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www.arpselection.com

Gilles Podestaprésente

un film dePatrice Leconte

durée : 1h25

Ouverture le 26 septembreen 2D et 3D

DISTRIBUTION PRESSEARP SELECTION BCG13, rue Jean Mermoz M. Bruguière - 06 80 75 25 5475008 PARIS O.Guigues - 06 60 62 95 95Tel : 01 56 69 26 00 23, rue MalarFax : 01 45 63 83 37 75007 [email protected] Tel : 01 45 51 13 00

[email protected]

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Imaginez une ville où les gens n’ont plus goût à rien,au point que la boutique la plus florissante est celleoù on vend poisons et cordes pour se pendre.Mais la patronne vient d’accoucher d’un enfant quiest la joie de vivre incarnée.

Au Magasin des Suicides, le ver est dans le fruit…

Synopsis

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Chanson desTuvache

Avec la crise qui vous défriseQuoi de plus doux qu’une mort exquise

Soyez lucides et pas timidesY’a pas à dire

Vive le suicide !

Entrez entrezN’ayez pas peur

Nous sommes ouverts jusqu’à vingt heuresTout est limpide

Rien n’est trompeurVous faire mourir

C’est notre bonheur.Si ça vous coûte le premier pas

N’oubliez pas que nous sommes làPour vous aider sans tralala

A passer de vie à trépas.

Soyez bienv’nus au paradisFin des soucis, c’est comm’ je vous l’dis

Tout est possible, rien d’interditMis à part qu’on ne fait pas crédit.Pour partir y’a tell’ment de façons :Grand choix mortel de 300 poisons

Sans oublier la pendaisonC’est sa passion !

Rien qu’d’y penser j’ai le frisson.

Tous nos produits sont d’qualitéNous garantissons le décès

Notre devise pour rassurer :Soit trépassé, soit remboursé.On est utiles à toute la villeEt quel que soit votre profil

Oubliez tout, mourez tranquillesAdieu la vie, ainsi soit-il.

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Entretien avec Patrice Lecontescénariste - réalisateur

Vous aviez lu le roman de Jean Teulé à sasortie ?Je lis tout ce qu'il écrit, systématiquement, comme jele fais pour d’autres auteurs que j’aime, JeanEchenoz, Douglas Kennedy, Patrick Modiano...J'ai donc lu “Le Magasin des Suicides” dès saparution. J'ai trouvé que c'était un livre hirsute,biscornu. Sa fantaisie, sa liberté m'ont enchanté. Acette époque, j'avais été approché pour faire uneadaptation du livre et j'avais refusé parce que ceroman me semblait parfaitement inadaptable.Comment recréer, dans un film en prise de vuesréelles, avec de vrais acteurs, un univers aussibizarre et décalé ? Cela me paraissait inenvisageable.A moins d’être Tim Burton, ce que je ne suis pas,hélas.

Et puis, quelques années plus tard, un coup detéléphone a tout changé...Il y a presque quatre ans, mon téléphone a sonné(il sonne une fois tous les 4 ans). Au bout du fil, uninconnu, Gilles Podesta. Par principe, je ne refusejamais d'aller boire un café à l’œil avec un type qui aquelque chose à me proposer. Il m’a raconté qu'ilavait une option sur “Le Magasin des Suicides”, je l'aiinterrompu aussitôt en expliquant qu’on m’avait déjàproposé ce projet et que j’avais décliné cetteproposition. Alors il a dit :“Mais vous ne m'avez paslaissé finir ma phrase, c'est pour en faire un filmd'animation”. Et là, cela a été comme une évidence.Cela se passe comme ça parfois, le déclic vient del’extérieur. Quelqu’un vous prend par la main et

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vous dit la chose qui vous manquait pour prendre labonne décision. Quand Gilles Podesta a dit le motmagique “animation”, tout s’est illuminé ! Parcequ'avec l'animation, on n'est plus dans la vraie vie, onest ailleurs, dans un univers décalé, un monderecomposé, donc des choses folles, bizarres,hirsutes. L'animation n'est pas naturaliste, on estdans un monde de fantaisie ! En plus, ça tombait onne peut mieux, car je venais d'apprendre que le filmque je m'apprêtais à tourner n'allait pas se faire,j'étais donc libre, vacant, limite désœuvré. J'étaisdonc enchanté et, après 48 secondes de réflexion, jelui ai dit : “Je suis d'accord et je suis libre, je m'ymets cet après-midi si vous voulez...”

Et l'idée d'en faire un film d'animationmusical ?J'ai pensé tout de suite que cette fantaisie devait êtremusicale. C'est une vieille envie, celle de faire un filmmusical. Le projet s'y prêtait parce que ça mepermettait de faire un film très noir et très joyeux.Quand vous avez un type désespéré qui, juste avantde prendre du poison, vous chante une chansond’adieu, c'est tout de suite sinistrement joyeux. Lamusique et l'animation ensemble permettentdavantage de liberté, l’incorrection passe tout desuite mieux. Ce père énervé contre son gosse desept ans et qui lui propose de se mettre à fumer,dans l’espoir qu’il attrape un cancer du poumon,dans un vrai film avec de bons acteurs, ce seraitabsolument insupportable ! Là, ça passe car on n'estpas dans la vraie vie mais dans un autre monde.

