« a jésus par marie » le combat de la foi catholique · avec les années, ... donc pas soit...

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1 Combat de la Foi n° 176 Le Combat de la foi catholique Le Combat de la foi catholique Le Combat de la foi catholique Fraternité Saint-Pie X Prieuré Notre-Dame du Sacré-Cœur Maison de retraites spirituelles Le Moulin du Pin N° 176 Mars 2016 « A Jésus par Marie » Avec les années, les idées de cer- tains catholiques de Tradition de- viennent de plus en plus incertaines et confuses… Dans leurs esprits, plane un flou artistique au contour de moins en moins précis. Afin de clarifier un peu ces idées, je voudrais citer un ex- trait d’une conférence du 11 juin 1988 de Monseigneur Lefebvre à Flavigny. Que l’on ne s’y méprenne pas. En citant notre fondateur, je n’entends pas traiter de la question de la possibilité, de la nécessité ou de l’opportunité d’un accord avec Rome. Ce n’est pas mon propos. Que l’on ne m’accuse donc pas soit d’être « pour », soit d’être « contre un accord » : ce n’est pas mon propos ici et c’est hors sujet. Mon discours, dans ces lignes, est celui-ci : voyez ce que Monseigneur craignait s’il y avait un accord entre la Fraternité et la Rome moderniste, et analysez la situation actuelle tandis qu’il n’y en a pas eu. Vous arriverez à cette conclusion : ce que Monseigneur Lefebvre craignait en cas d’accord s’est, en quelque sorte, produit tandis qu’il n’y a pas eu d’accord. En ce domaine l’évêque « sauveur du sacer- doce et de la sainte messe » (cf. R. P. Baillif, le 25 septembre 1994, à Flavigny) était plus que prophète ! Il était visionnaire ! C’est-à-dire qu’il voyait, par avance l’état de certains es- prits d’aujourd’hui qui se sont laissé influencer par l’esprit libéral. Voici donc l’avertissement du fon- dateur de la Fraternité Saint-Pie X : « Surtout s’il y avait un arrangement (avec Rome), nous serions envahis par quantité de monde : Maintenant que vous avez la Tradition et êtes reconnus par Rome, on va venir chez vous. Il y a quan- tité de gens qui vont garder leur esprit moderne et libéral, mais qui viendront chez nous parce que cela leur fera plai- sir d’assister de temps en temps à une cérémonie traditionnelle, d’avoir des contacts avec les traditionalistes. Et cela va être très dangereux pour nos milieux. Si nous sommes envahis par ce monde-là, que va devenir la Tradition ? Petit à petit, il va y avoir Ecclesia Dei ? Danger !

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1 Combat de la Foi n° 176

Le Combat de la foi catholiqueLe Combat de la foi catholiqueLe Combat de la foi catholique

Fraternité Saint-Pie X —

Prieuré Notre-Dame du Sacré-Cœur Maison de retraites spirituelles

Le Moulin du Pin

N° 176

Mars 2016

« A Jésus par Marie »

Avec les années, les idées de cer-tains catholiques de Tradition de-viennent de plus en plus incertaines et confuses… Dans leurs esprits, plane un flou artistique au contour de moins en moins précis. Afin de clarifier un peu ces idées, je voudrais citer un ex-trait d’une conférence du 11 juin 1988 de Monseigneur Lefebvre à Flavigny.

Que l’on ne s’y méprenne pas. En citant notre fondateur, je n’entends pas traiter de la question de la possibilité, de la nécessité ou de l’opportunité d’un accord avec Rome. Ce n’est pas mon propos. Que l’on ne m’accuse donc pas soit d’être « pour », soit d’être « contre un accord » : ce n’est pas mon propos ici et c’est hors sujet.

Mon discours, dans ces lignes, est celui-ci : voyez ce que Monseigneur craignait s’il y avait un accord entre la Fraternité et la Rome moderniste, et analysez la situation actuelle tandis qu’il n’y en a pas eu. Vous arriverez à cette conclusion : ce que Monseigneur Lefebvre craignait en cas d’accord s’est, en quelque sorte, produit tandis qu’il n’y a pas eu d’accord. En ce

domaine l’évêque « sauveur du sacer-doce et de la sainte messe » (cf. R. P. Baillif, le 25 septembre 1994, à Flavigny) était plus que prophète ! Il était visionnaire ! C’est-à-dire qu’il voyait, par avance l’état de certains es-prits d’aujourd’hui qui se sont laissé influencer par l’esprit libéral.

Voici donc l’avertissement du fon-dateur de la Fraternité Saint-Pie X : « Surtout s’il y avait un arrangement (avec Rome), nous serions envahis par quantité de monde : Maintenant que vous avez la Tradition et êtes reconnus par Rome, on va venir chez vous. Il y a quan-tité de gens qui vont garder leur esprit moderne et libéral, mais qui viendront chez nous parce que cela leur fera plai-sir d’assister de temps en temps à une cérémonie traditionnelle, d’avoir des contacts avec les traditionalistes. Et cela va être très dangereux pour nos milieux. Si nous sommes envahis par ce monde-là, que va devenir la Tradition ? Petit à petit, il va y avoir

Ecclesia Dei ?

Danger !

Combat de la Foi n° 176 2

Sommaire

Page 1 Éditorial : Ecclesia Dei ? Danger ! par l’abbé Guy Castelain Page 3 La véritable mission de la commission Ecclesia Dei Page 8 La messe Saint-Pie V, jamais interdite ? Page 10 Les ralliés, qu’en penser ? par l’abbé Olivier du Châtelet Page 24 Le Jubilé de la Miséricorde : le Joker du pape François Page 26 Dévotion à Notre-Dame du Sacré-Cœur

une espèce d’osmose qui va se produire, une es-pèce de consensus. Oh, après tout, la nouvelle messe ce n’est pas si mal que ça, il ne faut pas exagé-rer ! Tout doucement, tout doucement on va finir par ne plus voir la distinction entre le libéralisme et la Tradition. C’est très dangereux. » (Fideliter n° 68, pp. 23-24)

Dans une lettre du 29 janvier 1989, Monseigneur Lefebvre a voulu donner quelques éclaircissements sur cette conférence de Flavigny : « Mon désir était de faire part aux séminaristes de mes appréhensions au sujet d’influences dange-reuses pour le combat que nous menons en faveur de la foi catholique. Le combat demande une vigi-lance continuelle pour nous protéger contre les er-reurs modernistes et conciliaires. […] Je souhaitais mettre en garde les séminaristes contre ces in-fluences qui risqueraient de diviser les Traditiona-listes. » (Fideliter n° 68, pp. 24-25)

Ce que l’évêque craignait s’est, en quelque sorte, réalisé. Quelques exemples pour illustrer cette affirmation : depuis presque 30 ans, des fi-dèles de la Fraternité Saint-Pie X ont accepté de marier leurs enfants avec ceux des catholiques Ecclesia Dei qu’on appelle les ralliés. Et il faut mal-heureusement souligner, en l’occurrence, que le plus souvent, le mariage n’a pas été célébré dans la Fraternité Saint-Pie X mais dans une commu-nauté Ecclesia Dei. Ces fidèles ont cédé à la pres-sion sociale. Le mariage, une fois célébré, a engen-dré un climat affectif qui leur a faussé le jugement sur le bon combat.

Par ailleurs, dans les prieurés où il y a une communauté Ecclesia Dei à proximité, les familles ont laissé leurs jeunes étudiants déserter les cha-pelles de la Fraternité Saint-Pie X pour fréquenter, sans être inquiétés, ces paroisses soit disant « traditionnelles » et prétendues « officielles ». Ils y ont trouvé, disent-ils, des prêtres moins « coincés », des amis, et surtout des « petites amies ». C’est forcément « plus sympa » qu’au prieuré !

Certains fidèles de la « Frat’ », comme ils disent de façon inconvenante, vont sans aucun scrupule de conscience indifféremment à la messe Saint-Pie V dans les paroisses Ecclesia Dei pour mille et une raisons.

Il y aurait aussi beaucoup à dire dans le domaine scolaire, qui en dehors de tout accord avec Rome, est déjà trop souvent propice à la promiscuité entre les fidèles de la Tradition et les catholiques Ecclesia Dei…

C’est ainsi que, sans accord avec la Rome mo-derniste, la mentalité libérale a pénétré jusque dans nos milieux petit à petit grâce à la commis-sion Ecclesia Dei qui a créé un véritable mirage, celui de croire que l’on peut être traditionaliste dans l’église conciliaire.

Il est donc plus que temps de faire la lumière sur ce qu’est en réalité Ecclesia Dei et sur ce que sont les ralliés. Halte à la confusion ! Il en va du salut de la Fraternité Saint-Pie X et de ses commu-nautés amies.

Que la Vierge Marie nous protège des ruse du Diable : qu’Elle « découvre toujours sa malice de serpent », qu’Elle « éventre ses mines infernales » et « qu’Elle « dissipe ses conseils diaboliques » ! (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n° 54)

Vous trouverez dans ce numéro du Combat de la Foi catholique plusieurs articles. Le premier montrera par des textes romains quelle est la véri-table mission officielle de la commission Ecclesia Dei. Ensuite, une histoire vraie illustrera le scandale que représente en réalité la soi-disant « libération » de la messe Saint-Pie V. Enfin, un article vous aidera à savoir ce qu’il faut penser de ceux qu’on appelle les « ralliés ».

Bonne lecture et, ensuite, bon combat de la Foi catholique tous les jours de l’année 2016, tricentenaire de la mort du Père de Montfort !

Abbé Guy Castelain+

3 Combat de la Foi n° 176

Le 22 novembre 1989, Mgr

Lefebvre disait, dans un entretien avec François Brigneau, à Radio Courtoisie : « Malgré les persécu-tions, on peut dire violentes, de la part de Rome et de la commission romaine (Ecclesia Dei, ndlr) qui est chargée de la récupération des traditionalistes pour les soumettre au Concile […] la situation est plus stable, est plus forte, est plus dynamique que jamais. » (Mes derniers cahiers, première série, n° 1, Pour saluer Mgr Lefebvre, par François Brigneau, Publica-tion FB, p. 35)

Le mot est lâché - et il est juste - par Mgr Lefebvre : la commis-sion Ecclesia Dei « est chargée de la récupération des traditionalis-tes ». Aujourd’hui, cette mission n’a pas changé. C’est ce qu’il faut démontrer. Pour ce faire, il est né-cessaire de parcourir les grandes étapes qui ont fait et font l’his-toire de ladite commission. Quatre documents sont à prendre en compte : 1) la Lettre du 3 octobre 1984 ; 2) le Motu proprio du 2 juillet 1988 ; 3) le Motu proprio du 7 juillet 2007 ; 4) le Motu proprio du 2 juillet 2009. La lettre du 28 octobre 2013 du Nonce à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre servira de confirmation de la thèse.

1) La Lettre circulaire Quattuor abhinc annos adressée par la Congrégation pour le Culte divin aux conférences épiscopales le 3 octobre 1984.

Ce document est antérieur à la création de la commission Ecclesia Dei, mais il est extrêmement im-portant. En effet, il restera le do-cument fondamental qui informe-ra l’esprit de la future commission qui s’y réfèrera.

En 1980, Rome a demandé à tous les évêques du monde de faire un rapport sur la mise en place de la réforme liturgique voulue par le pape Paul VI. Ce rapport devait, entre autres cho-ses, s’exprimer sur « les difficultés rencontrées dans la réalisation de la réforme liturgique » et « les éventuelles résistances » qu’il avait « peut-être fallu vaincre ». D’après les réponses envoyées à Rome, il semblait que le problème des prêtres et des fidèles attachés à ce que l’on appelle le rite triden-tin était pour ainsi dire réglé.

En réalité, le problème de la messe ancienne subsistait bel et bien. La Rome moderniste se ren-dant compte qu’elle ne pourrait étouffer le mouvement en faveur de l’ancienne messe décidait d’es-

sayer d’en prendre le contrôle : « Le souverain pontife, désirant donner satisfaction à ces grou-pes » accordait la célébration de la messe tridentine « tout en obser-vant les normes suivantes » dont la première était celle-ci : « Qu’il soit bien clair que ces prêtres et ces fidèles n’ont rien à voir avec ceux qui mettent en doute la légi-timité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué par le pape Paul VI en 1970 et que leur position soit sans aucune ambi-guïté et publiquement reconnue. » Il était donc bien établi qu’un prêtre ne pouvait bénéficier de la messe ancienne qu’à condition de cesser le combat contre la messe Paul VI, et que cette position soit publique et connue de tous.

Par ailleurs, cette concession devait « être utilisée sans préju-dice de l’observance de la réforme liturgique dans la vie des commu-nautés ecclésiales ». Il était donc aussi bien clair que cette conces-sion ne pouvait avoir la prétention de supplanter la messe Paul VI et que celle-ci devait garder tous ses droits et sa « primauté » liturgi-que.

Les lois révolutionnaires ayant pour résultat de produire des effets contraires à ceux pour les-quels elles sont prévues, il faut

La véritable mission

de la commission Ecclesia Dei

Combat de la Foi n° 176 4

tirer plusieurs conclusions de cet indult : 1) sa publication faisait croire au monde entier que la messe Saint-Pie V était interdite alors qu’elle ne l’était pas et ne pouvait pas l’être (le document du 7 juillet 2007 de Benoît XVI en fera l’aveu) ; 2) elle faisait croire, en conséquence, qu’il fallait une permission spéciale pour célébrer la messe ancienne ; 3) loin d’être libérée, cette messe ancienne était, en raison des conditions à remplir pour en bénéficier, instrumentali-sée en vue de l’acceptation de la nouvelle messe Paul VI.

Cet indult était donc un « piège doctrinal ». Ainsi, ceux qui préten-daient jouir de la messe Saint-Pie V « légalement » ne faisait, en réalité, que profession « légale » d’accepter officiellement la nou-velle messe qu’ils avaient refusée jusque-là. En conséquence, ce Motu proprio, loin d’être une vic-toire pour les tenants de la liturgie ancienne, était en réalité une vic-toire de la Rome moderniste en faveur de la réforme liturgique conciliaire. Il était donc clair que la Fraternité Saint-Pie X ne pou-vait en aucune façon se prévaloir d’un tel indult. Les prêtres de cette Fraternité ne devaient donc jamais demander la permission de célébrer leur messe dans une église ou un sanctuaire, sur la base de cet indult. Les conditions imposées leur interdisaient, de toutes façons, l’obtention de cette faculté puisque leur position vis-

à-vis de la nouvelle messe (relire le CF n° 171) ne leur permettait pas d’en remplir les impératifs.

2) La Lettre apostolique Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, en forme de Motu proprio du pape Jean-Paul II.

