborder seront :

Point généraux Points particuliers j Objectifs 1. L'existence d'un plan du périmètre a) Topographie générale du périmètre

Présence des points hauts et des points bas Zones d'écoulement préférentiel des eaux de superficie et sous-terraines. Zones hautes difficilement irrigables

b) Taille des parcelles Adéquation de la taille des parcelles avec la mécanisation

c) Emplacement des canaux d'irrigation

d) Emplacement du drainage

Vérifier l'adéquation du plan du périmètre avec la topographie. Faut-il prévoir des travaux lourds de nouveaux canaux d'irrigation, de drain et de modification du parcellaire ? Un plan bien fait du périmètre permettra à terme une gestion plus facile des cultures.

En règle générale, que ce soit pour la création d'un nouveau périmètre ou pour l'amélioration d'un périmètre existent, la réalisation d'un plan topographique est une condition préalable. 2. Types de sols a) Aptitude des sols pour la riziculture

Plan pédologique du périmètre selon les types de sol : Fondé, faux Hollaldé, Holiaidé peu profonds et Hollaldé épais

Diviser le périmètre en zones rizicoles et en zones de polyculture.

b) Salinité des sols Salinité générale du périmètre et/ou existence de poches de salinité. Profondeur de la nappe phréatique

Evaluer le problème de salinité et les besoins de drainage profond

3. Le réseau d'irrigation Site de pompage La motopompe Tuyaux d'aspiration et de refoulement

a) La station de pompage

Bac de réception

Adéquation du débit de la motopompe par rapport aux besoins du périmètre. Installation correcte en recherchant la meilleure efficience

Taille / débits nécessaires Pente Perméabilité Présence de fuites

b) Les canaux d'irrigation c) (principal et secondaires)

Etat d'enherbement

Adéquation du débit des canaux par rapport aux besoins, conductibilité hydraulique maximisée et recherche pour limiter toutes les pertes par percolation et/ou fuites.

d) Les répartiteurs Existence ou non e) Les bouches d'irrigation Existence ou non

Améliorer la facilité de gestion automatique de l'irrigation

4, Les parcelles Planage Orientation par rapport à la topographie dénivelé par rapport aux parcelles voisines Accessibilité Facilité d'irrigation

a) Pour chaque parcelle

Facilité de vidange

Recherche d'une facilité de gestion de chaque parcelle pendant les cycles culturaux et économies d'eau.

b) Les diguettes Etanchéité Limitation des pertes en eau et élimination des zones non cultivées et inondées.

5. Le drainage a) Existence ou non Adéquation du drainage avec les types de sols

(espacement des drains) Evaluer la nécessité de la mise en place d'un réseau de drainage

Exutoire b) Le collecteur principal Profondeur, taille, état d'enherbement

Facilité d'évacuation des eaux de drainage et de vidange des parcelles.

Distance entre drains c) Les drains secondaires Profondeur, taille, état d'enherbement

Facilité d'évacuation des eaux de drainage et de vidange des parcelles.

6. Le réseau de pistes Pistes inondées et impraticables Etat des pistes Passage des drains et canaux d'irrigation

Rendre l'accès aux parcelles possible même en pleine campagne rizicole

7, Protection du périmètre Digue de protection Périmètre inondable ou non, en totalité ou

partiellement Protection des zones inondables du périmètre

13 « Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

Le diagnostic permettra de définir les améliorations à apporter au périmètre. Il s'ensuivra des décisions à prendre sur des travaux plus ou moins importants de réhabilitation.

Un planning des travaux sera réalisé pour la réhabilitation. Ces travaux pourront être différés sur plusieurs années sachant que :

Pour le réseau d'irrigation il convient de commencer par l'amont (canal principal) Pour le drainage il convient de commencer par l'aval (exutoire et collecteur principal)

. Certains travaux peuvent être réalisés en parallèle : " Réalisation d'une digue de protection et creusement de collecteurs principaux

- Creusement de collecteurs principaux et réalisation de pistes - Creusement de drains secondaires et réhabilitation de diguettes. - etc..

L'exploitant pourra profiter de la saison sèche pour réaliser ces travaux soit en passant par des entreprises, pour les travaux les plus importants, soit en les réalisant lui-même.

2. Quelques conseils sur les aménagements

2.1 Le plan général du périmètre

Souvent les producteurs ont accru la taille de leurs périmètres par des extensions successives avec une complication des réseaux d'irrigation et une diminution de la facilité de vidange des parcelles. Il conviendra souvent de revoir le plan du périmètre avec les critères suivants :

Simplicité des réseaux d'irrigation et de drainage

Division en biefs indépendants (lots de parcelles séparées pouvant être ou ne pas être irriguées sans répercussion sur les lots de parcelles voisins)

Utilisation de la topographie de la zone (utilisation des talwegs pour les réseaux de drainage, des lignes de points hauts pour les réseaux d'irrigation, parcelles en longueur perpendiculairement aux pentes principales).