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C'est un univers qui vous était un peufamilier puisque que vous avez travaillé dansla bande dessinée...J'étais un avide lecteur de bandes dessinées dans majeunesse. En fait, j'ai toujours aimé dessiner, enautodidacte. Adolescent, je faisais des petits court-métrages d'animation avec du papier découpé.Comme j'étais un provincial qui rêvait de cinéma, jesuis monté à Paris. Après avoir fait une école decinéma, j’ai dessiné durant cinq ans pour lemagazine Pilote. Je faisais à la fois les dessins et lesscénarios. La BD, j'ai un peu lâché prise, il y en atellement, j'ai du mal à suivre. Mais j'adore le cinémad'animation. Les “Wallace et Gromit” m'enchantent.Je trouve que le scénario de “Monstres et Cie”, dechez Pixar, devrait être enseigné dans les écoles.J'admire “Valse avec Bachir”, qui ose l'animation dansun univers carrément adulte. Et puis LA référence,presque encombrante, le chef d’œuvre absolu, c'estpour moi “L'Etrange Noël de Monsieur Jack” quiest d'une invention étourdissante. Malgré cette in-fluence écrasante, j'ai voulu faire un film animé etmusical, subversif et familial, pas politiquementcorrect, mais populaire et accessible à tous.

Jean Teulé dit qu'il était certain que vouschangeriez la fin de son roman...C'est étrange car, à la lecture, cela m'avait parucohérent. Mais en relisant le roman dans l'optiqued'une adaptation, cette fin m'a semblé être uneénormité. C'était d'ailleurs un peu incohérent, cegamin qui durant tout le livre part en guerre contre

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le suicide et qui change de camp à la fin. Même dansun film d'animation, j'ai pensé qu'on ne pouvait paslâcher le spectateur en lui montrant un gamin qui sefout en l’air ! D'où, sans doute en réaction, l'envied'aller à fond dans le positif. Du coup j'ai eu l'idéed'une fin quasiment kitsch d’optimisme, qui endevient presque ironique, tellement ce bonheurdégouline sur les murs, comme une espèce deguimauve joyeuse et navrante.

Puisque c'est un film d'animation, vous avezdû expliquer à l'équipe qui a dessiné lespersonnages comment vous les imaginiez.Vous souvenez-vous des mots que vous avezutilisés pour les décrire ?Mishima Tuvache, le père, est un homme trèsavenant, avec une fine moustache et un physique degarçon coiffeur. Sa femme est pomponnée, toujoursbien coiffée avec les cheveux choucroutés, le rougeà lèvres nickel. Ils sont accueillants comme de vraisbons commerçants, toujours tirés à quatre épingleset je suis sûr qu'ils sentent bons. Quant aux enfants,Vincent est une espèce de nouille, une algue quimarche comme une parenthèse molle, avec lapaupière lourde et le goût à rien. Marilyn, elle, estune ado gothique qui se trouve moche, qui aquelques kilos en trop et qui ne sait pas encorequ'elle peut être séduisante, mais cela va changer...On type les personnages par leurs défauts et, toutde suite, cela les rend évocateurs. Le plus difficile àtrouver c'était Alan parce que, chez lui, tout estpositif et joyeux. Il ne fallait pas qu'il ait l'air d'une

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publicité pour un yaourt, ni qu'il soit tropcaricatural genre titi parisien, mais il devait êtreoriginal et frondeur. Et c'est son optimisme sponta-né qui a inspiré son personnage : un grand sourireposé sur un corps fluet.

Malgré tous leurs défauts, on sent bien quevous aimez beaucoup lesTuvache...C'est pour ça que Mishima va voir un psy, ça lerachète un peu. Si ce couple n'avait pas de failles, dedoutes, de faiblesses, il serait odieux ! Lui craque etelle, tout ça finit par lui peser aussi. C'est unegentille, elle fait son boulot de commerçante avecefficacité. Elle serait formidable dans une entreprisede pompes funèbres. Elle veut faire du bien à sesclients, elle les aide à mettre un terme à leurssoucis...

On trouve aussi des rats qui ont une fonctionbien particulière...Les rats sont le chœur antique qui commentel’action et vient ponctuer un instant dramatique, ennous montrant que la vie des rats est parfois plusenviable que celles des humains dans cette villesinistre.

Comment avez-vous procédé pour imaginerla ville et le magasin ?Quand j'ai rencontré pour un premier rendez-vousde travail Régis et Florian, qui sont responsables dela direction artistique, ils avaient déjà des idées à meproposer. Ils avaient imaginé une ville totalement

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futuriste et très colorée, avec le magasin comme unlieu gris et angoissant. Je leur ai demandé de faireexactement le contraire. Une ville qui ne soit pastypée dans le temps, mais qui soit terne et sinistre,un croisement entre le treizième arrondissement deParis et la Corée du Nord. Bref, un monde plutôtdésespérant dont l'unique oasis, la seule tache colo-rée, soit le magasin.