Ecclesia Dei, ce sont les deux premiers mots d’un texte publié par Rome le lendemain de la pré-tendue excommunication de Mgr Lefebvre. En effet, le 30 juin 1988, l’évêque procédait à ce qu’il avait appelé « l’opération survie de la Tradition » en sacrant quatre évê-ques auxquels il ne donnait pas de juridiction. Ceux-ci, appuyés sur les principes du Droit canon de l’Église, devraient assurer une suppléance (prévue par la loi ec-clésiastique en plusieurs matières) au sein de la crise conciliaire pour la prédication de la foi, l’adminis-tration du sacrement de confirma-tion et du sacrement de l’ordre. L’excommunication, bien qu’exis-tante sur le papier, était en réalité dénuée de fondement. Monsei-gneur Lefebvre, avant de sacrer, avait étudié et fait étudier l’ancien Droit canon pour s’assurer qu’il agissait selon l’Esprit de l’Église contenu dans cet axiome : Supre-ma lex, salus animarum. Une thèse de l’abbé Murray avait même, en 1995, eu l’audace de prouver que, selon le nouveau droit de Jean-Paul II, l’excommunication n’était pas fondée !

L’excommunication du 1er juillet 1988

Le 1er juillet 1988, le décret Dominus Marcellus Lefebvre ex-communiait donc injustement, tant du point de vue du Droit

canon de 1917 que du nouveau de 1983, l’évêque consécrateur et les quatre évêques consacrés. Excom-munication nulle et non avenue, excommunication fantôme, ex-communication de papier faisant figure d’épouvantail pour faire peur aux pauvres gens qui avaient retrouvé espoir dans l’Église grâce à l’Athanase du XX° siècle.

Le Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet

L’épouvantail allait remplir son rôle efficace pour précipiter les braves gens, les formalistes et les craintifs dans les « bras grand ouverts » de la Rome conciliaire : la menace de schisme et donc la crainte de la perte éternelle de son âme. Tout allait donc les détour-ner efficacement de la Fraternité de Mgr Lefebvre et les tourner pour de bon vers l’Église conci-liaire.

C’est ainsi que Jean-Paul II dé-créta l’institution d’une commis-sion pour ceux « qui désirent rester unis au successeur de Pierre dans l'Église catholique, en conservant leurs traditions spiri-tuelles et liturgiques ».

Il s’agissait donc bien d’une commission de récupération des fidèles et des prêtres ayant fré-quenté la Fraternité Saint-Pie X. Les effets ne se firent pas atten-dre : des clercs, plus formalistes que canonistes, crurent devoir q u i t ter la Fra tern i té d e Monseigneur Lefebvre pour fonder la Fraternité Saint-Pierre afin d’être « dans la légalité ». Lé-galité conciliaire, cela va sans dire. Ils furent accueillis par une com-mission qui porterait un nom composé des trois mots du début de la lettre qui en était à l’origine :

La mission d’Ecclesia Dei

5 Combat de la Foi n° 176

Ecclesia Dei afflicta. C’est-à-dire : l’Église de Dieu est affligée… Af-fligée par quoi ? Par le prétendu s c h is me d e Mon s eign eu r Lefebvre, schisme que personne n’a jamais pu prouver ni démon-trer, et que beaucoup de spécialis-tes ont démenti.

C’était, pour ces prêtres, accep-ter de se soumettre à une commis-sion conciliaire et, de ce fait, aller contre l’esprit de la loi : « Celui qui, pour garder la lettre de la loi, va contre l’esprit de la loi, celui-là pèche contre la loi. » (Regula juris 88) Par formalisme, il commettait une sorte de « péché juridique » : un péché contre la loi sous pré-texte d’être en règle avec elle.

Se désolidariser de la Fraternité Saint-Pie X

Je n’entends pas faire ici une analyse complète de ce Motu proprio de 1988. Tous les paragra-phes méritent, non seulement un commentaire, mais une critique sévère, tant la présentation qu’ils font des faits est contraire à la ré-alité.

Je voudrais simplement attirer l’attention sur l’appel que fait Jean-Paul II à se désolidariser de la Fraternité Saint-Pie X dans ce document : « Dans les circonstan-ces présentes, je désire avant tout lancer un appel à la fois solennel et ému, paternel et fraternel, à tous ceux qui, jusqu'à présent, ont été, de diverses manières, liés au mouvement issu de Mgr Lefebvre, pour qu'ils réalisent le grave devoir qui est le leur de rester unis au Vicaire du Christ dans l'unité de l'Église catholique et de ne pas continuer à soutenir de quelque façon que ce soit ce mou-vement. Nul ne doit ignorer que

l'adhésion formelle au schisme constitue une grave offense à Dieu et comporte l'excommunica-tion prévue par le droit de l'Église. » (§ 5, c)

Comme expliqué ci-dessus, en compensation de cette désolidari-sation, « une commission est insti-tuée, qui aura pour mission de collaborer avec les évêques, les di-castères de la Curie romaine et les milieux intéressés, dans le but de faciliter la pleine communion ec-clésiale des prêtres, des séminaris-tes, des communautés religieuses ou des religieux individuels ayant eu jusqu'à présent des liens avec la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre et qui désirent rester unis au successeur de Pierre dans l'Église catholique en conservant leurs traditions spirituelles et li-turgiques » (§ 6, a).

La mission de la commission Ecclesia Dei est donc bien claire et nette : combattre l’œuvre de salut spirituel de l’évêque fondateur de la Fraternité Saint-Pie X. Il avait donc bien raison de dire que la commission Ecclesia Dei était « chargée de la récupération des traditionalistes ».

De 1984 à 1988 : même combat !

Autre point extrêmement im-portant : le Motu proprio du 2 juil-let 1988 précisait au point 6, c : « On devra partout respecter les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradi-tion liturgique latine, et cela par une application large et généreuse des directives données en leur temps par le Siège apostolique pour l'usage du missel romain, selon l'édition typique de 1962. » Cet alinéa renvoyait à la note n°9 de bas de page qui fait référence

au document du 3 octobre 1984 : Cf. Congrégation pour le Culte divin, Lettre Quattuor abhinc annos, 3 octobre 1984 : AAS 76 (1984), pp. 1088-1089. Il était donc bien clair que la commission Ecclesia Dei continuerait dans sa ligne originelle : vous ne serez dans la légalité que si vous ne combattez plus la messe de Paul VI, que si vous ne portez pas préjudice à la réforme liturgique conciliaire et que si votre position est publiquement connue de tout le monde.

Ainsi donc, la commission Ecclesia Dei avait bien pour but : 1) de marginaliser l’œuvre de Monseigneur Lefebvre et de la rendre inaccessible ; 2) d’en dé-tourner les prêtres et les fidèles ; 3) de faire accepter la nouvelle messe à tous les récalcitrants ; 4) de ne plus permettre à quiconque l’exclusivité de l’ancienne messe ; 5) et, finalement, de faire cesser le combat de la Tradition. Ecclesia Dei devenait le refuge des catholi-ques « préférant l’ancienne messe » par goût personnel, mais ayant cessé le bon combat qui consiste à refuser la nouvelle messe pour motifs de foi et à garder l’ancienne pour la même raison.

Pour ou contre la Fraternité Saint-Pie X

Dès lors se posait la question d’un « choix Ecclesia Dei » qui, fi-nalement, se traduisait dans un dilemme « pour ou contre Mgr Lefebvre » ou « pour ou contre la Fraternité Saint-Pie X ». Plus gé-néralement, apparaissait désor-mais un faux problème : « dans l’Église avec Ecclesia Dei, ou hors de l’Église avec la Fraternité Saint-

La mission d’Ecclesia Dei

Combat de la Foi n° 176 6

Pie X ». Plus simplement encore : catholique ou excommunié. Il y avait là apparemment un choix en conscience, et, semblait-il, un choix en matière grave, qui enga-geait, en toute logique le salut de ceux qui optaient en connaissance de cause. Il ne s’agissait, en réali-té, que d’un scrupule de cons-cience créé de toute pièce par les hommes d’Église conciliaires pour mener à bien leur révolution litur-gique et faire disparaître à tout ja-mais l’œuvre de Mgr Lefebvre.

3) La Lettre apostolique Summorum pontificum du 7 juillet 2007 en forme de Motu proprio de Benoît XVI.

Ce document est celui qui a conduit bon nombre de catholi-ques à croire que la messe Saint-Pie V avait été « libérée ». Il méri-terait un commentaire intégral. Cependant, il faut, dans cet arti-cle, se limiter à ce qui suit.

Après avoir appliqué fausse-ment à la nouvelle messe de Paul VI tout ce que l’on pourrait dire en toute vérité du rite de saint Pie V, le pape en vient à rappeler que : « Dans certaines régions tou-tefois, un nombre non négligeable de fidèles se sont attachés et conti-nuent à être attachés avec un tel amour et une telle affection aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément impré-gné leur culture et leur esprit, que le souverain pontife Jean-Paul II,

poussé par la sollicitude pastorale pour ces fidèles, accorda en 1984 par un indult spécial Quattuor abhinc annos, rédigé par la Congrégation pour le Culte divin, la faculté d’utiliser le Missel ro-main publié en 1962 par Jean XXIII ; puis de nouveau en 1988, par la lettre apostolique Ecclesia Dei en forme de Motu proprio, Jean-Paul II exhorta les évêques à utiliser largement et gé-néreusement cette faculté en fa-veur de tous les fidèles qui en fe-raient la demande. » La ligne de pensée est claire : la Rome conci-liaire est toujours dans la voie tracée par le document du 3 octo-bre 1984.

Viennent ensuite douze arti-cles dont le premier se termine en ces termes : « Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la messe suivant l’édition type du Missel romain promulguée par le bien-heureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogée, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions éta-blies par les documents précé-dents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit. » Suivent 11 articles qui énoncent de nouvelles conditions pour bénéficier de l’ancienne messe.

On pouvait croire que tout avait changé, que l’ancienne messe était définitivement libre, car les facultés accordées sem-blaient véritablement plus « larges ». En vérité, il n’en est pas ainsi, car l’article 11 du document affirme sans détours : « La com-mission pontificale Ecclesia Dei, érigée par le pape Jean-Paul II en 1988, continue à exercer sa mis-sion. » Et la note 5 de mentionner :

Cf. Jean-Paul II, Motu proprio Ecclesia Dei (2 juillet 1988), n° 6 ; AAS 80 (1988), p. 1498. Quelle est cette mission ? Celle qui se trouve fixée dans le document de 1988 cité : détourner les fidèles de l’œu-vre de Monseigneur Lefebvre et, en référence au document du 3 oc-tobre 1984, n’accorder le rite tri-dentin qu’à ceux qui ne remettent pas en cause la nouvelle messe, sans préjudice de la réforme litur-gique, et dont la position est pu-bliquement connue.

L’article 12 prévoit que « cette même commission, outre les fa-cultés dont elle jouit déjà, exerce-ra l’autorité du Saint-Siège, en veillant à l’observance et à l’appli-cation de ces dispositions ». Et de fait, les articles 7 et 8 renvoient à ladite commission en cas de litige dans les demandes de célébrer l’ancien rite.

La ligne est donc toujours la même et le Motu proprio de 2007 ne fait qu’élargir matériellement la faculté d’utiliser le rite ancien. Car, formellement, son usage est toujours conditionné par les mêmes principes et le même esprit : ceux formulés dans le do-cument du 2 juillet 1988 qui se ré-fère au document du 3 octobre 1984. Nonobstant les apparences, la messe ancienne n’était donc pas libérée, mais toujours captive de la réforme conciliaire et finalisée par une démission : cesser le combat de la Foi en ce qui concerne la messe Paul VI et ac-cepter en principe la réforme litur-gique conciliaire. L’article Wikipédia sur le sujet ne s’y trompe pas : « Les dispositions présentées dans cette lettre pour-suivent la logique des textes anté-rieurs Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei. »

La mission d’Ecclesia Dei

7 Combat de la Foi n° 176

4) La Lettre apostolique Ecclesiae unitatem du 2 juillet 2009 en forme de Motu proprio de Benoît XVI.

Dans ce document, le succes-seur de Jean-Paul II rappelle le paragraphe 6, a de celui du 2 juil-let 1988 visant à « faciliter la pleine communion ecclésiale des prêtres, des séminaristes, des communautés religieuses ou des religieux individuels ayant eu jusqu'à présent des liens avec la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre et qui désirent rester unis au successeur de Pierre dans l'Église catholique en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques » (n° 2). Ce faisant, le pape voulait « élargir et actualiser… l’indication générale déjà contenue dans le Motu proprio Ecclesia Dei » (n° 3).

Il ne sera pas inutile de souli-gner ici deux points significatifs :

1) la commission garde son nom d’origine et donc garde comme texte fondateur le Motu proprio du 2 juillet 1988, avec tout ce qu’il comporte, spécialement sa référence à l’indult du 3 octobre 1984. Elle continue donc sa mission originelle : détourner de l’œuvre de Monseigneur Lefebvre les catholiques ;

2) le paragraphe n° 2 fait référence explicite au document d’origine : Jean-Paul II, Litt. Ap. Motu proprio Ecclesia Dei (du 2 juillet 1988), n° 6 : AAS 80 (1988), 1498 ; cf. orlf n° 27 du 5 juillet 1988. Ainsi donc, ce nouveau document reste dans la ligne de 1984 et de 1988. C’est toujours la même guerre contre la Tradition.

Par ailleurs, dans ce docu-ment, Benoît XVI prend une dé-cision de grande conséquence. Il veut « refondre la structure de la commission Ecclesia Dei, en la reliant de manière plus étroite à la Congrégation pour la doctrine de la Foi ». Voilà donc l’objet de la lettre : superposer la commis-sion Ecclesia Dei à la Congréga-tion pour la doctrine de la Foi. Le but de cette manœuvre est indi-qué au n° 5 : « Précisément parce que les problèmes qui doivent à présent être traités avec la Fraternité (Saint-Pie X) sont de nature essentiellement doctri-nale, j'ai décidé – vingt et un ans après le Motu proprio Ecclesia Dei, et conformément à ce que je m'étais réservé de faire – de re-fondre la structure de la commis-sion Ecclesia Dei, en la reliant de manière plus étroite à la Congré-gation pour la doctrine de la Foi. » Sous couvert de recentrer les discussions sur le plan doctri-nal (ce qui est juste), Benoît XVI prend une mesure qui va obliger la Fraternité Saint-Pie X à avoir pour interlocuteur, non plus la Congrégation pour la doctrine de la Foi, mais une commission qui a été fondée pour la faire dispa-raître ! Quelle est cette commis-sion ? Ecclesia Dei.