2.2 La station de pompage

2.2.1 Choix des groupes moto pompes

Le choix des moto pompes devra être réalisé en fonction des besoins du périmètre (voir 1.2.2.2). Il conviendra de s'orienter vers des marques disposant de représentants sur place de façon à pouvoir acheter les pièces de rechange.

Le choix des moteurs Des moteurs diesels

Des moteurs adaptés à la pompe : il est indispensable pour leur durée de vie qu'ils fonctionnent en régime normal. Il faut absolument éviter de les faire fonctionner en sur régime. Des moteurs à refroidissement par eau peuvent être conseillés dans les conditions de très fortes . températures comme la Mauritanie, (en utilisant l'eau de pompage pour refroidir le moteur)

Le choix des pompes En règle générale, les pompes seront centrifuges. Toutefois, dans les zones où les hauteurs de pompage sont faibles (inférieures à 1,5 m), il conviendrait d'installer des vis d'Archimède qui ont un meilleur rendement.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

2.2.2 installation de la motopompe

Une bonne installation de la moto-pompe peut avoir des répercussions très importantes sur son efficience et sa durée de vie.

Tuyau d'aspiration : - Adapter ie diamètre des tuyaux aux caractéristiques de la pompe - Eviter absolument toute contre pente (pas de point haut) - Eviter les coudes trop serrés. - Eviter toutes fuites à l'aspiration.

Tuyau de refoulement - Adapter le diamètre des tuyaux' aux caractéristiques de la pompe - Eviter les coudes trop serrés, (pertes de charge) - Eviter toutes fuites

Lieu de pompage - Eviter les zones trop enherbées

et \ peu profondes i - Placer la crépine verticale

Groupe motopompe : - Adapter ie débit du groupe aux besoins du périmètre - Adapter la puissance du moteur aux besoins en puissance delà pompe - Placer ia motopompe bien horizontalement sur le sol (pour un graissage correct du moteur). Si possible, construction d'une dalle. - Placer ta pompe le plus près possible du niveau de l'eau : hauteur d'aspiraiion minimale. Cela permet d'optimiser le rendement de ia motopompe. - Piacer ia motopompe dans un endroit aéré et si possible ombragé (rendement amélioré). La construction d'un abri oeut être Judicieuse

15 « Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

2.2.3 Le bassin de réception

Un bassin de réception sera installé pour réceptionner les eaux de pompage avant envoi dans le canal principal. Iï pourra être construit en parpaings pleins avec enduit intérieur au mortier de ciment dosé à 400 kg/m Une attention particulière sera donnée à l'assise du bassin et au parafouille à l'extrémité aval du revêtement du canal. Le bassin de réception pourra être équipé d'un système de filtration des eaux de pompage pour lutter contre l'infestation du périmètre par les adventices pérennes (typha et cypéracées)

Schéma type d'un bassin de réception :

iilil

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001 16

Grilles de

' ^^ V^ ^^ V^* ^X 1 V^ ^^ W^ V^

Mur du bac en parpaings pleins

Base du bac en béton armé avec fondations

2.3 Le réseau d'irrigation

2.3.1 Le canal principal

dimensionnement : La taille du canal principal dépendra du débit à transporter et de la pente.

Exemple de canal principal (Canal avec relevé de terre : pentes des talus 3/2. débit selon la pente mais avoisinant 100 1/s)

4,45 m

2,45 m

A Gurila de \j/ 2!) a 25 LTI

Pente 3

0,5 m

^ - 6,85 m - ^

Normalement, les pentes des canaux étant assez faibles et la terre servant à leur confection étant très peu perméable, il n'y a pas lieu de les cimenter ou de les recouvrir d'une bâche imperméable. H conviendra toutefois de veiller à l'état général du canal :

> Fuites à réparer (galeries de rongeurs etc...) > Enherbement limitant fortement l'écoulement de l'eau > Erosion des talus > etc....

2.3.2 Les répartiteurs d'eau

Les répartiteurs sur le canal principal doivent servir à automatiser la distribution de l'eau selon les différents biefs du périmètre. Us permettront de faire des économies à la fois d'eau et de main d'œuvre.

Plan en coupe

Vanne de réglage de débit

Canal principal

17 « Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

Canal secondaire

2!3.3 Les canaux secondaires

Les canaux secondaires seront réalisés en terre, soit en très légère élévation soit au niveau du sol des parcelles. Leur taille dépendra de la superficie des biefs à irriguer par ces secondaires.

