· ché, il suffit de changer le titre et de le ... humanité de l’homme contre l’homme. ......

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IS THE FATHER BLACK ENOUGH? (1972)Quand un film ne marche pas sur un mar-ché, il suffit de changer le titre et de le relancer sur un autre. Ceci est un exemple classique de ce mantra de l’exploitation, surtout que The Night of the Strangler s’y prêtait vraiment. Une fille blanche, de riche famille de la Nouvelle Orléans se fait mettre en cloque par son amant noir, chose que son frère Vance (joué par l’ancien Monkee Mickey Dolenz) n’a pas l’air de condamner, alors que son autre frère ra-ciste Dan (James Ralston, futur musicien de Tina Turner) exige qu’elle avorte. En-suite le couple fautif est assassiné, ce qui entraîne une série de meurtres qu’un flic et un prêtre noir essaient d’élucider. S’adres-sant au public de films d’horreur, cette friture Deep South fit un bide atroce, chose que le réalisateur Joy N. Houck Jr. était bien placé pour savoir, puisque sa compa-gnie de production/distribution Howco In-ternational avait 200 salles au Texas et en Géorgie qui l’avait programmé. La vogue était à la Blaxploitation, alors Houck (dont le père a produit Mesa of Lost Women en 1953 et The Brain from Planet Arous en 1957) a tenté de donner à son polar un air Afro-Américain. Cela n’a pas marché non plus, et après avoir essayé deux autres titre (Dirty Dan’s Women et The Ace of Spade) il a finalement jeté l’éponge.

LES NEGRIERS (FAREWELL UNCLE TOM) (1971)Dans l’étonnant Addio Zio Tom / Goodbye Uncle Tom, Gualtiro Jacopetti et Franco Prosperi exploraient les relations raciales dans l’Amérique contemporaine au moyen d’exemples choquants d’oppression par les Blancs, de la rageuse riposte du Black Power, mais surtout d’un fascinant voyage à travers le temps dramatisant l’esclavage et ses atrocités. Sans aucun doute possible l’un des films les plus honnis et les plus incompris jamais réalisés parce qu’il mé-langeait réalité et fabrication - mesure que le duo de Mondo Cane jugeait nécessaire pour rendre dans sa chair même l’histoire brutale de l’esclavage en Amérique – cette chronique monumentalement provocatrice lorgne du côté du journalisme d’investi-gation à la Peter Watkins, mais sous une forme réinventée. Après s’être fait clouer au pilori durant des années pour montrer et recréer l’innommable, les parrains italien du « chocumentaire », que Pauline Kael a un jour qualifiés de « peut-être les ci-néastes les plus sournois et irresponsables de tous les temps », avaient délibérément décidé de se mettre à la hauteur du défi artistique et de peindre avec rigueur l’in-humanité de l’homme contre l’homme. Leur recréation de la vie sur les planta-tions était à la fois épique, historiquement juste et politiquement profonde, le tout sur une musique ébouriffante de Riz Ortolani. Nicolas Winding Refn a repris le morceau du générique «Oh My Love» chanté par Katyna Ranieri sur la bande son de Drive (2011). Si vous voyez ce film, il restera gravé à jamais dans votre mémoire.

THE LOVE PIRATES (1970)Filmé à Hong Kong par le vétéran du film de cul Barry Mahon, le titre de tra-vail en était Dr. Foo and the Love Pirates. Mais le temps que la première ait lieu à New York au début janvier, Dr. Foo était devenu Captain Fu, et son nom enlevé entièrement de l’affiche à cause des cinq films de Fu Manchu sortis entre temps, tous avec Christopher Lee. Fu était joué ici par Brad F. Grinter, l’acteur/réalisateur de Blood Freak (1972) et de Flesh Feast (1970). Il est capitaine d’une jonque sur la Mer de Chine, avec un équipage ex-clusivement composé de filles orientales ravissantes. Avec l’aide de son compère bossu, Fu s’est rangé de son proxénétisme en mer pour la plus lucrative profession du kidnapping. Même si ses victimes sont d’habitude des marins étrangers, il a l’in-tension d’enlever Melodie (Ruth Wong), la superbe fille d’un riche marchand, pour une rançon conséquente. Se faisant passer pour Lin, son amant secret, Fu attire Me-lodie loin de la maison de famille et dans ses griffes d’infâme sadique. Après avoir lu la lettre de rançon, Lin s’embarque à la poursuite de Fu et de sa jonque dans l’es-poir de pouvoir sauver Melodie avant que le capitaine puisse se la faire en privé dans sa cabine. Lin monte à bord de la jonque, étrangle le bossu et tue Fu au terme de la bagarre finale.