Désormais, la Fraternité Saint-Pie X sera donc contrainte de dialoguer avec son ennemi juré depuis le 2 juillet 1988 : la commission Ecclesia Dei. Et cette commission, il faut le rappeler, repose, comme sur sa pierre fon-damentale, sur l’excommunica-tion de Monseigneur Marcel Lefebvre.

5) La bénédiction du pape François à l’occasion des 25 ans de la fondation de la Fraternité Saint-Pierre.

Les faits viennent démontrer que la commission Ecclesia Dei et Vatican II mènent le même combat. Dans sa lettre du 28 octo-bre 2013, le Nonce apostolique de Paris, Luigi Ventura, assure les membres de la Fraternité Saint-Pierre que « le pape François s’unit à l’action de grâce de ses membres pour l’œuvre accomplie au cours du quart de siècle écou-lé au service de la communion ecclésiale cum Petro et sub Petro ». De quelle œuvre ecclé-siale s’agit-il ? Celle qui a consis-té, comme l’indique le Motu Proprio du 2 juillet 1988, à dé-tourner les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X vers l’Église conciliaire. Le pape fait d’ailleurs référence aux évène-ments qui lui ont donné nais-sance, c’est-à-dire les sacres de 1988 et l’excommunication de Mgr Lefebvre : « C'est dans un moment de grande épreuve pour l’Église qu’est née la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. »

François les encourage ensuite « à poursuivre leur mission de ré-conciliation entre tous les fidè-les, quelle que soit leur sensibili-té ». Il ne peut s’agir, en toute lo-gique, que de réconciliation avec l’Église conciliaire et le nouveau rite. En voici la preuve : « Qu’en célébrant les Mystères sacrés selon la forme extraordinaire du rite romain (messe Saint-Pie V) et les orientations de la Constitu-tion sur la Liturgie Sacrosanctum Concilium (issue de Vatican II), ainsi qu’en transmettant la foi apostolique telle qu’elle est pré-

La mission d’Ecclesia Dei

Combat de la Foi n° 176 8

La mission d’Ecclesia Dei

sentée dans le Catéchisme de l’Église catholique (conciliaire), ils contribuent, dans la fidélité à la Tradition vivante de l’Église, à une meilleure compréhension et mise en œuvre du concile Vatican II. »

Conclusion

Mgr Lefebvre avait donc bien raison d’affirmer que la com-mission romaine (Ecclesia Dei) est chargée de la récupération des traditionalistes pour les soumettre au Concile.

La mission de la commission Ecclesia Dei, depuis le 2 juillet 1988, est donc de réconcilier les prêtres et les fidèles attachés à l’œuvre de Monseigneur Marcel Lefebvre avec l’Église conciliaire. Dans ce but, elle continue sa mis-sion aujourd’hui encore : la « récupération » des prêtres et les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X et de ses communautés amies pour leur faire cesser le combat de la Foi.

Que tous ceux donc qui s’imaginent qu’il y a identité de vocation entre les instituts Ecclesia Dei et la Fraternité

sacerdotale Saint-Pie X ouvrent les yeux. La commission Ecclesia Dei et les instituts qui lui sont rattachés sont un grand danger pour l’œuvre fondée par Mgr Marcel Lefebvre. Ils ont pour vocation de la neutraliser, de la paralyser et de la dissoudre.

Cela est inscrit clairement dans les textes fondateurs de cette commission. Contra factum, non fit argumentum : contre les faits, il n’y a rien à répliquer.

Abbé Guy Castelain+

Dans sa lettre aux évêques qui accompagnait le Motu proprio Summorum Pontificum (7 juillet 2007) sur l’usage de la liturgie ro-maine antérieure à 1970, le pape Benoît XVI affirmait : « Quant à l’usage du Missel de 1962, comme Forma extraordinaria de la Litur-gie de la messe, je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abro-gé, et que par conséquent, en prin-cipe, il est toujours resté autori-sé. » Dans le contexte qui est celui

de l’Église conciliaire, il faut avouer que, par cette déclaration, le pape a fait un aveu courageux…

Cependant, il faut reconnaître que cette déclaration demeure un énorme scandale. Pourquoi ? Tout simplement parce que durant ces quelque quarante ans durant les-quels cette messe n’a jamais été interdite, les hommes d’Église n’ont cessé de persécuter les prê-tres ayant gardé l’ancienne messe ! En effet, comment expliquer, aux yeux du monde, que l’Église répu-

tée une, sainte, catholique et apos-tolique, ait pu persécuter des in-nocents usant de leur bon droit pour célébrer la messe ?

Un prélat, témoin en son temps des injustices pratiquées envers Mgr Lefebvre à Rome par le cardi-nal Villot qui avait l’avait empê-ché de faire recours à la Signature Apostolique pour se défendre selon le Droit canon, disait à un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X : « Le cardinal Villot aura des comptes à rendre au Bon Dieu au

La messe Saint-Pie V

n’a jamais été interdite ?

9 Combat de la Foi n° 176

La messe interdite ?

sujet de Mgr Lefebvre ! » Eh bien, de même, les hommes d’Église conciliaires, et principalement les papes conciliaires, auront des comptes à rendre au Bon Dieu vis-à-vis des prêtres persécutés et morts pour avoir gardé la messe de leur ordination.

Voici un exemple vécu, rappor-té par Mgr Lefebvre en septembre 1987 à Annecy au cours d’une conférence. Ce cas n’est pas un cas isolé. Ils sont nombreux, les prê-tres, ayant été persécutés par Rome ou leur évêque, morts de chagrin par fidélité à la « messe de toujours ».

Abbé Guy Castelain+ Je vais vous raconter l’histoire

d’un des seuls prêtres africains de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit qui disait la messe ancienne, et qui n’a jamais dit la messe nouvelle. Il avait confié : « J’ai été ordonné avec la Messe ancienne, je garderai la Messe an-cienne jusqu’à ma mort. Je ne chan-gerai rien ».

C’était un missionnaire du Sénégal que je connaissais bien. Je l’avais eu comme missionnaire quand j’étais évêque à Dakar, un excellent missionnaire. Il vivait dans la brousse, pauvrement, comme les Africains de la brousse, connaissant la langue, parlant comme un indigène. Cela faisait 40 ans qu’il était au Sénégal.

Il est rentré en France dernière-ment pour marier une de ses nièces de la région de Melun, et le Provin-cial des Pères du Saint-Esprit lui a dit : « Vous ne retournerez plus au Sénégal, c’est fini.

- Mais pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? demanda-t-il.

- Parce que vous dites la messe de Saint-Pie V.

- Oui, je dis la messe de Saint-Pie V, qu’est-ce que je fais de mal ? Mes Africains sont très contents de la messe que je dis, j’ai toujours dit la même messe, on n’a rien changé. On continue comme autrefois, et pour eux c’est toujours la même messe.

- Non, vous ne retournerez plus au Sénégal ».

Ce missionnaire qui était atta-ché corps et âme à ces Africains, à ce village et qui aurait voulu mou-rir là-bas, n’a pas pu repartir.

J’ai appris qu’il était dans le Gard chez un de ses amis, aban-donné des Pères du Saint-Esprit. Je pense sincèrement qu’il a attrapé le cancer, rongé par la douleur de ne plus pouvoir retourner en Afrique. Il est mort il y a 3 semaines.

J’ai reçu le faire-part, rédigé par ses deux sœurs et ses deux frères mariés. Ils ont eu le courage d’é-crire sur ce faire-part imprimé : « mort pour avoir continué à célé-brer la messe de Saint-Pie V ». C’est la première fois que je voyais cela sur un faire-part.

J’ai écrit à sa sœur et lui ai dit : « Je vous félicite d’avoir mis la vraie raison pour laquelle ce pau-vre missionnaire est mort ».

Elle m’a dit : « Monseigneur, je ne savais pas que j’avais un frère aussi saint ».

Elle a ajouté : « Je l’ai veillé les deux jours avant sa mort. Il était sur son lit de mort, par conséquent, il ne me regardait plus. Il était tout entier pris par sa messe. Il a célébré la sainte messe, couché dans son lit. Il a récité toutes les prières, du début à la fin, comme toujours. Il a consacré une Hostie, il s’est com-munié lui-même, sur son lit de

mort, parce que personne n’est venu pour l’aider à mourir. La veille de sa mort, il a répété encore les paro-les de la Consécration de la messe. Il ne me voyait plus. Il était pris par sa messe. Il est parti comme cela, dans sa messe. C’était magni-fique. Je ne savais pas que j’avais un frère aussi saint ».

Ce que je viens de vous relater est un exemple parmi tant d’autres, exemple vécu qui date de trois se-maines seulement - ce n’est pas vieux - qui atteste qu’il s’agit bien de persécution. Et pendant ce temps-là, on peut parler de chari-té... Ce missionnaire a été aban-donné : personne n’est venu pour le soutenir, pour le soulager, pour l’assister à sa mort. C’est l’abomi-nation.

Alors il ne faut pas nous éton-ner, nous avons en face de nous des libéraux. Louis Veuillot disait : « Il n’y a pas plus sectaire qu’un libé-ral ». C’est vrai, on le reconnaît par l’expérience, il n’y a pas plus sec-taire qu’un libéral. Les libéraux sont sectaires vis-à-vis de nous. Ils feront tout ce qu’ils pourront pour nous détruire, pour nous empêcher de continuer la Tradition, pour nous empêcher de continuer dans la Foi. Il faut bien que nous nous di-sions cela ».

+ Mgr Marcel Lefebvre

Combat de la Foi n° 176 10

Les ralliés : qu’en penser ?

Introduction Les sacres des évêques à Écône

en juin 1988, nécessaires pour as-surer la validité des sacrements et la transmission de la foi, furent la raison d’une séparation au sein de la tradition catholique. Des prê-tres issus de la Fraternité Saint-Pie X ou des communautés amies ont jugé qu’ils devaient se mettre en accord juridique ou légal avec les autorités romaines modernis-tes et libérales, afin, disaient-ils, d’éviter le schisme. Le choix de cet accord est appuyé sur divers motifs que nous exposerons plus loin. Pour la plupart de ces com-munautés, cet accord est défini selon les termes du Motu Proprio du 2 juillet 1988 ; d’autres ont conclu cet accord plus tard, mais selon un esprit semblable à ce Motu Proprio. Toutes ces commu-nautés sont régies par la commis-sion Ecclesia Dei. Elles sont donc soumises au Motu Proprio du 2 juillet 1988, quant au texte pour celles qui l’ont signé, sinon quant à l’esprit. Quant à l’esprit car cette Commission est fondée tout ex-

près pour appliquer ce Motu Proprio (n°6 a). De plus leurs membres sont tenus de signer la profession de foi imposée par le cardinal Ratzinger en 1989, et la « formule d’adhésion » à la com-mission Ecclesia Dei. Ce sont en quelques sortes les documents fondateurs auxquels il faut se rap-porter. (L’article de M. l’abbé Castelain, “La véritable mission Ecclesia Dei”, en a montré l’unité de pensée et d’intention.)

On les appelle »ralliés » parce que dans les faits comme dans les principes, ils ne sont plus du côté de leurs anciens compagnons d’arme, mais du côté de ceux qu’ils combattaient avant comme ennemis de la foi, de la Tradition et du règne social de Notre Seigneur Jésus Christ. Ce sont la Fraternité Saint-Pierre, l’abbaye de Fongombault, l’Institut de la Sainte-Croix de Riaumont, l’ab-baye du Barroux, l’Institut du Christ-Roi, la Société Sacerdotale S a i n t - J e a n - M a r i e - V i a n n e y (Campos), l’Institut du Bon Pasteur, la Fraternité Saint-Vincent Ferrier (Chéméré-le-Roi).

Concluant cette union, tous avaient l’espérance qu’ils pour-raient garder sans compromission la foi catholique et conserver sans altération la doctrine et la liturgie traditionnelles, tout en étant en bon terme avec la Rome moder-niste afin d’éviter le schisme pré-tendu. « Ce que nous demandions depuis le début (messe de saint

Pie V, catéchisme, sacrements, le tout conforme au rite de la Tradi-tion séculaire de l’Église), nous était octroyé, sans contrepartie doctrinale, sans concession, sans reniement. » (Dom Gérard, 18 août 1988)

Les faits exposés plus bas mon-trent la vanité de cette espérance. Il faut cependant en établir les rai-sons, ce que nous ferons selon trois principes qui permettent de cerner la réalité tout entière, sans rien omettre.

La fin, c’est-à-dire ce pourquoi l’union a été établie. Parcourir la campagne pour un renard a pour fin de trouver la nourriture ; le vol circulaire de l’aigle est fait pour voir et fondre sur sa proie ; de même toute action humaine indi-viduelle ou collective a une fin.

La nature ou les clauses de l’union. Les enfants de la Croisade Eucharistique s’unissent dans un même idéal de prière, sa-crifice, communion et apostolat en vue de sauver les âmes et se sanc-tifier ; les voleurs et les recéleurs se mettent d’accord sur le vol et les moyens d’écouler les biens volés en vue d’un équitable par-tage du butin ; de même quand des hommes s’accordent sur une action commune en vue d’une fin, ils en établissent les conditions et les moyens.

L’autorité à laquelle on se soumet pour atteindre la fin en appliquant les clauses de l’accord.

La bouche de la vérité, Sainte-Marie-in-Cosmedin,

Rome

11 Combat de la Foi n° 176

Dans cet article nous regardons les faits, nous en donnons un ré-sumé. Nous limitons les citations et les références. Nous pourrions toutes les donner, mais le résumé des faits, ainsi allégé, donne une lumière plus vive et plus frap-pante.

Réception de Vatican II

Soit c’est l’acceptation simple et totale du Concile Vatican II (M. l’abbé Bisig supérieur général de la Fraternité Saint-Pierre, en janvier 1999, dans la revue des do-minicains polonais Wdroze ; Mgr Rangel de Campos, le 18 jan-vier 2002).

Soit c’est l’adhésion enthou-siaste à l’herméneutique de la continuité de Benoît XVI (discours du 22 décembre 2005) appliquée à Vatican II et à ses ré-formes : Vatican II n’est pas « une rupture avec la Tradition », ni un « commencement nouveau », mais « une réforme dans la continui-té » (Tu es Petrus, janvier-février 2007 et juillet-août 2010).

Lorsqu’en mars 2012 l’Institut du Bon Pasteur (IBP) est mis au pas par Mgr Pozzo (de la commission Ecclesia Dei), il doit accepter d’enseigner le magistère post conciliaire et le nouveau caté-chisme.