2.3.4 Prise d'irrigation à la parcelle

Chaque parcelle ou groupe de parcelle sera alimenté en eau par une prise d'irrigation.

Vers paîo le irriguée

Coupe transversale

PE Amont Vannettes métallique

l ) •

-------------------------------------------------i . ,

' 1 ■ : ■ ■ . . : . ■ ■ ■ ■ • • • ■ ■ ■ i l

!

PEaval

..J...L

\ ^^ Parcelle

VJ

Répartiteurs et prises d'eau à la parcelle permettent une irrigation automatisée des parcelles.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001 18

- . . ; . . ■ - ■ ■ ■ . . . " ■ ■ ■ . - ■ ■ * ■ ■ - . - . - i ■ ■ . . - 4 - ■ : :

2,4 le réseau de drainage

II est très fréquent dans les périmètres aménagés que le réseau de drainage et le réseau d'irrigation ne forment qu'un seul réseau : Les canaux d'irrigation ayant une côte inférieure aux parcelles servent à leur vidange. Si ce mode d'aménagement a l'avantage d'être peu coûteux, il pose un certain nombre de problèmes : >

II ne s'agit que d'un drainage très superficiel alors que pour de nombreux périmètres un drainage profond devrait s'imposer.

y II est pratiquement impossible de vidanger certaines parcelles sans arrêter l'irrigation. Cela rend la gestion de l'irrigation impossible (voir chapitre « gestion de l'irrigation des rizières »)

II convient donc de s'orienter pour chaque périmètre vers la conception de réseaux de drainage indépendants des réseaux d'irrigation. Le choix drainage profond ou drainage superficiel sera fait en fonction du type de sols (voir 1.2.2.2) ainsi que la profondeur et l'écartement des drains. Il y aura lieu enfin de trouver un exutoire pour les eaux de drainage. Pour les périmètres installés dans les zones très basses il conviendra d'étudier la nécessité de pompage des eaux de drainage pour permettre aux drains d'atteindre une profondeur suffisante (minimum 1,2 m pour les drains principaux).

Le creusement des drains sera réalisé à la pelle hydraulique. Les excès de terre pourront servir à monter les canaux (canal principal et canaux secondaires), à surélever les voies d'accès et à monter des diguettes. Il y a donc lieu dans le plan du périmètre de placer le réseau de drainage près de ces autres ouvrages.

Exemple de collecteur principal

Canal Collecteur Piste Diguette Parcelle 6,00 m______

Dramaggjsous- terrain

-...............

Exemple de drain secondaire

Parcelle Diguette Drain secondaire Diguette Parcelle

19 « Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

2.5 Le réseau d'accès aux parcelles

2.5.1 Les pistes

II y aura lieu de prévoir un réseau de pistes permettant d'atteindre au minimum chaque bief d'irrigation (lot de parcelles irriguées conjointement). Ces pistes devront pouvoir être accessibles en tout moment de la campagne de culture : Pour cela, elles doivent être légèrement surélevées par rapport au niveau des parcelles d'irrigation (d'environ 30 cm). Dans le cas de la mise en place d'un réseau de drainage profond, elles devront suivre ce réseau de drainage (cf. 2.4 exemple d'un collecteur principal).

2.5.2 Les ouvrages de franchissement (drains et/ou canaux d'irrigation) Selon le plan du périmètre, II pourra y avoir lieu de prévoir des ouvrages de franchissement :

Franchissement de piste sur des drains ou sur des canaux d'irrigation. Franchissement de canaux d'irrigation. Ces

ouvrages devront être conçus avec soin.

Exemple de franchissement d'un drain principal par une piste :

Buse enterrée ■ \=" ; ■ "; '■ -:■ :..'

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piste

. DJeiwtte

Parcelle Parcelle

Niveau de la piste

Niveau des parcelles 30 cm

Niveau du plancher du drain

~- | Buse enterrée, passage /\ des eaux de drainage

Soubassement en béton de support des buses

Les ouvrages de franchissement des canaux d'irrigation seront conçus sur le même modèle.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lachanne 2001 20

\ I

2.6 Les parcelles

2.6.1 Planaqe des parcelles

Les avantages d un bon planage des parcelles : avantages observations Une gestion optimale de la lame d'eau selon le cycle de la plante

Cf chapitre « gestion de l'irrigation » : meilieure gestion de l'eau au semis d'où une densité d'implantation optimale de la culture limitation des phénomènes de verse suite à une lame d'eau trop importante

De grandes économies d'eau Les apports correspondent aux besoins de ia culture. Il n 'y a pas lieu cte faire des apports très importants pour s'assurer une submersion complète de la parcelle.