LE CROCODILE DE LA MORT (HORROR HOTEL) (1977)Encore connu sous les titres Death Trap, Eaten Alive!, Starlight Slaughter, Murder on the Bayou et Slaughter Hotel, une fois Tobe Hooper propulsé sur la carte du massacre de choc par Massacre à la Tronçonneuse en 1974. Dans celui-ci, son deuxième film, l’inévitable méchant de cinéma Neville Brand s’en paye une tranche en propriétaire d’hôtel psycho-cin-glé en Louisiane qui décime le reste de la distribution – y compris Marilyn Burns, de Texas Chainsaw Massacre, que l’on voit au premier plan de cette affiche – et jette leurs cadavres au crocodile domesti-qué qu’il garde dans le marais avoisinant. Inspiré des exploits de l’assassin du temps de la Prohibition Joe Ball (encore connu comme le Barbe Bleue du sud-Texas), ceci explique en partie les problèmes que Hoo-per a eu avec son producteur Mardi Rus-tam (Psychic Killer, 1975. En fait, le chef opérateur Robert Camico (The Cremators, 1972) a dirigé plusieurs séquences à cause des disputes entre les deux hommes, tout ceci selon le chef maquilleur Craig Rear-don, qui allait travailler sur une autre production en péril de Hooper, Poltergeist (1982). Est-ce que ces changements de titres sans fin et la mauvaise distribution du film étaient une revanche délibérée de la part de Rustam? Cela se peut bien, parce que cette tranche de Bayou Gothic n’a jamais eu la réputation qu’elle méritait.

REPULSION (1965)Le premier film en langue anglaise du cinéaste polonais Roman Polanski était une captivante étude sur une passion psy-cho-sexuelle qui bénéficiait d’une extraor-dinaire prestation de ce parangon du chic parisien de l’époque, Catherine Deneuve. Elle jouait une esthéticienne belge habitant South Kensington en plein Swinging Lon-don, qui sombrait dans un monde privé de fantasmes meurtriers - chute qui culminait sur des images d’illusions surréelles, et des scènes de mort remarquablement mises en scène. Tout ceci était suggéré par l’affiche officielle anglaise qui montrait une sil-houette de femme recroquevillée, peinte dans un style naïf dans les tons bleutés avec, découpée au milieu du torse, une main qui étrangle. C’était une affiche qui reflétait les publicités clamant « Violence et Sensualité chez une Fille Pas Encore Eveillée ». Cette affiche amateur est une tentative encore plus naïve pour exciter la curiosité, car elle dit carrément ce qu’est le film –« Un thriller psychologique » – tout en oubliant l’apostrophe dans l’accroche: « You won’t Want to Miss ». Les deux points rouges semblent avoir été rajoutés à la dernière minute, mais collent en fait assez bien au concept 3D. On ne men-tionne évidemment aucun des prix inter-nationaux remportés par le film, comme l’Ours d’argent et le Grand Prix du Jury au festival de Berlin. Mais les grouillots qui ont pondu ce poster sur place n’en avaient sûrement pas connaissance; il est même probable qu’ils n’avaient pas vu le film.

THE DEMONS (1972)Le prolifique cinéaste d’exploitation Je-sus/Jess Franco n’était pas étranger au circuit « grindhouse », avec plus de 180 toiles à son actif. Diplômé en droit, avide fan de jazz, romancier, et célèbre pour son goût pour tout ce qui est érotique, Franco a autant d’admirateurs que de détracteurs pour son approche pragmatique du ci-néma, qui frise souvent le bricolage. Le nombre déroutant de titres différents qui s’attachent à chacun des ses films, sans parler des alias qu’il utilise, ainsi que les scènes de violence ou de sexe extraites de ses vieux films qu’il remet au goût du jour dans ses nouveaux, tout cela veut dire que cette affiche pirate colle parfaitement à l’éthique de travail de Franco – d’autant qu’il s’agit ici d’une extension des exploits du pourfendeur général de sorcières, Judge Jeffrey, qui sévissait dans Night of the Blood Monster (1969), bonnes sœurs mal-menées à l’appui. Il est clair que l’affiche a été dessinée après Noël 1973, date de la sortie américaine de L’ Exorciste et de ses prouesses au box-office. Est-ce un point d’exclamation à la Thalidomide qu’on voit après « L’ Exorciste »? L’histoire ici est familière – celle d’une famille d’aristo-crates maudite par une sorcière qu’ils ont fait condamner à mort. Les démons du titre sont les deux filles de Lady de Winter, qui apparemment vont réaliser l’antique pré-diction. On les découvre dans un couvent où elles sont toutes deux devenues nonnes. Margaret est nymphomane et s’adonne à ses fantasmes érotiques sous l’influence de Satan dans cette version fauchée du film de Ken Russell, Les Diables (1971).