L’œcuménisme de Vatican II

Certains acceptent la réunion interreligieuse d’Assise en 1986 : « Je ne vois rien de mauvais dans le fait que des catholiques se don-

nent un rendez-vous avec des non-catholiques, qu’ils s’entre-tiennent avec eux, etc. Assise avait en un certain sens, une grande im-portance, dans la mesure où, dans le cadre de la prière pour la paix, se rencontraient les fidèles des différentes religions. » (Abbé Bisig dans la Revue Wdroze, janvier 1999, cité dans Le Chardonnet, n° 239)

Ils la justifient : la Fraternité Saint-Pierre produit une réponse à l’ouvrage de la Fraternité Saint-Pie X intitulé De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse dans le double numéro de la revue Tu es Petrus de novembre 2004 et fé-vrier 2005 ; Le Barroux, de son côté, en la personne du Révérend Père Basile, rédige deux ouvra-ges : Quel œcuménisme ? La diffi-cile unité des chrétiens et L’Église au défi des religions (novembre 2013).

D’autres ne voient rien à redire à la prière silencieuse de Benoît XVI dans la mosquée d’Istanbul : « C’est un signe de respect mutuel et de la vraie liberté de culte. » (Tu es Petrus, n°108-109, 2007)

« L’Église de Jésus Christ subsiste dans l’Église Catholique »

Le fameux « subsistit in (subsiste dans) » du concile Vatican II ruine le dogme de la foi : « Hors de l’Église, pas de salut ». En effet, selon le sens ob-vie des mots, cette affirmation si-gnifie que l’Église de Jésus Christ subsiste dans l’Église catholique,

mais aussi dans d’autres commu-nautés chrétiennes. En celles-ci, toujours selon Vatican II, existent « de nombreux éléments de sanc-tification et de vérité ». Ces deux affirmations favorisent le faux œcuménisme qui voit dans ces communautés chrétiennes des églises sœurs. Leur rapport à l’Église catholique n’est plus celui de l’erreur à la vérité, mais de la communion imparfaite à la pleine communion. Mais toutes ces affir-mations ruinent la foi qui dit que l’Église catholique est l’unique Église de Jésus Christ et l’unique arche de salut.

Beaucoup de ralliés, cepen-dant, se réjouissent de l’interpré-tation authentique donnée par Benoît XVI (6 août 2000) de cette fausse distinction. (Le magistère vivant de l’Église, Mgr Rifan de Campos ; Blog de l’abbé Philippe Laguérie, 25 juillet 2007)

La liberté Religieuse

La royauté de Jésus Christ ne serait pas incompatible avec la fausse doctrine de Vatican II sur la liberté religieuse (DH n° 3). Il faut, dit le bénédictin dom Pateau de Fontgombault, « respecter la li-berté d’autrui dont, en retour, on est en droit d’attendre qu’il res-pecte au minimum notre propre liberté : “L’homme ne doit pas être contraint d’agir contre sa conscience. Mais il ne doit pas être empêché non plus d‘agir se-lon sa conscience surtout en ma-tière religieuse”« (Homélie du 24 novembre 2013).

État des ralliés en 2013

Combat de la Foi n° 176 12

D’ailleurs, dit un autre béné-dictin, « le concept de liberté reli-gieuse » a changé entre les papes du XIXème siècle et l’époque du Concile Vatican II : « La liberté re-ligieuse de Vatican II est le droit pour toute personne de ne pas être empêché, par la force, d’agir selon sa conscience en matière re-ligieuse. » Selon lui cette liberté ne serait pas « un droit à l’er-reur ». (Dom Basile Valuet, moine du Barroux, La Vie, septembre 2012 ; il est l’auteur d’une thèse de 1000 pages prétendant défendre la liberté religieuse du Concile.)

La spéculation des bénédictins ne tient pas devant l’action concrète : si j’ai droit à ne pas être empêché, j’ai le droit de faire ce que je veux !

Comme le Barroux, la commu-nauté de Chéméré le Roi a produit une thèse pour justifier la conti-nuité de cette fausse liberté reli-gieuse avec la Tradition catholi-que.

La Nouvelle Messe

Certains acceptent volontiers de célébrer cette nouvelle messe ou même de la concélébrer, en particulier le Jeudi saint avec l’é-vêque. Selon les Instituts, les prêtres peuvent, mais ne sont pas obligés de la célébrer. Si certains s’y refusent c’est par obéissance aux statuts de l’Institut et non par motif doctrinal.

La plupart déclarent ce rite conforme à la doctrine catholique. Selon eux, dire qu’il est intrinsè-quement mauvais est impossible à soutenir sans tomber dans le sédé-vacantisme.

Pour d’autres, la Nouvelle Messe n’est pas un désordre moral : y participer n’est pas un

péché ; dire le contraire tournerait au schisme ou sédévacantisme. Refuser seulement d’y assister paraît même à certains un acte schismatique.

Ils concèdent seulement que la Nouvelle Messe est moins riche doctrinalement. Et beaucoup parlent de la réforme de la ré-forme : prendre ce qu’il y a de meilleur dans les deux rites, pour en faire un troisième.

Le nouveau catéchisme

Il est admis par tous, et même défendu contre la critique faite par la FSSPX : le Barroux a pro-duit un ouvrage Oui ! Le nouveau catéchisme de l’Église catholique est catholique. Rome le rend aussi obligatoire à l’IBP.

Le nouveau code de 1983

Il est accepté par tous et tous y sont soumis (voir dans Le Combat de la Foi n° 172 le jugement à porter sur ce code).

Pratique

Ils participent activement aux JMJ de Cologne, Madrid et Rio.

Ils font appel à l’évêque diocé-sain pour les ordinations et les confirmations.

D’un côté, ils jugent Jean Paul II comme un « athlète de la foi » et Benoît XVI comme « un don à l’Église ». D’un autre côté ils font silence sur les scandaleu-ses canonisations des papes du Concile (Jean XXIII) et d’Assise (Jean Paul II) et sur les actes cho-quants du pape François.

Ils signent la formule d’adhé-sion à la commission Ecclesia Dei.

Conclusion : cessation du combat

Malgré des apparences favora-bles, ils ont cessé le combat de la foi, de sa défense contre les er-reurs modernistes.

C’est l’un des premiers juge-ments de Monseigneur Lefebvre sur les ralliés : baisser les armes ! et le motif : ne pas déplaire pour ne pas perdre ses avantages.

« Quand ils disent qu’ils n’ont rien lâché, c’est faux. Ils ont lâché la possibilité de contrer Rome. Ils ne peuvent plus rien dire. Ils doi-vent se taire étant données les fa-veurs qui leur ont été accordées. Il leur est maintenant impossible de dénoncer les erreurs de l’Église conciliaire. » (Mgr Lefebvre, Fideliter n° 79, janvier-février 1991)

Les ralliés, qu’en penser ?

13 Combat de la Foi n° 176

Les ralliés veulent conserver la liturgie et la discipline tradition-nelle, tout en demeurant dans l’u-nité de l’Église sous le successeur actuel de Pierre. Le Motu Proprio semble leur concéder cette double fin cherchée. À y bien regarder, c’est un leurre tant du côté de la fin inscrite dans ce document que du côté de l’orientation générale de la Rome moderniste.

Fin inscrite dans le Motu proprio du 2 juillet 1988

Les autorités romaines moder-nistes, dans ce Motu Proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, n’ont pas concédé l’ancienne tra-dition liturgique pour des motifs objectifs de foi, pour le bien de la foi, sa conservation et sa propaga-tion (c’est-à-dire le bien commun de l’Église), mais pour les motifs que voici : faire cesser le combat de la foi ; procurer un bien subjec-tif ; ramener à la pleine commu-nion ecclésiale.

Cesser le combat de la foi

Le Motu Proprio s’oppose aux vrais défenseurs de la Tradition : en effet, la référence à l’indult du 3 octobre 1984 (n° 6 c et note n° 9) oblige les ralliés à « n’avoir au-cune part avec ceux qui mettent en doute l’orthodoxie de la nouvelle messe » c’est-à-dire avec les vrais défenseurs de la Tradition.

C’est une technique bien connue : pour détruire l’ennemi, il faut le diviser… Mais c’est aussi obliger les ralliés à cesser de cher-cher le bien commun de l’Église,

la foi, sa profession, sa propaga-tion et sa défense contre les er-reurs (toutes choses manifestées à travers la messe) que les fonda-teurs des communautés ralliées cherchaient autrefois avec les vrais défenseurs de la Tradition.

La formule d’adhésion à la commission Ecclesia Dei oblige elle aussi à baisser les armes. Elle dit en effet : « À l’égard de quel-ques points de doctrines (circa aliquas doctrinas) enseignées par le Concile Vatican II, ou à l’égard des institutions postérieures rela-tives soit à la liturgie soit au droit canon, et qui semblent à quel-ques-uns (aliquibus) difficilement ou nullement (aut nequaquam) conciliables avec les déclarations du magistère précédant, je m’o-blige à suivre la ligne positive d’une étude et d’une communica-tion avec le Siège apostolique, en évitant toute note polémi-que » (“polémique” en grec signi-fie combat…).

Procurer un bien subjectif

Le bien commun de l’Église est la foi, sa conservation et sa propa-gation. C’est un bien objectif : l’autorité de Dieu qui révèle et les vérités révélées s’imposent à tout homme. Le serment antimoder-niste précise admirablement cette objectivité : « Cinquièmement, je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n’est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du sub-conscient sous la pression du cœur et l’inclination de la volonté moralement informée, mais qu’elle est un véritable assenti-

ment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors, de l’écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l’autorité de Dieu souveraine-ment véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu per-sonnel, notre Créateur et notre Seigneur. » (Vatican I, Denzinger 3542)

À l’inverse, Rome veut répon-dre favorablement aux désirs de ceux qui appartenaient à la mou-vance de Mgr Lefebvre : « garantir le respect de leurs justes aspira-tions » (n° 5) en matière liturgi-que ; « conserver leur tradition spirituelle et liturgique » (n° 6 a) ; « respecter le désir spirituel de tous ceux qui se sentent liés à la Tradition liturgique latine » (n°6 c). On remarquera l’emploi des mots « leurs », « leur », « se » : ils montrent le primat du sujet sur la réalité et la foi…

En acceptant ce Motu Proprio, les ralliés transforment la foi en un sentiment subjectif et person-nel, une satisfaction de leur désir. Ils se tournent vers un bien sub-jectif (particulier et propre aux personnes) et sentimental (correspondant à leurs aspirations et désirs) : ce n’est plus la doc-trine, le bien commun et universel de l’Église, bien objectif de la foi.

Il est encore manifeste qu’ils se détournent du bien commun de l’Église en ceci que ce Motu Proprio, qu’ils acceptent, tient que la Tradition est vivante c’est-à-

La fin poursuivie

Les ralliés, qu’en penser ?

Combat de la Foi n° 176 14

dire évolutive. Le Motu Proprio dit en effet : il faudra mettre en lumière certains « points de doc-trine qui, peut-être à cause même de leur nouveauté, n’ont pas en-core été bien compris dans cer-tains secteurs de l’Église » (n° 5 b). Il est encore reproché aux disci-ples de Mgr Lefebvre de conce-voir une notion « incomplète » de la Tradition « car elle ne tient pas suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition » (n° 4). En accueillant ce Motu Proprio, les ralliés admettent cette notion évo-lutive de la foi, ce qui est la dé-truire.

Ramener à la pleine communion ecclésiale

Rome veut ramener les ralliés dans « la pleine communion ecclé-siale » (Motu Proprio, n° 6 a) et dans l’unité de l’Église (n° 5 c). C’est pourquoi, pour le pape, « il est évident que, loin de chercher à mettre un frein à l’application de la réforme entreprise après le concile, cette concession est desti-née à faciliter la communion ec-clésiale des personnes qui se sen-tent liées à ces formes liturgi-ques » (Audience du Saint-Père aux religieux de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, Osserva-tore romano, 2 octobre 1990).

Quelle église ? quelle commu-nion ?

Une nouvelle conception de l’Église

L’Église selon Vatican II est peuple de Dieu, collégiale et dé-mocratique (voir Le Combat de la foi n° 171 sur le nouveau code de Droit canon) ; elle est centrée sur l’homme et non sur Dieu : « Tout sur la terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet » (Vatican II, Gaudium et Spes n° 12, 1 ; voir Le Combat de la foi n° 174) ; elle est œcuménique : ce qui veut dire qu’elle n’est plus l’unique arche de salut ; elle est libérale, donnant droit à toutes les fausses religions de se propager et de pratiquer pu-bliquement leur culte…

Comme le dit Mgr Jullien, ar-chevêque de Rennes : « La ques-tion de fond n’est pas une ques-tion de latin, ni même de liturgie, si importante soit-elle. Ce qui est en jeu, c’est le mystère de l’Église. » (Le Choc du mois, 10 décembre 1988)

Une communion autour du Concile et de ses réformes

Assimiler le Concile et ses ré-formes, dont la nouvelle messe, est une demande réitérée des au-torités romaines, depuis le début des combats entre la Rome moder-niste et Mgr Lefebvre. D’ailleurs c’est une obligation à qui veut être ordonné de prononcer la nouvelle profession de foi, réclamée par le cardinal Ratzinger depuis le début de l’année 1989. Mgr Lefebvre la jugeait ainsi : « C’est un fait très grave. Car elle demande à tous ceux qui se sont ralliés ou qui pourraient le faire de faire une profession de foi dans les docu-ments du Concile et dans les réfor-mes post-conciliaires. Pour nous c’est impossible. » (Fideliter n° 79)

Quelques exemples récents il-lustrent pour ceux qui l’ignorent ce que Rome demande invariable-ment.

Fondé en 2006 comme une ex-périence d’une durée de cinq ans, l’Institut du Bon Pasteur est sou-mis à une visite canonique en 2011. La conclusion est donnée par Mgr Pozzo, de la commission Ecclesia Dei, en avril 2012.

Quant à la messe, « il convient de définir cette forme comme rite propre de l’Institut, sans parler d’exclusivité ». Autrement dit, les membres de cet Institut ne pour-ront plus ni exclure ni refuser la nouvelle messe, par conséquent ils devront la célébrer au moins quelquefois.

Quant au concile Vatican II, les professeurs du séminaire devront enseigner le Catéchisme de l’Église Catholique publié sous Jean-Paul II, lequel contient tou-tes les erreurs du Concile et d’au-tres encore ; par ailleurs, « une cri-tique sérieuse et constructive du concile Vatican II » ne suffit pas, il faut enseigner tout le magistère de l’Église, y compris le magistère de Jean-Paul II et de Benoît XVI, et insister sur « l’herméneutique du renouvellement dans la conti-nuité », principe si cher à Benoît XVI. Ceci revient à accep-ter pleinement le Concile et toute ses erreurs.