Dans la ville, les façades sont austères et hautes,donc le soleil n'entre jamais dans les rues. Jereconnais que ça n'est pas très pimpant. Je nevoulais surtout pas d'un look à la Orwell, du style“C'est dans vingt ans et, attention, c'est presquebientôt comme ça chez nous.”. Je tenais à ce que laville nous soit familière, afin que les spectateurspuissent facilement s'identifier. Le magasin devaitêtre pimpant, comme un magasin de farces etattrapes, ou une mercerie à la Bastille, multicoloreet rempli d'une foule d'articles appétissants. Dehors,c'est sinistre, mais dedans on est bien !

Quant aux clients, vu que l'animation, dès qu’il y a dumonde, c'est une tannée, le magasin n'est jamaisbondé. Mais il y a Monsieur Calmel, par exemple, quihabite tout en haut d'un immeuble et qui ressembleà un résidu d'épluchure. Il n’y a pas de quoi se fendrela pêche à son sujet (un débris qui veut en finir), maisc’est tellement énorme que c’est drôle malgré tout.

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Ce qui saute aux yeux quand on voit le film,c'est la mise en scène. Vous vous êtes bienamusé.C’était très plaisant à faire. Comme pour un vraifilm, on décide du découpage et des cadres, mais làtout est plus facile, on peut se permettre des trucsqui sont chers dans le cinéma traditionnel et qui, là,ne coûtent pas un rond. Par exemple, pour avoir unpoint de vue vertical de l’impasse sous la pluie aufond de laquelle on découvre le magasin brillant detous ses feux. Dans un vrai film, on doit tourner avecune grue ahurissante, donc il faut demander uneautorisation préfectorale, installer la fausse pluie,tourner de nuit... C'est lourd, cher et compliqué.Tandis que là, on dessine et c'est bon, on n'aenquiquiné personne !

En revanche, il ne faut pas se laisser griser et en fairetrop. Il faut s'en tenir scrupuleusement à l'histoirequ'on veut raconter et rester crédible. Mais àl'intérieur de chaque plan, Régis et Florian ont glisséune foule de détails qu'on a du mal à voir tellementil y en a et tellement ça va vite. J'en découvreencore aujourd'hui quand on s'arrête sur une image.Car le film va vite. Il dure moins de quatre vingt dixminutes. Les films d’animation sont toujours assezcourts. C'est sans doute parce qu'au départ ilsétaient destinés à un public d'enfants. On fait courtpour ne pas lasser leur attention. Je suis ravi parceque c'est une durée qui m’a toujours convenu.

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Pour revenir à la mise en scène,en animation,votre travail est quasiment le même ?Oui, quasiment : on écrit le scénario, on choisit lesacteurs, on les dirige, on fait le découpage, lescadres, la mise en scène, on choisit les décors, lescostumes, les lumières, on s’occupe du montage, duson, du mixage, c’est donc exactement comme pourun film “normal”, sauf qu’on ne tourne pas. On évitedonc les incertitudes de la météo, la cantine, lafatigue, les caprices d’acteurs, les nuits… L'étape laplus importante, et peut-être la plus frustrante, c'estl'animatic. C'est une sorte de story-board qui bouge.C'est là qu'on “voit” le premier brouillon du film.C'est cela la grande différence avec un film en prisesde vue réelles : au tournage, on tourne un plan et leplan est là, comme on l’avait en tête, alors on peutpasser au suivant...Tandis qu'à l'animatic, on ne voitque des intentions. Et il faut avoir une imaginationdébordante pour voir ce que cela peut donner. Onchoisit ce qu'il faut enlever ou ajouter, on rabote, onaccélère, on définit mieux l'ensemble.A cette étape,on est encore très peu nombreux. Mais une foisl'animatic validé, ça part en fabrication dans desateliers avec de grosses équipes pour passer dubrouillon au film. C'est comme si on avait tout ratu-ré, annoté et que ça partait se faire recopier aupropre. Et là ça prend deux ans... J'ai trouvé leprocessus très long. Normal, mais super long.Heureusement, entre temps, j'ai fait un film, unepièce de théâtre et j'ai écrit un roman...

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Comment avez-vous travaillé les chansons ?J'avais déjà écrit des chansons et même toute uneopérette avec Etienne Perruchon, donc je savais qu'ilserait l'homme de la situation. Il sait composer desmusiques intemporelles, qui collent à ce que le filmraconte. Il a de l'humour, on rit des mêmes choses.C'est un collaborateur parfait ! Quand j'ai écrit lescénario, au départ, j'ai juste indiqué où seraient leschansons et ce que chacune devait raconter. Unefois le scénario terminé et validé, je me suis atteléaux paroles, et là j'ai commencé à échanger avecEtienne. On a fait des allers et retours, jusqu'à cequ'on soit satisfait.