THE MASTER PIECE (1970)« Un regard fouillé sur Hollywood par la bande » et un « Coup de maître-queue du divertissement pour adulte »! Qui d’autre que ce vétéran de la « sexploitation », David Friedman (caché derrière le cartel connu comme les Quarante Voleurs) aurait pu inventer une campagne publicitaire et une captivante affiche pop-art psychédé-lique pareilles? Sa compagnie, Entertai-ment Ventures Incorporated, distribuait ce Sunset Boulevard au rabais et à poils de chatte, qui allait jusqu’à donner le même prénom au personnage principal. On ouvre sur la superstar hollywoodienne Norma Sands (Lisa Grant), au lit avec sa dernière conquête Robert Sinclair (Forman Shane), en train de lui dire comment elle entend se disculper d’avoir tué son dernier met-teur-en-scène et amant Ramon Wellman (Lawrence Adam), qu’elle a surpris en train de baiser une starlette nommée Janet (Kay Mills). Ce Hollywood Babylon du pauvre signé Lee Van Horn est un chau-dron à noms de plume, puisque pratique-ment tout le monde devant et derrière la caméra se cache derrière des pseudos. Que savaient-ils de cette histoire de crime pas-sionnel pour se masquer derrière des noms comme Clip Fabré (pour le monteur)? Le directeur photo a pourtant gardé le sien (Gil Hubbs) et a persévéré suffisamment pour éclairer l’as du kung-fu Bruce Lee dans Opération Dragon. Ici il s’assure seu-lement que tout soit « illustré en couleurs incisives », spécialement les slips des ac-teurs maintenus en position rigide pendant qu’ils tournent autour du pot.

BLACK STARLET (1974)Après avoir fait son apprentissage dans trois films d’exploitation meilleurs que la norme la même année en 1974 – Willie Dynamite, Caged Heat et Foxy Brown – la panthère Junita Brown s’est mis dans la tête de devenir la prochaine Pam Grier. Cependant, cette version black du film de fesse populaire Starlet! (1969), dirigé par Chris Munger, l’immortel réalisateur de Kiss of the Tarentula (1976), n’arrivait même pas à la cheville de Coffy (1973). Brown joue Clara, qui aspire à devenir actrice et quitte les cités de Gary, India-na, pour aller chercher gloire et fortune à Hollywood. Comme on peut s’y attendre, son ascension vers le succès est pavée de braquages, trahisons et – gasp! – d’une séance de repassage, avant qu’elle tâte du divan de casting dans un dernier ef-fort pour réaliser ses rêves de vedettariat. Résultat? Sa réinvention en Carla, la hot mama à afro. Destitution, prostitution, ce conte moral plus ambitieux que les autres est une rare excursion dans la fange pour des figures familières comme Nicholas Worth (Don’t Answer the Phone!, 1980), Grandpa Munster Al Lewis et Rockne Tarkington (Son of Blob, 1972). Lors-qu’il sortit en VHS vers 1988, ce mélo fut re-titré Black Gauntlet, dans le vain espoir qu’on le prenne pour un film d’action dans la lignée de Shaft (1971).

INSIDE URSULA (1977)On a droit à tout dans ce super-obscur film hard de la Côte est qui est à peine mention-né et encore moins critiqué dans la presse corporative de l’époque. Ca commence avec l’illustre inconnue Ursula Monroe qui se fait ravager grave par trois hommes dans un fantasme jazzy déviant gentillet, qui se révèle bientôt être un rêve moite – et la raison pour laquelle une ménagère frus-trée consulte son psychiatre au sujet de son mariage sans amour. En route pour le ren-dez-vous, elle se fait sauter dessus par trois lesbiennes qui la violent avec un énorme godemiché à l’arrière d’une camionnette. Elle s’en débarrasse finalement, tuant même une ou plusieurs de ses assaillantes - ce n’est pas très clair. Son toubib freudien lui remonte le moral en l’encourageant à explorer sa sexualité au cours d’une va-riété d’aventures érotiques qui l’amènent dans un bordel tenu par une maquerelle également voyante extra-lucide très portée sur les costumes victoriens, où elle trouve finalement son mari en train d’enfiler son père à elle. Un de ses clients est un motard raciste, un flic joué par le seul acteur connu de toute la distribution – Jamie Gillis. Comme cette icône du porno était déjà en vogue à l’époque, il semble inexplicable que son nom ne figure pas sur l’affiche – même s’il est clair que le film a été filmé plusieurs années auparavant. L’indice: une des actrices, en regardant une manif pour la paix à la télé, se demande tout haut si la guerre au Vietnam va jamais finir un jour.