En outre, ils devront agir « avec un esprit de communion dans l’ensemble de la vie ecclésiale du diocèse », ce qui concrètement si-gnifie soumettre l’apostolat à l’é-vêque du lieu…

Dans cette même ligne, en juin 2012, le pape Benoît XVI pose, comme condition d’un accord de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome, l’acceptation du Concile et

Les ralliés, qu’en penser ?

15 Combat de la Foi n° 176

de la nouvelle messe : une fois de plus !

En 2013, Pour le vingt-cinquième anniversaire de la fon-dation de la Fraternité Saint-Pierre, le pape François souhaite que les membres de cet Institut, « en transmettant la foi apostoli-que telle qu’elle est présentée dans le Catéchisme de l’Église ca-tholique, contribuent, dans la fidé-lité à la Tradition vivante de l’Église, à une meilleure compré-hension et mise en œuvre du concile Vatican II ». Tout est dit sur les volontés romaines envers les ralliés…

Orientation générale de la Rome moderniste

Les autorités romaines ne pen-sent et n’agissent que selon les principes et l’esprit du Concile. Or ce Concile s’est fixé comme fin l’accord avec le monde : l’esprit du concile est l’aggiornamento (voir Le Combat de la foi n° 174). Par conséquent c’est toujours cette fin qui meut ces autorités dans leur rapport avec les ralliés : l’accord avec le monde.

Conclusion

De là apparaît la fin ou inten-tion des autorités romaines, lors-qu’elles concèdent l’ancien rite aux Instituts Ralliés :

- les détourner du bien com-mun de l’Église, la foi, sa profes-sion intégrale et sa propagation, en les tournant vers un bien sub-jectif et sentimental, c’est à dire un bien propre aux personnes et non le bien commun et universel de l’Église ;

- les faire entrer dans la com-munion ecclésiale actuelle en im-posant les pensées et les idées nouvelles, les conduire au relati-visme du pluralisme, qui est l’une des conséquences des principes de la liberté religieuse et de l’œcu-ménisme du concile Vatican II ;

- et en dernier lieu les impré-gner de l’esprit du monde.

En somme, le rite ancien est concédé par ces autorités afin de faire « communier » les ralliés à une orientation nouvelle qui les détourne du bien commun de l’Église et les tourne vers le monde.

En acceptant ce Motu Proprio, ou en signant la formule d’adhé-sion à la commission Ecclesia Dei, documents des plus officiels et publics, les ralliés poursuivent cette fin inscrite dans ces docu-ments ; ils la font leur dans leur conduite et leurs actions.

Or toute conduite morale est réglée par la fin poursuivie : « les actes moraux sont spécifiés par leur fin ». (Saint Thomas, Somme théologique, II II 135 a 1)

Par conséquent tous leurs actes de ministère sont spécifiés et dé-terminés par cette fin, ils sont au service de cette fin. À supposer que tous les actes extérieurs des ralliés (messes, sacrements, prédi-cations, etc.) soient bons, la fin of-ficielle et publique, voulue par les ralliés et leurs Instituts est de « communier » à l’orientation nouvelle de l’Église conciliaire : cette orientation les détourne du bien commun de l’Église, les im-prègne de l’esprit du monde et les fait participer à l’auto démolition de l’Église. Cette fin mauvaise et contraire à la foi, parce qu’elle spécifie tous les actes des prêtres ralliés, les rend tous mauvais…

Prenons une image pour mieux comprendre, l’image du train. La locomotive moderne, c’est le concile Vatican II avec la liberté religieuse, l’œcuménisme et la collégialité. Cette locomotive tire quelques wagons : la nouvelle messe, et toutes les réformes post-conciliaires. Le dernier wagon est un wagon ancien. Il a tout conser-vé en apparence : la Tradition, la messe… mais au service de qui ou de quoi est-il ? Certainement pas au service de la royauté de Jésus Christ. Dans quelle direction va-t-il ? Vers quelle destination ? Quelle est sa fin ? À l’opposé de la gloire de Dieu, de la sainteté et du salut éternel…

Les ralliés, qu’en penser ?

Combat de la Foi n° 176 16

Comme on l’a dit à propos de la fin cherchée, le Motu Proprio permet l’usage de l’ancien rite à tous ceux « qui se sentent attachés à des formes liturgiques et disci-plinaires » antérieures au Concile. Il faut respecter leur « désir spiri-tuel » et leurs « justes aspira-tions ». (Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta, 2 juillet 1988 n° 5 et n° 6) Ce n’est donc point pour des rai-sons doctrinales, pour des motifs de foi que l’ancienne messe leur est concédée : les raisons de leur attachement à l’ancienne messe sont sentimentales et subjectives.

Un fondement qui exclut le rejet de l’erreur

Les aspirations et désirs sont étrangers à la vérité et à l’erreur, comme tout sentiment. En se met-tant à ce niveau, les ralliés se ren-dent étrangers à la vérité et à l’erreur.

D’ailleurs le paragraphe n° 6 c du Motu Proprio fait référence à l’indult de 1984 et demande qu’il soit appliqué (Lettre Quattuor ab hinc annos 3 octobre 1984). Il obli-geait les signataires à n’avoir « aucune part avec ceux qui met-tent en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du missel romain approuvé par Paul VI ». Les voilà tenus à ne pas exclure l’erreur…

Un fondement qui inclut le pluralisme

Le pluralisme est la cœxistence pacifique, au sein d’un même groupe ou d’une même société, de toutes les opinions, de tous les choix doctrinaux, moraux et litur-giques même les plus opposés ou contradictoires, même les plus faux ou les plus mauvais. Ce plu-ralisme comporte trois aspects : unité dans la variété, approbation ou non condamnation de l’erreur, manque de charité.

Unité dans la variété

C’est une conséquence du fon-dement sentimental et non doctri-nal. Il n’y aucune raison de refu-ser aux autres ce qu’on veut pour soi-même : le respect de ses « aspirations » et « désirs ». Les ralliés sont donc contraints, dans la communion ecclésiale, au sein de laquelle le Motu Proprio les fait entrer, de respecter les aspira-tions et désirs de tous, même des ultraprogressistes et des plus mo-dernistes.

La mise à égalité des deux mes-ses conduit au même résultat.

En 1993, cinq ans après le Motu Proprio, la NEF publiait un numé-ro spécial intitulé « Bilan du Motu Proprio Ecclesia Dei ». On pouvait y lire, à propos de l’ancienne et de la nouvelle messe qu’il faut res-pecter « les légitimes différences et préférences ». « Diversités n’est pas division. » Il faut « la diversité dans l’unité » et le respect « des sensibilités légitimes ». Et l’on va

même jusqu’à demander « de lais-ser ce qui divise et se tourner vers le positif ». Aussi pourra-t-on « apprendre à mieux se connaître et à dialoguer ».

En 1998, une lettre du monas-tère Sainte Madeleine du Barroux publiait « une très intéressante analyse que le R.P. Louis-Marie de Blignière a fait paraître à l’oc-casion du dixième anniversaire du Motu Proprio Ecclesia Dei dans la revue Sedes Sapientiae (n° 64) édi-tée par la Fraternité Saint-Vincent Ferrier ». (Supplément à Lettre aux Amis du monastère n° 87) Il considère que le Motu Proprio est « un rappel de doctrine ecclésiolo-gique : la diversité dans l’unité n’est pas une tolérance, mais une richesse (n° 5 a), pour la liturgie (n° 5 c, n° 6 a et b), la spiritualité (n° 5 a et n° 6 a), l’apostolat (n° 5 a) et la discipline (n° 5 c) ».

Ainsi donc, l’application prati-que du Motu Proprio conduit à considérer nouvelle et ancienne messe comme des diversités légi-times en matière liturgique, au même titre par lequel cœxistaient autrefois les rites lyonnais, am-brosien et mozarabe avec le rite romain.

La nouvelle messe serait aussi légitime au regard de la foi que ces anciens rites ! La nouvelle messe ne s’éloignerait donc plus « dans l’ensemble comme dans le détail de la théologie catholique de la sainte messe, telle qu’elle a été formulée au concile de Trente » ! (Bref examen critique, Cardinaux Ottaviani et Bacci)

Ne serait-ce que mettre les deux messes à égalité, c’est en pra-tique mettre la vérité (exprimée par l’ancienne messe) et l’erreur

Les clauses de l’accord

17 Combat de la Foi n° 176

(exprimée par la nouvelle) à égali-té. Mais, la situation actuelle est encore pire, car le Motu Proprio accorde primauté au Nouvel Ordo (appelé « ordinaire ») sur le rite catholique (appelé « extra-ordinaire »).

Lorsque le Motu Proprio de-mande que tous prennent cons-cience « non seulement de la légi-timité mais aussi de la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat qui constitue la beauté de l’unité dans la variété » (Motu Proprio n° 5 a), il faut bien le comprendre : cette unité dans la variété ne s’étend pas seulement aux différentes spi-ritualités et aux rites liturgiques depuis longtemps reçus dans l’Église, mais à toutes sortes de doctrine ou de morale.

*

D’ailleurs c’est bien la pensée de la Rome moderniste.

En octobre 1998, le pape Jean-Paul II recevait les ralliés venus célébrer leur dixième anniversaire à Rome : « J’encourage, dit-il, tous les catholiques à travailler pour l’unité et à renouveler leur atta-chement à l’Église de façon que toutes les différences légitimes et les diverses sensibilités dignes de respect, ne soient pas un motif de séparation mais de rassemble-ment pour proclamer ensemble l’Évangile ; ainsi sous l’impulsion de l’Esprit réunissant les charis-mes variés, tous pourront glorifier le Seigneur… »

Pour réaliser ce pluralisme, il faut trouver, à la façon moder-niste, un équilibre en dépassant les faux antagonismes que cer-tains pourraient découvrir entre les différentes tendances présen-tes dans l’Église. Ce qui suppose

de ne pas rester figé dans ses posi-tions doctrinales…

Dans une interview donnée en décembre 2000, le cardinal Castrillon Hoyos estimait qu’il fallait « trouver un point d’équili-bre, pour dépasser le faux antago-nisme que l’on veut créer entre les deux rites ». Parlant de la Fraternité Saint-Pierre, il affirme que « douze ans après la fonda-tion qui s’est faite en 1988, cette communauté s’efforce de trouver sa place dans l’ensemble de l’Église, à côté de tant d’autres congrégations aux finalités diver-ses. Dans la phase actuelle, je considère qu’il faut aider les membres de la Fraternité à main-tenir l’équilibre entre l’interpréta-tion authentique du charisme ori-ginal, ses conséquences, et les conséquences de leur insertion dans la réalité ecclésiale de l’an 2000 ». (La Nef, n° 111, décembre 2000, p. 19) D’équilibre en équili-bre sur une corde raide…

*

Ils sont encore à égalité, car ils sont sous l’influence de la même autorité et selon les mêmes lois ecclésiastiques (le nouveau code de Droit canon) et selon la même doctrine de Vatican II.

Dans les faits, ils sont à égalité avec toutes les tendances existan-tes dans l’Église : ultra progressis-tes, progressistes, conservateurs (nouvelle messe), conservateurs (ancienne messe),…

Approbation ou non condamnation

Il y a une autre manière de considérer cette présence des ral-liés dits traditionalistes au milieu des libéraux et des modernistes. Cette présence, si elle est assidue

et étroite, autrement dit cette fa-miliarité entre bons et mauvais, peut être comprise comme une ap-probation de l’erreur et du mal, ou du moins comme une non condamnation de l’erreur et du mal. De fait, les ralliés ne condamnent pas.

Prenons un exemple : de bons parents catholiques ont bien éle-vés leurs enfants. Les aînés sont respectueux et obéissants. Mais sur le petit dernier l’autorité est trop lâche. Ce petit est souvent in-solent et irrespectueux envers sa mère. Il n’obéit pas. Le père laisse faire sans intervenir. Que vont penser les aînés ? Que le père ap-prouve ce mauvais comportement ou du moins ne le condamne pas ? C’est alors un scandale pour les bons portés à imiter, et c’est une injure à la vérité et à la vertu.

Or l’Église nous commande : « Les fidèles sont tenus de pro-

fesser ouvertement leur foi dans toutes les circonstances où leur si-lence, leurs hésitations ou leur at-titude signifieraient une négation implicite de leur foi, un mépris de la religion, une injure à Dieu ou un scandale pour le pro-chain. » (Droit Canon 1917, c. 1325)

Professer ouvertement signifie condamner ouvertement tant les erreurs que le mal et enseigner clairement la vérité.

Les ralliés ne le font pas, pire, ils approuvent ouvertement cer-taines erreurs (la liberté reli-gieuse, entre autres), comme nous l’avons vu en exposant les faits.

Manque de charité

Enfin cette présence assidue aux côtés de ceux qui propagent l’erreur et le mal, sans les

Les ralliés, qu’en penser ?

Combat de la Foi n° 176 18

condamner, conforte les mauvais dans leur déplorable conduite. C’est un manque de charité : rien ne les incite à se convertir.

Conclusion

Les ralliés quittent le plan su-périeur et objectif de la vérité pour le plan inférieur et subjectif de la préférence personnelle et du sentiment. Ils entrent dans le plu-ralisme. Les conséquences sont profondément opposées à la foi catholique.

Ruine de l’unité de l’Église

L’Église est l’unique arche de salut par sa triple unité :

- unité de foi et de profession des vérités révélées : en dehors de cette foi, le salut est impossible ;

- unité de culte rendu au seul vrai Dieu, un en trois, et à Jésus

Christ le Seigneur : en dehors de ce culte l’homme ne peut pas ren-dre ses devoirs à Dieu ni se sancti-fier ;

- unité d’obéissance aux lois de Dieu et de l’Église : en dehors de cette obéissance, nul ne peut méri-ter la vie éternelle.

Le pluralisme ou cœxistence pacifique de toutes les opinions (opinions en matière de vérité à croire, de culte, de morale) détruit cette triple unité. Les ralliés sont entrés dans ce pluralisme destruc-teur en réduisant cette triple unité à « une juste aspiration », à « un désir spirituel », etc.

Ruine de la catholicité de l’Église

Réduire cette triple unité à « une juste aspiration », à « un désir spirituel », en fait un bien personnel (subjectif et sentimen-tal).

Les ralliés, qui prétendent porter avec eux toute la Tradition, font de celle-ci, une façon particu-lière de vivre la foi au sein de l’Église.

Si la triple unité est un bien personnel, si la Tradition est un particularisme dans l’Église, cela veut dire que la triple unité et la Tradition ne sont plus pour tous les hommes, mais seulement pour une partie appelée « ralliés ». Si la foi et la Tradition ne sont plus pour tous, elles ne sont plus uni-verselles : c’est dire qu’elles ne sont plus catholiques…

La ruine de ces deux propriétés de l’Église, unité et catholicité, en-traîne la ruine des deux autres, apostolicité et sainteté.