Une plus grande facilité de vidange des parcelles Un planage correct permet d'éviter les cuvettes au centre des parceljes.

Un meilleur contrôle de l'ertherbement Cf chapitre « le désherbage des rizières » Un meilleur contrôle des attaques de Borer Le Borer (foreur des tiges) fait des dégâts pius importants

dans les zones exondées.

IJne bonne parcelle rizicole doit donc avoir un planage le plus parfait possible. En pratique les dénivelés dans une même parcelle ne doivent pas dépasser 2 cm. Un objectif maximum de 5 cm doit être fixé. Les méthodes de planage seront abordées dans le chapitre « travail du sol ».

2.6.2 Taille et forme des parcelles

Les parcelles devront être conçues pour faciliter les travaux mécanisés (labour, traitements, moissons etc.). Il est donc préconisé des parcelles relativement longues et étroites. Leur superficie ne devrait pas être inférieure à 1 ha et supérieure à 12 hectares (en fait, elle se situe souvent autour de 2 à 3000 m2, ce qui est très faible)

Pour un nouveau périmètre : Réaliser le plan du périmètre avec des parcelles perpendiculaires aux courbes de niveau : Cela limitera fortement les volumes de terre à déplacer pour le planage.

DigueUe en courbe de niveaux

Volume de terre à déplacer

Pente initiale

Largeur maximale des parcelles à constituer : En considérant des diguettes installées selon les courbes de niveaux, la largeur des parcelles devra être la suivante :

Pente du terrain Largeur maximale des parcelles 0,5 pour mille 100 m 1 pour mille 50 m 2 pour mille 25 rn 3 pour mille 18m 4 pour mille 12,5 m 5 pour mille 10m

Des pentes supérieures à 5 pour mille nécessiteront soit des travaux de planage importants soit la réalisation de micro parcelles.

21 « Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001

Il faut aussi prendre en compte la disposition de la parcelle par rapport à la direction du vent desséchant ; une longueur de la parcelle perpendiculaire à la direction du vent permet de limiter les pertes par évaporation et les mouvements d'eau préjudiciables à la germination et à la survie des jeunes plantes

Pour un ancien périmètre : II y aura lieu en fonction des dénivelés entre parcelles d'étudier la possibilité de réunir plusieurs parcelles entre elles en détruisant des diguettes afin d'arriver à une taille acceptable. Des parcelles de dénivelé supérieur à 2 cm ne devront toutefois pas être réunies.

De la même manière, si au sein d'une même parcelle le dénivelé entre le point le plus haut et te point le plus bas dépasse 5 cm il y aura lieu d'étudier soit la réalisation d'un nouveau pianage soit la division de la parcelle en deux.

2.6.3 Déplacement de l'eau entre les parcelles

II peut être réalisé soit par des bouches d'irrigation pour chaque parcelle soit par un déplacement d'eau de parcelle à parcelle d'un même bloc d'irrigation.

Un système avec des tuyaux enterrés dans les diguettes peut permettre de s'assurer un niveau constant de i'eau dans les parcelles.

Les tuyaux seront plus ou moins nombreux selon les volumes d'eau à déplacer de parcelles à parcelles sachant qu'il ne devra s'écouler qu'un faible débit dans le drain Pour ies parcelles en semis direct, des tuyaux devront être placés à différentes côtes pour assurer des niveaux différents selon la période du

cycle du riz.

Un tel système est à recommander en particulier dans les zones salées car il permet un mouvement d'eau permanent de parcelles à parcelles ce qui limite les phénomènes de concentration de sels dans la lame d'eau.

3. Conclusions sur les aménagements

Un périmètre rizicole parfait n'existe pas. Le producteur devra en fonction des problèmes rencontrés sur son périmètre tenter chaque année de trouver des remèdes et améliorer son fonctionnement hydraulique. Il doit donc s'agir d'un travail d'amélioration constante de son capital foncier.

Si certaines améliorations demandent des investissements élevés, d'autres améliorations sont peu coûteuses et peuvent fortement faciliter le travail du producteur.

Celui-ci doit mettre à profit l'ensemble de la saison sèche pour entretenir et améliorer son périmètre.

« Manuel Technique de Riziculture », Marc Lacharme 2001 22

Irrigation de la parcelle i i parcelle amonj

Evapo transpiration

A A (Passage de i'eau de parcelles àparcdïes)

A Canal

Tuyaux enterrés à !a bonne côte dans les diguettes :

Drain