Vous avez choisi des acteurs sachant chanter,plutôt que l'inverse...J'ai choisi des acteurs pas forcément connus dugrand public, mais que je connais bien, que j'appréciebeaucoup, qui savent jouer avec fantaisie, vivacité,précision et qui savent aussi chanter. Prendre desacteurs connus, je trouve que cela perturbe l’image.L’oreille et l’œil ne vont pas ensemble et du coup onne voit plus les dessins. Les acteurs sont là pourinterpréter de vrais personnages, mais leur voix nedoit pas être trop naturelle. Ils doivent prendre unevoix un peu décalée, comme le sont les dessins. Leseul acteur que j'ai choisi à l'oreille, c'est celui quijoue Alan. J'avais repéré sa voix lorsqu'il jouaitGainsbourg jeune dans le film de Johan Sfar. Il estaussi l'enfant dans les deux films magnifiquesd'Ursula Meier (“Home” et “L’Enfant d’en haut”).Il a un grain de voix très particulier, qui le rendimmédiatement attachant. On doit choisir les voixavant de faire l’animation. Parce que la façon de

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jouer une phrase, rapide ou lente, triste ou gaie, affo-lée ou détendue, modifie la gestuelle. Donc la voixdonne le rythme, le ton. Finalement, on dirige lesacteurs d'un film d'animation exactement comme onle ferait pour une pièce radiophonique.

Réaliser un film d'animation, pour vous,c'était comme faire un premier film ?Ah oui, c’était exactement ça ! J'avais l'enthousiasmede la première fois, en découvrant des processus decréation que je ne connaissais pas du tout. Il y avaitde la fraîcheur, de l'insouciance, de la gaieté à fairedes choses dont on ignore quasiment tout. C'estformidable d'aborder un projet en se disant : “Ça, jene sais pas le faire”, et de le faire quand même. J'aiadoré l'expérience et j'espère refaire un filmd'animation très bientôt.

Etienne Perruchon dit que votre film est unebombe, et JeanTeulé, une tuerie. Et vous ?C’est très aimable de leur part. Je trouve que c'estun film incorrect et subversif, mais aussi archipoilant. J'espère que j'ai réussi à ne pas être tropsous l'influence de Tim Burton. J'adorerais luimontrer le film un jour...

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Patrice LeconteFilmographie

1976 : Les vécés étaient fermés de l'intérieur1978 : Les Bronzés1979 : Les Bronzés font du ski1981 : Viens chez moi, j'habite chez une copine1982 : Ma femme s'appelle reviens1983 : Circulez y a rien à voir1985 : Les Spécialistes1987 : Tandem1989 : Monsieur Hire1990 : Le Mari de la coiffeuse1991 : Contre l'oubli (film collectif)1993 : Tango1994 : Le Parfum d'Yvonne1995 : Lumière et Compagnie (film collectif)1996 : Ridicule1996 : Les Grands Ducs1998 : Une chance sur deux1999 : La Fille sur le pont2000 : La Veuve de Saint-Pierre2001 : Félix et Lola2002 : Rue des plaisirs2002 : L'Homme du train2004 : Confidences trop intimes2004 : Dogora : Ouvrons les yeux2006 : Les Bronzés 3 :Amis pour la vie2006 : Mon meilleur ami2008 : La Guerre des miss2011 : Voir la mer2012 : Le Magasin des Suicides

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Chanson du piéton

Le piétonA quoi bon résister quand la vie n’est pas rose ?

Quand l’humeur est morose…A quoi sert de lutter contre la sinistrose

Et qu’est-ce qu’on nous propose ?

Choeur des ratsMalheur, déprime, et cetera

Y’a pas à dire, quand on voit çaC’est pas plus mal d’être des rats.

Le piétonNe plus monter ces marches, ne plus voir ce décor

Partir avant l’auroreCar dans quelques instants, sans regrets ni

RemordsJe serai enfin mort.

Choeur des ratsC’est pas très gai, vous avouerez

Mais c’est comme ça, soyons concretsCa n’sert à rien de pleurnicher.

Le piétonSans déconner la vie n’vaut pas d’être vécue

Et pourtant j’y ai cruJ’ai fait d’mon mieux, ce que j’ai pu

Mais je m’avoue vaincu.

Choeur des ratsIl a pas tort, il a raison

A ce stade là, de toute façonAutant se faire sauter l’caisson.

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Entretien avec JeanTeuléécrivain

Comment avez-vous eu l’idée de ce “magasin” ?J'écrivais “Ô Verlaine” qui racontait le dernierautomne de ce poète pris en main par la jeunesseestudiantine du quartier latin de l'époque. Plusieursfois dans mes recherches, j’ai trouvé des référencesà des collégiens qui avaient écrit un recueil depoésie collective qui s'appelait “Le Magasin desSuicides”. Chaque fois que je tombais dessus je medisais : “Quel putain de titre !” Ces collégiens étaientles gothiques de l'époque et leurs textes, quidemeurent introuvables, étaient sans doute desvariations sur le thème de “Ouais, la vie c'est de lamerde…”. Mon fils, à l'époque, avait une douzained'années et était difficile. Il voyait tout en noir doncje me suis dit : “ Voilà, je prends ce titre et je faisl’inverse. Je crée un monde et une famille sinistres etje mets un gamin heureux là-dedans.”