« Qu’a de commun la lumière avec les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre le Christ et Bélial ? » (II Cor 6, 14)

Les ralliés, qu’en penser ?

Sous influence moderniste

« Sous influence moderniste ». Pour mieux comprendre notre propos, prenons la comparaison suivante.

Une famille catholique, pour

son malheur, apostasie et devient protestante. Seul un des garçons demeure dans la foi catholique. Que doit-il faire face à des parents et à un milieu qui font tout pour l’amener au protestantisme ? Les parents utilisent tantôt une politi-que agressive, menaçante, autori-taire, tantôt une politique conci-liante, séductrice, aimable.

Si ce garçon se juge assez fort, il reste dans sa famille. Alors il se trouvera contraint de désobéir souvent à ses parents par fidélité

à Jésus Christ. Il sera en conflit permanent avec eux parce qu’il ne pensera pas et ne jugera pas comme eux sur beaucoup de choses, parce qu’il ne pourra pas adopter leur façon de vivre. De plus il sera soumis à l’influence d’un milieu. Face à cette double pression, pourra-t-il ne jamais ac-cepter de compromission et tou-jours s’opposer à l’influence pro-testante surtout si l’autorité se montre aimable, douce, conci-liante ? S’il est facile de s’opposer

19 Combat de la Foi n° 176

à une autorité toujours en colère, il est plus difficile de refuser sans cesse quelque chose à celui qui présente un visage doux et aima-ble.

Ne vaut-il pas mieux qu’il s’é-loigne de sa famille, tant pour protéger sa foi que pour garder le respect envers ses parents ? Cet éloignement n’est en aucune fa-çon le rejet de l’autorité de ses pa-rents. Elle est une mise à l’abri de l’influence mortelle pour la vie catholique d’une autorité et d’un milieu protestants. Ce n’est ni né-gation ni rejet de l’autorité : il suf-firait que ses parents reviennent à la foi catholique pour que tout rentre dans l’ordre.

Mgr Lefebvre est vis-à-vis des autorités modernistes comme ce garçon face à ses parents devenus protestants. Le grand défenseur de la foi a choisi de se mettre à l’écart tant parce qu’il est impossi-ble de suivre la Rome moderniste et ses orientations, que parce qu’il percevait le danger mortel pour la foi catholique d’être plongé dans un milieu moderniste et libéral. Le modernisme et le libéralisme sont des maladies contagieuses. Il insistait beaucoup sur cette pro-tection nécessaire. Ce n’est pas une négation de l’autorité du pape et des évêques, mais un refus d’être sous leur influence délétère : « Nous ne récusons pas l’autorité du pape, mais ce qu’il fait. » (Fideliter n° 66, p. 28)

Les ralliés font le chemin in-verse.

Ils n’accordent pas aux princi-pes de la foi et de la vérité la pri-mauté dans l’appartenance à l’Église. Les principes ne dirigent pas leur action. Qu’ont-ils pour exprimer leur appartenance à l’Église et éviter toute apparence

de schisme ? L’unité dans la foi et la vérité ? Certes pas, car le plura-lisme dans lequel ils sont entrés, détruit l’unité de foi. Il ne leur reste que l’obéissance à l’autorité, la légalité. Les ralliés pour être dans l’Église, n’ont d’autre choix que d’être en bon rapport avec les autorités modernistes : un accord leur est nécessaire.

Si l’opération survie de Mgr Lefebvre (les sacres de 1988) est toute ordonnée au bien su-prême de la foi, la survie des ralliés est toute suspendue à la bonne entente avec les autorités afin de conserver leurs avantages.

Ils sont alors disposés à toutes les influences des modernistes et plongés dans un milieu de même esprit.

Disposés à toutes les influences des modernistes

Soyons concrets. L’évêque vi-site la paroisse et prononce un sermon désastreux. Le prêtre rallié aura-t-il le courage, le dimanche suivant, de corriger cet affront à la foi ? Et s’il le fait, osera-t-il de-mander l’évêque pour les confir-mations ? L’évêque lui commande de fêter “saint” Jean-Paul II. Le prêtre est contre à juste titre, mais parviendra-t-il à s’y opposer, comme il le doit ?

Il tient sa position et ses avan-tages des autorités romaines : quand le pape François soutien-dra des propos scandaleux contre le famille ou répandra visuelle-ment l’égalité de toutes les reli-gions, pourra-t-il les dénoncer pu-bliquement ?

De plus tous les ralliés sont soumis au nouveau code de Droit canon. La formule d’adhésion à la

commission Ecclesia Dei y oblige : « Enfin, je promets d’adhérer à la discipline commune de l’Église et à ses lois, principalement à celles qui sont contenues dans le code de Droit canonique promulgué par le pape Jean-Paul II, étant sau-ves les constitutions concédées par le Siège apostolique. »

Nous avons porté un jugement sur le nouveau code dans le CF n° 171 : le souhait même de Jean-Paul II est que le nouveau code « devienne un moyen efficace pour que l’Église puisse progres-ser dans l’esprit de Vatican II ». (Constitution Apostolique pro-mulguant le nouveau code, § 27)

*

Par ailleurs les ralliés devront exercer leur apostolat sous la di-rection de évêques.

La Fraternité Saint-Pierre est érigée en société cléricale de vie apostolique de droit pontifical. Cependant cela ne signifie nulle-ment l’indépendance à l’égard des évêques.

« Pour favoriser l’unité néces-saire de l’Église, les membres de la Fraternité Saint-Pierre poursui-vront avec une particulière dili-gence la communion avec l’évê-que et le presbyterium diocésains, selon la norme des canons 679-683 (nouveau code de Droit canon, 1983). De même, ils observeront dans l’exercice du ministère pas-toral les prescriptions du Droit, particulièrement celles qui ont trait à la célébration valide et li-cite des sacrements de pénitence et de mariage, ainsi qu’aux nota-tions à transcrire dans les livres paroissiaux selon le canon 535, § 1. » (commission pontificale Ecclesia Dei, le 18 octobre 1988, cardinal Augustin Mayer, prési-dent)

Les ralliés, qu’en penser ?

Combat de la Foi n° 176 20

Toute abbaye bénédictine du Barroux que l’on est, on ne peut pas échapper à l’emprise des évê-ques : tout son apostolat sera réglé par les mêmes canons, écrit l’évê-que d’Avignon à son clergé (17 août 1988).

Il en est de même pour l’Institut du Bon Pasteur. Il en est de même pour les prélatures per-sonnelles. (Nouveau code, canons 294-297)

Plongés en milieu moderniste

C’était la crainte des premiers fondateurs de la Fraternité Saint-Pie X. En une journée d’avril 1970, raconte Mgr B. Tissier de Mallerais, « Monseigneur nous découvrit le fond de sa pensée : “Je vais vous placer au Salésianum — cette maison d’étu-diants située elle aussi à Fribourg — vous y continuerez vos études à l’Université et je vous trouverai quelque évêque pour incardiner ceux d’entre vous qui ne le sont pas” […] Pour ma part, poursuit Mgr Tissier, la perspective décrite par Monseigneur me semblait im-possible. J’avoue que je n’ai ja-mais douté que Monseigneur continuerait. Mais Paul Aulagnier réagissait déjà : “Comment, Monseigneur, vous allez nous abandonner ? Et une fois ordon-nés prêtres, qu’allons-nous deve-nir, dispersés dans les diocèses, entourés de progressistes ? Com-

m e n t t i e n d r o n s - n o u s l e coup ?” » (Fideliter n° 59, p. 63)

C’est le bon sens paysan qui parle : lorsque l’on met une pomme saine dans un cageot de pommes pourries, c’est la pomme saine qui pourrit et non l’inverse !

*

Imprudence d’autant plus grande que le milieu est plus sou-mis à l’action subversive.

Le Révérend Père Calmel et d’autres à la suite d’Augustin Cochin jugent que la révolution dans les pays comme dans l’Église ne s’explique pas seulement par les idées nouvelles mais aussi par tout un système de noyau diri-geant et de groupes réducteurs. Le système révolutionnaire et son au-torité parallèle occulte confèrent une puissance pour le mal jamais encore égalée, une puissance de destruction très supérieure à celle d’une personne seule. Dans un tel milieu qui vise à conditionner les personnes, il est très difficile de se défendre et de demeurer fidèle.

Conclusion

La pression sociale du milieu et des autorités modernistes ac-complit son travail destructeur. Il suffit de savoir attendre : les faits le montrent.

La sagesse de Mgr Lefebvre avait perçu le double danger. Puisse-t-elle encore éclairer les ralliés !

« Seul un milieu entièrement dégagé des erreurs modernes et des mœurs modernes peut per-mettre le renouveau de l’Église. Ce milieu est celui qu’ont visité le Cardinal Gagnon et Mgr Perl, mi-lieu formé de familles profondé-

ment chrétiennes, ayant de nom-breux enfants, et d’où provien-nent de nombreuses et excellentes vocations. » (Lettre au Pape, 20 mai 1988, Fideliter, 29-30 juin 1988)

« Il y en a qui sont prêts à sa-crifier le combat de la foi en disant : Rentrons d’abord dans l’Église ! […] Taisons notre pro-blème dogmatique. […] Ne par-lons plus de la malice de la messe. […] Ne disons plus rien sur les questions de la liberté religieuse, des droits de l’homme, de l’œcu-ménisme. Taisons-nous, taisons-nous, et puis comme cela nous pourrons rentrer dans le cadre de l’Église, et, une fois que nous se-rons à l’intérieur de l’Église, vous allez voir, on va pouvoir combat-tre, on va pouvoir faire ceci, on va pouvoir faire cela… C’est absolu-ment faux ! On ne rentre pas dans un cadre, et sous des supérieurs, en disant que l’on va tout bouscu-ler lorsqu’on sera dedans alors qu’ils ont tout en mains pour nous juguler ! Ils ont toute l’autori-té. » (Mgr Lefebvre, Écône, 21 janvier 1984)

Fasse le ciel que les ralliés en-tendent ces franches paroles de Mgr Lefebvre : « C’est donc un de-voir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette église conciliaire, tant qu’elle ne retrouvera pas la tradi-tion du Magistère de l’Église et de la foi catholique. » (Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel, 1990, p. 31)

Les ralliés, qu’en penser ?

21 Combat de la Foi n° 176

Être dans l’obéissance

Obéissez ! Obéissez ! n’ont cessé de répéter les autorités ro-maines à Mgr Lefebvre.

Certains ont pensé que l’obéis-sance aux autorités actuelles était compatible avec la fidélité à la Tradition. C’est le cas du Barroux : « Nous relevons le défi et conti-nuons tranquillement notre route, en bénéficiant d’un statut capable (…) de servir de trait d’union entre ces deux exigences impres-criptibles : Tradition et obéis-sance... » (Dom Gérard, dans la Lettre aux Amis du Monastère, n° 44)

Cet argument ne tient pas devant les faits qui montrent les fruits vénéneux de l’obéissance mal comprise. Saint Paul est clair sur le sujet : « Mieux vaut obéir à Dieu qu’aux hommes. » (Act. 5, 29) Saint Thomas enseigne qu’il y a un obéissance excessive, celle qui « obéit même en ce qui est dé-fendu ». (ST, II II 104 a 5 ad 3)

À leur suite Mgr Lefebvre éclaircit la pensée.

« L’obéissance suppose une au-torité qui donne un ordre ou édicte une loi. Les autorités hu-maines même instituées par Dieu n’ont d’autorité que pour attein-dre le but assigné par Dieu et non pas pour s’en détourner. Lors-qu’une autorité use de son pou-voir à l’encontre de la loi pour la-quelle ce pouvoir lui est donné, elle n’a pas droit à l’obéissance et on doit lui désobéir.

« On accepte cette nécessité de la désobéissance vis-à-vis du père de famille qui encourage sa fille à se prostituer, vis-à-vis de l’autori-té civile qui oblige les médecins à provoquer des avortements et à tuer des innocents, mais on ac-

cepte à tout prix l’autorité du Pape qui serait infaillible dans son gouvernement et dans toutes ses paroles. C’est bien méconnaître l’histoire et ignorer ce qu’est en réalité l’infaillibilité. (…) Voici ce que dit le Pape Léon XIII dans son Encyclique Libertas du 20 juin 1888 : “Dès que le droit de com-mander fait défaut ou que le com-mandement est contraire à la raison, à la loi éternelle, à l’autori-té de Dieu, alors il est légitime de désobéir, nous voulons dire aux h ommes , af in d ’ ob éir à Dieu”. » (Mgr Lefebvre, Fideliter, 29-30 juin 1988)

Être dans la légalité (situation canonique régulière) et être relevé des censures

M. l’abbé Laffargue objecte : Les évêques consacrés par Mgr Lefebvre « sont sans doute plus sûrs doctrinalement, plus ca-tholiques, que bon nombre d’évê-ques actuels ! Mais le pape est le pape, les évêques sont chefs de leurs diocèses et peuvent seuls donner la juridiction pour les confessions ou les mariages, même si, par ailleurs leurs décla-rations et leurs comportements ont plutôt détruit l’Église qu’ils ne l’ont édifiée ». (Abbé Laffargue, juillet 1988)

Cet argument repose sur un désordre. Ce qui fait l’apparte-nance à l’Église c’est d’abord la foi, l’adhésion à toutes les vérités enseignées par l’Église. La loi, le droit canon, est au service de la foi et de la sanctification des âmes et non l’inverse. Si l’opposition à Rome n’était qu’une question de discipline, d’obéissance ou de charité, c’est la loi et son applica-tion qui devraient régler le conflit. Mais nous l’avons dit,

c’est une opposition sur la doc-trine et sur les principes les plus fondamentaux : c’est une question philosophique, dogmatique et théologique et non de situation canonique régulière. De plus l’Église donne une juridiction de suppléance pour les situations extraordinaires.

Être dans l’Église car l’Église est visible

Dom Gérard s’inquiète sur la visibilité de l’Église : « Il est pré-judiciable que la Tradition même de l’Église soit reléguée hors de son périmètre officiel visible. Cela est contraire à l’honneur de l’Épouse du Christ. La visibilité de l’Église est un de ses caractères essentiels. » (18 août 1988)

Mgr Lefebvre se riait de ces ar-guties.