DEVIL’S RIDER (1970)Avec The Wild Angels (1966) de Roger Corman qui cassait la baraque, American International Pictures (qui continuait de miser sur le marché des jeunes) voulait un film dans le même genre immédiatement. Mais comme il ne voulait pas se répéter et qu’il était occupé à travailler sur un autre film qui allait changer une autre donne (The Trip, 1967), il a fait appel à son di-recteur artistique favori, Daniel Haller, responsable des somptueux décors de sa série de films d’horreur basée sur des his-toires d’Edgar Allan Poe, pour diriger ce western déguisé en film de Hell’s Angels. C’était un projet à l’identique malgré tout: après qu’un de leurs membres se fait tuer dans un accident de moto, les Skulls vont se réfugier au Hole-in-the-Wall, repaire mythique pour motards fugitifs. Ils s’ar-rêtent en route à Brookville, petit patelin assoupi d’ordinaire, mais où la kermesse bat son plein. Après quelques joints, ils se mettent à taquiner la salope locale et se retrouvent accusés de viol collectif. Les choses se gâtent nettement quand Cody, le chef du gang (John Cassavetes) se fait amocher par le shérif. Cassavetes jouait là-dedans seulement pour pouvoir continuer de financer son étonnante sé-rie de succès art et essai - Faces (1968), Husbands (1970) et Minnie & Moskovitz (1971). La musique de Devil’s Angels était de Davie Allan and the Arrows, avec Terry and the Portraits qui faisaient la chanson éponyme sur le générique.

NIGHT TIDE (1961)L’orpheline grecque Mora (Linda Lawson) est-elle une descendante du « peuple de la mer », condamnée à tuer pendant la pleine lune? Ou gagne-t-elle simplement sa vie comme fausse sirène dans une attraction foraine près de la plage? C’est ce que le pauvre marin Johnny Drake (Dennis Hop-per) doit deviner quand il tombe amoureux de Mora, malgré les avertissements sur toutes les mystérieuses noyades aux-quelles la soi-disant sirène paraît associée. L’obsédant début de Curtis Harrington est un des meilleurs films d’épouvante de la période, avec une prestation étonnam-ment placide du futur mauvais garçon Dennis Hopper, dans son premier grand rôle. Adapté d’une nouvelle non publiée de Harrington, « Les secrets de la mer », et transformé en scénario vendu à Roger Corman en 1956, le film lorgne consciem-ment du côté des classiques de Val Lewton, notamment Cat People (1942). Il a été tourné parmi les attractions foraines de la jetée de Santa Monica et le long des canaux de Venice infestés d’algues et de mauvaises herbes, pour mieux évoquer la pourriture et le désespoir. Bien que tourné en 1960 et montré en avant-première l’an-née suivante, il n’est sorti qu’en 1963 une fois que la compagnie de Corman, Film-group, l’a délivré du labo où il était bloqué par le financier principal qui voulait un retour garanti sur son investissement avant de le lâcher.

THE TIME TRAVELERS (1964)Conçu comme une suite au populaire La Machine à explorer le Temps (1960), ce classique pulp a été écrit et réalisé par le légendaire acteur danois Ib Melchior, qui a contribué à The Angry Red Planet (1959), Reptilicus (1961), Robinson Crusoe on Mars (1964), Planet of the Vampires (1965) et Death Race 2000 (1975). Consi-déré comme le meilleur film de Melchi-or, il est aussi le meilleur exemple de sa stratégie narrative favorite, qui tient à ces deux mots: « Et si ? ». Le savant allemand Preston Foster et ses deux compagnons, la miss Série B Merry Anders et le futur ha-bitué des feuilletons soap Phil Carey, sont projetés dans le temps par une machine qui les conduit dans un futur où la Terre a été dévastée par une guerre nucléaire. Là les survivants habitent dans des labyrinthes souterrains, protégés des mutants hostiles à la surface par une armée d’androïdes. Refait trois ans plus tard par le co-auteur David Hewitt sous le titre Journey to the Center of Time, ce film à effets spéciaux n’a absolument rien à voir avec ce que montre l’affiche! Mais il demeure un intrigant film d’aventure doté d’une fin déprimante, vu que les savants à leur re-tour ne peuvent rien pour altérer le cours de l’histoire. Comme dit Melchior: «à l’époque, nous étions au bord de l’annihi-lation totale par la bombe A, et je tenais à mettre ce scénario de destruction dans un film pour que les gens se rendent compte des conséquences.»