C’était une pause entre deux romanshistoriques ?Exactement ! Mes romans historiques nécessitentdu temps, des recherches. Là, entre “Je, FrançoisVillon” et “Le Montespan”, j’avais besoin d’unerespiration. J’ai donc décidé d’écrire un petit livrerigolo. C’était une fantaisie, une parenthèse. Et c’estmon livre qui a le mieux marché dans le monde,comme quoi il n’y a pas de justice ! (A ce jour, leroman a été publié dans vingt pays, ndlr) Monéditeur m’avait dit: “Ce n’est pas une bonne idéed’écrire un roman avec le mot “suicide” dans le titre.C’est répulsif. Les gens ne vont pas te suivre mais sic’est ce dont tu as envie, fais-le.” Il a été le premier

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à reconnaître son erreur… En fait, le suicide est unsujet universel. Il fallait juste le décaler. D’où leslogan du magasin figurant sur le sac d’emballagequ’on voit en couverture du roman :“Vous avez ratévotre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort !Maison Tuvache, dix générations dans le suicide.” Çapose l'ambiance… “Mort ou remboursé” est leurdevise. Ce livre, je l’ai conçu dans la joie. Je riais toutseul en l’écrivant.

Comment sont nés les personnages, etnotamment leurs noms ?Tuvache, c’est un patronyme formidable qui existevraiment et que j'avais déjà mis dans “Darling”. Lemagasin, situé boulevard Bérégovoy, est tenu par unefamille sombre, comme il se doit dans ce typed’établissement. J’ai donc cherché des prénoms enrapport avec le suicide. Mishima pour le père etLucrèce, comme Borgia, pour la mère quiconfectionne des poisons dans l’arrière cuisine. Àleurs enfants, ils donnent des prénoms de suicidéscélèbres : Marilyn comme Monroe, Vincent commeVan Gogh et enfin Alan comme Alan Turing,l’inventeur de l’ordinateur qui s’est suicidé enmangeant une pomme préalablement trempée dansdu cyanure…

Ensuite je me suis amusé avec les clients. Il y a lestrop pauvres pour acheter quoi que ce soit, à qui lafamille Tuvache offre généreusement un sac à l’effigiedu magasin et un bout de scotch à se mettre autourdu cou pour qu’ils crèvent en s’étouffant la tête

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dedans. Les enfants viennent au magasin acheter desMistral perdants… On y vend des cordes pour sependre, des poisons aux noms délirants. Et j’aiimaginé qu’un jour les parents Tuvache, quiforcément ne goûtent jamais rien de ce qu'ilsvendent parce que sinon ils sont morts, veulentquand même tester un préservatif poreux pourceux qui veulent mourir par contamination sexuelle.Le préservatif s’avère effectivement poreux car untroisième enfant naît dans cette famille. Mais là,catastrophe, Alan est la joie de vivre sur pattes. Ilvoit la vie en rose, passe son temps à rire, consoleles clients, fait donc le désespoir de ses parents : lever est dans le fruit.

Contrairement au film de Patrice Leconte,dans votre livre, la fin est tragique…Mon éditeur a détesté la fin (je me demande si je nedevrais pas changer d’éditeur…), Miou Miou, macompagne, était outrée et plein de gens m’ont écritpour m'insulter : “Vous n'aviez pas le droit de tuerAlan !”, comme s’il existait pour de vrai…

En fait, le débat porte sur l’ultime phrase du livre, oùj’écris, parlant d’Alan suspendu dans le vide : “Ilouvre la main.” On peut l’interpréter comme unsigne d’espoir : il ouvre la main pour que sa famillele sauve, ou bien au contraire : Alan était un angevenu faire son travail sur terre et il repart. J’ai vouluque cette phrase soit ambigüe. Je tenais à cette finparce que, dans mon roman, il y a tout sur le suicidesauf l'effet que ça fait quand on l'apprend. Car quand

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quelqu’un se suicide (j’en ai connu), la plupart dutemps on ne voit pas le coup venir. On se dit :“Zut,j’ai déjeuné avec lui la semaine dernière et je n’airien deviné.”. Je voulais que dans le roman, aprèscette dernière phrase, les gens tournent la pagepour lire une explication mais rien, pas un mot ! Lesilence assourdissant et démerde toi avec ça.

Maintenant, à chaque personne qui adapte le livre,que ce soit au cinéma avec Patrice Leconte, enbande-dessinée, en comédie musicale ou au théâtre,à travers le monde, c’est ma première et uniquequestion : “Est-ce que vous gardez la fin ?” Tous merépondent : “Non”. Mais ça ne me dérange pas. Maposition consiste à leur dire : “Vous avez acheté lesdroits de ce roman alors ils sont à vous. Faites ceque vous voulez ! De toute façon cela n'enlèvera pasune virgule dans mon livre, alors...” À ce jour, il y ahuit adaptations théâtrales à travers le monde. On lejoue à Séoul et, depuis mai, il est en tournée enChine pour cinq ans. La pièce se passe dans lemagasin, je suppose. Je ne sais pas. Je ne lis pas lesadaptations et je n'emmerde jamais ceux quim’adaptent. Du coup, tout le monde me trouve trèssympathique…