« Cette histoire d’Église visible de Dom Gérard et de M. Madiran est enfantine. C’est incroyable que l’on puisse parler d’Église vi-sible pour l’Église conciliaire par opposition à l’Église catholique que nous essayons de représenter et de continuer. Je ne dis pas que nous sommes l’Église catholique. Je ne l’ai jamais dit. Personne ne peut me reprocher d’avoir jamais voulu me prendre pour un pape. Mais, nous représentons vraiment l’Église catholique telle qu’elle était autrefois puisque nous conti-nuons ce qu’elle a toujours fait. C’est nous qui avons les notes de l’Église visible : l’unité, la catholi-cité, l’apostolicité, la sainteté. C’est cela qui fait l’Église visi-ble. » (Fideliter n° 70, p. 6)

Dans une conférence aux prê-tres à Écône, Mgr Lefebvre dé-veloppait cette réponse et

Objections et réponses

Combat de la Foi n° 176 22

concluait : « Tout cela montre que c’est nous qui avons les marques de l’Église visible. S’il y a encore une visibilité de l’Église aujourd’hui, c’est grâce à vous. Ces signes ne se trouvent plus chez les autres. […] Ce n’est pas nous, mais les modernistes qui sortent de l’Église. Quant à dire “sortir de l’Église visible“, c’est se tromper en assimilant Église offi-cielle et Église visible. Nous ap-partenons bien à l’Église visible. […] Sortir, donc, de l’Église offi-cielle ? Dans une certaine mesure, oui, évidemment. » (Écône, 9 sep-tembre 1988, Fideliter n° 66, p. 27)

S’opposer à l’esprit de parti et au schisme

Dom Gérard affirme : « Ce serait une erreur grave de consti-tuer dans l’Église une sorte de grand parti unifié élisant à sa tête un chef faisant manœuvrer ses troupes à son gré. » (18 août 1988)

C ’ e s t f a i r e i n j u r e à Mgr Lefebvre que d’en faire un chef de parti. Lui-même a toujours pris soin de ne pas être et de ne pas se faire appeler chef des tradi-tionalistes. (Lettre ouverte aux catholiques perplexes, Albin Michel, 1988, p. 17) Il a possédé une autorité morale sur les fidèles : elle fut normale pour un successeur des apôtres fidèle à sa charge ; les fidèles et les prêtres ont trouvé en lui le pasteur dont ils avaient besoin. Cette autorité morale demeure, car ses enseignements et ses principes dans la crise actuelle gardent toute leur force et leur intérêt.

Quant au schisme, il n’existe que pour ceux qui ne savent pas la différence entre désobéissance né-

cessaire à une autorité quelconque et le refus de reconnaître cette au-torité pour ce qu’elle est. Désobéir au Pape n’est pas se séparer de l’Église, il faut y ajouter autre chose : se constituer sa propre au-t o r i t é i n d é p en d an t e . O r Mgr Lefebvre a eu soin de donner à la Fraternité Saint-Pie X sa place reconnue dans l’Église et de ne pas donner aux évêques sacrés par lui une juridiction sur un terri-toire donné (cf. la Lettre aux quatre futurs évêques en 1987). Il n’a jamais eu en lui d’esprit de ré-bellion, mais de respect envers Rome, esprit qui s’est transmis et qui demeure. La plus belle preuve en fut l’accueil chaleureux réservé à l’envoyé du Pape, le cardinal Gagnon, lors de la visite qu’il fit de toutes les œuvres de la Tradition en 1987.

Par ailleurs, Mgr Lefebvre a souvent dit que les schismatiques sont ceux qui professent les nou-veautés issues du Concile Vatican II. « Le Magistère d’au-jourd’hui ne se suffit pas à lui-même, pour être dit catholique, s’il n’est pas la transmission du dépôt de la foi, c’est-à-dire de la Tradition. Un Magistère nouveau, sans racine dans le passé, et à plus forte raison contraire au Magis-tère de toujours, ne peut être que schismatique, sinon hérétique. Une volonté permanente d’anéan-tissement de la tradition est une volonté suicidaire qui autorise par le fait même, les vrais et fidèles catholiques à prendre toutes les initiatives nécessaires à la survie de l’Église et au salut des âmes. » (Lettre de Mgr Lefebvre du 8 juillet 1987 au cardinal Ratzinger)

Garder ses amitiés, faire cesser les divisions et les souffrances

C’est le cri du cœur : « L’urgence d’aujourd’hui, c’est de

faire baisser la pression et la souf-france dans les âmes qui ont été déchirées par la crise de l’Église, et qui, pour certaines, en sont ve-nues à se déchirer entre elles. » (Abbé Christian Laffargue, alors membre de la Fraternité Saint-Pierre, Famille Chrétienne, n° 585, mars 1989)

Sans doute faut-il nous appli-quer à diminuer les souffrances et à rétablir la charité mais jamais au détriment de la foi comme l’ensei-gne Pie XI : « Comment la charité pourrait-elle tourner au détriment de la foi ? (…) C’est pourquoi, puisque la charité a pour fonde-ment une foi intègre et sincère, c’est l’unité de foi qui doit être le lien principal unissant les disci-ples du Christ. » (Encyclique, Mortalium animos)

Ne pas se replier mais s’ouvrir

Un journaliste, G. Leclerc, en-courage Chéméré-le-Roi : « Il était important pour la communauté de ne pas trop se replier sur elle-même, ou sur le milieu traditiona-liste, au risque de méconnaître la situation véritable de l’Église et d e ses évolut ions inter-nes. » (30 Jours, mars 1988)

Notre réponse demande au contradicteur de définir les mots et les choses qu’elles signifient. Que veut dire s’ouvrir ? Et s’ou-vrir à qui ? à quoi ? et comment ? Le concile Vatican II a été voulu comme une ouverture au monde, « l’aggiornamento ». On sait ce qu’il en advint : « la fumée de Satan est entrée dans l’Église », selon l’affirmation de Paul VI.

Favoriser l’apostolat

Les ralliés, comme dom Gérard, prenaient argument qu’a-vant les sacres les fidèles étaient « retirés comme dans le château fort imprenable » de la Tradition.

Les ralliés, qu’en penser ?

23 Combat de la Foi n° 176

Mais « aujourd’hui, le pont-levis s’est abaissé : les soldats feront des incursions, étendant leur conquête ; c’est l’extension même du Royaume qui est en jeu. Il y a dans l’esprit de la Tradition une dimension missionnaire que la Providence nous demande d’assu-mer ». (Dom Gérard, Le Choc du mois, septembre 1988)

Dom Gérard semble dire que la Tradition avant les sacres et après les sacres n’était pas mis-sionnaire et qu’il a fallu attendre de se rallier à Rome pour le deve-nir enfin. Il a pourtant connu le MJCF et l’a encouragé ! Il n’y a pas mouvement plus mission-naire et son œuvre continue dans la Tradition. Et il y a la Milice de

Marie, et les baptêmes d’adultes à Saint Nicolas du Chardonnet et ailleurs…

Les ralliés, qu’en penser ?

« Ce que nous demandions de-puis le début nous était octroyé, sans contrepartie doctrinale, sans concession, sans reniement » di-sait Dom Gérard, en août 1988.

Les faits mais surtout les prin-cipes montrent la vanité de cette espérance.

L’accord avec Rome, connu par les documents les plus officiels, fait glisser les ralliés dans la com-munion au monde et à l’autodé-molition de l’Église. Les ralliés quittent alors le plan supérieur et objectif de la vérité pour le plan inférieur et subjectif de la préfé-rence personnelle et du sentiment. Enfin ils ne suivent pas la sagesse de Mgr Lefebvre qui voulait abso-lument préserver les œuvres de la Tradition de toute influence mo-derniste exercée tant par les auto-rités actuelles que par le milieu.

Certes ce que nous avons dit concerne principalement les Insti-tuts et les prêtres ralliés. Mais les fidèles, dépendant de ceux-ci, ne sont-ils pas pris dans le même mouvement ? Se rendent-ils compte qu’ils participent au même désastre ?

D’une part nous devons conclure à la sagesse de se tenir

éloigner de ce monde moderniste et libéral. N’est-ce pas la pensée exprimée par saint Augustin ?

« Souvent même la divine Pro-vidence permet que, par suite de graves violences partisanes de la part d’hommes charnels, même des justes soient chassés de la communauté chrétienne. Si les victimes de cet affront injuste le supportent en toute patience pour la paix de l’Église, sans fomenter de mouvements soit schismati-ques, soit hérétiques, elles donne-ront à tous l’exemple de la droi-ture de sentiment et de la pure charité qu’il faut apporter au ser-vice de Dieu. L’intention de ces hommes-là est donc de rentrer au port, une fois les bourrasques apaisées ; ou bien, s’ils ne le peu-vent, soit que la tempête se pro-longe, soit qu’ils craignent par leur retour d’en susciter une sem-blable ou plus furieuse, ils gardent la volonté de pourvoir au salut de ceux-là mêmes dont les menées séditieuses les ont obligés à partir, sans jamais s’isoler ni former de coteries, défendant jus-qu’à la mort et servant par leur té-moignage la foi qu’ils savent que prêche l’Église catholique. Leur

couronne, ils la reçoivent dans le secret du Père qui voit dans le secret. Le cas est rare, mais pas pourtant sans exemple. Il est même plus fréquent qu’on pour-rait croire. » (De vera religione, 6, 11)

D’autre part, tout chrétien a le devoir de défendre l’honneur de Dieu. Cet honneur divin est pro-fondément bafoué par l’œcumé-nisme et la liberté religieuse aux-quels les ralliés ne s’opposent pas : « Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Or, si je suis père, moi, où est l’honneur qui m’appartient ? Et si je suis Seigneur, où est la crainte qui m’est due ? dit Yahweh des ar-mées, à vous, prêtres, qui mépri-sez mon nom. » (Malachie 1, 6) « Il est louable d’être patient devant les injures qu’on nous adresse, mais supporter patiemment celles qui s’adressent à Dieu, c’est par trop impie. » (Saint Jean Chrysostome cité par saint Thomas, II II 136 a 4) Là est sans doute la considération la plus im-portante : l’honneur dû à Dieu de-mande le combat contre toutes les erreurs et les pratiques injurieu-ses à Dieu.

Conclusion

Combat de la Foi n° 176 24

Jubilé de la Miséricorde :

Le Joker du Pape François

Le pape François a annoncé une Année sainte sous la forme d’un « Jubilé de la Miséricorde ». Ce jubilé s’étendra du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016. Beau-coup de choses ont été dites sur le sujet et je n’ai pas l’intention de faire une étude exhaustive. Je vou-drais simplement faire ressortir un aspect qui n’a pas bien été sou-ligné jusqu’ici.

Dans le dernier paragraphe de sa lettre adressée le 1er septembre 2015 à Mgr Rino Fisichella, prési-dent du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangé-lisation, il écrit : « J’établis, par ma propre disposition, que ceux qui, au cours de l’Année sainte de la Miséricorde, s’approcheront, pour célébrer le sacrement de la Ré-conciliation, des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X recevront une absolution valide et licite de leurs péchés. »

Sans préjuger des intentions réelles, objectives et effectives du pape, je voudrais faire ressortir toutes les virtualités que contient cette prétendue « faveur ». En effet, elle est « riche » de toutes sortes d’effets multiples et variés. Il est bien connu que les lois révo-lutionnaires ont en propre de pro-duire des effets contraires à ce pourquoi elles sont prévues. Et c’est bien le cas de cette « faveur », qui présuppose à tort que les prê-tres de la Fraternité donnent des absolutions sans juridiction et

donc invalides, et qui prétend donner à ces mêmes prêtres ce qui leur manque (et qu’ils possèdent déjà) pour exercer un ministère valide au confessionnal.

Avant de faire cette petite ana-lyse, il faut rappeler une bonne fois pour toutes que les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X ne sont ni des ignorants, ni des inconscients, ni des fous : ils savent tous qu’en raison de la crise conciliaire et des dispositions prévues par le droit, ils jouissent d’une juridiction de suppléance pour le ministère des confessions, et cela depuis plu-sieurs dizaines d’années. Ils sa-vent aussi que, tout au plus, la disposition du pape François, leur d on n e r a u n e ju r id ic t i o n « officielle » qui viendra, pour ainsi dire, se superposer à celle qu’ils ont déjà (comme expliqué ci-dessus).

Ceci étant posé, il faut passer en revue les effets multiples que pourra produire cette « faveur » sur les différents acteurs ecclé-siaux, dans la situation actuelle de la Fraternité Saint-Pie X.

Vis-à-vis des fidèles de la Tradition, spécialement pour les fidèles mal formés, scrupuleux ou inquiets, cette disposition peut vouloir dire, d’une part : « Je vous rappelle qu’avant cette disposi-tion que j’ai prise, les absolutions données par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X étaient inva-lides… ». D’autre part : « Je vous avertis, qu’après le délai imparti, les absolutions seront de nouveau

invalides… ». Manière subtile de créer de scrupules de conscience, qui pourrait avoir pour effet d’é-loigner tôt ou tard les fidèles « Saint-Pie X ».

Relativement à l’épiscopat mondial en général, et français en particulier, cette faculté accordée par François peut vouloir dire : « Ne vous avisez plus de dire, au moins pendant le jubilé, que les absolutions données par les prê-tres lefebvristes sont nulles ; lais-sez-les tranquilles et acceptez-les comme ils sont ! », c’est donc, pour le pape, une manière d’im-poser de droit et de fait la Fraternité Saint-Pie X à ses enne-mis les plus acharnés et qui n’en voulaient pas jusqu’ici, et de les habituer à une pacifique cohabita-tion.

Du côté des communautés Ecclesia Dei, la concession peut vouloir signifier qu’elles ne sont plus les seules à donner des abso-lutions valides dans le monde tra-ditionaliste, que désormais la Fraternité Saint-Pie X est mise sur pied d’égalité avec elles. C’est af-faiblir la raison d’être des ralliés qui se sont constitués à l’origine pour se démarquer de l’œuvre de Monseigneur Lefebvre et profiter, dans la légalité conciliaire, ce que ses successeurs refusent. Ainsi, la « passerelle » entre les deux mon-des, Ecclesia Dei et lefebvristes sera consolidée, et il en résultera des migrations réciproques qui brouilleront encore plus les cartes et augmenteront la confusion.

25 Combat de la Foi n° 176

Cette année deux grands mystères de la religion

catholique sont unis en un seul jour : le 25 mars prochain, le jour de l’Annonciation et le Vendredi saint coïncident, les mystères de l’In-carnation et de la Rédemption sont réunis. Sans aucun doute, est-ce une exceptionnelle source de grâces qui explique le jubilé du Puy en Velay et les indulgences qui lui sont attachées.

Ce jour est aussi celui qui commémore les 25 ans du décès de Mgr Lefebvre.

Or Mgr Lefebvre fut, en nos temps si troublés, le défenseur intré-

pide et persévérant de ces deux mystères, en luttant courageusement contre le faux œcuménisme et la liberté religieuse.