Qu’avez-vous pensé du film ?D’abord, j’adore Patrice Leconte. On s’était déjàrencontrés dans le passé et je lui envoyaisrégulièrement mes romans. J’aime ses films. Je suisfier que ce soit lui qui ait adapté mon livre aucinéma et en film d’animation en plus ! Quand je suis

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allé voir le film, je n’étais pas venu juger une adapta-tion. Mon roman, je le connais, je l'ai à la maison. Jesuis venu voir le nouveau film de Patrice Leconte etj’ai été soufflé. J'en suis sorti en me disant :“Voilà unfilm que je n'ai jamais vu !”. Il a eu des idées trèsgonflées, qui n’étaient pas dans le bouquin : le pèrequi force son fils à fumer, les gamins qui regardentMarilyn faire un strip-tease, les tests de Rorschachchez le psychiatre… Et puis les chansons sontformidables ! Le film m’a épaté. C’est un film demetteur en scène, foisonnant, qui pétille à chaqueimage, la caméra est partout aussi, sans doute parceque l’animation offre une plus grande liberté que lesprises de vues réelles.

Est-ce que les personnages du film ont lephysique que vous aviez imaginé pour voshéros ?Non. Pour moi, Lucrèce ressemblait à Miou-Miou.Mishima, je le voyais comme Jean Pierre Bacri. Enrevanche, la ville ressemble à ce que j'avais en tête.Les décors sont d'enfer, avec ces corps qui tombentdes étages comme de la pluie... Leconte a mis duTrenet dans son film (“Y’a d’la joie”), moi j'avaischoisi une autre chanson mais Trenet c’est encoremieux. Le décalage et l’humour sont limpides dès ledébut. Vraiment, le film est une tuerie… Ce quitombe bien, vu le titre.

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Déjà connu du grand public en tant qu’homme detélévision, auteur de bandes dessinées et scénariste,Jean Teulé se consacre désormais exclusivement àson travail d’écrivain. Il est l’auteur de douze romanset la totalité de son œuvre romanesque est publiéeaux éditions Julliard.

“Darling” a été adapté au cinéma en 2007 parChristine Carrière, avec Marina Foïs et GuillaumeCanet. “Le Montespan”, vendu à 220 000exemplaires, a gagné le prix Maison de la Presse etle Grand prix Palatine du roman historique. Leréalisateur Olivier Marchal devrait en assurerl’adaptation.

Publié en 2007, “Le Magasin des Suicides” a ététraduit en une quinzaine de langues. Depuis, JeanTeulé a également écrit la bande-dessinée “Jevoudrais me suicider mais j’ai pas le temps”, illustréepar Florence Cestac, chez Dargaud.

JeanTeuléBiographie

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Chanson des clients

Petite dame 1Mourir de ma belle mort ?J’aurais pas la patience…

Petite dame 2Y’a tout c’qu’il faut ici, on peut leur faire confiance

Le coupleOn ne sait pas quoi prendreC’est pour ça qu’on hésite…

La femmeUne corde pour se pendre ?

Le mariDu poison « mort subite » ?

Petite dame 1J’pensais m’ouvrir les veines

Est-ce une bonne idée ?

Petite dame 2C’est c’qu’a fait mon beau frère

Aujourd’hui décédé.

Le client lunettesMourir sans boursouflures

Ni nausées, ni brûluresProduit garanti pur :Granulés au cyanure.

Petite dame 2En revanche, le coup d’feuFranchement j’déconseille

C’est bruyant, ça salit, c’est pas une merveille…

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Entretien avec Etienne Perruchoncompositeur

Vous composez régulièrement la musiquedes films de Patrice Leconte. Commenttravaillez-vous ensemble ?Avec les années, une connivence s’est instaurée,mais surtout, Patrice me connaît, il me fait confian-ce. Donc, travailler avec Patrice Leconte c’est avoirune grande liberté. Par exemple, il ne place jamais demusique temporaire sur ses films pour me montrerce qu’il souhaite. Et heureusement d’ailleurs, parcequ’à force de monter sur une musique provisoire, leréalisateur finit par avoir beaucoup de mal à lachanger et le compositeur risque d’être cantonné àfaire du “à la manière de”. Patrice, au contraire, medit :“Donne moi du Perruchon !” et quand il entendquelque chose qui lui plaît, il le prend et il ne medemande pas de lui faire trois autres versions pouravoir le choix. Il sait reconnaître ce qui colle à sonattente. C’est peu fréquent. Patrice est quelqu’un quiaime la musique et qui sait parler au compositeur. Ilsait trouver les mots, il sait comment nous motiver.Il sait aussi dire ce qu’il souhaite. Et souvent, déjàdans le scénario, il décrit la musique. Dans“Le Magasin des Suicides”, par exemple, il écrit à unmoment : “Et la musique, qui était tonitruante, s’enva sur la pointe des pieds.” Ça, c’est typiquement duLeconte !

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“Le Magasin des Suicides” est un film trèsmusical, avec plusieurs chansons, donc votrerôle est primordial. Comment avez-vousabordé ce travail ?Sur ce film, il fallait commencer par ce qui serviraaux images, c'est-à-dire les chansons, donc très enamont, avant de commencer l’animation. Puis j’aitravaillé sur le score, une fois l’animation faite. Ilfallait que score et chansons soient en rapport, queles deux ensemble forment un seul monde : celui dufilm. Il fallait donc trouver le ton. On est dans celuide l’humour noir léger, un drame qu’on a décalé,comme toute comédie réussie. A la lecture, j’aipensé que Leconte laissait enfin parler l’humanistequi sommeille en lui.

Comment définiriez-vous le rôle que doitremplir la musique d’un film ?Selon moi, l’émotion musicale sert à compléterquelque chose en chaque spectateur. Il ne s’agit pasde faire du remplissage à l’image, mais de raconterun sentiment qui vous prend par la main. J’essaye deme placer entre la salle et l’écran, entre l’histoireque le film raconte et le ressenti qu’en aura lespectateur. Je travaille sur le sentiment que lespectateur va retirer de la musique. C’est un peucomme à l’opéra, ce que joue l’orchestre raconteautre chose que ce qui se passe sur scène.Dans le film, j’ai composé neuf chansons, soit neufthèmes, qui m’ont servi de “fond de sauce” pourcomposer le score. Il y a un ou deux moments avecdes musiques anecdotiques, qui servent d’illustration

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ponctuelle sur des scènes bien précises. En toutpresque une heure dix de musique pour une heurevingt de film…

C’était votre premier travail sur un filmd’animation. Qu’est-ce que cela change ?En animation, rien n’est réel, sauf la voix descomédiens. Donc il faut absolument utiliser de vraisinstruments pour donner de la réalité au filmd’animation. Il faut mettre de la chair dans le son.Donc bannir les synthés…

La première chanson, quand on découvre lemagasin, est celle de la familleTuvache.La chanson des Tuvache c’est, comme à l’opéra, lemorceau d’ouverture. Celui qui sert à dire :“Voilà, cesera ça notre univers, à la fois noir et drôle”. Lesentiment d’un humour décalé vient de l’associationentre l’image et la musique. Mais la musiqueelle-même est au premier degré. Les personnagescroient à fond à ce qu’ils sont !

Concrètement, comment avez-vous travaillé?Comme je vis à Annecy et Patrice à Paris, concrète-ment, je dirais qu’on travaille… au téléphone.Patrice sachant ce qu’il veut, il écoute les maquettesau téléphone et il me dit tout de suite si je suis surla bonne voie ou si je m’égare. Il n’est pas obtus, iln’est fermé à rien. Il attend que je lui propose deschoses, et il rebondit à partir de là. Par exemple, surce film, j’avais décidé d’opter pour un orchestre sanspiano. L’orchestre symphonique permet de passer

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en une seconde de l’intime à l’énorme, tandis que lepiano lisse et romantise un peu trop tout. Et puis, lepiano c’est compliqué à mixer quand il y a beaucoupde dialogues. Et Patrice était d’accord, sauf pour lascène où Alan est en haut du Vox.A cet endroit-là, ilvoulait du piano et il avait raison. Alan est seul, faceà son destin, le piano seul rend tout limpide. MaisPatrice n’exclut jamais rien d’office. Par exemple,pour Monsieur Tuvache, j’ai mis de l’orgue et duclavecin. Patrice n’est pas du genre à dire :“Ah non,pas de clavecin !”. Il écoute d’abord. Et il a aimé cecôté baroque, décalé et sombre qui résume bienTuvache : la classe de l’horreur…

Donc, au départ, il y avait les chansons…On est parti du scénario, pour voir exactement oùseraient les chansons. Puis j’ai composé à partir desparoles. Il y avait des duos, des trios etc… On acommencé par une première version piano où c’estmoi qui chante. Puis on a enregistré les chansons.On a choisi des acteurs sachant chanter et non lecontraire. Le jeu d’un acteur nuance sa voix. Unacteur a l’intelligence de son personnage, il peutétablir une intention qu’il conserve, quel que soit lemoment chanté. Ensuite, on a travaillé avecl’animatic et là c’est comme pour n’importe quelfilm. On regarde et on décide où on met de lamusique et pour quelle raison. Après cet état deslieux je propose : “Quel orchestre, combien demusiciens ?”. Pour ce film j’imaginais un grosorchestre, c’est-à-dire environ quatre vingtmusiciens avec les “bois” par trois, beaucoup de

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percussions etc… Encore une fois, Patrice me faitconfiance, il vient d’ailleurs rarement auxenregistrements. Il connaît tout ça, il sait que ça faitquarante ans que j’écris pour des orchestres. Patriceadore découvrir la musique quand tout est fini. Il nevient pas écouter pour valider, il vient pourdécouvrir la corbeille de la mariée. Je crois qu’il l’atrouvée belle…

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Etienne PerruchonBiographie

Né en 1958, Etienne Perruchon a composé un grandnombre d’œuvres appartenant à des genres aussidifférents que la musique symphonique, la musiquede scène et la musique de film.