Le mystère de l’Incarnation est mis en doute par le faux œcumé-nisme de la Rome moderniste : les réunions interreligieuses qui en pra-tique mettent à égalité toutes les religions et leurs représentants, est une négation de la divinité de Jésus Christ, un rejet pratique de l’Incar-nation.

Le mystère de la Rédemption est, lui, mis en doute par la liberté reli-gieuse de Vatican II : toute liberté est

laissée à toutes les religions, parce que chacune est supposée bonne pour l’homme, apte à lui procurer son plein épanouissement ainsi que son bien-être personnel et social, capable d’assurer son salut. C’est une négation pratique de la Rédemption : le sacrifice de Jésus Christ en croix ne serait pas nécessaire à tout homme.

C’est pourquoi en ce jour très saint il nous faudra bien unir tous ces anniversaires en y apportant les bonnes dispositions acquises pendant le carême.

Abbé O. du Châtelet+

Du côté des modernistes, la nouvelle disposition peut vouloir dire : « N’ayez plus peur des le-febvristes. Ils font désormais partie de la légitime diversité. Ne vous avisez plus de détourner les croyants qui s’orientent vers eux… Faites même un pas vers eux. »

Au regard de la Fraternité Saint-Pie X elle-même, le pape marque un point : il la rend rede-vable d’un geste qui devra avoir sa contrepartie. Le pape fait un geste et il serait malvenu de ne pas rendre la monnaie de la pièce !

Du côté de la presse, qui sim-plifie et caricature tout ce qui lui tombe sous la main, bien évidem-ment, les lefebvristes seront de nouveau les méchants, les mal disposés, les mauvaises volontés s’ils ne font pas, à leur tour et après François, un pas en avant ! Du moins, c’est ce que pensera l’opinion publique le cas échéant.

Après ce rapide tour d’horizon, il est évident que cette faveur du pape François est une sorte de

pavé jeté dans la mare qui risque, normalement, d’éclabousser tout le monde.

La faculté accordée par le pape est aussi comme un coup de cha-peau tiré aux « pour » et aux « contre » les lefebvristes. Plus personne ne peut rester indiffé-rent : on doit répondre par un signe positif sous peine d’être in-supportable et d’être marginal.

Enfin, quant à lui-même, on peut dire que le pape joue, en quelque sorte, un « joker ». Une carte qui le constituera grand ga-gnant, quoi qu’il arrive. Il s’est lui-même signalé comme un renard rusé (nous n’aurions pas osé !). Après le délai imparti du Jubilé, soit il aura obtenu ce qu’il espérait, un modus vivendi pratico pratique de tolérance ou de convivialité pour la Fraternité Saint-Pie X dans l’Église, une sorte de réintégration de fait, sans que personne n’ait eu besoin d’ac-cepter la démarche ou n’ait pu la refuser ; soit il n’aura pas obtenu l’effet de secours escompté, et alors la marginalisation pourra re-

prendre ses droits avec plus d’in-tolérance que jamais, plus de vi-gueur qu’auparavant, plus de contraste qu’en 1988.

Dans ce dernier cas, faute d’a-voir emporté la victoire en fédé-rant tous les partis, tous les bords, toutes les tendances, le pape aura encore gagné en démontrant que Jean-Paul II avait bien eu raison d’excommunier les lefebvristes-intégristes-schismatiques. Et pour conforter les choses, il ne lui res-tera qu’à fulminer de nouveau, et pour de bon, une excommunica-tion en bonne et due forme, cette fois sans retour, sans appel et sans miséricorde.

Bref, le grand gagnant du Jubilé sera François. L’indulgence aura été pour tous… sauf pour la Tradition catholique et ceux que le monde entier appelle les lefeb-vristes.

Abbé Guy Castelain+

Le Joker du Pape François

Le 25° anniversaire de la mort de Mgr Lefebvre, grand défenseur de la foi !

Combat de la Foi n° 176 26

Dans les numéros précédents du Combat de la Foi, nous avions exposé les figures de Notre-Dame du Sacré-Cœur tirées de l’Ancien Testament. En voici maintenant les annonces prophétiques, d’après le R. P. Jules Chevalier, Notre-Dame du Sacré-Cœur, Issoudun, 1895.

L’homme vient de consommer

son crime. Convaincu par le Seigneur de sa désobéissance, il entend fulminer contre lui une sentence de mort : « Tu mourras de mort ».

Mais le plan divin ne sera pas renversé par cette sentence. La mi-séricorde et la justice s’embrasse-ront un jour (Ps 84). Elles s’em-brassent déjà. Du Cœur de Dieu sort un oracle miséricordieux qui rend en quelque sorte présent le Sauveur futur. La prophétie le montre aux coupables pour adou-cir leur tristesse et relever leur courage ; et déjà, dans l’ombre lu-mineuse de la divine promesse, apparaît Celle qui écrasera la tête du serpent et nous rendra toutes les tendresses du Cœur de Dieu.

Cette prophétie est transmise par Adam à sa postérité. Ses des-cendants la lèguent à leurs fils, comme un héritage d’un prix infi-ni. Noé, qui l’avait reçue de ses ancêtres, l’emporta dans l’arche, et la redit à Sem, l’homme de la foi et de l’espérance ; et Sem vécut

assez pour la redire à Abraham, le Père des croyants. D’Abraham, elle parvient à David, par Jacob et la tribu de Juda, dont le fils de Jessé était le rejeton.

Il était réservé à ce royal ancê-tre de Marie de déchirer les voiles de l’avenir. Il nous la dépeint, cette auguste Vierge, avec une précision admirable ; il en parle comme s’il l’avait sous les yeux. Son regard inspiré pénètre jus-qu’au plus intime de son âme et nous en découvre les ravissantes beautés, qui captivent le Cœur du souverain Roi (Ps 44, 11-12). Le Seigneur, dit-il, l’invite à quitter le monde et sa famille pour venir converser avec lui dans la solitude (Ps 44, 11). Puis, entrevoyant, à dix siècles de distance, la Maternité divine et toutes ses prérogatives, il s’écrie dans un saint enthou-siasme : O cité merveilleuse de Dieu, quelles glorieuses destinées vous sont réservées ! Que de gran-des choses publieront de vous les générations à venir ! (Ps 86, 3) L’éclat de vos mérites dépasse la splendeur du soleil ; et l’Éternel, qui habite les hauteurs inaccessi-bles, doit fixer en vous sa de-meure (Ps 18, 6). Sur sa lyre, il chante les grandeurs de cette Reine du ciel, qu’il voit assise à la droite du Roi des cieux, envelop-pée dans les longs plis d’une robe, rehaussée de franges d’or, bril-lante des reflets variés de l’arc-en-ciel (Ps 44, 10). C’est la même Femme que saint Jean, dans l’A-pocalypse, nous montrera revêtue

du soleil, c’est-à-dire, du manteau de la Divinité, et possédant toutes les richesses du Tout-Puissant ; aussi David annonce-t-il que tous les peuples de la terre viendront la prier (Ps 44, 13), et solliciteront de sa bonté tous les trésors dont Elle sera la dépositaire. Dans ce portrait sublime, tracé sous l’ins-piration de l’Esprit-Saint, qui ne reconnaîtrait Notre-Dame du Sacré-Cœur avec tous ses privilè-ges ? C’est bien Elle qui est dé-peinte dans cette Vierge par excel-lence, dans cette Fille du Roi du ciel dont parle le Prophète. Par ses vertus, Elle ravit le Cœur de Jésus, qui l’a revêtue de sa puissance comme d’un vêtement de gloire, et établie Trésorière de toutes ses grâces et Dispensatrice de tous ses biens : Vultum tuum deprecabun-tur (Ps 44, 13).

Le fils et le successeur de David, Salomon, à qui Dieu a dé-voilé les secrets de l’avenir, prédit, lui aussi, les grandeurs de Marie. Il parle de sa Prédestination de toute éternité (Pv. 8, 23) de son in-comparable Pureté, qui dépasse celle des Anges (Cant. 4, 7), de la Prédilection que Dieu eut pour Elle (Eccl. 24, 7), du choix qu’il en fit pour être la Mère de son Fils, Sagesse incréée (Pv. 9, 1), de son alliance avec le Verbe, qu’Elle captiva par sa beauté. Dans ses Proverbes, il la peint sous les mêmes traits dont il peint la di-vine Sagesse qui préside à tout, qui jouit de tout, qui possède tou-tes les richesses et les distribue

Dévotion à Notre-Dame du Sacré-Cœur

27 Combat de la Foi n° 176

Beaucoup parmi vous nous confient des intentions de prière adressées à Notre-Dame du Sacré-Cœur : des épreuves spirituelles, corpo-relles et temporelles, sans oublier la crise dans l’Église qui semble sans fin.

La communauté les porte chaque soir au chapelet aux pieds de Notre Dame. La messe de chaque premier samedi du mois est célébrée à ces intentions. Cependant, plus nous serons tous unis dans la même prière en faveur des intentions de tous, plus notre prière sera animée d’une charité forte et géné-reuse : forte parce qu’elle résulte de l’union de tous ; généreuse parce qu’elle s’oublie en prenant soin des

autres. Nous invitons donc tous les membres de la Confrérie à porter les intentions de tous dans leur prière quotidienne : « Un ami fidèle est une protection puissante ; celui qui le trouve a trouvé un trésor ». (Eccli 6, 14)

Ce soutien mutuel est d’autant plus nécessaire que les ténèbres ne cessent de s’épaissir, que la désorien-tation diabolique des esprits va croissante et qu’il est de plus en plus difficile de tenir ferme dans la foi, de demeu-rer courageux dans le combat et zélé pour le règne de Jésus Christ et de Notre Dame.

Abbé O. du Châtelet+

Annonce concernant la Confrérie

l’abbé Coache a rétabli au Moulin du Pin la confrérie traditionnelle de Notre-Dame du Sacré-Cœur,

particulièrement invoquée pour le succès des causes difficiles et désespérées. Nous pensons à la conversion des pécheurs, ceux surtout qui nous touchent de près ou pour lesquels nous avons particulièrement l’obligation de prier.

Pour concrétiser cette dévotion il est bon de s’inscrire dans la Confrérie de Notre-Dame du Sacré-Cœur étendue à l’Église universelle en 1879 par le pape Léon XIII. Cela nous permet également de prier les uns avec les autres pour rendre nos prières plus puissantes.

Il suffit d’envoyer au siège de la confrérie, au Moulin du Pin, son nom de baptême et son nom de famille, et de réciter chaque jour, matin et soir, l’invocation " Notre-Dame du Sacré-Cœur, priez pour nous " (Rien n’oblige sous peine de péché.) On peut porter une médaille qui rappelle ces engagements.

L’inscription donne droit :

— aux fruits de la messe dite le premier samedi de chaque mois aux intentions des associés,

— aux recommandations de tous les besoins spirituels et matériels qu’on nous fera connaître,

— aux fruits et intentions du chapelet dit chaque jour en la chapelle de la Confrérie par les membres de la communauté du Moulin du Pin.

Les associés recevront en outre un billet d’inscription, avec l’image de Notre-Dame du Sacré-Cœur et le “Souvenez-vous” propre à la Confrérie.

Les dévotions plus particulières envers Notre-Dame du Sacré-Cœur sont une neuvaine spéciale, des invocations sous forme de litanies, une consécration personnelle ou familiale. Les textes de toutes ces prières se trouvent dans le livret édité spécialement pour présenter la Confrérie (à demander au Moulin du Pin.) On utilisera aussi avec profit le livre Notre-Dame du Sacré-Cœur espérance des désespérés, 248 p.

Des veilleuses-neuvaines sont allumées devant la statue de Notre-Dame aux intentions de tous ceux, membres ou non, qui nous le demandent. L’une d’elle brûle sans cesse devant la grande statue de Notre- Dame dans notre salle de communauté, afin de rappeler constamment à tous les membres du Prieuré les intentions qui leur sont confiées.

avec générosité à qui-conque en a besoin (Pv. 8, 18 et 33), et, en dernier lieu, il la salue comme la Femme forte, opulente entre toutes, et les surpas-sant par l’abondance de ses biens, l’éclat de son prestige et la tendresse compatissante de son cœur (Pv. 31).

Pourquoi tant de pres-tige et de gloire, tant de distinction et d’éclat, tant de grandeur et de puis-sance, tant de trésors, en un mot, accumulés sur une simple créature ? Pourquoi cette créature privilégiée invite-t-elle tous les peuples à venir à Elle pour trouver la vie, chercher le salut et puiser le bonheur ? Répondez-nous, Fils de David, vous à qui le ciel livre ses se-crets ! « Ah ! c’est que cette Vierge unique, chef-

d’œuvre incomparable de l’auguste Trinité, ravit, par ses charmes, le Cœur du Verbe, lui fit une bles-sure d’amour et l’attira à Elle, pour le renfermer dans son chaste sein (Cant. 4, 9). Et puisque ce Cœur sacré du Fils de Dieu a déposé entre ses mains ses richesses infi-nies, pour qu’elles soient distribuées au monde, il faut que toutes les nations aient recours à sa puis-sante intercession. » Vul-nerasti Cor meum, soror mea, spons ! Vulnerasti Cor meum (Cant. 4, 9).

Ne trouvons-nous pas, dans cette coopération an-ticipée de Marie, l’expli-cation et la justification du Nom de Notre-Dame du Sacré-Cœur ?

Combat de la Foi n° 176 28

Le Combat de la Foi catholique ISSN 2102-5096 — Trimestriel. Tirage 1500 ex. Directeur de la publication : Abbé G. Castelain.

Impression : Alliance Imprimerie, La Roche-sur-Yon (85).

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Retraites 2016 au Moulin du Pin

Retraite à Jésus par Marie du lundi 2 mai 2016 à 12 h

au samedi 7 mai à 13 h

Retraite Mariale Montfortaine du lundi 30 mai 2016 à 12 h

au samedi 4 juin à 13 h

Retraite avec Mgr Lefebvre du lundi 13 juin 2016 à 12 h

au samedi 18 juin à 13 h

Retraite pour les étudiants du jeudi 30 juin 2016 à 12 h

au lundi 4 juillet à 17 h

Retraite de vie chrétienne du samedi 30 juillet 2016 à 8 h

au mercredi 3 août à 17 h

Retraite Jésus Notre Modèle du lundi 22 août 2016 à 12 h

au samedi 27 août à 13 h

Retraite du Rosaire du lundi 3 octobre 2016 à 12 h

au samedi 8 octobre à 13 h

Retraite de vie chrétienne du samedi 12 novembre 2016 à 8 h au mercredi 16 novembre à 17 h

Retraite Mariale Montfortaine du lundi 5 décembre 2016 à 12 h

au samedi 10 décembre à 13 h

Le Moulin du Pin

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Retraite Jésus Notre Modèle, février 2016