Il a créé la musique du “Menteur” de Corneille,monté à La Comédie Française, celle des spectaclesde Charlie Brozzoni (“La Grande Parade au cabaretde l’Ange Bleu”, “Le Géant de Kaillass”, “LaTempête”), celle des pièces de Gil Galliot(“L’Histoire merveilleuse de Marco Polo”, “Le Roisinge” et la comédie musicale “Le Magicien d’Oz”)ainsi que celle de “Léonce et Léna” et du “Jugementdernier” de Georg Büchner, mis en scène par AndréEngel au théâtre de l’Odéon en 2001 et 2003.

Parmi ses compositions symphoniques, “Un GrandBouquet blanc” a été joué le 14 juillet 2004 au piedde la Tour Eiffel par l’orchestre des Lauréats duConservatoire National Supérieur de Paris etentendu par plus de 700 000 spectateurs.

Etienne Perruchon et Patrice Leconte se sontrencontrés autour de l’oeuvre “Dogora”, que leréalisateur a mise en image dans un documentairesorti en 2004. Depuis, une étroite collaboration s’estconstruite, avec la musique de la pièce “GrossesChaleurs” de Laurent Ruquier, mise en scène parPatrice Leconte et les bandes originales de sesderniers films “Les Bronzés 3, amis pour la vie”,“La Guerre des miss” et “Voir la mer”.

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Chanson d’Alan

C’est plus possibleCette hécatombe

C’est trop horribleTous ces gens qui n’pensent qu’à la tombe.

A quoi ça sertEn vérité

D’être sur TerreSi on n’pense qu’à se supprimer ?

Une vie paisibleSans désespoirVivre tranquilleEt puis cesser

D’broyer du noir.

A mort la mortSoyons malinsOu bien alors

On va tous finir orphelins.

Faut pas partir perdantLa vie nous appartient

J’crois qu’on peut réussirFini les suicidés

Laissez-moi réfléchirJ’ai peut-être une idée…

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Fiche artistiqueles voix de

La FamilleTuvache

Mishima.................................. Bernard AlaneLucrèce .................................. Isabelle SpadeAlan......................................... Kacey Mottet KleinMarilyn ................................... Isabelle GiamiVincent................................... Laurent Gendron

Le Joli Garçon ...................... Pierre-François Martin-LavalLe Psy ..................................... Eric MétayerMonsieur Calmel ................. Jacques MathouLe Gynécologue................... Urbain CancelierOncle Dom........................... Pascal Parmentier

Les Clients

Le Désespéré......................... Edouard PretetLe Sauveteur .......................... Jean-Paul ComartLa petite dame âgée............. Annick AlaneMonsieur Dead for Two...... Jacques MathouMadame Dead for Two........ Juliette PoissonnierLe Type fébrile ....................... Philippe Du JanerandLe Neurasthénique............... Urbain CancelierLe prof de gym...................... Pascal ParmentierLa Bourgeoise........................ Isabelle Petit JacquesLa Femme............................... Juliette PoissonnierLe Mari .................................... Philippe Du JanerandLa Petite dame 1................... Nathalie PerrotLa Petite dame 2................... Annick AlaneLe SDF..................................... Eric MétayerLe suicidaire du pont ........... Jean-Paul Comart

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Fiche techniqueréduite

Réalisation ............................... Patrice LeconteScénario & dialogues .............. Patrice LeconteD’après le roman de .............. Jean TeuléPublié aux ................................ Éditions Julliard

Direction artistique et conception graphique.................................................... Régis Vidal.................................................... Florian ThouretMusique originale ................... Etienne PerruchonMontage .................................... Rodolphe PloquinMixage........................................ Thomas Gauder

Producteurs associés ............. Emmanuel Montamat.................................................... Eric Mistler.................................................... Diana Elbaum.................................................... Arlette Zylberberg.................................................... Ilona MarouaniProduit par ............................... Gilles Podesta.................................................... Thomas Langmann.................................................... Michèle et Laurent Pétin.................................................... André Rouleau.................................................... Sébastien Delloye

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Format1.85

SonSRD

Entretiens réalisés par Michèle Halberstadt

Dossier & photos téléchargeables surwww.arpselection.com

Une coproduction :France .................................. Diabolo Films............................................... La Petite Reine............................................... ARP............................................... France 3 CinémaCanada................................. Caramel FilmsBelgique ............................... Entre chien et loup............................................... RTBF

Avec le soutien de ............ Eurimages

Avec le soutien de ........... La Région Wallonne............................................... Casa Kafka Pictures-Dexia............................................... Pôle Image de Liège............................................... Dreamtouch............................................... Centre du Cinéma et del’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Avec la participation de... Téléfilm Canada............................................... SODEC............................................... Société de développementdes entreprises culturelles - Québec

Dans le cadre du ............... Pôle Image MagélisAvec le soutien du ............ Département de la Charente............................................... La Région Poitou-Charente

En partenariat avec le ..... Centre National du Cinémaet de l’Image AniméeAvec la participation du... Fonds d’Action Sacem

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ARP • Tél. 01 56 69 26 00 • Fax 01 45 63 83 37 • www.arpselection.com